Si Oliveiro Girondo est Argentin, il a passé énormément de temps en Europe.
Audacieux dans ses images, ironique, une poésie d’avant-garde de son pays.
Ici nous sommes dans une commune française, dans le Finistère, Douarnenez, vous connaissez peut-être, moi pas.
Paysage Breton
Oliveiro Girondo ( Buenos Aires 1891-1967)
Douarnenez,
d’un coup de gobelet
s’embourbe
entre ses maisons-dés
un bout de mer,
avec une odeur de sexe à s’en pâmer.
Barques blessées, au sec, les ailes pliées !
Des tavernes qui chantent avec une voix d’orang-outan !
Sur les quais,
mercurisés par la pêche,
des marins qui se tiennent les bras
pour apprendre à marcher,
et vont s’éclater
avec un élan de vague
sur les murs;
des femmes saumâtres,
iodées
aux yeux aquatiques, aux cheveux d’algue,
qui révisent les filets pendus du toit
tels des voiles nuptiaux.
Le clocher de l’église
est un escamotage de prestidigitation,
il sort de sa cloche
une nuée de pigeons.
Tandis que les petites vieilles
avec leurs bonnets de nuit,
entrent dans la nef
pour se saouler de prières,
et pour que le silence
arrête de ronger un instant
les nez de pierre de saints.
(Trad: Colo)
Paisaje bretón
Oliverio Girondo
Douarnenez,
en
un golpe de cubilete,
empantana
entre sus casas como
dados,
un pedazo de mar,
con un olor a sexo que desmaya.
¡Barcas
heridas, en seco, con las alas plegadas!
¡tabernas que cantan
con una voz de orangután!
sobre los muelles,
mercurizados
por la pesca,
marineros que se agarran de los brazos
para
aprender a caminar,
y van a estrellarse
con un envión de
ola
en las paredes;
mujeres salobres,
enyodadas,
de
ojos acuáticos, de cabelleras de alga,
que repasan las redes
colgadas de los techos
como velos nupciales.
El
campanario de la iglesia,
es un escamoteo de
prestidigitación,
saca de su campana
una bandada de
palomas.
Mientras las viejecitas,
con sus gorritos de
dormir,
entran
a la nave
para emborracharse de oraciones,
y para que el
silencio
Superbe poème... J'aime beaucoup cette ville...
RépondreSupprimerAh, tu connais ! Je suis allée regarder des photos et cartes, Dournenez semble fort joli!
SupprimerJe suis passée tout près de Douarnenez, mais je n'y suis pas allée. Le poème évoque bien l'ambiance bretonne.
RépondreSupprimerOui, j'ai trouvé qu'il y avait mis, à sa façon, tous les ingrédients de la région. Bonne journée Aifelle.
Supprimerj'aime les clochers disparaissant d'un coup de baguette, et pour se souler de prières la Bretagne est l'endroit parfait
RépondreSupprimerOn "voit" parfaitement la nuée de pigeons cachant le clocher, tu l'as vu aussi!
SupprimerA mon grand désespoir, je ne connais pas plus Douarnenez que le reste de la bretagne mais le poète en parle si bien que je vais garder les images, l'ambiance qu'il en évoque.
RépondreSupprimerBonjour Chinou, c'est vrai, on a l'impression de connaître un peu ce village maritime, ses habitants, après la lecture du poème. Bonne journée
SupprimerOn ferme les yeux et on imagine le tableau. Bisous
RépondreSupprimerC'est ça, oui! Besos
SupprimerBonjour Colo, très beau poème. J'aime la Bretagne, je suis passée tout près de Douarnenez mais j'ai visité d'autres lieux. J'apprécie ce poème.
RépondreSupprimerBisous et belle journée
J’espère pouvoir y retourner un jour, j’avais 20 ans la dernière fois 😀😀
SupprimerEncore un beau poème en partage ! Je connais un peu la Bretagne et je suis allée à Douarnenez quand j'étais enfant mais ce poème donne envie d'y retourner très vite (hors saison si possible !). Une très belle journée
RépondreSupprimerBonjour Manou, peut-être rêves tu toi aussi de fraîcheur en ce moment. C’est en partie ce qui m’a motivée à traduire ce poème: voyager volets fermés est fort agréable 😀.
RépondreSupprimerCe poème évoque tant de choses!
À bientôt
un poème très imagé évoquant la Bretagne d'une autre époque , ses habitants, leurs habitudes, les odeurs et parfums ....on est transporté dans un ailleurs !
RépondreSupprimerC'est amusant, intéressant, de lire comment un Argentin a perçu ce village breton, avec ses 5 sens, oui: Bonne journée.
SupprimerUne évocation étonnante, toute en sensations. Avec le succès de la Bretagne au climat plus vif que dans le Midi en été, cette ville y ressemble-t-elle encore ? Bonne soirée, Colo.
RépondreSupprimerBonjour Tania, toute la sensualité sud-américaine que nous retrouvons si souvent en poésie, appliquée à la Bretagne, c'est intéressant et plaisant, non?
SupprimerIl faudrait aller vois, hors-saison comme écrit Manou, à quoi ressemble Dournenez maintenant....Bonne journée!
Pour commencer un peu d'éthymologie : DOUARNENEZ terme francisé vient de Douar (la terre) et de an Enez l'île. En clair Douarnenez veut dire presqu'île en breton. Le regard porté par Oliveiro Girondo me semble un peu daté. Je serais donc curieux d'en connaître la date d'écriture car ses impressions laissent un sentiment années 30 . Alors je ne sais pas si ça colle avec sa biographie. Son poême me semble surréaliste vu les termes impressionnistes utilisés : "un bout de mer,avec une odeur de sexe à s’en pâmer" Je pense qu'il parle de l'odeur de poisson qui y régnait car Douarnenez était dans la première moitié du XXe siècle un grand port sardinier. "Des marins qui se tiennent les bras pour apprendre à marcher " poétique les marins voguent plus qu'ils ne marchent. Peut être évoquait-il le sortir des tavernes qui à l'époque foisonnaient. Intéressant AUSSI ce regard extérieur sur les femmes qui ravaudaient les filets "des femmes saumâtres, iodées aux yeux aquatiques, aux cheveux d’algue qui révisent les filets pendus du toit" . Ma traduction sur l'impression reçue par le poète : Femmes saumâtres (marines) iodées aux yeux aquatiques (en Bretagne beaucoup de personnes ont les yeux bleu gris - ceci ne lui a pas échappé. D'autre part les femmes et les hommes d'un certaine âge ont souvent les cheveux gris. Intéressante et amusante allégorie sur le clocher (pour l'auteur, tout est décalage culturel ce qui pour les autochtones est l'ordinaire...). Les petites vieilles qui entrent à l'église est une image typique de la Bretagne traditionnelle avec la particularité de la coiffe de Douarnenez qui s'appelle la "penn sardine" ou tête de sardine. La dernière strophe est sublime, elle relate bien la tradition chrétienne fortement ancrée dans la population bretonne (surtout féminine) jusqu'aux débuts du XXe siècle. Douarnenez est un très joli port breton. Belle journée à toi
RépondreSupprimer,
tels des voiles nuptiaux.
Un tout grand merci Sergio pour l'origine du nom Douarnenez, et tu as raison bien sûr pour le début du XXº s ( d'où le choix de vieilles cartes postales pour illustrer le poème).
SupprimerTout ce qu'il y a vu est transformé en métaphores, en images qui te font peut-être sourire mais qui sont assez justes, oui.
Bonne journée
En m'informant sur l'auteur j'ai trouvé un lien avec un très beau poème : le voici http://dormirajamais.org/girondo/
RépondreSupprimerAh oui, il est superbe, je ne l'avais jamais lu en traduction, je vais en faire mon prochain billet, merci!!!
SupprimerJe suis juste passée à Douarnenez où je me suis régalée de poissons, crustacés et d'où j'ai ramené une kirielle de sardines en boîtes toutes plus savoureuses les unes des autres (la spécialité du port) ! Un grand bol d'air frais en se baladant sur les quais ! Oui, ça sent le poisson !!!!
RépondreSupprimerJe ne me souviens plus du clocher, il faudrait que je retrouve mes photos, ça fait longtemps...
Le poème , très bien écrit nous renvoie une certaine image !
Un endroit où j'aimerais bien aller, c'est sûr!
RépondreSupprimerLes cartes illustrent à merveille le propos. Merci
RépondreSupprimerMerci à toi! Bonne journée Oli
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