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26 août 2021

Le vieil orme / El olmo viejo

 

https://www.verpueblos.com/castilla+la+mancha/guadalajara/picazo/foto/1149961/

 

Jeune, avec les amies ou seule, le plus souvent seule, je montais dans les arbres ; plaisir de m'asseoir sur une branche pour me cacher, voir sans être vue, ou pour cueillir des cerises, des pommes. Ou juste pour m'isoler au milieu des feuilles. 

Peut-être en avez-vous planté, moi jamais quand j'étais très jeune. Mais ils ont toujours été mes endroits refuge.

Si dans mes souvenirs il y a peu ou pas d'ormes, j'ai vu grandir et parfois lentement se dessécher les marronniers de la rue devant la maison.

Parfois aussi les croire morts puis...

C'est qu'a vu Antonio Machado qui l'écrit dans ce poème que je trouve si beau et émouvant.

La traduction que j'ai lue en français me plaît beaucoup, je l'ai gardée.

Joan Manuel Serrat en a fait une adaptation, la voici:

 

 




À un orme desséché

 

 À un orme desséché

Sur le vieil orme, fendu par la foudre,

pourri en son milieu,

avec les pluies d'avril et le soleil de mai,

ont poussé quelques feuilles vertes.

 

L'orme centenaire sur la colline

que baigne le Douro ! Une mousse jaunâtre

salit l'écorce blanchâtre

du tronc vermoulu et poussiéreux.

 

Il ne doit pas comme les peupliers chantant

qui gardent le chemin et le rivage

être habité de rossignols gris.

 

Une armée de fourmis en file

grimpe sur lui ; dans ses entrailles,

les araignées tissent leurs toiles grises.

 

Avant que de sa hache, orme du Douro,

le bûcheron ne t'abatte, et avant que le charpentier

ne te transforme en sommier de cloche,

en timon de chariot ou en joug de charrette,

avant que tu ne brûles tout rouge demain

dans l'âtre d'une misérable chaumière

sur le bord du chemin ;

avant que la tempête ne te déracine

que ne te brise le souffle des sierras blanches,

et avant que le fleuve à la mer ne t'emporte

par les vallées et les escarpements

orme, je veux noter sur mon carnet

la grâce de ta branche reverdie.

 

Mon cœur attend

aussi, vers la lumière et vers la vie,

un nouveau miracle de printemps.

 

 

Soria, 1012

Antonio Machado / Champs de Castille

traduit de l'espagnol par Sylvie Léger et Bernard Sesé


 

A un olmo seco

Al olmo viejo, hendido por el rayo
y en su mitad podrido,
con las lluvias de abril y el sol de mayo
algunas hojas verdes le han salido.

¡El olmo centenario en la colina
que lame el Duero! Un musgo amarillento
le mancha la corteza blanquecina
al tronco carcomido y polvoriento.

No será, cual los álamos cantores
que guardan el camino y la ribera,
habitado de pardos ruiseñores.

Ejército de hormigas en hilera
va trepando por él, y en sus entrañas
urden sus telas grises las arañas.

Antes que te derribe, olmo del Duero,
con su hacha el leñador, y el carpintero
te convierta en melena de campana,
lanza de carro o yugo de carreta;
antes que rojo en el hogar, mañana,
ardas de alguna mísera caseta,
al borde de un camino;
antes que te descuaje un torbellino
y tronche el soplo de las sierras blancas;
antes que el río hasta la mar te empuje
por valles y barrancas,
olmo, quiero anotar en mi cartera
la gracia de tu rama verdecida. 


Mi corazón espera
también, hacia la luz y hacia la vida,
otro milagro de la primavera.



30 commentaires:

  1. Chère Colo, tu connais mes difficultés avec la poésie, mais quand elle est ainsi, vraiment je l'aime ! Bonne journée !

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    1. Annie, mais quelle agréable et excellente surpris de te voir ici, en plus de savoir que ce poème t'a plu !
      Bonne journée à toi aussi.

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  2. Tout est résumé dans ce poème mais l'essentiel est la petite lueur de vie qui sort de ce vieil orme desséché par le biais d'une branche reverdie. Et puis il y a une convergence vers la graphiose de l'orme qui a voici quelques décennies décimé les plus beaux spécimens de nos campagnes.

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    1. Bonjour Sergio, voilà que je découvre la graphiose dont j'ignorais tout. Un champignon minuscule donc qui fait d'énormes dégâts...eu ou pas d'ormes ici, mais il y a dû en avoir car à Palma il y a une rue "olmos". Faudra faire des recherches.
      Merci !

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  3. comme toujours avec Machado ça me touche
    j'ai le souvenir d'un vieux et gros pommier où je faisais la grimpette, le cochon pendu en me balançant pour attraper une branche trop loin, où je m'installais pour lire quel bon souvenir

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    1. Ah oui, le cochon pendu, que de souvenirs; ça moi c'était sur un trapèze qui pendait du cerisier je crois.

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  4. Un poème très émouvant en hommage à ce vieil arbre

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    1. Oui, comme écrit avec le coeur...bonne journée Marie.

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  5. j'avais aussi "mon" arbre dans lequel je grimpais pour me consoler de la rudesse du monde ;-)
    merci pour ce poème!

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    1. Comme quoi les arbres sont indispensables à l'équilibre des enfants, de tous !

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  6. Qu'il est beau ce poème en hommage à un arbre. Pas d'arbre à grimper dans mon enfance, je n'étais pas très hardie, pas très libre non plus, je ne pense pas que les adultes m'auraient laissée faire. J'ai raté quelque chose .. Bonne soirée Colo.

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    1. Bonjour Aifelle, ne t'en fais pas, on rate toujours quelque chose, et tout dépend aussi d'où on vit et avec qui. Nous étions 3 filles, et j'étais la seule à grimper dans les arbres, comme quoi !

      Oui, ce poème est de toute beauté et plein d'espoir aussi.
      Bonne journée.

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  7. J'aime tant Machado. Champs de Castille, j'ai ce recueil. Merci pour cette poésie du matin qui m'enchante et donne des forces, malgré tout. Je dis malgré tout car dans ma région, il n'y a plus aucun orme mais Machado leur a donné une éternité.
    Je t'embrasse fort.

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    1. Bonjour Marie, cette renaissance, minuscule, donne un fol espoir, c'est si vrai. Même si ce n'est qu'une petite plante qu'on croyait morte et soudain, une pousse verte. La vie revient.

      Ça me fait plaisir que tu aimes tant Machado, moi aussi bien sûr.
      Un beso fuerte

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  8. Quel merveilleux poème chère Colo. Les arbres sont nos souvenirs d'enfance. Avec mon amie, nous grimpions dans les cerisiers de ses parents et j'aimais aussi les balances tenues sur une branche avec une planche. Merci pour ce magnifique billet. Gros bisous ♥

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    1. D'excellents souvenirs, oui Denise, merci.
      À très bientôt, bonne semaine, un beso

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  9. bonjour Colo,

    très belle et émouvante poésie, pleine de mélancolie... De la même veine de la saudade portugaise

    Beau dimanche
    Paco

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    1. Hola Paco, mélancolie mais espoir aussi, ces petites pousses vertes, vie !

      Feliz domingo para ti también.

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  10. C'est magnifique, cette force de présence à soi, cette liberté profonde qui envahit le cœur dans le déroulement de la vie entre naissance et mort, profiter de chaque étincelle de vie et s’émerveiller, là est le chemin de lumière. Merci Colo pour ce beau poème, bises ensoleillées. brigitte

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    1. C'est un tout beau et profond poème Brigitte, vie et mort, eau, lumière....Bonne escapade, un beso

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  11. Merci Colo pour ce poème très émouvant, pour l'hommage du poète "A un orme desséché", pour "la grâce de sa branche reverdie."
    Dans mon enfance j'étais fascinée par un vieux saule complétement creux et dont lequel un enfant pouvait se glisser. A chaque retour au pays je vérifie. Je ne sais par quel miracle, il est toujours là. Les arbres sont des compagnons ♥

    Merci pour le petit footballeur:-)
    Bises rafraîchies. Et cela me convient.

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    1. Bonjour Fifi, ces vieux troncs, vieux arbres sont émouvants c'est vrai. Ici ce sont des oliviers et des caroubiers qui ne donnent plus de fruits depuis longtemps mais ont encore des feuilles vertes.
      Le temps a rafraîchi ici aussi, ouf en effet. Besos

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  12. Superbe ! Je me souviens du vieil Orme de Biscarrosse dans les Landes, auquel une légende moyenâgeuse se rapportait, et qui se dressait près d'un café sur la place faisant face à l'église. il a fini par disparaître, malheureusement

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    1. Les légendes autour des vieux arbres sont généralement magiques, remplies de fantaisie et de surréalismes. magnifiques donc.
      Bonne journée.

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  13. Feuillus, résineux, épineux, je les aime tous, sans aucune restriction. Ils sont la Vie . Tu es bien observatrice : c'est d'instinct que je laisse les ciels blancs ou que je les peints. Comme tu as pu le remarquer sur mes deux derniers croquis faits au même endroit à 1/2 h d'intervalle, le village de Roussillon est sous ciel non peint alors que le lieu de visite des "ocres" a quant à lui, un ciel bleu , ceci juste pour le voir en transparence sous les arbres à l'horizon. Bonne journée.

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    1. Bonne semaine Chinou, oui, j'ai tout vu chez toi !

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  14. Que c'est joli et touchant, surtout les deux dernières phrases. Merci, Colo.
    Mon absence a du dépasser 2 ans, surement. Il me faut un peu de temps pour revivre l'ambiance chez toi...

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    1. La poésie demande de prendre son temps, rien ne presse Binh An.
      Bonne journée

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  15. que voilà une belle photo et un beau poème, une fois encore, merci colo -
    l'une de mes amies a un vieil arbre qui paraît mort, mais elle le garde car sa forme au milieu de son jardin donne l'effet d'une sculpture (ce n'est pas un orme, mais un saule)

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    1. Bonjour Niki, elle a tellement raison ton amie, ces vieux troncs sont de vraies œuvres d'art parfois.
      Bon dimanche !

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