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Jeune, avec les amies ou seule, le plus souvent seule, je montais dans les arbres ; plaisir de m'asseoir sur une branche pour me cacher, voir sans être vue, ou pour cueillir des cerises, des pommes. Ou juste pour m'isoler au milieu des feuilles.
Peut-être en avez-vous planté, moi
jamais quand j'étais très jeune. Mais ils ont toujours été mes endroits refuge.
Si dans mes souvenirs il y a peu ou pas d'ormes, j'ai vu grandir et parfois lentement se dessécher les marronniers de la rue devant la maison.
Parfois aussi les croire morts puis...
C'est qu'a vu Antonio Machado qui l'écrit dans ce poème que je trouve si beau et émouvant.
La traduction que j'ai lue en français me plaît beaucoup, je l'ai gardée.
Joan Manuel Serrat en a fait une adaptation, la voici:
À un orme desséché
À un orme desséché
Sur le vieil orme, fendu par la foudre,
pourri en son milieu,
avec les pluies d'avril et le soleil de mai,
ont poussé quelques feuilles vertes.
L'orme centenaire sur la colline
que baigne le Douro ! Une mousse jaunâtre
salit l'écorce blanchâtre
du tronc vermoulu et poussiéreux.
Il ne doit pas comme les peupliers chantant
qui gardent le chemin et le rivage
être habité de rossignols gris.
Une armée de fourmis en file
grimpe sur lui ; dans ses entrailles,
les araignées tissent leurs toiles grises.
Avant que de sa hache, orme du Douro,
le bûcheron ne t'abatte, et avant que le charpentier
ne te transforme en sommier de cloche,
en timon de chariot ou en joug de charrette,
avant que tu ne brûles tout rouge demain
dans l'âtre d'une misérable chaumière
sur le bord du chemin ;
avant que la tempête ne te déracine
que ne te brise le souffle des sierras blanches,
et avant que le fleuve à la mer ne t'emporte
par les vallées et les escarpements
orme, je veux noter sur mon carnet
la grâce de ta branche reverdie.
Mon cœur attend
aussi, vers la lumière et vers la vie,
un nouveau miracle de printemps.
Soria, 1012
traduit de l'espagnol par Sylvie Léger et Bernard Sesé