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26 févr. 2019

Une poignée de ta mer / Un puñado de tu mar


Nous poursuivons notre périple poétique au Honduras, cette fois avec une poétesse, écrivaine et professeur (licence en littérature) née en 1962.
Seguimos con nuestro viaje en Honduras, esta vez con una poetisa, escritora y profesora nacida en 1962

Peut-être ce poème fera-t-il surgir en vous quelques souvenirs...
Tal vez este poema os recordará algún encuentro...

Soledad Altamirano Murillo



Ton arrivée

Tu es arrivé
avec toute la couleur
de l’aube éveillée;
dos au préjugé
et seul avec moi
tu as tissé mon corps de lumière,
tu l’as peuplé de pollen
et lui as donné une poignée
de ta mer.

Tu es arrivé dans ma vie
réduisant les distances
un jour d’avril.

Je t’ai tout donné:
terre, mer, océans,
courants d’air
et saisons .
(Trad:Colo)

Tu llegada

Llegaste
con todo el color
de la aurora despierta;
de espaldas al prejuicio
y a solas conmigo
tejiste mi cuerpo de luz,
lo poblaste de polen
y le diste un puñado
de tu mar.

Llegaste a mi vida
acortando distancias
un día de abril.

Yo te otorgué todo:
tierra, océanos,
corrientes de aire
y estaciones.

23 févr. 2019

Faciliter la vie / Facilitar la vida


Pour vous éviter de devoir cocher des cases, de pester aussi, j'ai activé la modération des commentaires.
Ceci veut dire qu'ils n'apparaîtront pas immédiatement mais je les validerai dès que possible. Vite donc!

Para evitaros la molestia de marcar unas casillas, he activado la moderación delos comentarios.
Eso significa que no aparecerán en seguida pero los validaré tan pronto como posible. ¡Rápidamente!

Bon week-end, buen fin de semana. 

Mimosas en flor, en fleur dans mon village.

 

20 févr. 2019

Impossible de les oublier / Imposible olvidarlos



Je suis un poète (j’ai eu beaucoup de mal à l’admettre) né et élevé dans le Tiers et le Quart Monde, ce qui m’impose le devoir incontournable de prendre conscience de cette circonstance sociale et humaine et de la considérer comme le point d’aller-retour en termes d’un art engagé, d’une qualité esthétique absolument liée aux secrets les plus secrets du peuple de ma patrie, Honduras.”

Né en 1930 au Honduras, Roberto Sosa est considéré un des plus grands poètes d’Amérique Centrale. En 1990 la France lui a décerné le titre de “Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres”.

Soy un poeta (trabajo me ha costado admitirlo) nacido y criado en el Tercer y Cuarto Mundo, lo que impone el deber ineludible de tomar consciencia de esa circunstancia social y humana y considerarla punto de ida y vuelta en términos de un arte comprometido con la calidad estética y atada indisolublemente a los secretos más secretos del pueblo de mi patria, Honduras”.

Nacido en 1930 en Honduras, Roberto Sosa es considerado como uno de los mayores poetas de Centro América. En 1990 Francia le otorgó el título de "Caballero de las Artes y de las Letras”.

Voici un de ses poèmes les plus connus:

Roberto Sosa – Les pauvres (1969)

Les pauvres sont nombreux
et c’est pourquoi
il est impossible de les oublier.


Ils voient
certainement
à l'aube
de multiples édifices
dans lesquels
ils aimeraient vivre avec leurs enfants.


Ils peuvent
porter sur leurs épaules
le cercueil d’une étoile.
Ils peuvent
détruire l’air tels des oiseaux furieux,
voiler le soleil.


Mais ignorant leurs trésors
ils entrent et sortent par des miroirs de sang ;
ils marchent et meurent lentement.


Voilà pourquoi
il est impossible de les oublier.

 PS: Sur l'excellent site Esprits Nomades, vous trouverez " La dignité des hommes et les larmes des choses" une longue biographie et plusieurs poèmes de Roberto Sosa.

Kwarkito publie régulièrement sur son blog photos et textes sur le thème "Dormir pour oublier" . Paris des sans-abri; voici le lien de son dernier billet sur ce thème si préoccupant, dérangeant, choquant écrit-il.



La catedral de los pobres, 1898

La cathédrale des pauvres, 1898
Joaquim Mir i Trinxet

Los pobres
Los pobres son muchos
y por eso
es imposible olvidarlos.


Seguramente
ven
en los amaneceres
múltiples edificios
donde ellos
quisieran habitar con sus hijos.


Pueden
llevar en hombros
el féretro de una estrella.
Pueden
destruir el aire como aves furiosas,
nublar el sol.


Pero desconociendo sus tesoros
entran y salen por espejos de sangre;
caminan y mueren despacio.


Por eso
es imposible olvidarlos.



15 févr. 2019

Ivresses / Embriagueces


Quels tableaux de F. de Goya et P.Klee Alejandra Pizarnik a-t-elle regardés qui

ont inspiré ses mots? Peut-être ceux-ci…


(exposición Goya)

un agujero en la noche
súbitamente invadido por un ángel

un trou dans la nuit
soudain envahi par un ange



Tobía y el angel F. Goya 1787


(un dibujo de Klee)

cuando el palacio de la noche
encienda su hermosura
pulsaremos los espejos
hasta que nuestros rostros canten como ídolos

quand le palais de la nuit
allumera sa beauté
nous sonderons les miroirs
jusqu’à ce que nos visages chantent comme des idoles

Paul Klee


Terminons par cette ivresse….Acabemos con esta embriaguez….

un golpe del alba en las flores
me abandona ebria de nada y de luz lila
ebria de inmovilidad y de certeza

un coup d’aube sur les fleurs
m’abandonne ivre de rien et de lumière lilas
ivre d’immobilité et de certitude
                            
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Traductions en français : Colo
Extraits de Arbol de Diana Alejandra Pizarnik

10 févr. 2019

Bonne semaine!


Douceur de l’air ce dimanche, le soleil était aussi pâle que le bleu du ciel, une balade autour de mon village.
J’ai pensé à vous tous qui habitez dans le nord... Alors pour commencer la semaine sans trop pester contre ceci ou cela :-), voilà pour vous.


Au sol des fleurs, jaunes pour la plupart 





Les arbres, eux, sont fleuris comme l'amandier...



ou habillés comme le vieux caroubier...
 


ou nus comme ce superbe figuier qui pourrait être une sculpture vous ne trouvez pas?

 

5 févr. 2019

Frugalité / Frugalidad


D’Andreï Makine je ne connaissais que sa belle figure, sa voix, son parler lent au fort accent. Une amie m’a offert pour Noël deux romans de lui. Le premier que j’ai lu est « L’Archipel d’une autre vie » où la taïga, traitée comme un personnage dur, aride mais plein de douceur parfois aussi m’a comme envoûtée.

Voici ce qu’en dit le romancier et éditeur Bertrand Visage. 

 


Je vous en livre un extrait, situé vers la fin du livre, et qui ne dévoile rien de l’intrigue.

Dans ma jeunesse, je revenais souvent, en pensée, vers les ermites de Chantars. À un moment, leur exil m’a paru incompréhensible, effrayant même. Se couper de la société, s’enfermer au milieu des glaces, sur un îlot entouré d’un océan en furie! Refusant l’excitant spectacle de la vie, son pathos, ses rivalités! J’avais, alors, l’âge où la multiplicité éblouit et la variété des postures intoxique. Où changer de rôle donne l’illusion de la liberté. Où dupliquer sa personne en mille relations est perçu comme une richesse d’existence.
J’avais l’impression de vivre tout ce que Gartsev et Elkan ne connaîtraient jamais.
Et puis, sans se soucier de mon amour-propre, l’équation s’est retournée: chaque jour m’enlevait un peu plus la chance de vivre et de comprendre ce qu’ils avaient vécu et compris.
Non, il ne s’agissait pas du nombre d’ »expériences », valeur si prisée par la modernité. Ni d’une sagesse fumeuse, fruit de l’une de ces expériences exotiques. Leur quotidien, rude et simple, ne visait aucun but édifiant. (…)
Quand les cartouches manquaient, ils chassaient à l’arc et Gartsev finit par préférer ce tir insonore. À marée basse, les poissons piégés au milieu des rochers étaient faciles à prendre et la forêt, à l’automne, débordait de baies. Elkan préparait ce qui leur servait de pain : pâtés composés de graminées, de champignons séchés, de plantules de conifères…
Je me souviens qu’en parlant de cette vie Gartsev me confia, avec un étonnement souriant : »Je n’aurais jamais cru que l’homme avait besoin de si peu » .

Vous pouvez aussi lire le beau billet de Dominique, mais surtout lisez ce magnifique roman!

Une image de la taïga

Esta novela de Andreï Makine no está traducida en español...aún. Pero cuando salga, os la recomiendo. Aquí un largo parrafo :
Durante mi juventud pensaba, con frecuencia, en los ermitaños de Chantar. A un momento dado, su exilio me pareció incomprensible, incluso aterrador. Aislarse de la sociedad, encerrarse en medio de los hielos en un islote rodeado de un océano furioso! Negarse el excitante espectáculo de la vida, su pothos, sus rivalidades! Tenia, entonces, la edad en la que la multiplicidad deslumbra y la variedad de actitudes intoxica. Donde cambiar de papel da la ilusión de la libertad. Donde duplicar su persona en mil relaciones se percibe como una riqueza de existencia.
Tenia la impresión de vivir todo aquello que Gartsev y Elkan no conocerían nunca.
Y después, sin preocuparse de mi amor propio, la ecuación se ha jirado: cada día me quitaba, un poco más, la posibilidad de vivir y comprender aquello que ellos habían vivido y comprendido.
No, no se trataba del numero de “experiencias”, ese valor tan apreciado por la modernidad. Ni de una sabiduría confusa, fruto de una de esas experiencias exóticas. Su cotidiano, rudo y simple, no pretendía ningún objetivo edificante. (…)
Cuando faltaban cartuchos, cazaban con arco y Gartsev acabó por preferir ese tiro insonoro. A la marea baja, los peces atrapados en medio de las rocas eran fáciles de coger y el bosque, en otoño, desbordaba de bayas. Elkan preparaba lo que les servía de pan: pasta compuesta de gramíneas, de setas secas, de plántulas de coníferas…
Me acuerdo que al hablar de esta vida Gartsev me confió, con un asombro sonriente:”Nunca habría creído que el hombre necesitase tan poco”:
(Trad : MAH y Colo)