Emily
Brontë a surtout écrit des poèmes, nous les connaissons peu.
Avant de lire celui-ci, quelques mots.
Après
quelques essais infructueux de vie en dehors de la propriété
familiale, “Elle restera donc à Haworth, là où, pense-t-elle, est
sa vie, là où les gens vivent plus sérieusement, plus eux-mêmes,
moins en surface, en changements, en frivolités intérieures.
Et
n'en bougera plus.”
“(Virginia
Woolf visitant Haworth, en 1904, écrira: Haworth exprime les Brontë;
les Brontë expriment Haworth; elles y sont comme un escargot dans sa
coquille.)”*
*
Extrait de 7 Femmes – Lydie Salvayre
Haworth |
Vivre
éloignée de tout et de tous; et pour écrire, faire appel à son
imagination. D'où le choix de ce poème.
Emily
Brontë escribió una novela pero muchos poemas, poco conocidos.
Después
de algunos infructuosos intentos de vivir fuera de la propiedad
familiar “Ella decide quedarse en Haworth donde, piensa ella, está
su vida, donde la gente vive
con más seriedad, más auténticidad, menos en superficie, en
cambios, en frivolidades interiores.
Y
ya no se moverá de allí.”
“(Virginia
Woolf, visitando Haworth, en 1904, escribirá: Haworth expresa las
Brontë, las Brontë expresan Haworth; ellas están allí como un
caracol en su concha.)”
Vivir
alejada de todo y todos, y, para escribir, apelar a su imaginación.
De allí el poema que elegí.
À
l'imagination
Lorsque,
lassée du long souci du jour
Et ballottée
de peine en peine
Je suis
perdue, prête à désespérer,
Ta bonne voix
de nouveau me rappelle.
Ô ma fidèle
amie, comment serais-je seule
Tant que tu
peux parler sur pareil ton ?
Le monde du
dehors est si vide d’espoir
Que m’est
deux fois précieux le monde du dedans,
Ce
tien monde où jamais ne règnent ruse et haine
Non plus que
doute et froid soupçon ;
Où toi et moi
et la Liberté,
Exerçons
souveraineté indiscutée.
Qu’importe
que, de toutes parts,
Le Péril, le
Péché, la Ténèbre nous pressent
Si nous
gardons ancré au fond de notre cœur
Un brillant
ciel immaculé,
Chaud des
mille rayons mêlés
De soleils qui
jamais ne connaissent l’hiver ?
La Raison peut
souvent se plaindre en vérité
Du triste
train de la Nature,
Et révéler
au cœur souffrant combien ses rêves
Sont voués à
demeurer vains ;
Et la Réalité
peut piétiner, brutale,
Les fleurs de
l’Imagination à peine écloses.
Mais tu es
toujours là pour ramener
Les visions
latentes, pour parer
Le printemps
dépouillé de nouvelles splendeurs
Et tirer de la
mort une vie plus exquise,
Évoquant d’un
souffle divin
De vrais
mondes aussi lumineux que le tien.
Je ne crois
guère en ta félicité fantôme,
Mais à
l’heure apaisée du soir,
C’est
toujours, oui, toujours avec reconnaissance
Que je te vois
venir, ô bienfaisant pouvoir,
Infaillible
consolatrice
Et quand
l’espoir se meurt, plus radieux espoir.
Emily Brontë,
3 septembre 1844, traduction Pierre Leyris, éditions Gallimard, 1963
A
la imaginación
Cuando,
cansada de las preocupaciones del día
y rebotando de pena en pena
y rebotando de pena en pena
estoy
perdida, dispuesta a la desesperación
De
nuevo tu cálida voz me llama
Oh
mi fiel amiga, ¿como podría estar sola
si
de tal tono hablarme puedes?
Tan
falto de esperanza esta el mundo de fuera
que
dos veces preciado me parece el de dentro,
Ese
mundo tuyo donde nunca reina ni la treta ni el odio
como
tampoco la duda y la sospecha
donde
tú y yo y la Libertad
Ejercemos
una soberanía indiscutida.
¿Qué
importa que a la ronda
el
Peligro, el Pecado, las Tinieblas nos acechen
Si
anclado en el corazón guardamos
Un
brillante cielo inmaculado
Caliente
de mil rayos enredados
De
soles que el invierno desconocen?
De
verdad la Razón puede quejarse
Del
triste paso de Natura
Y
revelar al corazón
sufriente
como esos sueños
condenados
están a resultar vanos;
Y
la Realidad puede atropellar, brutal,
Las
flores de la imaginación apenas broten.
Pero
siempre estás allí para devolver
las
visiones latentes, para adornar
la
primavera despojada de nuevos esplendores
y
sacar de la muerte una vida más amable,
Evocando
con divino soplo
Verdaderos
mundos tan luminosos como el tuyo.
Ya
no creo en tu felicidad fantasma
Pero
en las horas quietas de la noche
Siempre,
sí, siempre con agrado
veo
tu llegada, oh benéfico poder,
consoladora
infalible.
La
más brillante esperanza nace
allí
donde la esperanza muere.
Traduction
réalisée par MAH y Colo à partir du texte français.
Poème
en anglais: online
literature
J'aime bien l'idée de l'écrivain qui se cache et se protège comme l'escargot
RépondreSupprimerMerci pour ce poème
Sans doute est-ce la condition indispensable à l'écriture que cet enfermement Dominique.
SupprimerBonne journée!
Garder un "brillant ciel immaculé au fond de notre coeur" beau programme, qu'il serait bon de méditer tous les jours, pauvres humains que nous sommes, si poussés à nous disperser. Bonne journée Colo.
RépondreSupprimerTu as raison Aifelle, et j'aime beaucoup aussi "De vrais mondes aussi lumineux que le tien". Pour elle la réalité tue l'imagination qui est si lumineuse...
SupprimerBonne journée à toi aussi!
A força da imaginaçao !!!
RépondreSupprimerune petite chanson chère amie ? : http://www.youtube.com/watch?v=h8MF37rogi0
Avec grand plaisir, merci!
SupprimerVoix, swing, swing sambas...magnifique Dona Yvone Lara!
Ça pourrait être amusant de comparer une traduction à partir de l'original et ta traduction à partir d'une traduction.
RépondreSupprimerTout à fait Cristophe!
SupprimerLe traducteur français a pris, à ce que je vois, des libertés, tout à fait licites bien sûr, par rapport à l'original anglais. J'avais trouvé une traduction en espagnol, plus littérale, mais elle ne me semblait pas ...poétique.
Depuis que la retraite me tient éloigné des univers de ruse et de haine (les mots sont un rien exagérés dans mon cas, mais l'idée y est), je voudrais, si j'en avais le talent, écrire le même poème que celui sur l'imagination d'Émily Brontë.
RépondreSupprimer"Fluttering from the autumn tree", comme l'anglais est beau dans la concision de l'évocation.
Je voudrais visiter Haworth, je suis ému lorsque je visite des lieux habités encore par celles et ceux dont j'ai partagé le monde imaginaire. Je trouve que votre billet sent agréablement l'automne, merci.
En anglais ce même poème est si beau, et, vous avez raison, plus concis. Beauté et difficulté (à la traduction) de cette langue.
SupprimerÊtre poète, on serait comblés, je suis bien d'accord; déjà arriver à bien exprimer ce qu'on ressent serait magnifique. Manque de pratique sûrement, de talent aussi.
Mais gardons l'imagination, cette "Infaillible consolatrice"
Bonne journée, merci pour ce beau commentaire.
Je continue mon apprentissage de l'espagnol!!!!
RépondreSupprimer¡Muy bien señora!....je suis sûre que tu progresses rapidement!
SupprimerTrès intéressant prolongement du thème de la Grande Librairie d'hier qui évoqua à un moment donné les durées et conditions d'écriture des auteurs. Aucun comme les Bronte ne fit référence à l'enfermement nécessaire dans une Tour d'argent ou tout au moins dans un domaine protégé, mais chacun ressent bien la nécessité de s'isoler pour cueillir en lui le meilleur de son écriture.
RépondreSupprimerJe trouve intéressants ces va-et-vient de traduction et j'apprécie tout particulièrement la traduction en espagnol. voilà, bien posée dans les messages le problème de la traduction avec les choix qui ne tradent pas à s'imposer.
Une approche d'Emily Brontë très intéressante.
On ne repart jamais de chez toi sans avoir appris des choses et tes billets donnent toujours à réfléchir.
Bon we, Colo.
Les distractions font sûrement mauvais ménage avec l'écriture, l'isolement total et à vie d'Emily est extrême, mais...un choix de vie.
SupprimerMerci pour tes gentillesses Maïté, je t'embrasse.
Ce beau poème, jamais lu, me touche beaucoup. Merci d'avoir cité le commentaire de Virginia Woolf, parfait.
RépondreSupprimerOn se demande pourquoi les éditeurs (et autres) boycottent certains poètes, non?
Supprimerje pensais bien que ce poème te toucherait Tania.
Bon weekend!
Je n'ai jamais lu un poême d'une des soeurs Brontei qui m'ont toujours fasciné. J'adore celui que tu as choisi pour ces mots ciselés et sa profondeur. Je te fais une biz bien amicale et bon we amie lointaine.
RépondreSupprimerBonjour Véb, bien contente que ce soit une découverte pour toi!
SupprimerJe t'embrasse aussi, bon weekend...aux fourneaux?
Je n'avais non plus jamais lu aucun poème d'elle ou de ses soeurs... Mais c'est bien en accord avec le reste. Il y a cet abandon aussi à la nature et ses rythmes lents mais profonds. Une conscience d'en faire partie
RépondreSupprimerOui, c'est curieux que ni à l'école ni après nous n'ayons trouvé aucun poèmes d'elle. Celui-ci reflète si bien ce qu'elle est.
SupprimerBon weekend Edmée
Merci, Colo ! Je découvre aussi de beau poème. Bon dimanche.
RépondreSupprimerAvec plaisir Danièle, dimanche pluvieux ici, peut-être soleil chez toi alors?
SupprimerBonne journée!
Merci pour ce beau poème, plein de courage !
RépondreSupprimerDu courage tout au long de la route...la poésie, l'imagination.
SupprimerBonne journée Annie
J'ai beaucoup de lecture de billet en retard, je reviendrai aussi pour celui-ci !!!
RépondreSupprimerBises à bientôt