Qui
était Djuna Barnes? Avant de lire le deuxième chapitre de “7
femmes” de Lydie Salvayre je n'en avais aucune idée. Tour à tour
raffinée ou grossière, riche ou pauvre, sociable ou recluse,
amoureuse d'un homme ou d'une femme, Djuna était une américaine qui
vécut à Paris dans les années '20 et dont le meilleur roman,
semble-t-il, Le
Bois de la Nuit,
retrace l'histoire de son amour désespéré pour Thelma Wood.
Une
grande partie du chapitre consiste en des anecdotes passionnantes
sur ses rencontres à Paris. On y retrouve tous les “grands”,
bien sûr: Joyce, Hemingway, Becket, Man Ray...des femmes aussi:
Gertude Stein (qu'elle déteste), Sylvia Beach, Berenice Abbot, Peggy
Guggenheim, Solita Solano...”toutes singulières et talentueuses,
toutes indépendantes et assoiffés de liberté, et toutes, ou
presque, lesbiennes.”
Quelques
extraits.
¿Quién
era Djuna Barnes? Antes de leer el segunda capítulo de “7 Mujeres”
de Lydie Salvayre no tenía ni la más mínima idea. A su vez refinada o
basta, rica o pobre, sociable o recluida, enamorada de un hombre o de
una mujer, Djuna fue una americana que vivió en París en las años
'20 y cuya mejor novela, al parecer, El Bosque de la Noche
relata
la historia de su amor desperado por Thelma Wood.
Una
gran parte del capítulo consiste en anécdotas apasionantes sobre
sus encuentros en París. Allí están todos los “grandes”:
Joyce, Hemingway, Becket, Man Ray...mujeres también: Gertrude Stein
(que ella odia), Sylvia Beach, Berenice Abbot, Peggy Guggenheim,
Solita Solano..”todas singulares y talentuosas, todas independientes
y sedientas de libertad, y todas, o casi todas, lesbianas.”
Algunos
extractos.
“ Belle
comme la nuit, élégante et sombre, toujours enveloppée de sa
fameuse cape noire, elle séduisit les hommes en nombre et finit par
épouser un journaliste acquis aux idées socialistes, Courtenay
Lemon, avec lequel elle éleva un perroquet. Mais ce ciment parental
ne suffit pas à préserver la relation conjugale.(...)”
“Bella
como la noche, elegante y sombría, siempre envuelta en su famosa
capa negra, seduce gran cantidad de hombres y termina por casarse con
un periodista ganado a las ideas socialistas, Courtenay Lemon, con el
que cría un papagayo. Pero ese cemento familiar no alcanza a
preservar la relación conyugal,(...)”
Drawing, Joyce by Djuna Barnes |
(…)
“Elle se lia d'amitié avec Hemingway, qui jouait les durs au Dingo
Bar, lui qui était, selon Joyce, un coeur doux et sensible.”
Hemingway “...quant à lui, trouva de son vivant que son amie Djuna
était une grande dame.
C'est
très précisément parce qu'elle l'était que Djuna eut le privilège
insigne de se promener au Bois de Boulogne en compagnie de Nora et
James Joyce (lequel souffrait d'une peur phobique des chiens – ce
détail, je ne sais pourquoi, m'enchante).”
(…)
“Trabó amistad con Hemingway, que se hacía el duro en el Dingo
Bar, aún cuando tenía, según Joyce, un corazón dulce y sensible.
Hemingway, por su parte, siempre pensó que su amiga Djuna era una
gran dama.
Y
es porque lo era por lo que Djuna tuvo el privilegio insigne de
pasearse en el Bois de Boulogne en compañía de Nora y James Joyce
(el cual sufría un miedo fóbico a los perros – ese detalle, no se
por que, me encanta).”
André Kertesz: “En el café”, “Bar”, “Le café du Dôme ”, París, 1927.
“La
vie des Américains était, en ce temps-là, (…) des plus
trépidantes.” “Les surréalistes, Aragon en tête, n'étaient
jamais en reste et, s'ils occupaient une table au Dôme, elle était,
inévitablement, la plus tapageuse. Car, à l'époque (j'en
pleurerais de nostalgie), les jeunes écrivains faisaient de la
liberté des abus divers et précieux."
“La
vida de los americanos era, en ese tiempo,(...) de lo más
trepidante.” “Los surrealistas, Aragon a la cabeza, no se
quedaban atrás y, si ocupaban una mesa en el Dôme, era ella,
inevitablemente, la más escandalosa, ya que en aquella época (yo
lloraría de nostalgia), los jóvenes escritores abusaban de la
libertad de maneras diversas y rebuscadas."
"Quant
à Djuna, c'est par son élégance qu'elle attirait les yeux, une
élégance qui ne l'empêchait nullement de jurer, à l'occasion,
comme un charretier, de repousser les avances masculines avec une
vulgarité déconcertante et de viser les crachoirs à plus de trois
mètres avec une diabolique précision.
Djuna
était intacte et fruste, disait Natalie Barney, autant que follement
élégante, et ces deux mondes s'affrontaient en elle, se
juxtaposaient, se défiaient et s'entrelaçaient constamment.
Djuna
était baroque.
Son
écriture idem, merveille des merveilles.”
Por
lo que se refiere a Djuna, era su elegancia lo que atraía las
miradas, una elegancia que no la impedía en absoluto jurar, a veces,
como un carretero, rechazar las insinuaciones masculinas con una
vulgaridad desconcertante y apuntar a las escupideras a más de tres
metros con una precisión diabólica.
Djuna
era intacta y basta, decía
Natalie Barney, tanto como locamente elegante, y esos dos mundos se
afrontaban en ella, se yuxtaponían, se desafiaban y se enlazaban
constantemente.
Djuna
era barroca.
Su
escritura ídem, maravilla de las maravillas.”
Djuna and Thelma |
“Le
malheur est ce que nous cherchons tous, dit le Dr O'Connor dans
Le Bois de la nuit.
Djuna
trouva-t-elle dans sa relation à Thelma le malheur qu'elle
cherchait? Je serais assez portée à le croire.
Le
comportement de son amante, en tout cas, la ruina.
Elle
se mit à boire avec outrance. A oublier de manger, dormir, d'écrire,
à tout oublier excepté son amante. (…) A ne rien faire d'autre
que l'attendre et l'attendre. (…)
Ma
vie est devenue un enfer, confia-t-elle un soir de désespoir à son
ami Robert Mc Almon.”
“La
desdicha es lo que todos buscamos, dice
el Dr. O'Connor en Le Bois de la nuit.
¿Encontró
Djuna la desdicha que buscaba en su relación con Thelma? Me inclino
a creerlo.
En
todo caso, el comportamiento de su amante la quebró.
Empezó
a beber en demasía. Se olvido de comer, de dormir, de escribir, de
todo aquello que no fuese su amante. (…) A no hacer nada que no
fuera esperarla y esperarla.(...)
Mi
vida se ha convertido en un infierno, le dice a su amigo Robert Mc
Amon una tarde de desesperación."
“A
dater des années 50, Djuna Barnes vécut claquemurée dans son petit
appartement”
”Elle
mourut définitivement le 18 juin 1982.
Elle
avait quatre-vingt-dix ans.
Longévité
sur laquelle j'attire l'attention, afin de mettre mon lecteur,
bouleversé par l'annonce que je fis des destins tragiques qui
frappèrent ces femmes, afin de mettre mon lecteur, disais-je, de
bonne humeur et mieux le disposer ainsi en ma faveur.”
“A
partir de los años 50, Djuna Barnes vivió emparedada en su pequeño
piso”.
“Murió
definitivamente el 18 de junio de 1982.
Tenia
entonces noventa años.
Longevidad
sobre la cual llamo la atención, a fin de poner al lector,
trastornado por el anuncio, que hice, del destino trágico de esas
mujeres, a fin de poner al lector, decía, de buen humor y mejor
disponerle así en mi favor.”
Extraits de "7 femmes", Lydie Salvayre. Traducción: Colo y MAH.
idépendamment de la qualité de l'information donnée, elles étaient magnifiques les femmes de l'époque et leur mode l'étaient tout autant
RépondreSupprimerTu as raison Claude, une belle élégance. Aimerions-nous porter des chapeaux et toques pareils?
SupprimerPourquoi pas...
Bon dimanche à toi!
Mais quelle vie hors du commun ! Quelle santé ! Et puis quelle artiste : arriver à viser les crachoirs à plus de trois mètres avec une diabolique précision.
RépondreSupprimerHola Olivier, viser juste, oui, détail amusant, isn’t it?
SupprimerLes deux femme, Emily et Djuna, m'ont passionnée; je suis allée lire, de fil en page, tout ce que je pouvais sur elles. Et il en reste 5, je suis ravie!
Se balader avec Joyce et Hemingway...
RépondreSupprimerOn croit rêver...
SupprimerDes femmes libres avant l'heure .. il y en a toujours eu, mais en général elles l'ont payé cher. Elles ont été souvent aussi l'artisan de leur propre malheur. J'ai dû la croiser dans le roman que j'ai lu cette année sur la première femme d'Hemingway.
RépondreSupprimerJ'ai lu aussi madame Hemingway il y a peu,( l’attachante Hadley!), mais je n'avais aucun souvenir du nom de Djuna...peut-être.
SupprimerOui, elles vivaient librement... mais dangereusement. Certaines s'en sont sorties mieux que d'autres. Mais n'est-ce pas notre lot à toutes, dans une certaine mesure?
J'aime bien le "Elle mourut définitivement" ... c'est pas mal !
RépondreSupprimerBravo pour cette série en tout cas, Colo ainsi que ta complice Bacchante sur ce coup ;-)
.
Ah, oui, pour mieux comprendre ce "définitivement", voici ce qui précède: après 25 ans de solitude absolue, elle accepte de recevoir un journaliste et lui dit " Il faudrait tuer les vieux. Il faudrait une loi. Les maintenir en vie comme ça c'est inhumain. Je suis déjà morte, vous savez ça? Une fois j'ai fait la traversée et ils m'ont ramenée (..)"
SupprimerJe suis contente que tu trouves ça bien, moi je suis absolument passionnée mais j'ai bien peur d'ennuyer tout le monde!!! (oui, c'est Bacchante l'instigatrice de tout :-))
Bonne soirée K!
J'avais saisi le "sel" de ce définitivement, et comme toi je suis allé lire par ailleurs, je connaissais sa réclusion et donc je prenais plaisir à surligner ce "définitivement" plus que succulent !
SupprimerOh, désolée...foutue manie (de prof?) de tout expliquer :-)
SupprimerVotre compte-rendu est idéal, et les extraits que vous proposez font un portrait parfait d'une artiste totalement inconnue de moi. J'espère lire son bois de la nuit.
RépondreSupprimerL'époque de Gertrude Stein et consorts, must du monde artistique à l'époque, n'a pas réservé la réussite à tous ces gens. Des années folles et frivoles parfois comme dans "Le soleil se lève aussi" (Hemingway), roman lancinant du désœuvrement, du boire et des passions amoureuses. Fascinante époque, pathétique destinée de Djuna Barnes.
Grand merci!
RépondreSupprimerEn lisant quelques critiques littéraires hier, j'ai vu que ce roman Nightwood, est un peu compliqué à lire...trop baroque?
Oui, l’alcool et les drogues, le sexe, les jalousies, mais une créativité bouillonnante aussi durant cette courte époque "Américains à Paris".
Bonne journée Christw, soleil revenu ici.
Définitivement, il me faut ce livre ...
RépondreSupprimerÇa tombe bien, je dois passer par des librairies cette semaine ...
Tu me diras après ce que tu en penses Ortie?
SupprimerMerci d'être passée
merci pour cet extrait qui décidément met l'eau à la bouche...
RépondreSupprimerMerci à toi, à tes beaux billets si évocateurs.
SupprimerMerci, Colo. Je viens de faire une lecture délicieuse.
RépondreSupprimerMoi qui craignais votre ennui, je suis ravie!
SupprimerBonne journée Danièle, sur ton île au vent.
Quelle personnalité ! Tu éveilles ma curiosité. (Je ne sais pourquoi, j'associe son nom à celui d'Anaïs Nin, par confusion avec June Miller ? ou parce que je les ai lues à la même époque ?)
RépondreSupprimerDe Djuna Barnes, rien qu'un recueil de nouvelles dans ma bibliothèque, traduit par Monique Wittig : "La passion" - évidemment !
Le perroquet pour "ciment parental", ça ne manque pas d'humour. Prendre un verre ou un thé en terrasse avec une amie, quoi de plus agréable ?
Dans ce livre la seule mention d'Anaïs Nin est celle-ci : (Djuna vit enfermée dans son appartement)
Supprimer" A Carson Mc Cullers qui la suppliait d'ouvrir sa porte, elle cria d'aller au diable.
Quant à Anaïs Nin, elle ne prit même pas la peine de lui répondre, tant elle méprisait ses récits mièvres à vomir, mais saupoudrés de ce qu'il fallait de sexe pour satisfaire au goût du jour."
Rien à ajouter!
Des nouvelles? Sont-elles "lisibles", je veux dire d'accès, non pas facile, mais , hum, normal?
Je n'ai lu que plusieurs de ses poèmes.
Bonne soirée Tania.
Un billet que je viendrai lire plus tard en tout cas demain car je tombe de sommeil après huit heures de voiture...
RépondreSupprimerBelle soirée ! Bises
Rien ne presse Enitram, dors tout ton soûl, Djuan et moi ne comptons pas disparaître!
SupprimerMerci beaucoup Colo, j'étais passée à côté de ce livre. Ces femmes m'ont toujours fasciné ! À bientôt
RépondreSupprimerClaude
Avec plaisir Claude, plaisir de te trouver ici aussi.
SupprimerTu ne seras pas déçue je crois, les extraits donnent une idée mais il y a tant à y découvrir.
Bonne journée!
Tout à fait le genre de femme que j'aurais aimé rencontrer. Quel profil ! Se libérer des carcans de l'époque, se moquer ouvertement et avec délectation des convenances ! Mais les passions sont parfois dévastatrices !
RépondreSupprimerJ'aime bien la phrase " elle mourut définitivement " !
Merci Mageta.
À connaître.... un moment je crois, car ses hauts et bas étaient fort déstabilisants; mais une liberté enviable, tout à fait!
SupprimerJe n'ai pas trouvé de poèmes en français sur la Toile, tu en trouveras peut-être toi...ceux que j'ai lus en espagnol ne m'ont pas emballée, peut-être mal traduits?
Bonne soirée dame Sable, besos!
Être femme jusqu'à la coiffure, à l'élégance du moindre détail. Être femme libérée y compris du langage châtié et j'imagine les réactions autour!Cracher avec cette précision: trop marrant!
RépondreSupprimerQuel phénomène(de nouvelle société?)! Quel personnage de théâtre tout en étant nature! Je ne la connaissais ni d'Adam, ni d'Ève mais, il me semble bien la voir se déplacer avec son panache, vu comme tu l'as bien décrite!
Ce mélange de tant d'élégance et de vulgarité est assez fascinant, en effet Maïté.
SupprimerPar contre ces 40 ans d'enfermement me plongent dans une triste perplexité...
Bonne journée, soleil d'été ici!
ça m'agace au possible depuis la disparition du reader de google celui que j'utilise n'est mis à jour qu'au petit bonheur la chance et je découvre de nouveaux billets à retardement grrrrrrr
RépondreSupprimerJe comprends bien ton agacement! J'ai remplacé le Google Reader par Feedly qui est régulier jusqu'à présent.
SupprimerDjuna Barnes était pour moi un lointain souvenir. Merci de m'avoir rafraîchi la mémoire d'aussi belle façon !
RépondreSupprimerAvec gran plaisir Annie, c'est vraiment pasionnant!
Supprimer