Il
est des semaines où, on ignore pourquoi, une image, une musique, un
mot, une idée, s'obstinent à nous poursuivre.
Cette
semaine-ci, sur une place de Palma où je me baladais avec mon
appareil, j'ai photographié ce panneau.
Ciertas
semanas una imagen, una música, una palabra, une idea, se obstinan
en perseguirnos.
Esta
semana empezó en una plaza de Palma donde paseaba con mi cámara y
fotografié esta señal.
Plaza Progreso, Palma de Mallorca |
Pourquoi ce mot, là?
J'y
pensais encore quand j'ai vu cette peinture illustrant je ne sais
plus quoi...signée : Confusion Group. Espagnols, de Madrid*.
¿Por qué esa palabra, allí?
Todavía
pensaba en ello cuando vi esta pintura ilustrando no me acuerdo qué
texto...firmada: Confusion Group. Españoles, de Madrid*.
Confusion Group: Sólo son rostros |
Troublée
par tant de confusions je me suis mise à traduire ce poème...ce qui
n'a fait qu'augmenter mon chaos mental!
Perturbada
por tantas confusiones decidí publicar este poema...¡lo que no
hizo más que aumentar mi caos mental!
Pablo
Neruda –
Nous
sommes beaucoup
Vaguedivague
(Estravagario, 1958)
De tant d’hommes que je suis, que nous sommes,
je ne puis en trouver aucun:
ils se perdent sous mes vêtements,
ils sont partis dans une autre ville.
De tant d’hommes que je suis, que nous sommes,
je ne puis en trouver aucun:
ils se perdent sous mes vêtements,
ils sont partis dans une autre ville.
Lorsque
tout est prêt
pour me montrer intelligent
le sot caché en moi
parle par ma bouche.
pour me montrer intelligent
le sot caché en moi
parle par ma bouche.
D’autres fois je m’endors parmi
la société distinguée
et quand je cherche en moi le courageux,
un lâche inconnu de moi
s'empresse de prendre avec mon squelette
mille précautions délicieuses.
Quand une maison respectée brûle
au lieu du pompier que j’appelle
c'est l’incendiaire qui se précipite
et celui-là c’est moi. Je n'y peux rien.
Comment faire pour me choisir?
Comment me racheter?
Tous les livres que je lis
célèbrent des héros éclatants
toujours sûrs d’eux-mêmes:
je meurs de jalousie pour eux,
et dans les films de vents et de balles,
je demeure à jalouser le cavalier,
je demeure à admirer le cheval.
Mais lorsque j’appelle l’intrépide
c’est le vieux paresseux qui m’arrive,
et ainsi je ne sais qui je suis,
je ne sais combien je suis ou serons.
J’aimerais appuyer sur une sonnette
et faire sortir mon véritable moi
car si de moi j’ai besoin
je ne dois pas me dérober.
(...)
(Trad:
Colo)
PABLO NERUDA
PABLO NERUDA
Muchos
somos.
Estravagario,
1958
De tantos hombres que soy, que somos,
no puedo encontrar a ninguno:
se me pierden bajo la ropa,
se fueron a otra ciudad.
Cuando todo está preparado
para mostrarme inteligente
el tonto que llevo escondido
se toma la palabra en mi boca.
Otras veces me duermo en medio
de la sociedad distinguida
y cuando busco en mí al valiente,
un cobarde que no conozco
corre a tomar con mi esqueleto
mil deliciosas precauciones.
Cuando arde una casa estimada
en vez del bombero que llamo
se precipita el incendiario
y ése soy yo. No tengo arreglo.
Qué debo hacer para escogerme?
Cómo puedo rehabilitarme?
Todos los libros que leo
celebran héroes refulgentes
Siempre seguros de sí mismos:
me muero de envidia por ellos,
y en los films de vientos y balas
me quedo envidiando al jinete,
me quedo admirando al caballo.
Pero cuando pido al intrépido
me sale el viejo perezoso,
y así yo no sé quién soy,
no sé cuántos soy o seremos.
Me gustaría tocar un timbre
y sacar el mí verdadero
porque si yo me necesito
no debo desaparecerme.
De tantos hombres que soy, que somos,
no puedo encontrar a ninguno:
se me pierden bajo la ropa,
se fueron a otra ciudad.
Cuando todo está preparado
para mostrarme inteligente
el tonto que llevo escondido
se toma la palabra en mi boca.
Otras veces me duermo en medio
de la sociedad distinguida
y cuando busco en mí al valiente,
un cobarde que no conozco
corre a tomar con mi esqueleto
mil deliciosas precauciones.
Cuando arde una casa estimada
en vez del bombero que llamo
se precipita el incendiario
y ése soy yo. No tengo arreglo.
Qué debo hacer para escogerme?
Cómo puedo rehabilitarme?
Todos los libros que leo
celebran héroes refulgentes
Siempre seguros de sí mismos:
me muero de envidia por ellos,
y en los films de vientos y balas
me quedo envidiando al jinete,
me quedo admirando al caballo.
Pero cuando pido al intrépido
me sale el viejo perezoso,
y así yo no sé quién soy,
no sé cuántos soy o seremos.
Me gustaría tocar un timbre
y sacar el mí verdadero
porque si yo me necesito
no debo desaparecerme.
http://www.confusiongroup.com/paintings.html
héhé ;-) mais c'est l'éternelle question du "qui suis-je" et du "connais-toi toi-même"... alors que nous constatons (ou pensons) que nous sommes pleins de confusion, en effet!
RépondreSupprimermerci pour cette réflexion intéressante et pour Neruda!
Hé, hé comme tu dis! être multiple est intéressant, faire sortir le bon moi au bon moment, compliqué comme le dit Neruda!
SupprimerBelle journée Adrienne!
Bob Dylan :
RépondreSupprimer- "I got mixed up confusion
Man, it’s a-killin’ me
Well, there’s too many people
And they’re all too hard to please
Well, my hat’s in my hand
Babe, I’m walkin’ down the line
An’ I’m lookin’ for a woman
Whose head’s mixed up like mine
Well, my head’s full of questions
My temp’rature’s risin’ fast
Well, I’m lookin’ for some answers
But I don’t know who to ask
But I’m walkin’ and wonderin’
And my poor feet don’t ever stop
Seein’ my reflection
I’m hung over, hung down, hung up !"
Oh, oui, parfait ce texte-chanson JEA!
SupprimerOver, down and up...à en attraper le tournis parfois, mais ne pas se poser de questions...
(j'efface le doublon)
Amicalement.
Toujours un plaisir relire Pablo Neruda.
RépondreSupprimerJe ne peux être plus d'accord avec toi Alba.
SupprimerMerci d'être passée, bonne journée.
Rien que des visages
RépondreSupprimertous ces autres en nous
Confusion des sentiments des idées
des langues des couleurs
Quel beau poème à lire
en pensant à toi
comme et combien tu es
Grand merci pour ces mots chaleureux Tania.
Supprimer"L'enfant multiple" de A. Chédid, tu t'en souviens?
Bonne journée.
On me le dit souvent: "toi, t'es pas tout seul dans ta tête!"
RépondreSupprimer"......En queue de peloton, je vais devoir vaincre mes démons qui jouent à domicile sur le territoire des ombres: la paresse, la gourmandise, l’envie.
Sans oublier le mental en surcharge des passagers clandestins Victor Gueil, ce frimeur, G. Laflemme qui revendique un canapé, une pizza et une télé, Roman Talist qui me manipule et Arnaud Stalgie, « Mr c’était mieux avant », .
Je flingue mon premier démon, Jack Précoce qui part toujours trop tôt, et la raison gardée....."
Alex Cessif "Mémoires d'un schizophrène"
Intéressant, douloureux pour toi?, témoignage Alex.
SupprimerRaison garder entre nos "moi", jouer l'équilibriste.
Faire sortir son moi véritable : d'accord d'accord je vais faire un effort :-)
RépondreSupprimerj'adore ce panneau et comme tous les détournements il donne à penser, à réfléchir et à partir en balade poétique
Parfois il sort sans efforts...mais est-ce le bon? On n'en sort jamais:-)
SupprimerQui avait bien pu se sentir si confus à cet endroit au point de l'inscrire? Un usager du petit parc au centre? Un habitué de ses bancs?
Je suis si confus de ne pouvoir exprimer toute la confusion qui est en moi.
RépondreSupprimerJ'ai souvent remarqué que ceux ou celles qui ont des "tocs" ou qui sont si ordonné(e)s dans la vie sont souvent ceux ou celles dont c'est le b... dans la tête. J'en fais un peu partie et ça ne s'arrange pas en vieillissant :)
Très beau poème de Neruda, mais le dire est presque un pléonasme. J'en suis confus !
Très bonne journée ensoleillée Colo
PS: lorsqu'on tape "confusion" sur Google images il y a de quoi se régaler
Je sors de mon chaos mental pour vous répondre!:-)
SupprimerAvec quel Gérard ai-je l'honneur de parler? Ah, d'accord.
Neruda, avec une forme et des mots si simples, dit précisément, joliment...c'est ce que j'aime chez lui.
ET, oui, j'avais regardé Google images en préparant ce billet, pas triste en effet!
Soleil? Est-il chez vous? Ici il pleut.
Bonne fin de journée Gérard.
Éternelle interrogation du moi, de ce que l'on croit être et qui n'est pas, de ce qui se cache attendant des circonstances imprévues pour se révéler. Les rêves sont à la fois interrogations et révélations, mais quel est donc la véritable personnalité enfouie si profondément dans le moi profond qui semble avoir accumulé les expériences bonnes ou mauvaises de plusieurs vies, la confusion ne viendrait-elle pas de l'inconscient partagé entre les contraires ?
RépondreSupprimerEntre le vécu et l'appris, l'inconscient et la découverte, peut-on y voir clair? Est-il important de trancher? Avons-nous une seule véritable personnalité?
SupprimerSi le moi est intéressant à essayer de connaître, il ne me passionne pas. Je le découvre encore parfois avec surprise, et cela me fait sourire/rire...ou pleurer!
Merci de partager tes réflexions Serge, belle fin de journée.
jongler avec l'émoi !!!
RépondreSupprimer... pour ne pas parler de soi.
Lé moi! C'est ça, lol Sable!
SupprimerParler de soi...certains en ressentent le besoin, d'autres moins ou peu.
Merci d'être passée, je t'embrasse.
Poème du moi, du moi à deux têtes...
RépondreSupprimerJe suis du signe "gémeaux", et cela me parle complètement. Souvent il faut choisir entre deux positions, à écarteler son moi!!!!
L'idée des contraires est très forte dans ce poème, Neruda était-il un grand tourmenté ???? Un grand poète en tout cas!
Belle journée Colo !
Choisir ou peut-être cajoler les deux moi Enitram.
SupprimerLes contraires, oui, l'un pousse, l'autre tire, aïe, aïe.
Pluies diluviennes, froid ici.
Bonne soirée!
Etonnant,ce texte de Neruda me semble manquer de mystère... Me faudra-t-il le relire demain ou après-demain pour (sa)voir si cela persiste ?
RépondreSupprimerEt ton billet, avec son indroduction, une invite à ne pas tomber dans le panneau ;-)
Bien vu, en effet K!
SupprimerLa dernière strophe ne me disait rien, je l'avais omise, la voici: crois-tu que le mystère était caché dans---la géographie???¿
Pendant que j’écris je suis absent
et quand je reviens je suis déjà parti:
je vais voir si aux autres gens
il leur arrive ce qui m’arrive,
s’ils sont comme je suis si nombreux,
s’ils se ressemblent à eux-mêmes
et lorsque je l’aurai vérifié
je vais apprendre si bien les choses
que pour expliquer mes problèmes
je leur parlerai de géographie.
peut-être un peu !
SupprimerLe moins que l'on puisse dire, c'est que la confusion règne ds notre monde. Mais ce mot sur le panneau, vient éclater toute sa force à notre visage. En même temps, pour les croyants dont je fais partie, hier soir avec l'élection du nouveau Pape au nom bien nommé du bien aimé François, c'est en réponse une grande Espérance qui se lève.
RépondreSupprimerSi j'avais à incrire un nom sur un panneau ce serair "Espérance".
Je te souhaite une très belle journée.
Yanis
Bonjour Yanis, l’espérance oh, oui, les gens du sud de l'Europe aimeraient bien la voir surgir, même sur un panneau pour commencer! Cette élection apporte en effet beaucoup d'espoirs aux pauvres.
SupprimerMerci pour vos mots, belle journée à vous également.
c'et re-"moi" !
RépondreSupprimerle moi le surmoi tous ces mois ... j'aime bien octobre tout en douceur, et pour la confusion, c'est celle des sentiments que je préfère ... chez Zweig !
Je t'embrasse Colo ( tu veux de la neige, elle tombe à nouveau grrrr !)
Ah, le re-moi ne figure pas dans la liste, il faudra l'y ajouter!
SupprimerLu grâce à toi, magnifique cette confusion des sentiments, bien d'accord.
Quant à la neige, chère Sable, nous en avons aussi, oui. La montagne derrière la maison en est couverte....je pense aux valises des touristes pleines de shorts et shirts évent(r)és!
Belle journée au chaud, besos!
Ce très intéressant poème de Neruda fait penser à l'histoire du petit moi et du grand moi dont la morale est :
RépondreSupprimer"Vous tous Petits Moi, vous avez un Grand Moi mais chaque fois que vous émettez une pensée de non-amour vis-à-vis de vous-mêmes et des autres vous vous en éloignez. Juste une pensée d'amour et vous retrouverez votre ami le Grand Moi". Une façon de dire que si le/la lâche (le petit moi) sort au lieu du/de la courageux/se (le grand moi) c'est que nous avons eu une pensée méchante envers nous-même.
Je ne connaissais pas cette histoire bien intéressante. Se connaître et s'aimer, aimer les autres. Peut-être "méchant" n'est-il pas le mot exact, le doute peut s'emparer de tous à un moment...
SupprimerMerci Euterpe.
J'aime la lucidité de Neruda sur les petitesses de l'Homme.... C'est si difficile de vivre dans la clarté.
RépondreSupprimerBonne journée !
Bonjour Bonheur, les petitesses, oui, mais ne découvrons-nous pas aussi des grandeurs inattendues, parfois?
SupprimerLe sale temps s'éloigne de notre île,j’espère que chez vous aussi! beau week-end!
Un Néruda que je ne connaissais pas - Marrante, cette remarque en lien avec le titre !- Bien sûr notre façon d'être et de penser révèle plusieurs facettes, souvent contradictoires. Mais il me semble que le poète reste dans une vision un peu trop existentialiste, pour moi. Jeunes, nous faisons cette expérience déroutante de la contradiction et nous en tirons une certaine richesse. Puis la maturité nous fait trouver une ligne de vie et l'être se "resserre" un peu pour mieux s'élargir. L'unité se fait, en général, et alors les pièces de notre "puzzle" intérieur peuvent s'installer. Ce qui n'empêche pas la contradiction d'avoir sa place, mais ce n'est plus elle qui nous définit. Le mot confusion me parait fort, en lien avec la maladie mentale ou la crise extérieure. Je relis le poème et je constate qu'il n'y parait pas. Tous, plus ou moins consciemment, nous aspirons à l'unité, qui n'est pas uniformité mais richesse pleine. Bonne journée Colo !
RépondreSupprimerBelle analyse Lily, merci. Je suis tout à fait d'accord avec toi: à l'âge mûr ce n'est plus la contradiction qui nous définit même si elle émerge encore parfois et nous laisse...étonnés, dépités ou même honteux.
SupprimerC'est un poème trop manichéiste à mon goût, il y manque, comme dit K du mystère aussi; à nous d'y ajouter toutes les nuances personnelles...
Beau weekend Lily, le soleil est revenu mais il fait bien froid.
Oh comme ces et ses mots me bousculent... jusqu'aux larmes, moi qui arrive à une nouvelle aube, ou bientôt un coucher de soleil...
RépondreSupprimerJ'aurai besoin d'agiter la sonnette, voire même l'alarme.
Lou, jouer les équilibristes, entre deux âges, s'improviser parfois.
SupprimerMais parler de coucher de soleil, c'est vraiment un peu tôt, non? oui!
Belle soirée, un beso.
Je ne savais pas que Pablo Neruda était un indécis... alors qu'en amour il semble bien fonceur :-)
RépondreSupprimerUn peu de confusion fait du bien, une vie et une personnalité trop balisées sont bien dangereuses, à la merci d'un accès de vérité!
Comme tu dis Edmée! je n'ai pas trouvé la date du poème, peut-être était-il encore jeune et maladroit? ou très vieux et idem? :-))
SupprimerSans verser dans les extrêmes si possible, les limites peu définies me conviennent parfaitement aussi!
Beau weekend Edmée, bien froid ici aussi.
La confusion est au rendez-vous de l'absence des brouillons de vie; là est le nœud qui nous oblige à être dans l'urgence, dans l'interrogation, dans l'essai des possibles, dans la lecture multiple du temps qui passe sans aménité.
RépondreSupprimerréférence en effet à Andrée Chedid, Pablo Neruda mais aussi au je, jeu de miroirs grossissants, réfléchissants et si embrumés parfois.
Beau parcours du panneau indicateur de réflexion menant à la poésie, voire à la philosophie.
L'absence de brouillons de vie...avoir la possibilité de refaire le chemin, tu as raison, de corriger et aussi de retomber sans doute dans les mêmes ou d'autres travers! ce moi parfois confus, embrumé comme tu dis joliment.
SupprimerMerci pour ces pensées Maïté, bonne journée!