Comme beaucoup de poèmes, celui-ci peut s'interpréter de la façon qu'il vous
plaira. Moi j'y ai vu, à cause de la garde civile, de la faim, de la douleur, des mules,
venez voir etc, une référence à un/des gitans. Libre cours à vos imaginations...
Compatriotes des forêts
Raquel Lanseros
(Jerez de la Frontera, España,
1973)
Comment seras-tu maintenant que personne ne te couvre?
Toi qui craignais tant l’hiver,
les tables sans viande
et la garde civile.
Mille fois j’ai pensé t’écrire.
Parfois je ne trouvais pas le mot nostalgie,
d’autres je me trompais en épelant l’adresse.
La douleur fait mal, disais-tu, mais si on est courageux
les petites épines sont petites.
Tu avais raison. La vie
avec ses défense d’entrer et ses venez voir
est belle comme une fiancée à l’aube.
Ce matin j’ai vu les nuages se hérisser
en traversant – allumés – le champ des mules.
Je pense à tes longs yeux, à tout ce qu’ils ont vu.
Des femmes déjà âgées il y a un siècle.
Un gramophone. Le vent
depuis le port de Ceuta.
La Havane avant le Che. Et les sous en argent.
Je pense à tes jours de feu. J’ai besoin que tu saches
que je n’oublie pas le lit de ton silence ouvert.
Sur lui je repose.
Sur lui je vis.
(Trad: Colo)
Recueil de poèmes
Compatriota de los bosques
Raquel Lanseros
(Jerez de la Frontera, España,
1973)
¿Cómo
estarás ahora sin que nadie te abrigue?
Tú que tanto temías
al invierno,
a las mesas sin carne
y a la guardia civil.
He
pensado mil veces escribirte.
A veces no encontraba la palabra
nostalgia,
otras, me equivocaba al deletrear las señas.
Duele
el dolor, decías, pero si uno es valiente
las pequeñas espinas
son pequeñas.
Tenías razón. La vida
con sus
prohibido-el-paso y sus pasen-y-vean
es hermosa como una novia
al alba.
Esta mañana he visto las nubes erizarse
al cruzar
-encendidas- el prado de las mulas.
Pienso
en tus ojos largos, en todo lo que vieron.
Mujeres que ya eran
ancianas hace un siglo.
Un gramófono. El viento
desde el
puerto de Ceuta.
La Habana previa al Che. Y los reales de plata.
Pienso
en tus días de lumbre. Necesito que sepas
que no olvido la
alcoba de tu silencio abierto.
En ella yo reposo.
En ella vivo.
c'est magnifique. Et très émouvant aussi. "j'ai besoin que tu saches que je n'oublie p
RépondreSupprimerque je n'oublie pas le lit de ton silence ouvert, cette phrase est incroyablement belle
RépondreSupprimerNous avons ressenti les mêmes choses en lisant ce poème, cette phrase, merci Kwarkito.
SupprimerJe pense à tes jours de feu. J’ai besoin que tu saches
RépondreSupprimerque je n’oublie pas le lit de ton silence ouvert.
Sur lui je repose.
Sur lui je vis.
Une phrase qui est à la source de plein d'émotions!
En effet Marie, Raquel Lanseros a réussi un magnifique poème là.
SupprimerMerci de ta visite
particulièrement touchant en effet cela me réveille même de ma sieste canicule !
RépondreSupprimerOh, le poème t'a fait revenir à la vie, extra Dominique. Rendors-toi maintenant....moi aussi d'ailleurs
SupprimerA qui s'adresse la poétesse, à un parent ? A un père tendrement aimé ?
RépondreSupprimerJe n’ai pas la réponse Fifi.
SupprimerContente de te retrouver!!
Il est très émouvant, ce poème. Les petites épines qui sont petites... Dans ces vers, je vois un monde qui n'est plus mais qui peut renaître, comme ces forêts et leur faune qui ont disparu dans ces terribles incendies.
RépondreSupprimerMerci pour cette intéressante interprétation Marie. Bonne journée.
SupprimerUne splendeur.
RépondreSupprimerJe trouve aussi, merci K.
SupprimerSouvenir de résistants, de maquisards ? Le titre y fait penser. Comme tu l'écris, l'interprétation du poème est ouverte. Les derniers vers pleins d'émotion pourraient s'adresser à un père, une mère, un ami perdu. C'est beau.
RépondreSupprimerLes résistants ce serait plus en France ou par là, mais ce pourrait être des "rouges" comme on les appelait pendant la guerre civile, oui.
SupprimerMerci Tania.
C'est très beau en tous les cas même si je ne sais pas ce qu'elle évoque, un peuple qui vivait caché en tous les cas au coeur des forêts, comme tu le dis peut-être des gitans, il faudrait en savoir plus sur sa vie, ce qui la touche de près...en tous les cas son nom ne m'est pas inconnu, elle est traductrice peut-être aussi, car je n'avais jamais lu un de ses poèmes, de cela j'en suis certaine. Merci pour ce partage
RépondreSupprimerOui Manou elle est aussi traductrice. Elle semble avoir traduit elle même sur son site officiel de poésie certains de ses poèmes en français: http://www.raquellanseros.com/index.php/2015-11-17-17-47-09/poemas-en-frances
SupprimerBonne journée.
Merci pour le lien, je vais aller voir ça de plus près ! Entre temps je suis allée voir de plus près sa biographie et j'ai vu qu'elle avait traduit Aragon, Poe et Lewis Carroll ! Voilà sans doute pour cela que son nom me disait quelque chose. Merci en tous les cas de m'avoir fait connaître ses poèmes. Bon dimanche
SupprimerUne histoire un peu dure qu'on lit à travers ce poème. Ici, on souffre de la canicule, c'est terrible. Que j'étais bien ds mes montagnes. Et lundi la reprise, beurk! Bisous
RépondreSupprimerCanicule....tu sembles oublier où je vis quand tu écris "ici", hihihi.
SupprimerBeurk, oui, je te souhaite de reprendre avec plaisir quand même! besos
Impossible de laisser un commentaire sur ton site hier, voyons si c'est mieux aujourd'hui. C'est un très beau poème et j'aimerais bien connaître l'histoire qu'il y a derrière. Mais tu as raison, il vaut mieux laisser courir son imagination ... Bises Colo et je t'envoie un peu de fraîcheur (21 aujourd'hui)
RépondreSupprimerDésolée Aifelle, en fait si les humains sont sujets à des erreurs, c'est vrai, les machines ont souvent des pannes...
SupprimerJ'aime aussi beaucoup ce poème.
Merci, il fera moins torride la semaine prochaine, pas 21 bien sûr, mais on retrouvera un peu d'énergie.
Un beso
Première fois que je lis un de ses poèmes et, ce faisant, la vie de Colona me vient à l'esprit.
RépondreSupprimerBonne journée en espérant que la bénéfique bruine qui nous fait tant de bien parvienne aussi jusqu'à toi.
Ouch, j'ai dû me creuser la tête, tu parles d'Yvan Colonna je suppose.
SupprimerJe suppose aussi Anonyme que tu es...Chinou?
Bon week-end.
la séparation, l’exil, des mots qui hésitent et se risquent mais vivre, très touchant et d’une telle douceur, merci de nous donner à entendre cette voix
RépondreSupprimerMerci à toi Élise. Bon week-end.
SupprimerC'est émouvant mais très énigmatique, comme la vie. Ce sont des mots féminins il me semble, cette femme (la poétesse ?) plonge en ses souvenirs et parle à un être aimé... oui, c'est la vie qui s'exprime dans toute sa beauté. Doux week end dame Colo, bises. brigitte
RépondreSupprimerHola Brigitte, moi ça ne me gêne pas de ne pas savoir à qui elle s'adresse, une poétesse, oui.
SupprimerUn dimanche pluvieux nous attend toi et moi et d'autres au sud. Une joie!
La vida
RépondreSupprimercon sus prohibido-el-paso y sus pasen-y-vean
es hermosa como una novia al alba.
Que c'est beau !
Esta parte es más bonita en español, sin duda!
SupprimerBonjour Colo, en lisant ce poème, j'ai l'impression d'entendre la mélodie qui va avec, c'est très beau, moi aussi je pense aux gitans. à tout bientôt. claude
RépondreSupprimerBonjour Claude, bien contente que tu lui aies trouvé cette musique. À bientôt, oui!
SupprimerC'est un poème triste mais tellement beau. Merci.
RépondreSupprimerAvec plaisir Élisabeth
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