Un an et trois mois est le titre d’un recueil de poésie de Luis García Montero. Un an et trois mois est le temps qu’il a passé près de sa femme, Almudena Grandes, entre le diagnostic (cancer) et sa mort.
Lecteurs
Luis García Montero
L’amour est aussi une lumière négociée,
nous sommes des bateaux nocturnes qui mouillent
à côté d’un lit qui ressemble à un port.
Peu m’importe que tu tardes à éteindre la lumière
si je m’endors pendant ta lecture.
Un phare clignote, collé de près à ton corps
pour qu’Ulysse puise rendre justice
tandis que Fortunata* fait naufrage dans les rues de Madrid
et que l’espoir se défend avec ongles et joies
dans la science-fiction de n’importe quel monde.
Toi non plus tu ne protestes pas si j’allume avant l’heure.
Je dors peu.
Disons qu’à cinq heures,
ma table de nuit est un quai
où chargements et déchargements de mots passent à ton sommeil.
À New York marche Baudelaire
Federico à Paris
tandis que Machado croise la frontière
et Cernuda nous parle de Galdós sous le ciel de México.
L’amour est aussi une lumière négociée.
Tu me donnes tes rêves en vivant les miens,
je te donne mes rêves en gardant les tiens.
Des histoires qui se relient comme des ports.
(Trad: Colo)
* Fortunata y Jacinta est un roman de Pérez Galdós
https://www.courrierinternational.com/article/histoires-les-adultes-feraient-bien-de-redecouvrir-le-plaisir-de-la-lecture-a-haute-voix
Lectores Luis García Montero
También
es el amor una luz negociada,
somos barcos nocturnos que fondean
en esta habitación
junto a una cama que parece un puerto.
No
me importa que tardes en apagar la luz
si me quedo dormido en tu
lectura.
Un
faro parpadea muy pegado a tu cuerpo
para que Ulises pueda hacer
justicia
mientras que Fortunata naufraga por las calles de
Madrid
y la esperanza se defiende con uñas y alegrías
en
la ciencia ficción de cualquier mundo.
Tampoco
tú protestas si enciendo la luz antes de hora.
Duermo
poco.
Digamos que a las cinco,
mi mesita de noche es una
dársena
donde hay carga y descarga de palabras que pasan a tu
sueño.
Por
Nueva York camina Baudelaire,
Federico en París,
mientras
Machado cruza la frontera
y Cernuda nos habla de Galdós bajo el
cielo de México.
El amor es también una luz negociada.
Me
das tus sueños al vivir los míos,
te doy mis sueños al
guardar los tuyos.
Historias que se enlazan como puertos.
"L’amour est aussi une lumière négociée.
RépondreSupprimerTu me donnes tes rêves en vivant les miens,
je te donne mes rêves en gardant les tiens.
Des histoires qui se relient comme des ports."
Très belle illustration de l'amour qui relie en image.
Et en mots.
Bonne après-midi, Colo.
Bises estivales :-)
Merci Fifi, tous les poèmes du recueil sont émouvants, beaux.
SupprimerUn beso chaleureux, estival, oui!
Magnifiques mots. J'aime bien l'idée du port dans la chambre ! c'est un texte très travaillé. Merci beaucoup pour la découverte. Bon après midi et bises.
RépondreSupprimerBonjour Élisabeth, j'ai ajouté un lien en français avec une biographie de lui et plueiurs poèmes traduits en français, c'est celui-ci https://remue.net/Le-poete-Luis-Garcia-Montero
SupprimerCe poème me touche particulièrement, naviguer ensemble, en lisant....besos
Très touchants, ces lecteurs amoureux au port.
RépondreSupprimerChouette illustration pour cet article sur la lecture à voix haute - encore faut-il être deux amateurs de littérature à vouloir embarquer ;-).
Tu as sûrement repéré le chat-lecteur aussi....Bonne après-midi Tania.
SupprimerUn chat lettré ;-).
Supprimerc'est parce que c'est juste, et c'est émouvant parce que c'est juste, ce détail de la vie à deux, qui dit tellement de choses sur ce couple.
RépondreSupprimerBien d'accord avec toi Adrienne. Merci, gracias.
SupprimerJ’ai été très touchée par Le lecteur de Jules Verne, rien lu d’autre mais un jour c’est sûr et suis contente de découvrir un texte de son mari. Profond et sensible. Émue.
RépondreSupprimerLe lecteur de Jules Verne, oui, j'ai beaucoup aimé aussi Inés et la joie.
SupprimerContente que ce poème t'aie touchée autant que moi.
Oh la la ! On prend ce texte en plein cœur ! Il va me falloir revenir pour le relire...
RépondreSupprimerReviens quand tu veux, à relire plusieurs fois en effet ce beau poème.
SupprimerUne petite visite cette après-midi...
SupprimerQuel texte magnifique ! Merci de nous l'avoir traduit, il faut le lire plusieurs fois pour s'en imprégner, c'est aussi ça l'amour c'est bien vrai. Belle journée
RépondreSupprimerBonjour et merci à toi Manou.
Supprimerrencontre des mots et des images...
RépondreSupprimerquand la lecture réunit les êtres et les choses, les 'zanimots' bleus aussi ... et déjà j'imagine votre néflier qui tourne les feuilles du l'ivre...
sourire partagé
Le néflier est tristounet, perd ses feuilles, n'a plus de fruits mais l'avocatier au feuillage abondant d'un beau vert donne de l'ombre aux lecteurs diurnes.
SupprimerTrès exotique tout ça...héhé. Bonnes lectures Solilouve.
Quel magnifique texte chère Colo et les quatre dernières phrases sont merveilleuses.
RépondreSupprimerMerci Colo, bisous
Merci Denise, on sent que c'est du vécu, et les mots nous touchent. Un beso
SupprimerCela touche énormément en particulier ces vers splendides Tu me donnes tes rêves en vivant les miens,
RépondreSupprimerje te donne mes rêves en gardant les tiens la fusion de deux amours
C'est toi, Kwarkito?
Supprimervoilà encore une belle découverte grâce à toi colo
RépondreSupprimerAvec plaisir Niki
SupprimerPorts et passerelles, rêves et éveils, échanges de lumière et d'ombre.
RépondreSupprimerSuperbe, merci Colo.
Un magnifique petit recueil recommandé par ma fille.
Supprimer"L’amour est aussi une lumière négociée.
RépondreSupprimerTu me donnes tes rêves en vivant les miens,
je te donne mes rêves en gardant les tiens.
Des histoires qui se relient comme des ports."
Comme c'est beau, émouvant et touchant
Très, oui. Bonne après-midi Marie.
SupprimerUn an et trois mois, c'est peu et c'est beaucoup ; L'intensité des sentiments, l'osmose sentimentale, intellectuelle, , sexuelle d'un couple abolit l'espace temps. Un recueil à lire sans restrictions;
RépondreSupprimerJ'espère que ce recueil sera traduit en français, que vous pourrez tous lire ces poèmes. Bon dimanche Chinou.
SupprimerUn lit comme port, une table de nuit comme quai et une lampe comme phare...
RépondreSupprimerTellement de talent pour parler ce temps compté dans un espace réduit mais immense par l'échange de rêves ! Et tu as si bien illustré ce poème !
Merci Colo, bon et doux dimanche. Besos !
Bonjour Claudie, c'est bien ça, oui, si beau et tragique en même temps. Un dernier voyage.
SupprimerMerci à toi, et bon dimanche !
C'est très émouvant, certains vers bouleversent... C'est beau d'accompagner la lumière de la vie jusqu'à ce qu'elle s'éteigne... en apparence. Merci dame Colo, doux dimanche, en souhaitant que la chaleur chez toi ne soit pas accablante ! Bises. brigitte
RépondreSupprimerBonjour Brigitte, la chaleur est celle normale pour l'été quoique très humide, un peu pénible si on a l'intention d'être actifs...Bonne semaine, un beso
SupprimerC'est un poème criant d'amour ! Je me retire sur la pointe des pieds...
RépondreSupprimerUn poème à garder, à relire certainement. Bonne semaine !
SupprimerC'est une impression ou souvent les poèmes sont tristes? Ici, vraiment très chaud! Bisous
RépondreSupprimerC'est souvent le cas mais ici je vois un voyage partagé, une complicité. Un beso
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