Aujourd'hui, cette semaine, voilà réunies par la poésie, par la traduction, deux femmes que j'apprécie énormément: Marguerite Yourcenar et Silvia Baron Supervielle. Elles entretenaient une relation amicale épistolaire et humaine.
Cette dernière est poète et traductrice, ce qui lui a permis de mettre, très librement, ce poème en espagnol.
Vous ne saurez jamais...
Vous
ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté ;
Et que rien, ni le temps, d'autres
amours, ni l’âge,
N'empêcheront jamais que vous ayez
été.
Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit
de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que ce lac pensif au
fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.
Vous
ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or
qui m'éclaire en marchant ;
Qu'un peu de votre voix a passé
dans mon chant.
Doux flambeau, vos rayons, doux brasier,
votre flamme,
M'instruisent des sentiers que vous avez
suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous
survis.
Marguerite Yourcenar
Et ici, si ça vous tente, une interview de Silvia Baron sur la personnalité de Marguerite Yourcenar: https://www.canalacademies.com/emissions/au-fil-des-pages/la-lumineuse-personnalite-de-marguerite-yourcenar
Et la traduction:
Jamás de tu alma...
Jamás
de tu alma conocerás el viaje
Comenzado en mi alma al despuntar
el día;
Ni el tiempo, ni el amor, ni la edad, ni el
paisaje
Borrarán tu huella grabada con la mía.
No
sabrás que tiene tu rostro la belleza,
Que el mundo por tu azul
dulzura resplandece,
Que la transparencia del lago en la
maleza
Refleja tu mirar donde el sol amanece.
Nunca
jamás sabrás que eres en mi mano
El oro del farol sobre el
andar del mar;
Que tu lejana voz se mueve en mi cantar,
Que
tu antorcha, tu luz y resplandor arcano
Me indican el dulce
sendero de vivir
Juntos, en una sola sombra de
seguir
Marguerite Yourcenar_Traducción de Silvia Barón Supervielle
ooohhhh merci Colo!
RépondreSupprimermerci aussi pour le lien j'ai adoré l'interview (et reconnu ce "désir de traduire" qui est encore accru quand on aime une oeuvre, et que la traduction est comme un remerciement: c'est tout à fait ce que je ressens :-)
SupprimerJe me doutais que ces mots sur la traduction te parleraient autant qu'à elle...et à moi!
SupprimerJe ne connaissais pas ce doux sonnet de Marguerite Yourcenar, merci, Colo. Je m'en vais lire cette interview.
RépondreSupprimerPeu connus ces sonnets, je l'ai découvert un peu par hasard et j'en suis ravie.
SupprimerCoucou. Je suis une grande lectrice de Marguerite Yourcenar. J'apprécie énormément sa manière d'écrire, toujours si belle, ciselée, intelligente et passionnée. Tu me donnes envie de relire "l'Oeuvre au noir" que j'avais découvert durant mes études. Quand je lis aujourd'hui certains livres mis en avant par la critique (par exemple Grimaldi...), je me demande quels critères permettent d'admirer et d'encenser les auteurs de langue française... Bises alpines.
RépondreSupprimerRelu il n'y a pas longtemps "Mémoires d'Adrien" dont on parle moins mais quel chef d'oeuvre!
SupprimerLa /les langues sont multiples mais, parfois, comme toi, j'ai du al à trouver du talent à plus d'un écrivain actuel...Un beso mediterraneo
J'ai une affection particulière pour Marguerite Yourcenar, non seulement pour les lectures de certains de ses livres qui ont enchanté mes vingt ans, mais aussi pour son élégance et sa hauteur de pensée, et une particulière intransigeance sur certains points. Mais elle était capable d'une grande attention avec des personnes qui lui étaient étrangères et loin de son monde. J'ai eu l'occasion de croiser ce regard vif et pénétrant lors d'un de ses passages à Paris. Elle était d'un magnétisme, que lui auraient envié bien des actrices
RépondreSupprimeret oui l'entretien avec Silvia Baron est très passionnant (arnaud)
RépondreSupprimerJe ne peux être plus d'accord avec toi sur le caractère et l'écriture de M. Yourcenar...j'aimerais tellement l'avoir vue, en vrai. Ses (rares) interviews TV, c'est pas la même chose.
SupprimerContente que tu aies écouté cet entretien, il est vraiment bien. Merci Arnaud.
Superbe poème. Je connais très mal les écrits de Marguerite Yourcenar, voilà qui incite à en découvrir plus. Je vais aller écouter l'interview. Bon lundi.
RépondreSupprimerJe crois que ses sonnets sont peu connus, en tout cas je ne l'ai découverte que récemment. Bonne écoute, tu ne t'ennuieras pas Aifelle- Un beso
Supprimerce poème est splendide et je ne le connaissais pas du tout merci merci à toi
RépondreSupprimerAvec plaisir Dominique, il semble qu'elle en ait écrit d'autres, je vais faire des recherches
SupprimerDoux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme,
RépondreSupprimerM'instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.
Vraiment très beau... Que d'émotion!
Oui, c'est magnifique Marie.
SupprimerMerci chère Colo pour le magnifique poème de Marguerite Yourcenar et pour le lien. Je ne connaissais pas ce poème si beau.
RépondreSupprimerBisous et bon lundi après-midi
C'est un vrai plaisir Denise, un beso
SupprimerBonjour Colo. Deux grandes Dames qui forcent l'admiration. Je ne connaissais que la seconde stophe sur laquelle mon professeur de Français nous faisait travailler .
RépondreSupprimerOh tu connaissais donc l'existence de ce sonnet ! Sa musicalité est unique, parfaite.
SupprimerBone journée Chinou.
J'écouterai tout à l'heure cette interview. Marguerite Yourcenar compte beaucoup pour moi. Merci !
RépondreSupprimerJe crois que tu l'aimeras, Silvia Baron S. est fine et brillante dans ses réponses.
SupprimerLes eaux du lac pensif, profondeur et sérénité.
RépondreSupprimerÇa en dit tant sur la personne disparue...
SupprimerJ'ai beaucoup d'admiration pour Yourcenar ; l'autre femme, je ne la connaissais pas, merci pour la découverte.
RépondreSupprimerBonne journée.
Avec plaisir !
SupprimerJ'ai découvert ce magnifique poème récemment , il est sublime .J'avais même prévu de le "calligraphier " un jour.
RépondreSupprimerBelle soirée
Une bonne idée, préviens-moi si tu le fais et le publies Paco!
SupprimerQue pases un buen día.
Hola Colette,
RépondreSupprimerMagnifique poème.
Les deux premiers vers m'ont inspiré une méfiance, qu'allait-elle dire de déjà mille fois entendu?
Les deux suivants m'ont fait garder la porte ouverte,.
La suite m'a fait plonger dans des images précises, des souvenirs que je croyais perdus.
Quelle belle écriture. Merci pour ce partage, bonne soirée Colette.
Hola John,
RépondreSupprimerNous voilà bien d'accord, certains vers nous parlent à nous-mèmes, à nos souvenirs et vécus. J'aime particulièrement ces deux-ci:
Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant.
Bon week-end, j'entends qu'il pleut enfin par chez vous!
Tu nous fais découvrir un superbe poème Colo, quelle maitrise, quelle douceur.
RépondreSupprimerMerci Infiniment. Je file écouter l'interview. Un besos !
Arriver à mettre la douleur d'une perte en ces mots est réservé aux très grands auteurs, je trouve aussi ce poème magnifique, à garder.
SupprimerBonne journée Claudie, un beso
Le hasard fait bien les choses, j'ai reçu tout récemment le dictionnaire M. Yourcenar (éditions Honoré Champion). Je m'y promène avec plaisir et intérêt, MY est une auteure que j'ai toujours apprécié. J'ai (re)commencé "L'œuvre au noir" que j'avais déjà lu il y a longtemps.
RépondreSupprimerJe me demande à qui est destiné le poème que vous donnez. Ce ne peut être à Grace Frick puisqu'elle est morte bien plus tard que ce poème. Son père peut-être ?
Merci en tous cas, j'aime cette idée que les disparu(e)s survivent en ceux (celles) qui les ont connu(e)s.
Bonsoir Christian, selon un article dans "Espejo Textual" ces 7 sonnets seraient dédiés à Jeanne de Vietinghoff qui avait été une compagne de classe et amie de MY . Morte à 50 ans, elle était baronne, belge bien sûr. Sa biographie est ici: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_Vietinghoff
SupprimerJe ne la connaissais pas du tout.
Un dictionnaire MY? Ce doit être vraiment intéressant, merci.
[... toujours appréciée, je me corrige ;) ]
SupprimerMerci pour la précision, et je viens de vérifier, cette Jeanne de V. est dans le dictionnaire MY : elle est présentée comme "la figure idéalisée de substitution maternelle", ce qui correspond bien au ton du poème. Je vous ferai parvenir par courriel copie de la page complète du livre.
C'est un splendide poème, ce sont des mots écrits avec le cœur..."j'emporte votre âme comme une lampe d'or...", l'image est magnifique. Et dans l'interview "Elle écrivait tout le temps, même quand on ne la voyait pas faire". ", là aussi on fond, on se remémore le regard profond et direct de Dame Marguerite, que c'est beau le talent ! Merci Colo, doux après midi à toi. brigitte
RépondreSupprimerBonjour Brigitte, ce poème nous touche tous je crois, des images si fortes des disparus qui continuent à nous guider, éclairer. Merci de ta visite, le vent furibond emportera ces mots vers toi, et un beso aussi.
RépondreSupprimerUn beau poème qui ne peut que nous toucher ! Supervielle ? Elle a un lien avec le poète ?
RépondreSupprimerOui, son père était le cousin de Jules Supervielle. Elle a traduit en français de nombreux poètes dont Borges et A. Pizarnik et en français M. Yourcenar (poèmes et théâtre).
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