Pages

16 nov. 2022

Barbes d'écume / Barbas de espuma

 

Blanca Andreu (La Coruña 1959- ) est connue pour écrire une poésie néosurréaliste.

Voici deux courts poèmes où l’océan est central. Des images inattendues, vos imaginations, comme la mienne en les traduisant, va être mise au travail...


Hommes des océans

Je navigue

sur du blé céleste

entre des herbes bleues parmi les champs marins.

Ici sont mouettes les tourterelles

et le merle, cormoran.

Ceux qui labourent ces sillons humides

de couleur verte et indigo

récoltent de l’argenté

s’ils sèment

rêves

ou désirs

de rentrer chez eux.

(Trad: Colo)



Hombres de los océanos Blanca Andreu

A Miguel Lodeiro

Navego
sobre trigo celeste
entre hierbas azules por los campos marinos.
Aquí son gaviotas las tórtolas
y el mirlo, cormorán.
Los que labran estos húmedos surcos
de color verde o índigo
recogen plata
si siembran
sueños
o deseos
de volver al hogar.



                            L'homme à la barre, Théo van RYSSELBERGHE,


MARINE

Je t’ai vu, océan,

je t’ai galopé sur le dos d’un violon

de bois poli

d’un poulain arrondi

couleur du cerisier

et tu étais, océan

un pré

d’herbes bleues

en mouvement.

Comme si tu étais

l’océan lui-même

je t’ai visité

océan

empereur des eaux

miroir profond du ciel

et j’ai vu dans tes éternelles barbes d’écume

céréales bleues et fleurs du silence. 

(Trad: Colo) 



Marina

Te he visto, océano
te he galopado
a lomos de un violín
de madera pulida
de un potro alabeado
del color del cerezo
y eras, océano
un prado
de hierba azul
en movimiento.

Como si fueras
el propio olvido
te he visitado
océano
emperador de las aguas
espejo profundo del cielo
y he visto en tus eternas barbas de espuma
cereales azules y flores del silencio.

"El sueño oscuro" 1994

36 commentaires:

  1. ce sont de très beaux poèmes, pleins de vie, de bouillonnements de vagues, d'air marin - merci pour le dépaysement colo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec plaisir Niki, je les ai aussi choisis parce que la Méditerranée est si calme face à mer du Nord de ma jeunesse. J'aime les vagues, leur bruit, et l'écume bien sûr.

      Supprimer
  2. Ces poèmes me parlent évidement et ils arrivent à point nommé, je lis en ce moment sur le Cosmos et les mots se répondent puisqu'il est question chez moi d'écume stellaire, de vague de galaxies et de danse des galaxies
    j'aime ces correspondances qui donnent raison à Jacques Lèbre

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui, alors c'est fort intéressant ce rapprochement avec le Cosmos !!! On pourrait commencer un cahier de "correspondances", toi qui lis tellement et sur tout, ce serait vraiment bien. Comme l'a fait, en effet, Monsieur Lèbre.

      Supprimer
  3. Les herbes bleues reviennent deux fois ; j'aimerais les voir ces champs là, onduler doucement ; on sent aussi le vent, les oiseaux qui tourbillonnent, le vent, tout donne envie d'aller voir l'océan tout de suite.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Aifelle, ici il y a des "prairies" de posidonie qui, j'imagine, pourraient être ces herbes bleues qui, oui, ondulent, c'est superbe.
      Bonne journée !

      Supprimer
  4. Deux très beaux poèmes, où l'on se sent très agréablement fouetté par le vent du large, les embruns, les herbes bleues et les barbes d'écume! J'aime spécialement les vers magiques des "Hommes de l'Océan"
    Bonne journée, Colo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Antoine, oui, les hommes de l'océan, rythmé, est très beau.
      Sûr que plus d'un diamant gît dans le fond de l'eau...

      Supprimer
  5. Le premier poème touche beaucoup. Mais ces champs liquides parfois se dérobent fort dangereusement

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison, autour des Baléares les endroits couverts de posidonie sont zone protégée, mais la Méditerranée est tellement polluée que...

      Supprimer
  6. Indiscutablement c'est le premier qui m'embarque.Il claque magnifiquement comme éclaboussures et rafales de vent. On en a plein les poumons.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une poétesse que je découvre, à suivre...Bonnes respirations cher K.

      Supprimer
  7. J'aime bien le 1er poème. J'espère que tu vas bien, gros bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Val, moi aussi je le trouve très beau et fort. Un beso

      Supprimer
  8. J'aime la simplicité du premier poème, l'imaginaire du second - qui m'a rappelé "Le bateau ivre".
    Belle illustration de Van Rysselberghe, merci, Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La mer, l'océan, sujets tellement traités en poésie, mais ici ils sont traités de façon originale, puissante.
      Merci, bon week-end Tania

      Supprimer
  9. Je suis venue les relire, ces deux poèmes. Je les trouve très beaux et je préfère le premier : je trouve très belle l'image de la récolte argentée des rêves.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Marie, moi aussi je préfère le premier mais les "céréales bleus et fleurs du silence "du second me séduisent aussi. Bonne journée !

      Supprimer
    2. J'ai cherché si l'œuvre de Blanca Andreu était disponible en Français. Hélas non. Un livre traduit, indisponible. Et bien sûr, rien dans les médiathèques.

      Supprimer
    3. Dommage mais pas surprenant en fait.

      Supprimer
  10. Bonjour Colo, l'océan, empereur des eaux me plait bien. Bon dimanche.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le ciel qui rend visite à l'empereur, de belles images oui, Dasola, merci de ta visite

      Supprimer
  11. Quand les océans deviennent champs...champs où poussent les "herbes bleues" où les sillons se creusent pour y semer des graines de rêves, on ne peut qu'être conquis!...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En effet, un "portrait" très vivant des océans. Bonne journée Marie

      Supprimer
  12. la petite verrière21 novembre 2022 à 17:01

    J'aime particulièrement le premier poème. Le va et vient incessant du champ à l'océan, de la prairie à la mer, donne un rythme, un balancement, un bercement qui rappelle celui des vagues. Merci à toi Colo !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sans doute as-tu, comme moi, vu ces prairies marines "danser" au rythme des mouvements de l'eau, c'est magique. Bonne journée Claudie !

      Supprimer
  13. Qu'ils sont beaux, ces poèmes, et oui, il font naître des images en mouvements et en couleurs mais curieusement et étrangement silencieux surtout pour le premier. Dans le second, une musique avec l'image du violon et les fleurs du silence?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison, je n'avais pas pensé au silence du premier, merci !

      Supprimer
  14. Que de belles découvertes ! J'aime beaucoup le premier poème ! A bientôt !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour, merci. Je me demande si j'arriverai à laisser un mot chez toi aujourd'hui...il y a un temps j'ai essayé et nada. Voyons..

      Supprimer
    2. Super, ça marche ! Encore merci et à bientôt !

      Supprimer
  15. Deux très beaux poèmes dans un festival de couleurs et de sensations uniques qui ondulent et nous font passer d'un référentiel de champs à celui de l 'océan; un peu comme lorsque je suis sous les pins et qu'en fermant les yeux, j'ai l'impression d'entendre , dans le vent, les murmures de l 'océan.
    Un beso, Colo.

    RépondreSupprimer
  16. Il y a un parallélisme dans le poème entre les champs marin et terrestres je trouve. Comme un peu plus loin ici "sont mouettes les tourterelles et le merle, cormoran". Ce serait comme un miroir du navigateur qui vogue dans l’infini et qui rêve de rentrer chez lui, comme les terrestres rêvent souvent de se laisser emporter par les flots. Suis-je le seul à noter ces réalités mélangées ???

    RépondreSupprimer
  17. Hola Sergio, non, tu n'es pas le seul, j'y vois la même chose que toi. Merci pour cette contribution !

    RépondreSupprimer