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13 juil. 2022

Marcher / Andar

 

Choisir un paragraphe dans “Aussitôt que la vie” de Marie Gillet n’a pas été une mince affaire. Lequel privilégier parmi les arbres, les bleus, le thym, les carnets ?


Celui-ci pose tant de questions sur notre façon de marcher, sur celle de nos libertés, sur “faire autrement” que...le voici.


Je marchais comme cela parce que je ne m’autorisais pas à penser que marcher autrement était possible, d’autant plus que je n’imaginais pas en avoir le droit. (J’ai longtemps vécu sans savoir que j’avais des droits). J’avais décidé de faire des courses car c’était une façon de me rendre intéressante aux yeux du Chef dont je quémandais l’intérêt. Je voulais lui montrer que moi aussi, j’étais forte. Je devais être plus forte que les sentiers les plus rudes ? J’y arrivais. Je devais être plus forte que les autres marcheurs ? J’avais du mal mais j’avais acquis une place honorable, hélas, pas la première, mais dans un bon classement. Je devais ramener le meilleur des butins ? Là, je m’en sortais bien: mes photographies étaient admirées, mes cailloux exposés. Butin. Le mot-clé avec pouvoir. Car je n’imaginais pas qu’on puisse marcher gratuitement, pour le plaisir, pour la beauté du monde, tranquillement,” 

 (p.73)

                                Collines, vent, bleus, plantes....


Yo andaba así porque no me permitía pensar que andar de otra manera fuera posible, tanto más cuanto que no me imaginaba tener ese derecho. (he vivido mucho tiempo sin saber que tenia derechos). Había decidido correr pues era una forma de volverme interesante a los ojos del Jefe del cual suplicaba su interés. Quería enseñarle que yo también era fuerte. ¿tenía que ser más fuerte que los senderos más escarpados? Lo era. ¿Debía ser más fuerte que los otros caminantes? Me costaba, pero había alcanzado una plaza honrosa, no la primera, pero bien clasificada. ¿Tenía que traer los mejores botines? Eso se me daba bien: mis fotografías eran admiradas, mis guijarros expuestos. Botin. La palabra clave con poderes puesto que yo no imaginaba que se pudiera andar gratuitamente, por placer, por la belleza del mundo, tranquilamente, pararse de trepar porque ya basta, pararse de correr para respirar un poco, simplemente gozar; no, hacía falta que todo eso sirviera de algo.” Trad: MAH, gracias.


Este libro no está traducido al español, así que os dejo pensar sobre el andar, lo permitido y la libertad.

18 commentaires:

  1. marcher est la seule activité physique que je supporte avec la gymnastique et le yoga - j'aime beaucoup ce paragraphe, merci colo pour m'avoir fait découvrir ce texte

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  2. apparemment mon commentaire n'a pas été enregistré - tant pis - j'y exprimais à quel point le texte me touchait

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    1. Bonjour Niki, dans ce livre atypique, aux sujets si variés, la marche est mise à l'honneur.
      Pour les commentaires, il faut attendre que je les valide, je le fais le plus vite possible, (c'est la seule façon de vous éviter de devoir cocher des cases de...ou de...héhé)
      Bonne journée.

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  3. Merci beaucoup ! Je suis touchée de voir ici cet extrait, et sa traduction en espagnol. J'ai mis un lien à partir de mon blog vers ton blog.

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  4. Marie va être heureuse et fière de faire l'objet d'une traduction !!!!!

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  5. "por la belleza del mundo, tranquilamente" : oui, vive la liberté de marcher à son rythme, sans chercher la performance !

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    1. Pour cela il faut marcher seul(e) de préférence....

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  6. Je me réjouis de le lire bientôt en intégralité.

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  7. L'agrément de la marche dépend aussi de l'endroit où l'on se trouve. Ici, si on en juge par le paysage photographié, cela ne doit pas être trop déplaisant de "faire des courses"

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    1. Ah, bonjour Antoine, je suppose que oui, certains sportifs seraient tentés par la course, mais ils ne verraient aucune plante, ni fleur, ni...pas grand chose:-)
      Bonne fin de semaine.

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  8. Marcher, observer, découvrir, se pencher, s'arrêter, admirer, sentir, inspirer, expirer, repartir... à son rythme, dans la joie profonde de faire partie d'un tout, quelle chance nous avons !!! Bises encore très ensoleillées aujourd'hui, à tout bientôt dame Colo. brigitte

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    1. Bonjour Brigitte, cette notion de faire partie d'un tout est si bien développée dans le livre " Sur quoi repose le monde" de Kathleen Dean Moore que je lis en ce moment. Belle lumière ce matin entre les feuilles de l'avocatier. Un moi de juillet trrrrès ensoleillé, oui, oui! Un beso

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  9. Marcher pour admirer et flâner... En ce moment je lis "Nous" de Marie Gillet

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    1. Bonjour Marie, "Nous" et "Tant que la vie" sont fort différents, les deux sont de belles lectures.

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  10. J'ai lu "Nous", mais pas " Aussitôt que la vie". Cet extrait, bien que mystérieux, semble une ode à la marche.
    Marie a dû être heureuse d'être traduite par ta plume amie. Un beso Colo !

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