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28 mai 2021

Nourrir et rire

Fin mai. 


Billet léger, gai, nature.


Nous avons un compagnon de luxe pour les travaux du potager.
Depuis plus d’un an un merle familier nous suit ou, comme hier, “cueille” les fraises avec moi, à mes côtés.
I. l’a surnommé Mirlenko (merle=mirlo en espagnol) car l’animal n’a qu’une patte et il pense que ce doit être un rescapé de Chernobyl…


Quoi qu'il en soit, le nom lui est resté et nous nous demandions s’il passerait l’hiver.

Voilà Mirlenko



 


 

 

 

La señora Mirlenka....


                                                      Fotos I. Pampin gracias

 

Alors ce mois de mai, surprise. Non seulement il a survécu mais il a trouvé une compagne qui, elle, a bien ses deux pattes, et ils ont procréé dans l’araucaria juste derrière la maison. Les parents se relaient pour nourrir les oisillons affamés, comme il se doit.
Espérons qu’il ne manque aucun membre à ces petits;-))


Les oisillons affamés.
  Foto I. Pampin

 

Alors, pour finir ce mois de mai en beauté, un poème bien sûr.

 

Mai

Gioconda Belli

Les baisers ne se fanent pas

comme les flamboyants,

ni ne me poussent des gousses sur les bras;

toujours je fleuris

de cette pluie intérieure,

comme les patios verts de mai

et je ris car j’aime le vent et les nuages

et le passage des oiseaux chanteurs,

bien que je sois empêtrée dans des souvenirs,

couverte de lierre comme les vieux murs,

je crois toujours aux murmures gardés,

en la force des chevaux sauvages,

au message ailé des mouettes.

Je crois aux innombrables racines de mon chant.

(Trad: Colo)


MAYO


No se marchitan los besos
como los malinches, (flamboyants)
ni me crecen vainas en los brazos;
siempre florezco
con esta lluvia interna,
como los patios verdes de mayo
y río porque amo el viento y las nubes
y el paso del los pájaros cantores,
aunque ande enredada en recuerdos,
cubierta de hiedra como las viejas paredes,
sigo creyendo en los susurros guardados,
la fuerza de los caballos salvajes,
el alado mensaje de las gaviotas.
Creo en las raíces innumerables de mi canto.


 Gioconda Belli


19 mai 2021

Mon unique patrie, la mer / Mi única patría, la mar

 

Le grand poète du premier romantisme en Espagne est, sans l’ombre d’un doute, José de Espronceda.

Né en 1808 en Estrémadure, son idée de liberté a toujours été en contradiction avec la politique espagnole. D’où de nombreux exils dont un à Londres et sa poésie a été influencée par Lord Byron.


Je vous propose le poème “La chanson du pirate”, un poème long mais qui, comme toutes les chansons, a un refrain et que tous les écoliers d’antan connaissaient par cœur, du moins en partie.


La Chanson du Pirate” est la plus célèbre. À la fin du poème, on retrouve l’exaltation du héros romantique, de ce pirate qui veut seulement vivre librement, sans se soumettre. Le pirate représente le héros individuel, un personnage que nous pouvons retrouver dans la tradition romantique européenne. Étant donné qu’il n’aime pas les valeurs du monde, il s’élance en mer, vers la liberté la plus absolue qui soit.

Ses héros (…) représentent des symboles de la rébellion individuelle face à une bourgeoisie qui manque de sensibilité.   (source : https://nospensees.fr/jose-de-espronceda-poete-romantique/)



 

La chanson du pirate     José de Espronceda


Avec dix canons de chaque côté

vent en poupe, à toute voile,

ne coupe pas la mer, mais vole

un voilier brigantin.

 

Le bateau pirate, nommé

pour sa bravoure « Le Redouté »,

connu sur toute mer

de l'un à l'autre confins.

 

Sur la mer la lune brille

dans la voile gémit le vent,

et soulève d'un doux mouvement

des vagues bleues et argentées;

 

Et voilà le capitaine pirate,

Joyeux et chantant sur la poupe,

l’Asie d’un côté, l'Europe de l'autre,

et là-bas, devant, Istanbul.

 

Navigue, mon voilier

sans crainte, ni navire ennemi

ni orage, ni calme

ne détourneront ton cap

ni ne soumettront ton courage

 

Vingt prises avons-nous faites

en dépit de l’anglais

et ont baissé leurs bannières

cent nations à mes pieds.

 

 Car mon bateau est mon trésor,

mon Dieu, c’est la liberté ;

ma loi, la force et le vent ;

mon unique patrie, la mer.

 

Au loin ; menez de féroces guerres

rois aveugles,

pour un empan de terre.

Ici j'ai à moi

tout ce que contient la mer sauvage,

à qui personne n’imposa de lois.

 

Et il n’y a plage

où que ce soit

ni drapeau,

qui ne s’incline devant mon droit

et mon courage.



 Car mon bateau est mon trésor,

mon Dieu, c’est la liberté ;

ma loi, la force et le vent ;

mon unique patrie, la mer.



Au cri « Navire en vue ! »

il faut voir comme il vire et se prépare

à échapper à toute voile;

je suis le roi de la mer

et ma furie est à craindre.

 

Mon butin

équitablement

je le partage

je ne désire pour seule richesse

que la beauté

sans rival.

 

Car mon bateau est mon trésor,

mon Dieu, c’est la liberté ;

ma loi, la force et le vent ;

mon unique patrie, la mer. 

 

Je suis condamné à mort !

Oh je ris

et si la chance me sourit

celui qui me condamne

pendu sera à une poutre

à bord de son propre bateau.

 

Et si je meurs

Qu'est-ce la vie ?

Je l’avais déjà donnée

pour perdue

quand du joug de l'esclave

 comme un brave,

je me suis débarrassé.

 

Car mon bateau est mon trésor,

mon Dieu, c’est la liberté ;

ma loi, la force et le vent ;

mon unique patrie, la mer.

 

Ma musique préférée

sont les aquilons,

le fracas et le tremblement

des câbles secoués

les mugissements de la mer noire

et les rugissement de mes canons.

 

Et au violent son du tonnerre

et du vent hurlant

je m'endors apaisé,

par la mer bercé

 

Car mon bateau est mon trésor,

mon Dieu, c’est la liberté ;

ma loi, la force et le vent ;

mon unique patrie, la mer.

Traduction: Colo


La Canción del Pirata

Con diez cañones por banda,

viento en popa, a toda vela,

no corta el mar, sino vuela

un velero bergantín.

 

Bajel pirata que llaman,

por su bravura, El Temido,

en todo mar conocido

del uno al otro confín.

 

La luna en el mar riela

en la lona gime el viento,

y alza en blando movimiento

olas de plata y azul;

 

y va el capitán pirata,

cantando alegre en la popa,

Asia a un lado, al otro Europa,

y allá a su frente Istambul,

 

Navega, velero mío

sin temor, que ni enemigo navío

ni tormenta, ni bonanza

tu rumbo a torcer alcanza,

ni a sujetar tu valor.

 

Veinte presas hemos hecho

A despecho del inglés

y han rendido sus pendones

cien naciones a mis pies.

 

Que es mi barco mi tesoro,

que es mi dios la libertad,

mi ley, la fuerza y el viento,

mi única patria, la mar.

 

Allá; muevan feroz guerra

ciegos reyes

por un palmo más de tierra;

que yo aquí; tengo por mío

cuanto abarca el mar bravío,

a quien nadie impuso leyes.

 

Y no hay playa,

sea cualquiera,

ni bandera de esplendor,

que no sienta mi derecho

y dé pechos mi valor.

 

Que es mi barco mi tesoro,

que es mi dios la libertad,

mi ley, la fuerza y el viento,

mi única patria, la mar.

 

A la voz de "¡barco viene!"

es de ver cómo vira y se previene

a todo trapo a escapar;

que yo soy el rey del mar,

y mi furia es de temer.

 

En las presas yo divido

lo cogido por igual;

sólo quiero

por riqueza

la belleza

sin rival.

 

Que es mi barco mi tesoro,

que es mi dios la libertad,

mi ley, la fuerza y el viento,

mi única patria, la mar.

 

¡Sentenciado estoy a muerte!

Yo me río

no me abandone la suerte,

y al mismo que me condena,

colgaré de alguna antena,

quizá; en su propio navío.

 

Y si caigo,

¿qué es la vida?

Por perdida

ya la di,

cuando el yugo del esclavo,

como un bravo,

sacudí.

 

Que es mi barco mi tesoro,

que es mi dios la libertad,

mi ley, la fuerza y el viento,

mi única patria, la mar.

 

Son mi música mejor

aquilones,

el estrépito y temblor

de los cables sacudidos,

del negro mar los bramidos

y el rugir de mis cañones.

 

Y del trueno al son violento,

y del viento al rebramar,

yo me duermo sosegado,

arrullado por el mar.

 

Que es mi barco mi tesoro,

que es mi dios la libertad,

mi ley, la fuerza y el viento,

mi única patria, la mar.

JOSE DE ESPRONCEDA













12 mai 2021

Un mot, des mots.... / Una palabra, palabras...

 

Aujourd’hui un poème abstrait, une réflexion sur les mots par Roberto Juarroz.

Hoy un poema abstracto, una reflexión sobre las palabras, por Roberto Juarroz.

(Merci Kwarkito pour la suggestion d'illustrations)




                                               The writer Saul Steinberg

 

Tout mot appelle un autre mot.

Tout mot est un aimant verbal,

un pôle d’attraction variable

qui toujours inaugure de nouvelles constellations.


Un mot est tout un langage,

mais aussi le fondement

de toutes les transgressions du langage,

la base où s’appuie toujours un antilangage.


Un mot est encore un homme.

Deux mots sont déjà l’abîme.

Un mot peut ouvrir une porte.

Deux mots l’effacent. 

(Trad: Colo) 

Les Idées, Saul Steinberg 

 Roberto Juarroz.


Toda palabra llama a otra palabra.
Toda palabra es un imán verbal,
un polo de atracción variable
que inaugura siempre nuevas constelaciones.


Una palabra es todo el lenguaje,
pero es también la fundación
de todas las transgresiones del lenguaje,
la base donde se afirma siempre un antilenguaje.


Una palabra es todavía el hombre.
Dos palabras son ya el abismo.
Una palabra puede abrir una puerta.
Dos palabras la borran.


6 mai 2021

Une valse surréaliste / Un vals surrealista

Cette chanson de Leonard Cohen, tant écoutée dans ma jeunesse, vous la connaissez sans doute: Take This Waltz.

Esa canción de Leonard Cohen, escuchado tantas veces en mi juventud, le conocéis tal vez,









Peut-être comme moi ne compreniez-vous pas alors les paroles. 

Et bien cette chanson est la traduction d'un poème, (très) surréaliste, de F. Garcia Lorca, extrait de "Poète à New-York".
Alors "mon travail" est de vous livrer ce poème, non ?

Quizás, al igual que yo entonces, no entendíais las palabras. Esa canción es la traducción de un poema, (muy) surrealista, de F. Garcia Lorca, del poemario “Poeta en Nueva York”.
Aquí van el poema y la canción interpretada por Ana Belén.


Ana Belén, entres autres, la chante en espagnol.

                         




Petite Valse Viennoise

 
F. Garcia Lorca

À Vienne il y a dix jeunes filles,
une épaule où sanglote la mort
et une forêt de colombes disséquées.
Il y a un fragment du matin
dans le musée du givre.
Il y a un salon à mille fenêtres.

Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse la bouche fermée.
 
Cette valse, cette valse, cette valse,
de oui, de mort et de cognac
qui mouille sa traîne dans la mer.
 
Je t’aime, je t’aime, je t’aime,
avec le fauteuil et le livre mort,
dans le couloir mélancolique,
dans l’obscur grenier de l’iris,
dans notre lit de la lune
et dans la danse que rêve la tortue.

Ay ! Ay ! Ay ! Ay !
Prends cette valse à la taille brisée.
 
À Vienne il y a quatre miroirs
où jouent ta bouche et les échos.
Il y a une mort pour piano
qui peint en bleu les garçons.
Il y a des mendiants sur les toits.
Il y a de fraîches guirlandes de larmes.

Ay ! Ay ! Ay ! Ay !
Prends cette valse qui se meurt dans mes bras.
 
Parce que je t'aime, je t'aime, mon amour,
dans le grenier où jouent les enfants,
en rêvant de vieux lustres de Hongrie
dans la rumeur de la soirée tiède,
en voyant des brebis et des iris de neige
dans le silence obscur de ton front.

Ay ! Ay ! Ay ! Ay !
Prends cette valse du : « Je t’aime toujours. »
 
À Vienne je danserai avec toi
costumé avec
une tête de fleuve.
Regarde mes rives de jacinthes !
Je laisserai ma bouche entre tes jambes,
mon âme dans des photographies et des lys ;
et dans les ondes obscures de ta démarche
je veux, mon amour, mon amour, laisser,
violon et sépulcre, les rubans de la valse.

 
 
 
 

Pequeño vals vienés
F. Garcia Lorca

En Viena hay diez muchachas,
un hombro donde solloza la muerte
y un bosque de palomas disecadas.
Hay un fragmento de la mañana
en el museo de la escarcha.
Hay un salón con mil ventanas.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals con la boca cerrada.

Este vals, este vals, este vals,
de sí, de muerte y de coñac
que moja su cola en el mar.

Te quiero, te quiero, te quiero,
con la butaca y el libro muerto,
por el melancólico pasillo,
en el oscuro desván del lirio,
en nuestra cama de la luna
y en la danza que sueña la tortuga.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals de quebrada cintura.

En Viena hay cuatro espejos
donde juegan tu boca y los ecos.
Hay una muerte para piano
que pinta de azul a los muchachos.
Hay mendigos por los tejados.
Hay frescas guirnaldas de llanto.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals que se muere en mis brazos.

Porque te quiero, te quiero, amor mío,
en el desván donde juegan los niños,
soñando viejas luces de Hungría
por los rumores de la tarde tibia,
viendo ovejas y lirios de nieve
por el silencio oscuro de tu frente.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals del “Te quiero siempre”.

En Viena bailaré contigo
con un disfraz que tenga
cabeza de río.
¡Mira qué orilla tengo de jacintos!
Dejaré mi boca entre tus piernas,
mi alma en fotografías y azucenas,
y en las ondas oscuras de tu andar
quiero, amor mío, amor mío, dejar,
violín y sepulcro, las cintas del vals.

Federico García Lorca
Poeta en Nueva York (1929-30)