Pages

22 oct. 2020

La vie, quelle beauté / La vida ¡qué hermosura!

 

MaríaZambrano, plus philosophe que poète, écrivait des textes en prose, en vers aussi, Ce poème je l’ai trouvé sous les deux formes. Elle appelait la poésie, “mes délires”

…………………….


"...Y yo había pasado por la vida
tan sólo de paso, lejana de mí misma."


..Et j’étais déjà passée par la vie

seulement de passage, loin de moi-même”






La penseuse de l’aura



Naître sans passé

sans rien d’antérieur à quoi se référer

et pouvoir alors tout voir

tout sentir

comme doivent sentir l’aurore les feuilles qui reçoivent la rosée

ouvrir les yeux à la lumière en souriant

bénir le matin

l’âme

la vie reçue

la vie, quelle beauté!


N’étant rien ou presque rien

pourquoi ne pas sourire à l’univers, au jour qui avance?

Accepter le temps comme un splendide cadeau

le cadeau d’un Dieu qui nous connaît

qui sait notre secret

notre inanité

et que ça ne le dérange pas

qui ne nous garde pas rancœur de ne pas être…


...Et comme je suis libre de cet être, que je croyais avoir,

je vivrai simplement

je lâcherai cette image que j’avais de moi-même

puisqu'elle ne correspond à rien

et toutes, quelconque obligation

qui découlent d'être moi, ou de vouloir l’être.


(Trad:Colo)


Sera-t-il possible qu’un jour heureux la poésie récupère que ce que la philosophie sait, tout ce qu’elle a appris dans sa prise de distance et ses doutes, pour fixer lucidement et pour tous son rêve?”(Dans Philosophie et poésie)


«¿No será posible que algún día afortunado la poesía recoja todo lo que la filosofía sabe, todo lo que aprendió en su alejamiento y en su duda, para fijar lúcidamente y para todos su sueño?» en Filosofía y poesía. 


La pensadora del aura



Nacer sin pasado

sin nada previo a que referirse

y poder entonces verlo todo

sentirlo

como deben sentir la aurora las hojas que reciben el rocío

abrir los ojos a la luz sonriendo

bendecir la mañana

el alma

la vida recibida

la vida ¡qué hermosura!


No siendo nada o apenas nada

por qué no sonreír al universo? al día que avanza?

aceptar el tiempo como un regalo espléndido

un regalo de un Dios que nos sabe

que conoce nuestro secreto

nuestra inanidad

 y no le importa

que no nos guarda rencor por no ser...


...Y como estoy libre de ese ser, que creía tener

viviré simplemente

soltaré esa imagen que tenía de mí misma

puesto que a nada corresponde

y todas, cualquier obligación

de las que vienen de ser yo, o del querer serlo.


Maria Zambrano 

En Delirio y Destino, Madrid,



Versión en prosa.


     Nacer sin pasado, sin nada previo a que referirse, y poder entonces verlo todo, sentirlo, como deben sentir la aurora las hojas que reciben el rocío; abrir los ojos a la luz sonriendo; bendecir la mañana, el alma, la vida recibida, la vida ¡qué hermosura! No siendo nada o apenas nada por qué no sonreír al universo, al día que avanza, aceptar el tiempo como un regalo espléndido, un regalo de un Dios que nos sabe, que nuestro secreto, nuestra inanidad y no le importa, que no nos guarda rencor por no ser...
     ...Y como estoy libre de ese ser, que creía tener, viviré simplemente, soltaré esa imagen que tenía de mí misma, puesto que a nada corresponde y todas, cualquier obligación, de las que vienen de ser yo, o del querer serlo.

27 commentaires:

  1. c'est très beau.merci de nous donner cela à voir et à entendre. Ces paromes sont comme un baume au cœur

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. À relire de temps en temps pour faire sourire nos cœurs, peut-être Kwarkito.
      Bonne journée.

      Supprimer
  2. il me semble que tous les jours on devrait renaître et vivre en souriant au jour nouveau, comme la Pensadora del aura :-)
    merci Colo!

    RépondreSupprimer
  3. un peu de poésie le matin c'est bon pour mon moral, j'ai aussitôt envie d'aller feuilleter un ou l'autre de mes livres de poésie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. TU sais, ce poème m'a fait penser à ton dernier billet où tu citais une phrase du livre Passages.

      "« Comment faire pour regarder, pour écouter les œuvres du passé avec à la fois cette vue perspective que nous donne la connaissance de l’évolution des choses et avec la candeur de ceux qui découvraient une nouveauté dont auparavant ils n’avaient pas même l’idée, et dont ils ne savaient pas où elle les mènerait? "

      Être nouveaux à nous-mêmes...

      Supprimer
  4. Comme c'est beau et doux. Renaître tous les matins et sourire à la vie. Voilà qui fait du bien au moral, surtout en ces temps si chahutés. Bises alpines et merci pour cette découverte.

    RépondreSupprimer
  5. Être totalement neuve chaque matin, sans obligation que celle de vivre intensément chaque rosée...
    Je suis partante !
    Merci Colo de nous faire connaitre les écrits de Maria Zambrano ! Bises et belle journée !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, je crois que ce n'est pas aisé de renaître à soi chaque jour...je dirais même un jour ;-)) Mais c'est une jolie incitation, oui.
      Bon week-end à toi, un beso

      Supprimer
  6. On aimerait renaître tous les matins, sans traces du passé et de tout ce que l'on sait .. pas évident à cultiver cet état d'esprit, mais on peut essayer. C'est une très belle poésie. Bon week-end Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense, chère Aifelle, que ce poème est une exemple de son essai de faire passer en poésie des pensées philosophiques. Le poème est assez réussi je trouve puisqu'il nous apporte de la légèreté...
      Bon samedi, un beso

      Supprimer
  7. merci de me faire découvrir Maria Zambrano, ses textes sont un baume pour le cœur. J'apprécie aussi la présentation bilingue...Merci Colo ! Belle journée
    Anda
    http://imagesetmots.over-blog.com

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bienvenue Anda. J’imagine que tu comprends l'español alors...super.
      Je viens de faire un tour sur ton beau blog et me suis abonnée.
      Bonne journée à toi aussi.

      Supprimer
  8. Quel musicalité dans ses mots. Merci pour cette découverte, je vais chercher les livres version espagnole.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Caro, tu trouveras bien plus en español qu'en français. Je l'ai dit plus haut je crois, la plupart de ses poèmes sont en prose, j'espère que tu aimeras.
      Bon samedi.

      Supprimer
  9. Bonjour,

    Je découvre votre blog et remonte le temps de vos articles avec un vif plaisir.

    Il y a tant de délicatesse dans vos mots ; et dans ceux que vous rapportez et parfois traduisez, avec talent.
    Ce samedi pluvieux sera pour moi l'occasion heureuse de vous lire.

    Je vous souhaite une belle journée.
    Geontran.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bienvenu Geontran, me voilà bien contente que vous vous plaisiez ici, entre nature et poésie.

      Bonnes lectures et excellent week-end. J'irai faire un tour chez vous.

      Supprimer
  10. Ah vraiment bien, cela me fait penser fort à Nougaro qui chantaitt " Renaître enfant c'est de mon âge..."
    Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avais complètement oublié cette chanson du prisonnier des nuages, merci à toi,je viens de la réécouter.

      Supprimer
  11. Cette invitation à "ouvrir les yeux à la lumière en souriant" est si belle ! Elle peut nous aider à garder notre cap en cette période. Il y faut du "vouloir l'être", très juste. Bonne soirée, Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Simplement vivre, comme dit le poème...rester en équilibre, je suppose c'est ce que tu veux dire par "garder le cap", oui, c'est exactement ce qui nous convient.
      Bonne soirée, un beso

      Supprimer
  12. C'est absolument magnifique... Quelle découverte ! Aussi forte pour moi, je crois, que celle de Pedro Salinas. Je t'écris.

    RépondreSupprimer
  13. Un grand merci chère Colo, je découvre ce magnifique poème très doux et j'aime beaucoup ce passage

    « bénir le matin
    l’âme
    la vie reçue
    la vie, quelle beauté ! »

    Je te souhaite une belle soirée, bisous ♥


    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sans doute l'oublions-nous trop souvent Denise,

      Bonne soirée à toi aussi, un beso.

      Supprimer
  14. Ce doit être douloureux de ne pas connaître son passé, ses racines, ses origines. Merci pour la découverte. Bonne fin de week end. Bises.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Probablement oui Élisabeth. Bonne soirée, si étrange avec ce changement d'heure !

      Supprimer