Pages

11 sept. 2019

Reste l'important / Queda lo importante



La première passion de Rafael Alberti, grand poète espagnol né en Andalousie en 1902, fut la peinture. Dans le prochain billet je vous raconterai sa vie, son œuvre, mais aujourd’hui c’est un poème où il évoque l’œuvre picturale de Gogh qui m’a attirée, amusée et fait frémir aussi.
Alors j’ai décidé de ne mettre aucune illustration, et si vous êtes comme moi, vous “verrez” les tableaux dont il parle.(à part les hirondelles qui ne me disent rien).

La primera pasión de Rafël Alberti, nacido en 1902, fue la pintura. En la próxima entrada os contaré su vida, su obra, pero hoy es un poema donde evoca la obra pictórica de Van Gogh que me atrajo, me divirtió.
Decidí pues no poner ninguna ilustración y, si sois como yo, “veréis” los cuadros de los cuales habla.

Van Gogh

Coup de pinceau
brûlé.
Source
de courant
apparent
désordonné.
Matinale
hirondelle
source.

Tourbillonne,
paysanne,
ondule.
Nuit en cercle roue,
bleuit
le bois.

Crépite,
petit chêne infini,
tison,
le paysage:
braise mouvante,
mer,
houle.

Nucléaire
démence en jaune,
pinceau couteau,
tournesol,
sanglant
jaune soleil,
violent
anneau.

Jaune des blés,
verte hallucination,
orange, vermillon,
métal,
crie,
cauchemar
mortel,
humble chaise.
Fleur,
chandelle
jaune.

Se coupe,
se recoupe
ta couleur,
s’exalte,
vole,
peintre.

Mais reste ce qui importe:
haute,
la trace.

(Trad: Colo)                                  Dans "À la peinture" 1948




Rafael Alberti Van Gogh

Pincelada
quemada.
Fuente
de aparente
corriente
desordenada.
Matutina,
golondrina
fuente.

Se arremolina,
campesina,
ondula.
Noche en círculo rueda,
azula
la arboleda.

Crepita,
carrasca infinita,
tizo,
el paisaje:
rescoldo movedizo,
mar,
oleaje.

Nuclear
demencia en amarillo,
pincel cuchillo,
girasol,
cruento
amarillo sol,
violento
anillo.

Gualda trigal,
verde alucinación,
naranja, bermellón,
metal,,
chilla,
pesadilla
mortal,
humilde silla.
Flor,
candela
amarilla.

Se corta,
se recorta
tu color,
se exalta,
vuela,
pintor.

Mas permanece lo que importa:
alta,
la estela.
en A la pintura, 1948





36 commentaires:

  1. ça me fait penser aux vers de Baudelaire, un hommage à la peinture

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, oui, cette relation étroite entre les arts majeurs (comme on les appelle) est toujours si intéressante, ôte ces cloisonnements qui n'existent pas chez les artistes, les humains.
      Bonne journée Dominique.

      Supprimer
  2. Lire les mots et imaginer les peintures. Quelle délicate rêverie. Merci de la découverte et bises alpines.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme des devinettes poétiques. Peu de mots et tant est dit...Bonne journée Dédé.

      Supprimer
  3. Etonnantes ces couleurs et ces sensations jetées là sur le papier. Certains tableaux s'imposent tout de suite, d'autres moins, c'est comme un jeu. Bonne journée Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu le dis bien Aifelle, couleurs et sensations, même des cris. Il fait des associations nominales, comme s'il faisait un inventaire mental des tableaux.
      Bonne journée à toi aussi!

      Supprimer
  4. oui on les voit parce qu'on les (re)connaît :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est ça, oui. Raison pour laquelle je n'ai pas illustré le billet, ils sont fort connus.

      Supprimer
  5. C'est vrai que ça évoque parfaitement bien... ca tournoie!

    RépondreSupprimer
  6. J'aime beaucoup ce tourbillon de mots qui suit les volutes du pinceau et des couleurs de Van Gogh

    RépondreSupprimer
  7. Tous ces mots remplacent les toiles (sauf les hirondelles) que je ne connais pas. Un grand merci chère Colo.
    Douce fin de journée ♥

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Denise, des corbeaux oui, mais des hirondelles??? Enfin, les poètes voient ce qu'ils veulent.
      Merci à toi Denise.

      Supprimer
  8. Oui, on voit bien les toiles de Van Gogh. Cette lumière, à Arles....
    Merci pour ce poème. Bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Marie, c'est en le traduisant que je me suis vraiment rendu compte de l'énorme difficulté, (donc de son énorme talent et travail). Le poème semble tellement couler de source...
      Bonne journée, le vendredi 13 porte chance en Espagne!

      Supprimer
  9. Le poète a su choisir les mots et toi aussi dans ta traduction. Ce n'est pas évident de faire ressentir le parfum d'un tableau, l'exercice de style est vraiment réussi, bravo ! Lumineux week end Colo, bon vendredi 13. brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci d'apprécier Brigitte, il est trop tard pour le lui faire savoir, mais qui sait?
      Pour le vendredi 13, figure-toi c'est en Espagne le mardi 13 qui porte malheur, ou du moins le proverbe dit de ne pas se marier ni s'embarquer ce jour-là!
      Bon week-end à toi aussi.

      Supprimer
  10. Tu te doutes bien que ces mots me touchent et m'évoquent de belles toiles. Cependant devant un tableau je peux être victime du syndrome de Stendhal plus facilement qu'à la lecture.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je comprends bien Chinou, mais j’imagine aussi que si quelqu’un évoquait ainsi, en mots, tes aquarelles, tu aimerais beaucoup...
      Bonne fin de semaine.

      Supprimer
  11. Je vois très bien les différents tableaux, pas besoin d'illustrations. Le style d'écriture est particulier, on n'en voit pas beaucoup de ce genre. Merci beaucoup pour la découverte. Bon week end !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec plaisir Élisabeth, c'est en effet la curiosité qui m'a accrochée à ce poème.
      Bonne soirée.

      Supprimer
  12. Merci pour ce magnifique poème, Colo et ce jeu bien passionnant. Passe un bon week-end !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah, toi aussi tu as aimé deviner!
      Les orages et tempêtes s'éloignent de l'île, on va pouvoir sortir ce week-end.
      Profite bien toi aussi de ce beau mois Annie.

      Supprimer
  13. J'ai mis un certain temps à identifier quelques uns mais j'y suis parvenu. En fait c'est un poème-quizz !!! Non je plaisante. Je trouve assez gonflé d'user de cette écriture nerveuse et elliptique. Voilà du style ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alberti fait preuve là d'une grande liberté d'esprit, que tu appelles à raison gonflé. Bien d'accord!!

      Supprimer
  14. Les rimes originales ajoutent encore du rythme au poème, comme si on voyait les touches, les coups de pinceau.
    Un poème étonnant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pouvoir rendre ces rimes en français eût été un rêve, mais...merci de l'avoir lu en espagnol aussi Tania.

      Supprimer
  15. Ahhh, voilà, enfin ça marche. Merci. Je ne suis pas experte en art, mais Van Gogh est un peintre que j'aime bp. Bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Difficile de comprendre pourquoi tout à coup le lien ne marche plus!
      UN peintre que j'aime beaucoup aussi, bonne journée Val. Unbeso

      Supprimer
  16. Les hirondelles, la trajectoire de leur vol, peut-être tournoyant, par moments ?
    De quoi inspirer le trait du peintre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Leurs ailes comme des pinceaux...idée géniale, merci K!

      Supprimer
  17. J'étais déjà passée par-là pour lire et apprécier cet hommage à Van Gogh que je trouve très beau dans ses mots et sa forme.Le mouvement des toiles de Van Gogh est très bien rendu; je devrais plutôt dire le tourbillon de vie, de lumière, de couleurs, de paysages.
    Je ne boude pas mon plaisir de repasser par ici et cette fois-ci je prends le temps de laisser un signe, avant d'attraper le tournis de trop d'activités, mais sans le talent d'Alberti ou de Van Gogh.
    Bisesssssssssssssss

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. S'arrêter de tourbillonner un moment a du bon, je me réjouis de te lire aujourd'hui chère amie.
      Besos

      Supprimer
  18. Je ne connaissais pas ce poème, mais, en effet, les mots se passent de l'image ! On "voit" les tableaux à la seule lecture. Moi aussi, je découvre ton blog avec beaucoup de plaisir.

    RépondreSupprimer