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31 oct. 2018

Désorientation / Desorientación

Silvia Baron Supervielle, vous vous en souvenez? Nous en avions parlé et lu
certains poèmes en 2014.

Avant deux poèmes, courts comme tous ses poèmes en français, je vous remets en mémoire ses propres mots:


- J'écrivais des poèmes et des contes en espagnol, mais je ne pensais pas sérieusement à écrire. J'ai pas mal tardé à changer de langue. Pour faire plaisir à mes amis, qui voulaient lire quelque chose de moi, j'ai essayé de me traduire, mais c'était de longs poèmes, parfois des sonnets. Alors je me suis mise à écrire en français. Ça m'a beaucoup plu, je voyais les choses d'une autre façon. J'avais peur de cette nouvelle langue et je soupçonne que c'est pour cela que j'ai écrit des poèmes courts. Ce fut la révélation d'un style et avec lui, d'un univers. Ces poèmes me rendaient mon image, la solitude dans laquelle je me trouvais. L'idée me vint que je pouvais être écrivaine. Pas parce que mes poèmes étaient en français mais parce qu'ils étaient dans une autre langue. Les mots étaient lointains. La désorientation me convenait." S. Baron Supervielle



"–Yo escribía poemas y cuentos en español, pero no pensaba seriamente en escribir. Tardé bastante en cambiar de lenguaje. Por complacer amigos, que querían leer algo mío, traté de traducirme, pero eran poemas largos, a veces sonetos. Entonces me puse a escribir en francés. Me gustó mucho, veía las cosas de otra manera. Le temía a la nueva lengua y sospecho que por ello escribí poemas breves. Fue la revelación de un estilo y con él, de un universo. Esos poemas me devolvían mi imagen, la soledad en la que estaba. Me vino la idea que podía ser una escritora. No porque mis poemas estuvieran en francés sino porque estaban en otra lengua. Las palabras estaban lejos. La desorientación me convenía."

Essais pour un espace
(extrait)


que personne
ne ferme mes
paupières

je veux te
voir déranger
l’éternité

que nadie
me cierre
los párpados

quiero
verte molestar
la eternidad



fresque, flûtiste



le flûtiste
de l’espace
se promène
en scrutant
l’accord
disparu

(Dans “Sur le fleuve”) 


                 el flautista
                 del espacio
                 se pasea
                 oteando
                 el acorde
                desvanecido
 
  (trad: Colo)


Sur le magnifique site Terres de Femmes, un court texte de S.B.Supervielle: https://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/04/silvia_baron_su.html

42 commentaires:

  1. Ah, la désorientation me convient aussi ! Tu traduis en espagnol maintenant ? J'aime beaucoup aussi la version espagnole! La photo est magnifique ! Je suis allé aux terres de femmes mais encore rien lu. Bonne journée Colo !

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    1. Hola An, merci pour cet enthousiasme! IL est rare que je traduise du français en espagnol, mais parfois, tu vois! Mon mari supervise, il est espagnol, lui.
      À bientot!

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  2. merci beaucoup pour le lien et pour ces deux petites pépites. J'aime aussi beaucoup la photo avec cette vue plongeante et cette grande ombre allongée. Elle me fait penser à un dessin de Hopper. Bonne journée. Bises

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    1. Tu as raison, ses mini poèmes sont des bijoux, ces deux-ci m’enchantent.
      Merci, un beso

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  3. C'est court court et une image choc, pourtant!

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  4. j'ai toujours été épatée par le changement de langue d'un écrivain, à plus forte raison d'une poète
    Cela tient pour moi du miracle comment entre t-on dans l'esprit d'une langue ?

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    1. Je me le demande souvent aussi, pourtant de nombreux auteurs l'ont fait. Ce qui est curieux et que j'ai remarqué, c'est qu'on n'est pas tout à fait le/la me dans une langue que dans l'autre. Comme si la langue au début nouvelle puis bien assimilée et intériorisée, déteignait sur la personnalité.

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    2. Je trouve la remarque de Dominique intéressante et votre réponse tout autant. Vous êtes bien placée pour éprouver ces choses.
      "La langue n’est pas séparable des valeurs qu’elle véhicule, et chaque locuteur se perçoit lui-même différemment au travers des valeurs que porte la langue qu’il utilise.” Je trouve ceci sur :
      https://www.courrierinternational.com/article/bilinguisme-comment-la-langue-que-nous-parlons-faconne-notre-personnalite

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    3. oui on écrit un peu différemment d'une langue à l'autre, ça tient aux sons autant qu'à la grammaire propre, je pense...
      magnifique, ta photo d'illustration!

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    4. @ Christw, très intéressant l'article et il correspond à ce que je ressens aussi. En espagnol je suis plus directe, mon langage est moins châtié, je blague plus facilement avec des inconnus et leur adresse la parole, c'est dans les coutumes ici; et ce sont des choses que je fais peu ou différemment, avec plus de distance en français. Ce qui rejoint l'article et nos réflexions.

      @Adrienne, justement je me demandais si, quand on a grandi dans deux langues dans le même pays, le même phénomène se constatait. C'est au-delà de ce que tu dis, et qui est certain, sur la grammaire et les sons.

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    5. Ce que vous dites avec l'espagnol (moins châtié, blagueur,...), je le ressens avec le patois wallon. Mais il est vrai que je ne le pratique – mal et très peu – qu'avec des personnes très familières.

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  5. Je la connais mal. Mais voici un nouvel horizon qui s'ouvre.
    Bonne journée.

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    1. N'hésitez pas à la lire, vous trouverez sans problème ses recueils chez vous.
      Bonne journée, je suppose que vous avez comme nous, un temps infect depuis des jours.

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  6. Je me souviens bien sûr et encore deux petits poèmes qui sont comme des pépites. Je vais aller explorer le lien vers "Terres de femmes". (magnifique le flûtiste).

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    1. Bonjour Aifelle, cette fresque a été retrouvée dans la sud de l'Espagne, elle daterait de l'époque arabe mais sans précisions.
      Bonne journée!

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  7. L'utilisation d'une autre langue est comme un voyage et parfois le moyen de pouvoir être vraiment soi-même (me semble-t-il !). Bonne journée Tania. Ici il neige...

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    1. Bonjour Annie, être vraiment ou un autre soi-même, on se découvre. c'est vrai.
      Je rigole, je suis Colo pas Tania, erreur bien compréhensible quand on passe d'un blog à l'autre.
      Nous avons eu de la neige avant-hier, elle a fondu mais restent des pluies et repluies et rerepluies.
      ¿Qué pasa?
      Bonne journée à toi.

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  8. Ces mots comme des gouttes d'une pluie fine ou comme des notes de pianos... c'est doux, léger et lumineux à la fois. Merci Colo, belle journée à toi. brigitte

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    1. Merci Brigitte, enfin une heure sans pluie, presque un peu de soleil même, presque!
      Bonne fin de semaine

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  9. Je la connais et l'apprécie hautement. Sur le fleuve est un recueil magnifique, par exemple. Et merci de rappeler l'excellent travail de Terres de Femmes ☺

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    1. Oh que ça me fait plaisir K! Elle st peu connue, je me demande pourquoi...
      Quant à Terres de Femmes, magnifique.

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  10. Cette fois, c'est moi ;-). Waouh, ta bannière !
    Deux courts poèmes si intenses, merci.
    (Mieux vaut se désorienter d'une langue à l'autre que devenir une personne désorientée, c'est sans rapport, excuse-moi; mieux vaut en rire.)

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    1. Hola Tania,
      la photo de la bannière a été prise en haut du Galatzo, je l'adore.
      Se perdre, se retrouver...ça donne à rire parfois, oui!

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  11. un beau texte, un beau poème, une belle photo - que demander de plus :-)

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  12. Est ce à dire qu'elle vibre différement en fonction de la langue qu'elle utilise ?Dualité ? complémentarité ? Yin et yang ?

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  13. que personne
    ne ferme mes
    paupières

    je veux te
    voir déranger
    l’éternité

    Magnifique !!!
    Merci.

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    1. Je suis entièrement d'accord avec toi Anne!
      Bon week-end.

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  14. Même la gravure est jolie. Bisous

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  15. Bonjour chère Colo, j'aime beaucoup ces courts poèmes, c'est très doux à lire et j'apprécie beaucoup le flûtiste.
    Je t'envoie quelques rayons de soleil qui viennent d'arriver mais il y a toujours du vent.
    Bon week-enk avec mes bisous ♥

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    1. Avec plaisir Denise, j'espère que tu/vous allez bien.
      Vents souvent dérangeants à cette époque...
      Bon week-end, avec du soleil j'espère.
      Je t'embrasse

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  16. Petits poèmes bijoux où la part belle est donné au regard ♥
    Très joliment illustré par le ou la flutiste !
    Bon dimanche, Colo !

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    1. Bien vu---si j'ose dire Fifi!:-)
      C'est une flûtiste, qui date du XIIº siècle, époque arabe, fresque trouvée dans le sud de l'Espagne.
      Bonne semaine à toi!

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  17. Je te souhaite une bonne soirée. Bisous

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  18. Toujours cette concision poétique qui me semble essentielle, comme chez François Cheng. Tu nous l'avais fait découvrir en 2014 et une piqûre de rappel n'est pas inutile. Cette flûtiste a beaucoup de fraîcheur. Elle a traversé les ans, comme les traversera la poésie intemporelle de Silvia Baron Supervielle. La désorientation, synonyme de liberté lui sied bien.
    Bisessssssssss

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    1. Bonjour Maïté, je suis contente de lire chez toi qu'on va pouvoir recommencer à commenter aisément, sans bugs! J'arrive!!!
      je t'embrasse

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  19. Merci beaucoup, elle doit être très intéressante, j'aime beaucoup ses poèmes courts que tu mets ici.

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    1. Bonjour Elisabeth, elle a publié beaucoup de recueils de poèmes en français, un cadeau à demander pour Noël?

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