Pages

12 sept. 2018

Paroles et silences II / palabras y silencios II



Parmi les nombreux poèmes de Roberto Juarroz parlant du silence dans "Poésie Verticale", j’ai choisi celui-ci qui aborde les variétés de silences.
 
L’illustration est d’un photographe hollandais, Teun Hocks. Chacune de ses photos raconte, dénonce, illustre un propos. Intéressant, très. Découvrez-le ici
Teun Hocks (Cosmic surroundings)

La hauteur de l'homme n'est pas la hauteur de la pluie,
mais son regard va plus loin que les nuages.” R. Juarroz

"La altura del hombre no es la altura de la lluvia,

 pero su mirada suele ir más allá de las nubes"

Le silence qui subsiste entre deux mots

Le silence qui subsiste entre deux mots
n'est pas identique au silence qui entoure une tête qui tombe,
ni à celui qui nimbe la présence de l'arbre
quand s'éteint l'incendie vespéral du vent.

De même que chaque voix a un timbre et une hauteur,
chaque silence a un registre et une profondeur.
Le silence d'un homme est différent de celui d'un autre
et ce n'est pas la même chose de taire un nom ou d’en taire un autre.

Il existe un alphabet du silence,
mais on ne nous a pas appris à l'épeler.
La lecture du silence est néanmoins la seule durable,
plus peut-être que le lecteur.
Dans « Poésie verticale » (traduction, légèrement modifiée par moi, trouvée sans nom du traducteur, hélas)


El silencio que queda entre dos palabras



El silencio que queda entre dos palabras
no es el mismo silencio que envuelve una cabeza cuando cae,
ni tampoco el que estampa la presencia del árbol
cuando se apaga el incendio vespertino del viento.

Así como cada voz tiene un timbre y una altura,
cada silencio tiene un registro y una profundidad.
El silencio de un hombre es distinto del silencio de otro
y no es lo mismo callar un nombre que callar otro nombre.

Existe un alfabeto del silencio,
pero no nos han enseñado a deletrearlo.
Sin embargo, la lectura del silencio es la única durable,
tal vez más que el lector.


33 commentaires:

  1. en musique aussi il y a des silences absolument indispensables... comme cette fraction d'éternité avant que n'éclatent les applaudissements :-)
    (c'est sans doute ta jolie illustration qui m'y fait penser héhé)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. À la chasse au notes, aux soupirs et aux silence, tu as bien vu!

      Supprimer
  2. une lecture durable celle du silence, je suis totalement sous le charme de ce poète

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il vaut vraiment la peine de s'y arrêter, de s'y plonger longuement Dominique.

      Supprimer
  3. Les silences ne sont pas des vides mais de petites boîtes à musique,
    des coffrets de murmures...
    Chacun y puise la symphonie de son choix pour faire vibrer ses émotions

    RépondreSupprimer
  4. Superbe découverte, aussi belle que le texte du jour : merci colo, pour la poésie, la beauté, une fois de plus.

    RépondreSupprimer
  5. Savoir écouter le silence, en apprécier les nuances, le laisser nous envelopper pour qu'il nous apaise.....
    Je viens de rechercher sur le net ce photographe/peintre que sans toi, je n'aurais peut être jamais connu. Il travaille beaucoup dans les demies teintes si caractéristiques de l'école flamande.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Demi teintes, oui c'est ça. J'aime beaucoup ce que ses photos racontent.

      Supprimer
  6. Après avoir lu ces vers, quand on tente d'écrire soi-même de la poésie, on se sent tellement petite...
    Je vous embrasse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh il ne faut jamais renoncer chère Marie, ce poème fait partie de son dernier recueil, il a fait beaucoup de chemin pour arriver là.
      Des baisers pour vous aussi.

      Supprimer
  7. En lisant les différences du silence... je me dis "palsambleu, c'est pourtant vrai"... Je n'y avais jamais pensé mais je crois que j'y penserai toujours maintenant!!!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi Edmée, je n'avais jamais réfléchi au fait que, par exemple, le silence d'une personne est différent de celui d'un autre...

      Supprimer
  8. j'aime vraiment beaucoup ce poème, merci colo

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour chère Colo, je découvre de belles illustrations et j'aime beaucoup la citation de Roberto Juarroz tout comme son beau poème qui m'apprend qu'il y a plusieurs silences.
    Je te souhaite un bon week-end et je t'embrasse fort.

    RépondreSupprimer
  10. Il nous faut en effet réapprendre ce splendide "alphabet du silence". Je m'y emploie en ce moment et cela fait énormément de bien.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quand la maison se vide, le silence est un moment écrasant, tu as raison, puis peu à peu un grand calme s'installe en nous...Bonne semaine Annie.

      Supprimer
  11. Très beau texten, qui pris au pied de la lettre, nous incline presque à ne pas commenter ;-)

    RépondreSupprimer
  12. Belle évocation des silences. Je bute un peu sur les derniers vers (l'alphabet, la lecture du silence) - comme dans le poème précédent, le poète semble aller du dicible vers l'indicible, ce qui correspond parfaitement à cette poésie qui veut se glisser entre parole et silence.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Tania, à chacun sa compréhension, sa façon d'aborder les silences, avec lui ils ne signifient certainement pas des vides.
      Contente de te retrouver, besos

      Supprimer
  13. Je regrette que tu aies au troisième vers de la deuxième strophe choisi de ne pas redoubler le mot silence alors que dans le vers suivant tu gardes deus fois taire. Cet effet de symétrie me plaît bien dans le poème original. Merci pour ce choix de texte. Bise

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hola Kwarkito, figure-toi que je l'ai changé, rechangé plusieurs fois. Je suis d'accord pour "l'effet de similitude" bien sûr, pas contre il m'avait semblé que pour le rythme de la phrase en français, en le lisant à voix haute, c'était mieux comme ça. C'est si personnel et subjectif une traduction...j'y penserai, le changerai peut-être.
      Bonne journée, un beso

      Supprimer
  14. Bonjour Colo, merci de cette belle découverte, je suis une amoureuse du silence, et ces poèmes me parlent bien ! à bientôt Colo, Claude

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah, Claude, c'était toi l'inconnue du billet dernier donc..Merci, bien contente que ces poèmes te parlent...en silence.
      À bientôt

      Supprimer
  15. La première anonyme, c'était moi, et je n'ai pas pu recommencer avec mon nom, me prenait pour un robot, to, blog ! :-(

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bon Jésus (comme on dit ici en majorquin), c'est insensé l'informatique!!!!
      Désolée Nikole, je vais aller revérifier tous les paramètres de ce diable, promis. Dernièrement certains commentaires ont été carrément engloutis..grrrr.

      Supprimer
  16. Un alphabet du silence, certes et tout l'art d'en parler et de l'écrire.Silence si nécessaire et si agréable lorsqu'il n'est pas subi.
    une belle redécouverte au travers de tes yeux, bien accompagnée par cette illustration choisie.J'aime l'esprit de ce photographe et de ses installations. J'aime aussi celle que tu as choisi, le silence permettant d'attraper au vol les sons les plus inaudibles.
    Merci.

    RépondreSupprimer
  17. que tu as choisie.
    Bises et bonne fin de semaine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Maïté, comprendre les silences, les déchiffrer est un art, en effet. Comme toi j'aime le silence, mais parfois celui des autres m'interroge, je ne sais comment l' interpréter. Alors un alphabet, bien venu!
      Je t'embrasse, bon week-end.

      Supprimer