Pages

11 juil. 2018

Seulement voir / Solamente ver


Roberto Juarroz, 1925-1995; poète Argentin, un des meilleurs selon l'avis général et le mien en particulier:-)
Son oeuvre est réunie sous un unique titre: Poésie Verticale.
"Dans l'un de ses derniers recueils, Treizième poésie verticale, publié en 1993, Roberto Juarroz forme le vœu de parvenir à « dessiner les pensées comme une branche se dessine sur le ciel ».(wiki)


Ventana, Ernest Descals



Il dessinait partout des fenêtres.
Sur les murs trop hauts,
sur les murs trop bas,
sur les parois obtuses, dans les coins,
dans l'air et jusque sur les plafonds.


Il dessinait des fenêtres comme s'il dessinait des oiseaux.
Sur le sol, sur les nuits,
sur les regards tangiblement sourds,
sur les environs de la mort,
sur les tombes, les arbres.

Il dessinait des fenêtres jusque sur les portes.
Mais jamais il ne dessina une porte.
Il ne voulait ni entrer ni sortir.
Il savait que cela ne se peut.
Il voulait seulement voir : voir.
Il dessinait des fenêtres.

 Partout.

(Douzième poésie verticale, traduction de Fernand Verhesen)

Roberto Juarroz 1925-1995, considerado como el mejor poeta argentino de su tiempo, así lo veo yo también, reunió toda su obra bajo un mismo título, Poesía Vertical.
En su Trigésima y última Poesía Vertical, 1993, emite el deseo de dibujar los pensamientos como una rama se dibuja sobre el cielo.


Beatriz Kohn, Caracas, 1939

Dibujaba ventanas en todas partes.
En los muros demasiado altos,
en los muros demasiado bajos,
en las paredes obtusas, en los rincones,
en el aire y hasta en los techos. 
 
Dibujaba ventanas como si dibujara pájaros.
En el piso, en las noches,
en las miradas palpablemente sordas,
en los alrededores de la muerte,
en las tumbas, los árboles. 
 
Dibujaba ventanas hasta en las puertas.
Pero nunca dibujó una puerta.
No quería entrar ni salir.
Sabía que no se puede.
Solamente quería ver: ver.
Dibujaba ventanas. 
 
En todas partes.

36 commentaires:

  1. les illustrations que tu as choisies s'accordent parfaitement au texte, bravo!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci dame Adrienne, parfois on tombe dessus par hasard, parois on cherche longtemps...bonne soirée.

      Supprimer
  2. Comme j'aime cette poésie qui fait écho pour moi à celle du poète Arménien Lubin

    Sans rien autour

    N'ayant plus de maison ni logis,
    Plus de chambre où me mettre,
    Je me suis fabriqué une fenêtre
    Sans rien autour.

    Fenêtre encadrant la matière
    Par le tracé tendre de son contour,
    Elle s'ouvre comme la paupière
    Se ferme sans rien autour.

    Se sont dépouillées les vieilles amours,
    Mais la fenêtre dépourvue de glace
    Gagne les hauteurs, elle se déplace,
    Avec son cadre étonnant,

    Qui n'est ni chair ni bois blanc,
    Mais qui conserve la forme exacte
    D'un oeil parcourant sans ciller
    L'espace soumis, le temps rayé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Magnifique poème que je ne connaissais pas du tout, merci Dominique, je le garde précieusement. Fenêtre-oeil qui se déplace...

      Supprimer
  3. C'est vous qui me l'avez fait découvrir et je profite de l'occasion pour vous renouveler mes remerciements.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec grand plaisir Bonheur, comme dit plus haut, ses poèmes m'enchantent.

      Supprimer
  4. Inévitablement...
    "Même qu´on se dit souvent
    Qu´on aura une maison
    Avec des tas de fenêtres
    Avec presque pas de murs
    Et qu´on vivra dedans
    Et qu´il fera bon y être"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai, je n'avais pas pensé à cette chanson, à Brel!
      Merci!

      Supprimer
  5. Oui c'est très beau. Et j'aime beaucoup les illustrations. Ce qui est terrible c'est qu'aujourd'hui fenêtre évoque surtout un système informatique :-(

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui, mais j'avoue que je n'y avais pas pensé à l'informatique.
      Merci Kwarkito, passe une bonne journée.

      Supprimer
  6. J'adore ce poème, merci Colo - "comme une branche se dessine sur le ciel", bravo !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien contente que ces fenêtres te plaisent Tania.

      Supprimer
  7. Que c'est bien dit... bien senti et mis en mots. Les fenêtres. Pas les portes....

    RépondreSupprimer
  8. Siempre me encantó este poema, muchas gracias!

    RépondreSupprimer
  9. Ah ce poète-là je le connais et je l'aime ! "il voulait seulement voir : voir".

    RépondreSupprimer
  10. encore un poète dont je ne connaissais que le nom sans jamais avoir rien lu, merci colo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Voilà que c'est fait donc...si tu veux en lire plus, en cliquant au dessus sur poésie tu en trouveras à son nom.
      Bon week-end Niki

      Supprimer
  11. J'ai transmis cet article à une amie Argentine, elle doit connaître. En plus elle apprend le français, elle va pouvoir avoir la traduction. C'est une très belle poésie. Bon week end et merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, merci Elisabeth, sûrement que ton amie le connaît.
      Bon week-end à toi aussi!

      Supprimer
  12. Merci chère Colo pour ce magnifique poème sur les fenêtres. C'est toujours un bonheur de voir à l'extérieur.
    Je te souhaite un bon week-end.
    Mes amitiés et mes bisous ♥

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Par ma fenêtre ouverte avant la chaleur ce matin à l'aube je regarde: un ciel d'un bleu encore très pâle, un peu de brume très humide, pas un souffle de vent...
      Bon dimanche Denise!

      Supprimer
  13. Un autre regard sur le monde ? Mais le poète ne dit pas si les fenêtres étaient ouvertes ou fermées, à nous d'imaginer poétiquement. Bises. brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Brigitte, sur le monde et/ou sur soi-même aussi. Ne pas vouloir ou pouvoir ni entrer ni sortir, nous sommes en pleine philosophie de vie...
      Bonne journée, un beso

      Supprimer
  14. Bonjour Colette
    Ce que je lis ci dessus me replonge dans l'émotion des paroles de Michel Berger Diego,:" libre dans sa tête
    Derrière sa fenêtre , pour quelques mots qu'il pensait si fort... Et moi qui danse ma vie Qui chante et qui rit Je pense à lui "
    Nous avons une chance inouïe de penser, de nous exprimer et même de taguer des fenêtres sur les murs de nos ville!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Chinou, magnifique et terrible chanson. Oui, nous avons tant de chance!

      Supprimer
  15. Fenêtre ouverte sur une fenêtre qui s'ouvre sur une autre fenêtre et ainsi de suite...
    J'aime les fenêtres sur jardin !!
    Et la fenêtre dans la haie, juste pour voir de l'autre côté !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien contente de te retrouver Enitram! Ton jardin est sûrement superbe, je vais aller voir ça.
      Bonne journée.

      Supprimer
  16. Je m'aperçois en revenant chez toi et en "retombant" sur cette fenêtre qu'inconsciemment, j'ai dû être influencée :-) (https://loeildukrop.aminus3.com/image/2018-07-21.html)
    Bon week-end !

    RépondreSupprimer
  17. La fenêtre est un thème que j'aime voir traité de diverses manières et ici poétiquement et en art visuel, c'est parfait.
    Comment ce poème a-t-il pu m'échapper? Ou bien ma mémoire me fait-elle à ce point défaut que je l'ai oublié?
    Très bon choix. Je savoure.Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Me voilà très contente de savoir que tu savoures!
      Besos

      Supprimer