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22 févr. 2018

Un soubresaut de gratitude / Un sobresalto de gratitud


Quand nous sommes arrivés elle était recroquevillée, minuscule, dans un coin de sa chaise roulante. 
Ensuite elle a souri.
Février, hiver. 
 
C’est l’isolement des vieilles gens accru par le froid qui m’a fait choisir cet extrait du roman « Pleine lune » d’Antonio Muñoz Molina, un grand roman. (si vous ne l'avez pas lu, cliquez sur le lien vous en saurez plus).


Es el aislamiento de los mayores, aumentado por el frío, que me ha hecho elegir ese pasaje de la novela “Plenilunio” de Antonio Muñoz Molina, una gran novela.

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« Il passait trop de temps seul, s’imprégnant lentement d’oubli et de vieillesse à laquelle il ne croyait pas et il n'y faisait au fond pas fort attention, de la même façon qu’il ne s'arrêtait pas à penser à la fadeur des aliments sans sel, au froid du carrelage de sa chambre, à la laideur et mauvaise odeur de la bonbonne de gaz qui le réchauffait, contemporaine du vase bleu électrique et des fauteuils et du canapé tapissés de plastique vert. Il laissait de côté ses tracas et ne se plaignait pas de sa solitude, mais quand il reconnut le visiteur qui se tenait face à lui, dans la maigre lumière du hall d’entrée, silencieux, malhabile, sans encore dire son nom, il eut une effusion impudique de jovialité, un soubresaut de gratitude qui lui humidifia les yeux et éveilla les émotions les plus cachées de son âme, tendresse antique et nostalgie sans motif, remords plus beau et plus ferme que les souvenirs déjà en partie effacés qui le provoquaient. »
(Trad. Colo, je ne possède pas la version en français) 

https://i2.wp.com/www.lechangeoirdecriture.fr/wp-content/uploads/2016/11/Pleine-Lune.png





Pasaba solo demasiado tiempo, contaminándose despacio de postergación y vejez a la que no daba crédito y a la que en el fondo no se fijaba mucho, igual que no se paraba a considerar el tedio de los alimentos sin sal, el frío de las baldosas de su cuarto, la fealdad y el mal olor de la bombona de butano con la que se calentaba, contemporánea del jarrón azul eléctrico y de los sillones y el sofá tapizados de plástico verde. No hacía caso de su pesadumbre ni se quejaba de su soledad, pero cuando reconoció al visitante que permanecía frente a él, en la luz escasa del recibidor, callado, inhábil, aún sin decir su nombre, tuvo una efusión impúdica de jovialidad, un sobresalto de gratitud que le humedeció los ojos y le despertó las emociones más escondidas de su alma, ternura antigua y nostalgia sin motivo, remordimiento más precioso y más firme que los recuerdos ya en parte borrados que lo provocaban.”




37 commentaires:

  1. Quel beau passage. Il rend palpable ce sentiment de solitude et d'éloignement qu'il m'arrive parfois de redouter... bonne fin de journée

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    1. Je te comprends si bien, peu d'entre nous sont à l'abri de ce genre de craintes, et l'auteur, en quelques mots,nous dit tout.
      À bientôt Kwarkito

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  2. Un extrait qui dit très justement cette solitude intense et profonde qui se love au coeur de ceux qui attendent coincée dans leur fauteuil, la fin de la vie.

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  3. "Les vieilles personnes….
    Les vieilles gens n'ont pour message
    Que des lambeaux de rêve usés,
    Dans un coeur devenu trop sage
    Et dans des gestes épuisés.
    Elles vont, riches d'une histoire
    Effilochée au fil des ans,
    A laquelle chacun veut croire
    Pour attendrir les maux présents."
    Thierry Cabot

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    1. Merci beaucoup Marie, je ne connaissais pas poème si rimant, si juste aussi, hélas.
      Ils attendent, muets, assis, le moindre regard, un sourire...

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  4. Je ne connais pas ce livre. Vous me donnez envie de le lire. La vieillesse est un thème qui me touche, bien sûr.

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    1. Bonjour Marie, le livre ne traite pas spécifiquement de la vieillesse, c'est juste un passage, mais il est splendide, lisez-le, vous ne serez pas déçue je crois.

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  5. oui l'isolement de la vieillesse fait peur!
    magnifique, ta photo de bannière :-)

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    1. Même en maison de retraite, où se trouve notre vieille amie, ils sont silencieux, plongés dans leurs souvenirs ou rancœurs.
      Les sous-bois sont superbes, merci Adrienne.

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  6. Touchant.
    Chaque fois ou presque, j'ai envie de lire ce que tu évoques, et puis, et puis ... Merci pour le désir, en tout cas.
    Baisers.

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  7. Oui, tu as choisi un passage qui parle si fort... Tout ce à quoi on "se fait" mais que l'on n'accepte pas vraiment, sauf qu'on n'a pas le choix. Puis la grâce revient et on ne peut se retenir d'être envahi par la joie et la reconnaissance... la vie!

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    1. Il y a ces étincelles dans les yeux quand on arrive, et puis "vous reviendrez?"
      La vie comme tu dis...

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  8. Bonjour Colo. Tu as choisi le passage d'un romancier qui sait parfaitement décrire la vie dans tous ses états et sans complaisance.
    Eh oui, la vieillesse synonyme d'isolement est un drame.
    Je t'embrasse dans le froid et la grisaille.
    Bon we.

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    1. Bonjour Maïté, comme lui-même a 62 ans, j'imagine que comme presque nous tous, il a été témoin de ces solitudes et larmes. De ces moments de joie aussi. Il le dit si bien que, revenant de la visite hebdomadaire à notre très vieille amie, j'ai voulu le publier ici.

      Une fin février grelottante, pluvieuse, grise ici aussi. Prends soin de toi, je t'embrasse

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  9. L'extrait est magnifique, je vais voir de ce pas le résumé du livre. C'est un auteur que je n'ai pas eu l'occasion de lire jusqu'à présent (très belle ta bannière).

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    1. C'est l'histoire d'un crime crapuleux, d'un inspecteur de police bine sûr. Superbe écriture Aifelle.
      Merci pour la photo!
      Bonne soirée.

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  10. Bien sûr, je pense à maman quand elle me voit arriver. Son cadre de vie est bien plus agréable, mais rien ne remplace une présence - le cadeau que vous faites à votre vieille amie.

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    1. La solitude dans les homes est relative mais je les vois, chacun dans sa bulle, si seuls et/ou perdus. Guettant un sourire, une parole aimable.
      J'imagine bien le sourire et la joie de ta maman!

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  11. Quel bel extrait, Colo, et si vrai, hélas. Je vais noter ce titre pour un jour de courage, car cela m'évoque de de difficiles souvenirs.
    Bonne fin de journée.

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    1. Je te comprends fort bien Annie!
      Comme je l'écrivais plus haut à Aifelle, ce roman tient plus d'une enquête policière que d'autre chose, c'est juste un passage que j'ai noté.
      Bonne soirée!

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  12. ah un des auteurs espagnols que j'aime énormément, pleine lune je l'ai lu à sa sortie et depuis je lis à peu près tout Munoz Molina un auteur à lire absolument

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    1. Bien contente de lire que tu aimes cet auteur magnifique!
      Bon week-end dame Dominique.

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  13. Les rencontres, les visites sont des baumes aux cœurs nourris de solitude. La vie n'a de sens que quand on se projette vers l'autre. Émouvant, cet extrait sur la solitude humaine.
    Merci Colo
    Bisous

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    1. Oui, ils/elles attendent ces moments qui les comblent et les frustrent aussi; les visites leur semblent toujours trop courtes.
      Muñoz Molina est une tout bon écrivain espagnol Bizak.
      Bon week-end!

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  14. Maravilloso, gracias. La próxima vez que nos veamos, dame un tirón de orejas, por favor. Sin mediar palabra, hazlo. Me recordará lo tonto que soy por no leer más a menudo tu blog, que tanto me agrada.

    Un beso
    DH

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    1. Lo haré, no lo dudes ni un momento!
      Y te lo recordaré a menudo.
      Besos para ti, gracias.

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  15. Ce magnifique texte parle de la solitude, de l'isolement des personnes âgées. Elles ne demandent pas grand chose, juste un peu d'humanité, de bienveillance et de chaleur humaine pour que l'âme sorte d'une lente torpeur.

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    1. Tu as tellement raison et il est affreux de penser que certaines personnes ne reçoivent même pas, ou très rarement ce peu.

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  16. Une émotion si difficile à gérer lorsque l'on vit dans une profonde solitude... C'est très beau, merci Colo. Bises enneigées. brigitte

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    1. Bonjour Brigitte, cette fin février est rude, ça passera!
      Les yeux des personnes âgées et seules sont vite humides, hélas.
      Amicalement.

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  17. Merci chère Colo pour ce magnifique extrait... c'est triste la solitude, les personnes seules chez elles ou en en EMS comme ce fut le cas pour ma maman, trouve le temps long entre chaque visite.
    Merci avec mes bisous ♥

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  18. La solitude, elle est si difficile à supporter quand elle est trop présente. Merci pour ce passage qui montre bien ce que l'on peut souffrir dans ce cas.

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    1. Bonsoir Elisabeth, j’imagine que cet extrait te parle fort, je t'embrasse.

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  19. Livre superbe. J'adore lire ce grand écrivain. Comme toi, j'ai tout lu de lui et guette chaque nouvelle parution.

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    1. Bonjour Pascale, tout est à lire avec délectation, en effet.
      Bonne journée, spéciale femmes!

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