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31 oct. 2016

Ce que j'ai vu / Lo que he visto





Je connais tous les contes

León Felipe

Je ne sais pas beaucoup de choses, c'est vrai.
Je ne dis que ce que j'ai vu.
Et j'ai vu:
que le berceau de l'homme se berce avec des contes,
que les cris d'angoisse de l'homme se noient avec des contes,
que le pleur de l'homme se colmate avec des contes,
que les os de l'homme s'enterrent avec des contes,
et que la peur de l'homme...
a inventé tous les contes.
Je ne sais pas beaucoup de choses, c'est vrai,
mais on m'a endormi avec tous les contes...
et je connais tous les contes.
 (Trad: Colo)
 
Leonora Carrington, peintre surréaliste anglo-mexicaine 1917-2011

Sé todos los cuentos
León Felipe

Yo no sé muchas cosas, es verdad.
Digo tan sólo lo que he visto.
Y he visto:
que la cuna del hombre la mecen con cuentos,
que los gritos de angustia del hombre los ahogan con cuentos,
que el llanto del hombre lo taponan con cuentos,
que los huesos del hombre los entierran con cuentos,
y que el miedo del hombre...
ha inventado todos los cuentos.
Yo no sé muchas cosas, es verdad,
pero me han dormido con todos los cuentos...
y sé todos los cuentos.

25 oct. 2016

Le secret du raisin / El secreto de la uva





C'est le temps des raisins. Ici on dit “uvas con queso saben a beso”. Autrement dit: avec du fromage, les raisins ont le goût des baisers.
Irrésistibles donc...







Extrait /extracto de

Eduardo Galeano



El libro de los abrazos
Le livre des étreintes



Le raisin et le vin

A l'agonie, un homme des vignes parla à l'oreille de Marcela.
Avant de mourir il lui révéla son secret:

Le raisin, chuchota-t-il, est fait de vin.

Marcela Pérez-Siva me le conta, et je pensai: si le raisin est fait de vin, peut-être sommes-nous les mots qui racontent ce que nous sommes.

 (trad: Colo)
 

 


La uva y el vino

Un hombre de las viñas habló, en agonía, al oído de
Marcela. Antes de morir, le reveló su secreto:

La uva le susurró está hecha de vino.

Marcela Pérez-Silva me lo contó, y yo pensé: si la uva
está hecha de vino, quizás nosotros somos las palabras
que cuentan lo que somos.




 



                             



22 oct. 2016

Sur le tableau / Sobre el cuadro



Cette semaine j'aimerais vous consulter .
Voilà que dans le petit musée du monastère de Cura  j'ai été extrêmement surprise en voyant ce tableau-sculpture de la Crucifixion de Jésus.
Ma tête a échafaudé des tas d'hypothèses, certaines vraiment saugrenues; aucune explication n'était donnée sur place.
Ce genre artistique vous est-il familier?




Esta semana me gustaría consultaros.

Verán; en el pequeño museo del monasterio de Cura estuve extremadamente sorprendida al ver este cuadro-esculptura de la Crucifixión de Jesús.
Mi cabeza elaboró varias hipótesis, algunas realmente descabelladas.
¿Os es familiar ese tipo de arte?

13 oct. 2016

Soif /Sed



Septembre fut un mois d'excursions; la chaleur avait diminué.
Septiembre fue un mes de excursiones; había disminuido el calor.
L'une d'elles nous emmena dans le centre de l'île appelé Es Pla. Ce plat est décoré par-ci par-là de hautes collines (ou petites montagnes). Et devinez qui a édifié sa demeure en haut, jouissant d'une vue fabuleuse, d'un calme inégalable? Des moines, bien sûr.
Una de ellas nos llevó al centro de la isla llamado Es Pla. Esa llanura está decorada aquí y allá de altas colinas (o pequeñas montañas). Y adivinad ¿quién edificó allí su morada, gozando de una vista fabulosa, de una quietud incomparable? Unos monjes, claro.



C'est du haut de l'une d'elles, dont je vous parlerai dans le prochain billet, que j'ai pris cette photo panoramique; là aussi que j'ai pensé à ce poème...tout était si sec.
Desde lo alto de una de ellas, os hablaré de ella en la próxima entrada,  saqué esta foto panorámica; allí también pensé en este poema...todo estaba tan seco.




Épitaphe

Un oiseau vivait en moi.
Une fleur voyageait dans mon sang.
Mon cœur était un violon.
J'aimai et n'aimai pas. Mais parfois
on m'aima. Moi aussi me
réjouissaient: le printemps,
les mains jointes, l'heureux.
Je dis que l'homme doit l'être!
Ci-gît un oiseau.
Une fleur.
Un violon.

Epitafio
J. Gelman

Un pájaro vivía en mí.
Una flor viajaba en mi sangre.
Mi corazón era un violín.
Quise o no quise. Pero a veces
me quisieron. También a mí
me alegraban: la primavera,
las manos juntas, lo feliz.
¡Digo que el hombre debe serlo!
Aquí yace un pájaro.
Una flor.
Un violín.

7 oct. 2016

Noyé dans la brume du Grand Tout / Anegado en la bruma del Gran Todo




Poursuivons avec François Cheng et ses interrogations sur la beauté.
Sigamos con François Cheng y sus preguntas sobre la belleza.


"Envisager, dévisager, est-ce à dire que nous sommes condamnés à rester éternellement à l'extérieur, face à l'univers vivant et sa beauté?
Une ultime interrogation, inévitablement, nous assaille: nous sommes sensibles à la beauté, mais l'univers, lui, reste apparemment indifférent, comme expliquer ce paradoxe?
"Contemplar, escrutar, ¿significa eso que estamos condenados a quedarnos eternamente al exterior, frente al universo vivo y su belleza?
Una última interrogación nos invade inevitablemente: somos sensibles a la belleza, pero el universo queda aparentemente indiferente, ¿cómo explicar esa paradoja? 
 
Nous tombons en extase devant tel paysage, tel arbre, telle fleur, alors qu'eux-mêmes s'ignorent et nous ignorent. Sommes-nous enfermés dans notre subjectivisme bien vain, pour ne pas dire ridicule?
Nos extasiamos delante de tal paisaje, tal árbol, tal flor, mientras ellos mismos se ignoran y nos ignoran. ¿Estamos nosotros encerrados en nuestro subjetivismo vano, por no decir ridículo? 
 
Il y a peut-être une autre compréhension possible. Pour la cerner, il me faudrait faire un détour par la peinture chinoise. On connaît plus ou moins cette peinture pour l'avoir vue par-ci par-là, dans des expositions ou à travers des reproductions. On y admire de grands rouleaux représentant d'immenses paysages, dans lesquels figurent toujours un ou plusieurs petits personnages.
Pour un œil occidental habitué à la peinture classique où les personnages sont campés au premier plan et le paysage relégué à l’arrière fond, le petit personnage dans le tableau chinois paraît complètement perdu, noyé dans la brume du Grand Tout. 
 
Tal vez haya otra comprensión posible. Para delinearla, tendría que desviarme por la pintura china. Conocemos más o menos esa pintura por haberla visto aquí y allá en exposiciones o en reproducciones. Admiramos grandes rollos con inmensos paisajes, en los cuales siempre figuran uno o varios pequeños personajes.
Para un ojo occidental acostumbrado a la pintura clásica donde los personajes están esbozados en primer plano y el paisaje relegado al trasfondo, el pequeño personaje del cuadro chino parece completamente perdido, anegado en la bruma del Gran Todo. 
 
Mais si, avec un peu de patience et d'abandon, l'on consent à contempler ce paysage mû par le souffle de l'infini, jusqu'à y pénétrer en profondeur, on finit par prêter attention à ce petit personnage, à s'identifier à cet être sensible qui, placé à un point privilégié, est en train de jouir du paysage. On s'aperçoit qu'il en est le point névralgique, qu'il est l’œil éveillé et le cœur battant d'un grand corps. Il est pour ainsi dire le pivot autour duquel se déploie le paysage, de sorte que celui-ci peu à peu devient son paysage intérieur. (...)” 
En Europe parfois aussi...A. Sisley 1899, Courbe de la Seine à Saint-Cloud
 
Pero si, con un poco de paciencia y de abandono, consentimos en contemplar ese paisaje movido por el soplo del infinito, hasta penetrarle, acabamos por prestar atención a ese pequeño personaje, a identificarnos con ese ser sensible que, situado en un punto privilegiado, está disfrutando del paisaje. Notamos que es él el punto neurálgico, que es el ojo despierto y el corazón batiente de un gran cuerpo. Es, por así decir, el eje alrededor del cual se despliega el paisaje, de tal forma que este se convierte en su paisaje interior.(...)”