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25 mai 2016

Échelles et escaliers II / Escaleras II

 
Nous poursuivons sur des échelons, des marches, escaliers et échelles...Aujourd'hui un poème de Jules Supervielle et, je n'ai pas pu y résister car il m'enchante, un extrait de Poisson Soluble d'André Breton.
Seguimos con les escalones y escaleras. Hoy un poema de Jules Supervielle y, no pude resistir ya que me encanta, un extracto de Poisson Soluble de André Breton.


Chagall L'échelle de Jacob

« Je suis seul sur l’océan
Et je monte à une échelle
Toute droite sur les flots
Me passant parfois les mains
Sur l’inquiète figure
Pour m’assurer que c’est moi
Qui monte, que c’est toujours moi. […].

Je tombe ah ! je suis tombé
Je deviens de l’eau qui bouge
Puis de l’eau qui a bougé,
Ne cherchez plus le poète,
Ni même le naufragé. »

(La Fable du monde, Poésie/Gallimard)





Jules  Supervielle



Estoy solo sobre el océano
Y subo por una escal
era
Erguida sobre las olas
Pasándome a veces las manos
Sobre el rostro inquieto
Para asegurarme de que soy yo
El que sube, que soy
todavía yo

Me caigo ¡ah! me he caído
Devengo agua que se mueve
Luego agua que se ha movido,
No busquéis más al poeta,
Ni
siquiera al naufragado.
trad: Colo


André Breton (Poisson soluble 1966)

Elle mordit avec délice dans les étonnantes stratifications blanches qui restaient à sa disposition, les baguettes de craie, et celles-ci écrivirent le mot amour sur l'ardoise de sa bouche. Elle mangea ainsi un véritable petit château de craie, d'une architecture patiente et folle, après quoi elle jeta sur ses épaules un manteau de petit gris et, s'étant chaussée de deux peaux de souris, elle descendit l'escalier de la liberté, qui conduisait à l'illusion de jamais vu.

Mordió con delicia en las sorprendentes estratificaciones blancas que quedaban a su disposición, las barritas de tiza, y estas escribieron la palabra amor en la pizarra de su boca. Comió así un verdadero castillito de tiza, de una arquitectura paciente y loca, y luego puso en sus hombros un abrigo de petigrís (caracol) y, habiéndose calzado de dos pieles de ratón, bajó la escalera de la libertad que llevaba a la ilusión del nunca visto. (Trad:Colo)


17 mai 2016

D'escaliers et de pieds.../ De escaleras y de pies...


Dans la maison de ma jeunesse il y avait des tas d'escaliers: entre les étages et pour accéder au grenier et à la cave. J'ai ensuite habité, étudiante, dans une maison étrange, elle s'appelait en néerlandais “Het Streepje” (le tiret). Sa façade était classée et n'avait que 2 mètres de largeur. Trois étages, un escalier raide et sombre.
"Het Streepje" est la plus basse sur la droite.

En la casa de mi juventud había montón de escaleras: entre pisos et luego para acceder al ático y al sótano. Luego, de estudiante, viví en una casa extraña, se llamaba en flamenco “The Streepje”, (el guión). Su fachada estaba de época et sólo tenía dos metros de ancho. Tres pisos, une escalera estrecha y oscura.
La maison que nous habitons depuis 40 ans était une étable, de plain pied. Je regrette ces excursions au grenier, à la cave aussi. Voilà sans doute pourquoi je vous propose plusieurs billets sur les escaliers...
Le premier texte est étrange, à lire et sourire.
 
La casa en la que vivimos desde hace unos 40 años era un establo, de una sola planta. Es probablemente la razón por la cual os propongo unas entradas sobre las escaleras...


Instructions pour monter un escalier

Julio Cortázar (Bruxelles, Belgique, 26 août 1914-París, France, 12 février 1984)

Personne n'aura manqué de remarquer que le sol se plie fréquemment de telle façon qu'une partie monte en angle droit par rapport au plan du sol, et qu'après la partie suivante se place parallèlement à ce plan pour laisser place à une nouvelle perpendiculaire, démarche qui se répète en spirale ou en ligne brisée jusqu'à des hauteurs extrêmement variables.

En se penchant et mettant la main gauche sur une des parties verticales, et la droite sur l'horizontale correspondante, on se trouve en possession momentanée d'un échelon ou d'une marche. Chacune de ces marches, formée comme on le voit par deux éléments, se situe un peu plus haut et en avant que l'antérieure, un principe qui donne son sens à l'escalier, vu qu’une quelconque autre combinaison produira des formes peut-être plus belles ou pittoresques, mais incapable de transporter d'un rez-de-chaussée à un premier étage.

Les escaliers se montent de face, vu que vers l'arrière ou de côté ils sont particulièrement incommodes.
L'attitude naturelle consiste à se tenir debout, les bras pendant sans effort, la tête haute mais pas au point que les yeux ne puissent pas voir les marches situées juste au-dessus de celle sur laquelle on marche, la respiration doit être lente et régulière. Pour gravir un escalier on commence par lever cette partie du corps située en bas à droite, presque toujours enveloppée de cuir ou de peau de chamois, et qui, sauf exceptions, tient juste sur la marche. Cette partie, que pour abréger nous appellerons pied, posée sur la marche, on prend la partie gauche équivalente (également appelée pied, mais qu'il ne faut pas confondre avec le pied cité auparavant), et en l'emmenant à la hauteur du pied, on le fait suivre jusqu'à le poser sur la seconde marche, sur laquelle donc se reposera le pied, et sur la première se reposera le pied. (Les premières marches sont toujours les plus difficiles, après on acquiert la coordination nécessaire. La coïncidence de nom entre le pied et le pied rend l'explication difficile. Prenez soin de ne pas lever en même temps le pied et le pied).

Arrivé de cette façon à la deuxième marche, il suffit de répéter les mouvements jusqu'à ce qu'on se trouve en haut de l'escalier. On en sort facilement, par un léger coup de talon qui le fige à sa place, et qui ne bougera pas avant le moment de la descente.
                                        FIN
Trad: Colo

Can Prunera, Sóller, Mallorca

Instrucciones para subir una escalera
Julio Cortázar

(Bruselas, Bélgica, 26 de agosto de 1914-París, Francia, 12 de febrero de 1984)


Nadie habrá dejado de observar que con frecuencia el suelo se pliega de manera tal que una parte sube en ángulo recto con el plano del suelo, y luego la parte siguiente se coloca paralela a este plano, para dar paso a una nueva perpendicular, conducta que se repite en espiral o en línea quebrada hasta alturas sumamente variables.

Agachándose y poniendo la mano izquierda en una de las partes verticales, y la derecha en la horizontal correspondiente, se está en posesión momentánea de un peldaño o escalón. Cada uno de estos peldaños, formados como se ve por dos elementos, se sitúa un tanto más arriba y adelante que el anterior, principio que da sentido a la escalera, ya que cualquiera otra combinación producirá formas quizá más bellas o pintorescas, pero incapaces de trasladar de una planta baja a un primer piso.
Las escaleras se suben de frente, pues hacia atrás o de costado resultan particularmente incómodas. La actitud natural consiste en mantenerse de pie, los brazos colgando sin esfuerzo, la cabeza erguida aunque no tanto que los ojos dejen de ver los peldaños inmediatamente superiores al que se pisa, y respirando lenta y regularmente. Para subir una escalera se comienza por levantar esa parte del cuerpo situada a la derecha abajo, envuelta casi siempre en cuero o gamuza, y que salvo excepciones cabe exactamente en el escalón. Puesta en el primer peldaño dicha parte, que para abreviar llamaremos pie, se recoge la parte equivalente de la izquierda (también llamada pie, pero que no ha de confundirse con el pie antes citado), y llevándola a la altura del pie, se le hace seguir hasta colocarla en el segundo peldaño, con lo cual en éste descansará el pie, y en el primero descansará el pie. (Los primeros peldaños son siempre los más difíciles, hasta adquirir la coordinación necesaria. La coincidencia de nombre entre el pie y el pie hace difícil la explicación. Cuídese especialmente de no levantar al mismo tiempo el pie y el pie).
Llegado en esta forma al segundo peldaño, basta repetir alternadamente los movimientos hasta encontrarse con el final de la escalera. Se sale de ella fácilmente, con un ligero golpe de talón que la fija en su sitio, del que no se moverá hasta el momento del descenso.
FIN

11 mai 2016

Garcia Lorca, l'ombre / Garcia Lorca, la sombra


L'ombre de mon âme

 Garcia Lorca

L'ombre de mon âme
s'enfuit dans un couchant d'alphabets,
brouillard de livres
et de mots.

L'ombre de mon âme !

J'ai atteint la ligne où cesse
la nostalgie,
et là, la goutte de pleur se transforme,
albâtre de l'esprit

L'ombre de mon âme !

Le flocon de la peine
s'achève,
mais il me reste raison et substance
de mon ancien midi de lèvres,
mon ancien midi
des regards.

Un trouble labyrinthe
d'étoiles voilées
emmêle mes espoirs
presque fanés.

L'ombre de mon âme !

Une hallucination
Aspire mes regards.
Je vois le mot amour
démantelé

Rossignol !
Mon rossignol !
Chantes-tu encore ?


Mix d'une traduction trouvée sur la Toile (sans nom d'auteur) et de version personnelle-Colo.
 
"Derrière chez moi" Photo Colo



La sombra de mi alma
Federico García Lorca

La sombra de mi alma
huye por un ocaso de alfabetos,
niebla de libros
y palabras.

¡La sombra de mi alma!

He llegado a la línea donde cesa
la nostalgia,
y la gota de llanto se transforma
alabastro de espíritu.

(¡La sombra de mi alma!)

El copo del dolor
se acaba,
pero queda la razón y la sustancia
de mi viejo mediodía de labios,
de mi viejo mediodía
de miradas.

Un turbio laberinto
de estrellas ahumadas
enreda mi ilusión
casi marchita.

¡La sombra de mi alma!

Y una alucinación
me ordeña las miradas.
Veo la palabra amor
desmoronada.

¡Ruiseñor mío!
¡Ruiseñor!
¿Aún cantas?

4 mai 2016

Lève-toi et vis! / ¡Levántate y vive!


Je crois que la vérité est parfaite pour les mathématiques, la chimie, la philosophie, mais pas pour la vie. Dans la vie, l’illusion, l’imagination, le désir, l’espoir comptent plus. (Ernesto Sabato)
(lu sur le bog de Lali)

 


Qué costumbre tan salvaje...
Quelle coutume si sauvage...


Jaime Sabines


¡Qué costumbre tan salvaje esta de enterrar a los muertos!, ¡de matarlos, de aniquilarlos, de borrarlos de la tierra! Es tratarlos alevosamente, es negarles la posibilidad de revivir. 
Yo siempre estoy esperando a que los muertos se levanten, que rompan el ataúd y digan alegremente: ¿por qué lloras? 
Por eso me sobrecoge el entierro. Aseguran las tapas de la caja, la introducen, le ponen lajas encima, y luego tierra, tras, tras, tras, paletada tras paletada, terrones, polvo, piedras, apisonando, amacizando, ahí te quedas, de aquí ya no sales.
Me dan risa, luego, las coronas, las flores, el llanto, los besos derramados. Es una burla: ¿para qué lo enterraron?, ¿por qué no lo dejaron fuera hasta secarse, hasta que nos hablaran sus huesos de su muerte? ¿O por qué no quemarlo, o darlo a los animales, o tirarlos a un río? 
Había de tener una casa de reposo para los muertos, ventilada, limpia, con música y con agua corriente. Lo menos dos o tres, cada día, se levantarían a vivir.
Jaime Sabines

Quelle coutume si sauvage que celle d'enterrer les morts!, de les tuer, de les néantiser, de les effacer de la terre! C'est les traiter traîtreusement, c'est leur nier la possibilité de revivre.
 Moi j'attends toujours que les morts se lèvent et brisent le cercueil et disent joyeusement: pourquoi pleures-tu?
C'est pour cette raison que l'enterrement m'effraye. On assujettit le couvercle, l'introduit, lui met la pierre dessus, et puis de la terre, tras, tras, tras, pelletée après pelletée, mottes, poussière, pierres, tassant, solidifiant, tu restes là, de là tu ne sors plus.
Après, les couronnes, les fleurs, les pleurs, les baisers me font rire. C'est une moquerie: pourquoi l'ont-ils enterré?, pourquoi ne l'ont-ils pas laissé dehors jusqu'à ce qu'il sèche, jusqu'à ce que ses os nous parlent de sa mort? Ou pourquoi ne l'ont-ils pas brûlé, ou donné aux animaux, à un fleuve?

Il faudrait qu'il y ait une maison de repos pour les morts, ventilée, propre, avec de la musique et de l'eau courante. Il y en aurait au moins deux ou trois qui, chaque jour, se lèveraient pour vivre.

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Curieusement je n'ai trouvé aucune biographie online de ce grand poète mexicain du XXºs. En voici une en anglais: http://francais.agonia.net/index.php/author/0009497/index.html#bio
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Envoyé par Pascale, ce poème de Lorenzo Mabili, MERCI!
 
                        Heureux les morts qui oublient l’amertume de la vie
                        Quand le soleil se couche et que l’ombre envahit la terre,
                        Quelle que soit ta douleur, ne pleure pas les morts.
                        C’est l’heure où ils ont soif et vont boire
                        À la source cristalline de l’oubli.
                        Mais si une seule larme coule en leur mémoire
                        Des yeux de ceux qui sont vivants, l’eau se trouble ;
                        Et si les morts boivent de cette eau troublée,
                        Eux aussi, transitant par les champs d’asphodèles,
                        Se rappellent l’ancienne douleur.
                        Si tu ne peux t’empêcher de pleurer,
                        Que tes larmes ne coulent pas sur les morts, mais sur les vivants :
                        Ceux-ci voudraient oublier mais ne le peuvent.