C'est chez la soeur de Silvina Ocampo, Victoria, une femme hors du commun, qu' Adolfo Bioy Casares (vous connaissez peut-être L'invention de Morel ) rencontra Borges. Il devinrent rapidement amis, complices d'écriture, et, avec Silvina (qui épousa Adolfo), formèrent un trio d'écrivains “fantastiques”.
Gracias a la hermana de Silvina Ocampo, Victoria, Adolfo Bioy Casares (tal vez habéis leido La invención de Morel ) conoció a Borges. Se hicieron rápidamente amigos, cómplices de escritura y junto a Silvina (que se casó con Adolfo), formaron un trío de escritores “fantásticos”.
Son œuvre est connue principalement pour son inépuisable imagination et son intérêt pour les nuances d'un langage cultivé qui sert de support à ses inventions biscornues. “Silvina déguise son écriture avec l'innocence d'un enfant pour nommer, avec surprise ou indifférence, la rupture dans le quotidien qu'installe la majorité de ses récits dans le territoire du fantastique.(trad Colo, wiki esp.)
“ La obra de Silvina Ocampo es reconocida principalmente por su inagotable imaginación y su aguda atención por las inflexiones del lenguaje. Dueña de un lenguaje cultivado que sirve de soporte a sus retorcidas invenciones, Silvina disfraza su escritura con la inocencia de un niño para nombrar, ya sea con sorpresa o con indiferencia, la ruptura en lo cotidiano que instala la mayoría de sus relatos en el territorio de lo fantástico.” (Wiki)
Borges, à droite, à gauche Bioy Casares, puis Josefina Dorado, Silvina
Silvina Ocampo a écrit de nombreux contes que Borges appréciait énormément, j'en publierai, mais aujourd'hui j'ai traduit deux poèmes “fantastiques”.
Silvina Ocampo escribió numerosos cuentos que Borges apreciaba muchísimo, publicaré algunos, pero hoy estos poemas “fantásticos”.
La Vision
Nous marchions loin de la nuit,
citant
des vers au hasard,
non
loin de la mer.
Nous
rencontrions parfois une voiture.
Il
y avait un eucalyptus, un pin sombre
et
les traces d'une charrette
là
où le ciment devenait boue.
Nous
rencontrions parfois un mur.
Nous
n'allions nulle part, c'est vrai,
et
nous étions perdus: aucune importance.
La
rue nous portait
près
d'un cheval noir quasi mort.
Il
faisait nuit - ce sera faux.
Peut-être,
mais c'est vrai dans mes vers -.
Une
divinité secrète
presque
toujours nocturne qui nous regardait
vit
que nous nous arrêtions et le jour
suspendit
ses honneurs fanatiques,
clôtura
ses couleurs
car
le cheval lui aussi nous voyait.
Ne
dis pas que ce n'est pas vrai: il nous regardait.
Avec
la pierre stupéfaite de ses yeux,
sous
les astres rouges,
il
nous vit comme les dieux qu'il attendait.
(trad: Colo)
La
visión
Caminábamos lejos de la noche,
citando versos al azar,
no muy lejos del mar.
Cruzábamos de vez en cuando un coche.
Había un eucalipto, un pino oscuro
y las huellas de un carro
donde el cemento se volvía barro.
Cruzábamos de vez en cuando un muro.
Íbamos a ninguna parte, es cierto,
y estábamos perdidos: no importaba.
La calle nos llevaba
junto a un caballo negro casi muerto.
Era de noche -esto será mentira.
Tal vez, pero en mis versos es verdad-.
Una arcana deidad
casi siempre nocturna que nos mira
vio que nos deteníamos y el día
suspendió sus fanáticos honores,
clausuró sus colores
pues también el caballo nos veía.
Caminábamos lejos de la noche,
citando versos al azar,
no muy lejos del mar.
Cruzábamos de vez en cuando un coche.
Había un eucalipto, un pino oscuro
y las huellas de un carro
donde el cemento se volvía barro.
Cruzábamos de vez en cuando un muro.
Íbamos a ninguna parte, es cierto,
y estábamos perdidos: no importaba.
La calle nos llevaba
junto a un caballo negro casi muerto.
Era de noche -esto será mentira.
Tal vez, pero en mis versos es verdad-.
Una arcana deidad
casi siempre nocturna que nos mira
vio que nos deteníamos y el día
suspendió sus fanáticos honores,
clausuró sus colores
pues también el caballo nos veía.
No
digas que no es cierto: nos miraba.
Con la atónita piedra de sus ojos,
bajo los astros rojos,
nos vio como los dioses que esperaba.
Con la atónita piedra de sus ojos,
bajo los astros rojos,
nos vio como los dioses que esperaba.
Le rêve récurrent
J'arrive comme j'arrivai, solitaire, effrayée,
à la porte de rue de bois ciré.
J'ouvre la porte et j'entre, silencieuse, parmi des tapis.
Les murs et les meubles m'effrayent de leurs ombres.
Je monte les marches de marbre jaune,
aux reflets rosés. J'entre dans un couloir.
Il n'y a personne, mais quelqu'un est caché dans les portes.
Les volets sombres sont tous ouverts.
Les hauts faux plafonds paraissent, de jour,
un ciel rempli d'étoiles éteintes grandissantes.
Le souvenir conserve une ancienne rhétorique,
s'élève comme un arbre ou une colonne dorique,
il dort habituellement dans nos rêves
et nous sommes en secret ses maîtres exclusifs.
(trad: Colo)
El sueño recurrente
Llego como llegué, solitaria, asustada,
a la puerta de calle de madera encerada.
Abro la puerta y entro, silenciosa, entre alfombras.
Los muros y los muebles me asustan con sus sombras.
Subo los escalones de mármol amarillo,
con reflejos rosados. Penetro en un pasillo.
No hay nadie, pero hay alguien escondido en las puertas.
Las persianas oscuras están todas abiertas.
Los cielos rasos altos en el día parecen
un cielo con estrellas apagadas que crecen.
El recuerdo conserva una antigua retórica,
se eleva como un árbol o una columna dórica,
habitualmente duerme dentro de nuestros sueños
y somos en secreto sus exclusivos dueños.
je les traduirais bien en néerlandais, mais ça m'embête de ne pas pouvoir garder le nombre de pieds ni les rimes ;-)
RépondreSupprimerComme tu voudras Adrienne, mais je n'ai pas réussi à garder les rimes en français non plus....,les "os", et "as" sont faciles à faire rimer en español!
Supprimerj'admire mesdames les traductrices !
RépondreSupprimerla proximité folle de ces écrivains tend à prouver que le génie se partage ...
Mais oui, c'est extraordinaire...si on sait de plus que Silvina a partagé un amour fort avec Alexandra Pizarnik, on peut penser qu'un creuset de génies existait à ce moment-là!
SupprimerJ'ai d'abord tout de suite "réagi" au premier poème qui m'a beaucoup plu. Puis ce fut la surprise: j'ai fait le même rêve récurrent pendant des années. C'est un peu... bouleversant de le lire ainsi!
RépondreSupprimerTu aurais donc pu l'écrire ce dernier poème...troublant, en effet, je comprends.
SupprimerJe la trouve moi aussi très talentueuses, j'ai pris un réel plaisir à passer beaucoup de temps à la lire, traduire.
Oh, une "nouvelle peau" de lumière pour ton blog, bravo.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ces deux poèmes, le premier surtout, pour ce regard magique, et les derniers vers du second.
Même le chien a l'air de sourire sur la photo. Bon dimanche, Colo.
Oui, une envie de clarté...!
SupprimerContente que tu aies apprécié, la magie passe bien, même en traduction...au début j'avais un peu peur, mais non!
besos
Merci pour ces deux magnifiques poèmes. Le second à une densité nervalienne sans doute à cause de l'évocation d'un rêve. J'ai hâte de lire les petits contes fantastiques...
RépondreSupprimerJ'espérais que tu passes Kwarkito, que tu aimes aussi ces deux poèmes.
SupprimerJ'ai failli t'écrire pour te demander si tu aurais une photo-illustration, puis je l'ai pas fait.
Il te faudra attendre au moins une semaine pour un conte, je ne suis pas rapide (l'âge?¿?¿) pour traduire "comme il faut".
Un beso.
Merci Colo, je retiens particulièrement le second qui me parle bien, très bien même.Le premier me semblant "moins réussi" ou plutôt me convoque beaucoup moins...
RépondreSupprimerA bientôt
Peut-être es-tu plus rêveur que visionnaire, qui sait? :-)
SupprimerBonne semaine señor K.
Silvina a-t-elle écrit de la prose, de romans, des récits fantastiques ?
RépondreSupprimerComme il est difficile ici de trouver certains auteurs que vous évoquez dans vos billets : sans doute parce qu'ils ne sont pas traduits. Avant hier j'ai essayé de localiser Alberto Pinõl que vous nous aviez renseigné dans un commentaire : nada.
Bonjour Christian, alors, oui, elle a écrit, en plus de nombreux recueils de poèmes, trois romans et énormément de contes. Sur la Wiki France http://fr.wikipedia.org/wiki/Silvina_Ocampo, je vois que certaines œuvres, bien trop peu, sont traduites.
SupprimerPar contre le roman de Piñol que je recommandais "La peau froide" et trois autres romande lui sont traduits et édités , voyez ici http://www.babelio.com/auteur/Albert-Sanchez-Piol/87624
Bonne journée, soleil ici.
Je suis assez déçu de constater que ma bibliothèque soit aussi pauvre : ils'agit quand même de traductions ( pour Piñol) chez Actes Sud...
SupprimerAllez "Les Chiroux" (ma bibliothèque provinciale) on se réveille ?
Merci pour ces précisons utiles.
Soleil trouble ici. Et rien de beau à venir. Profitez bien du vôtre.
Je me garderais bien de choisir entre les deux poèmes, ils me parlent tous les deux. Deux petites histoires condensées, à partir de là, l'imagination peut courir. La photo est lumineuse, ça devait phosphorer entre tous ces créateurs.
RépondreSupprimerBonjour Aifelle, une question que je me pose est si de nos jours les écrivains, poètes etc...ont autant de contacts, de relations entre eux que tous ces Argentins. Il est vrai que l'exil (beaucoup se sont retrouvés à Paris) fait se serrer les coudes...
SupprimerBonne journée, nous sommes en alerte orange pour cause de chaleur (soudaine!!)
Le cheval... Il me regardait...
RépondreSupprimerEt c'est le principal !!!
Bonne semaine à toi !
Merci, pour toi aussi!
SupprimerJe ne connais pas Silvina Ocampo. Grâce à vous, mes connaissances en littérature hispanique progresse régulièrement.
RépondreSupprimerOn m'a fait remarquer que les réponses que je fais aux commentaires qui sont laissés sur mon blog ne parviennent pas à leurs destinataires. Je viens donc ici vous répondre à propos du message laissé hier : Charlotte Delbo commence à être vraiment reconnue en France, et c'est tant mieux. C'est un très très grand écrivain. Bonnes lectures !
Ah, merci, mais moi je reçois vos réponses Bonheur!
SupprimerPlaisir et intérêt des blogs que de découvrir de nouveaux auteurs poètes...Bonne journée à vous.
La vision: le réel et le souvenir resculptés à l'envi.
RépondreSupprimerJoli!
SupprimerJe me souviens réellement de toi aussi...contente de te lire Bacchante.
Les écrits fantastiques paraissent à première vue comme la poésie surréaliste dépourvus de sens, des mots et images superposées déposées comme par hasard. C'est oublier l'ambiance dans laquelle le lecteur accepte de pénétrer ou pas.
RépondreSupprimerIl faut un certain état d'esprit, un moment d'abandon de soi pour comprendre ... Ces poésies s'inscrivent dans ce moment d'abandon quand l'imaginaire de l'un se cogne à l'imaginaire de l'autre. Nous lisons chacun un récit différent ...
(pas sûre que mon commentaire soit vraiment compréhensible mais je te sais pleine d'indulgence :-)
Bon week end Colo è
Tu as tout à fait raison Savarati, c'est tellement comme ça qu'on peut y lire soi-même ( moi du moins quand je lisais, relisais, traduisais) plusieurs histoires différentes!
SupprimerJ'espère que tu aimeras le conte fantastique que je publierai ce week-end!
Bien amicalement.
Donc si je reprends : Victoria est la soeur de Silvina. Puis elles sont devenues amies... Ensuite elle a croisé le regard de Borges... De cette rencontre, Borges décida de demander la main à Silvina de sa soeur... Puis Adolfo, (non pas celui des vêtements), épousa l'autre soeur. Ils firent une super fête entre écrivains, mais surtout amis... et amies... Bon maintenant je vais lire la suite. :lol:
RépondreSupprimerJe vois que tu as rénové ton écrin. Le blanc m'intimide tant... ;) D'ailleurs, je suis entrée puis repartie, car je croyais avoir fait une erreur... (rire)
Je t'e'mbrasse. Besos cariñosos...
Hihihi, là tu t'es surpassée Lou! Marier Borges avec un des soeurs, tu es vraiment forte!
SupprimerAlors le blanc, oui, j'avais besoin de faire le vide, d'y voir clair dans ce chaos de monde....il m'a semblé que le blanc m'y aiderait pour le moment...ça changera vite!
Muchos besos par ti!
Tu n'as point lésiné pour le retapissage !
RépondreSupprimerTu as l'art et la bannière désormais.
;-)
Jolie formule señor K!
RépondreSupprimerEn fait je suis assez nulle et ma photo est trop grande.....pas trouvé le moyen de la réduire...je poursuis mes tâtonnements, héhé.
un petit coup de "photofiltre" par exemple permet de traiter les images et notamment d'en réduire la taille proportionnellement ou bien d'en spécifier exactement hauteur et largeur.
SupprimerSinon dans le tableau de bord du blog faut aller voir du côté de "mise en page" dans le menu en colonne à gauche, cela permet de "caler" la bannière.
Il se peut que tu aies les deux opérations à mener, bons tâtonnements ;-)
Que c'est gentil d'être revenu, de m'expliquer...je n'ai jamais employé "photofiltre"...il est bon d'apprendre à tout âge, merci!
SupprimerComme ce vieux tronc d'olivier, je traîne à trouver La solution, mais le modèle est déjà plus réduit...Bonne journée K, encore merci.
SupprimerEn attendant, je plonge volontiers dans le bleu ! Un baiser.
RépondreSupprimerDu bleu contre les blues....j'arrive à réduire la largeur mais pas la hauteur de la photo...qui restera comme ça donc pendant un temps!!!
Supprimerbesos
Les écrits fantastiques me laissent toujours un peu paumée comme parfois mes rêves ou encore mieux mes cauchemars quand ils se présentent. "Le rêve récurrent" rend bien compte de ce trouble ou nous sommes parfois à être, à la fois spectateur et auteur de notre propre monde intérieur.
RépondreSupprimerMerci Colo pour le travail que tu nous offres !
Un peu paumés, oui, c'est ça. Peut-être aussi parce que nous tentons de leur résister plutôt que de nous laisser envelopper, emporter par eux....
SupprimerAvec plaisir Fifi!
Grâce à ta traduction, j'entre au-delà du miroir ou de la nuit dans un monde qui m'apparaît presque naturel.Je mets mes pas dans cette marche qui vient de nulle part et avance comme on s'entretient à bâtons rompus.Il y a la réalité passée au filtre des mots, cette échappée où le regard ne voit plus ce qu'il voit mais ce qu'il imagine, un langage si chargé de sens.Je vois ce regard de pierre du cheval, je le vois venu de la mythologie.
RépondreSupprimerQuant au rêve récurrent, mais pourquoi en serait-il différemment? La clé en est donnée en conclusion:
"il dort habituellement dans nos rêves
et nous sommes en secret ses maîtres exclusifs."
Quelle jubilation à franchir cette porte sur le rêve de l'auteure, à monter cet escalier avec visions mouvantes et émouvantes alors que l'absence a auparavant inscrit sa présence dans les murs, les portes, dans le souvenir d'un ailleurs même" invécu". Peu importe d'ailleurs: Silvina a su être le porte-flambeau d'une atmosphère et, en plus des images, c'est ce que j'ai partagé et re-partagé dans ces lectures successives.
Merci pour tes mots Maïté. J'ai également ressenti cette avancée comme "naturelle" au fil des mots...
RépondreSupprimerJe t'embrasse, à bientôt.
Merci de m'avoir donné ce lien vers tes traductions. Ces poèmes sont superbes, le premier me parle davantage mais dans le second on entre dans le rêve comme si c'était le notre...Merci pour ce partage !
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