Une
poésie peu et mal connue celle de la portoricaine Julia de Burgos (1914-1953),
une langue rythmée, à lire, écouter, chanter.
Una
poesía poco y mal conocida la de la portorriqueña Julia de Burgos (1914-1953),
una lengua con ritmo para leer, escuchar, cantar.
JE FUS MA PROPRE ROUTE
Julia de Burgos
Je
voulus être comme les hommes voulaient que je sois:
une
tentative de vie;
un
jeu de cache-cache avec mon être.
Mais
j'étais faite de présents,
et
mes pieds plats sur la terre prometteuse
ne
souffraient pas de marcher en arrière,
et
ils poursuivaient vers l'avant, vers l'avant,
trompant les cendres pour atteindre le baiser
de
nouveaux sentiers.
À
chaque pas sur ma route vers le front
déchirait
mes épaules le battement désespéré
des
vieux troncs.
Mais
la branche était à jamais libérée,
et
à chaque nouveau coup mon regard
se
séparait encore, encore et encore des lointains
horizons
appris:
et
mon visage prenait une expression qui montait de l'intérieur,
l'expression
définie qui montrait un sentiment
de
libération intime;
un
sentiment qui surgissait
de
l'équilibre entretenu entre ma vie
et
la vérité du baiser des nouveaux sentiers.
(...)
Je
voulus être comme les hommes voulurent que je sois:
Une
tentative de vie;
un
jeu de cache-cache avec mon être.
Mais
j'étais faite de présents;
quand
les hérauts m'annonçaient déjà
dans
le défilé royal des vieux troncs
mon
désir de suivre les hommes s'est brisé,
et
l'hommage est resté là à m'attendre.
Trad: Colo
YO MISMA FUI MI RUTA
Julia de Burgos
Yo
quise ser como los hombres quisieron que yo fuese:
un
intento de vida;
un
juego al escondite con mi ser.
Pero
yo estaba hecha de presentes,
y
mis pies planos sobre la tierra promisora
no
resistían caminar hacia atrás,
y
seguían adelante, adelante,
burlando
las cenizas para alcanzar el beso
de
los senderos nuevos.
A
cada paso adelantado en mi ruta hacia el frente
rasgaba
mis espaldas el aleteo desesperado
de
los troncos viejos.
Pero
la rama estaba desprendida para siempre,
y
a cada nuevo azote la mirada mía
se
separaba más y más y más de los lejanos
horizontes
aprendidos:
y
mi rostro iba tomando la expresión que le venía de adentro,
la
expresión definida que asomaba un sentimiento
de
liberación íntima;
un
sentimiento que surgía
del
equilibrio sostenido entre mi vida
y
la verdad del beso de los senderos nuevos.
(...)
Yo
quise ser como los hombres quisieron que yo fuese:
un
intento de vida;
un
juego al escondite con mi ser.
Pero
yo estaba hecha de presentes;
cuando
ya los heraldos me anunciaban
en
el regio desfile de los troncos viejos,
se
me torció el deseo de seguir a los hombres,
y
el homenaje se quedó esperándome.
Dans le prochain billet sa poésie amoureuse, très sensuelle.
En la próxima entrada su poesía amorosa, muy sensual.
une marche vers la libération de la femme...más y más y más de los lejanos horizontes aprendidos ;-)
RépondreSupprimer"burlando las cenizas" ne serait-il pas plutôt "trompant les cendres " des morts ?
Grand merci, oui vous avez raison "trompant" est bien mieux, je m'en vais le changer illico.
SupprimerSinon, oui aussi....marche encore en route, los lejanos horizontes todavía cercanos...hélas.
Belle journée Paul(A).
Une femme qui semble en avance sur son époque. J'aime cette affirmation de l'être qui "monte de l'intérieur". Mais je vois qu'elle est morte jeune. Fin tragique ? Une belle découverte, en tout cas ! Bon WE Colo !
RépondreSupprimerOui, une féministe qui a beaucoup travaillé pour la cause des femmes, entre autres, et pour la liberté d'expression, l'éducation...
SupprimerDépression, alcoolisme, elle meurt jeune d'une pulmonie sur un trottoir à New York. Dramatique donc.
Beau week-end Lily.
Le baiser des entiers...
RépondreSupprimerle baiser des sentiers... juste relever le dialogue de ces mots.
RépondreSupprimerNe jamais oublier les baisers...
SupprimerEh bien... en voilà une qui n'est pas comprise dans mon billet de la semaine :-) Une qui voulait rester elle-même! Remarquable et courageux...
RépondreSupprimerJolie voix aussi, et le rythme, ahhhh!
J'ai souri en découvrant ton billet ce matin, comme si on l'avait fait exprès!
SupprimerUn groupe appelé "la Discreta Academia" a fait un CD "A Julia sin lágrimas" (sans larmes), où ils ont mis en musique certains de ses poèmes: c'est très réussi!
"Je voulus être comme les hommes voulurent que je sois..."
RépondreSupprimerterrible !!!
ce que des enseignants en blouse grise voulurent donner comme leçons et comme punitions, des gardiens des temples interdirent et promirent à leurs enfers, des machos étouffèrent et violèrent, des marchands d'objets vendirent et consommèrent, des sociétés formatèrent en les faisant taire...
...et puis des exceptions qui ne s'y retrouvant pas embrassent des horizons inconnus, y laissent leur vie, parfois.
RépondreSupprimerLe texte est magnifique et tellement parlant. Elle s'est brûlé les ailes on dirait .. la lutte est parfois trop rude. Je ne comprends pas la langue, mais j'en apprécie la musicalité.
RépondreSupprimerUn texte qui m'a tout de suite accrochée Aifelle.
SupprimerSi tu voulais apprendre l'espagnol, la chanson suit le poème!:-))
Beau weekend, soleil aujourd'hui ici après 1 semaine de pluies.
Très beau texte d'une femme poète qui a osé suivre sa route - mais personne pour réclamer son corps en 1953, ça fait froid dans le dos. Merci, Colo, et bon week-end - à Bruxelles aussi quelques rayons, un premier air de printemps.
RépondreSupprimerOui, hélas, elle s'était fort isolée...plus tard son corps fut quand même récupéré et transporté à Porto Rico.
SupprimerJ'ai vu une peinture d'elle avec Frida Kahlo mais rien dans les nombreuses biographies lues ne parle d'une rencontre...pourtant possible, probable. En sais-tu plus?
Beau WE Tania, danse du printemps?
Non, rien de plus, je suis curieuse de lire ton prochain billet. Dansons !
Supprimerse séparer des lointains horizons appris, encore et encore. Rien n'est jamais acquis. Marcher avec elle.
RépondreSupprimerUn poème qui me parle.
merci Colo, je t'embrasse.
Tu le dis bien Sable, toujours repenser, réinventer.
SupprimerBien contente qu'il te dise autant!
Muchos besos, belle soirée.
Merci pour cette belle découverte!
RépondreSupprimerBonsoir Eimelle, merci de cette visite.
SupprimerSi vous aimez la poésie, vous en trouverez souvent ici!
Belle soirée.
RépondreSupprimer" je voulus être comme les hommes voulaient que je sois Une démarche" Mais cette démarche était davantage une ouverture d'horizons d'une grande intensité que faite de soumission.
Je trouve le texte aérien, libéré des contraintes physiques où s'ouvrent à chaque fois de nouveaux sentiers.
Sa poésie parle souvent de l'eau (la mer), du vent, d'ailes, vous avez raison Serge.
SupprimerMerci d'être passé sur nos îles, beau dimanche.
Beau dimanche l'îlienne !
SupprimerUne belle découverte. Une belle entrée en matière.
RépondreSupprimerAlors que se profile à l'horizon la journée de la femme...
Que tous jours soient aussi beaux Maïté!
SupprimerSolitaire, oubliée comme ton pélerin, ressuscités grâce aux blogs.
Bonne semaine à toi!
Belle découverte ! La chanteuse et la poétesse sont-elles une seule personne ?
RépondreSupprimerNon, pas du tout Obni. Ce poème chanté fait partie d'un album "A Julia Sin Lagrimas" de la Discreta Academia. Très réussie je trouve cette mise en chanson.
SupprimerBelle journée à toi!
"Les vieux troncs" qui font barrage mais la branche passe...
RépondreSupprimer"et à chaque nouveau coup mon regard
se séparait encore, encore et encore des lointains
horizons appris:"
Elle était pourtant en route vers la vraie liberté ! Les "vieux troncs" l'ont rattrapée...
Super poème. Il faut que je le mette en lien sur mon blog. Je ne peux pas le faire maintenant mais plus tard...
Merci pour cette découverte !
Oh, elle a maintenu le cap tu sais, " mon désir de suivre les hommes s'est brisé,
Supprimeret l'hommage est resté là à m'attendre."
Merci à toi Euterpe, bonne semaine.
Quel texte prenant et la voix s'accorde si bien aux mots !
RépondreSupprimerJe trouve aussi cette mise en voix et musique fort réussie.
SupprimerBelle semaine Dominique.
J'adore..!! Ne dirait-on pas que ce texte entre en résonnance avec celui de Virginia Woolf dans un autre style ;)
RépondreSupprimerbonne semaine Colo.
Un rapprochement auquel je n'avais pas pensé mais fort intéressant, oui!
SupprimerBelle semaine à toi aussi Carole.
A ne pas vouloir être formaté(e), on se brûle parfois les ailes ; mais comme le/l'(en)vol est grisant ! Merci pour ce beau poème, Colo.
RépondreSupprimerUne sensibilité particulière qui mène parfois au naufrage, mais comme tu dis, entre temps on a dansé...
SupprimerJe suis contente que tu l'aimes ce poème, belle soirée Danièle.
Oh ! mais j'adore ce poème ! Merci !
RépondreSupprimerAvec plaisir! Belle journée Bonheur!
SupprimerLa poésie est un Ange qui révèle l'être profond, celui qu'on ne peut jamais bâillonner.
RépondreSupprimerMerci Colo pour la merveilleuse voix de cette femme.
Le poète ne meurt pas vraiment...
RépondreSupprimer"Mais j'étais faite de présent", quelle magnifique expression ! qui nous la rend présente aujourd'hui.
RépondreSupprimerBonsoir Yanis, la voix des poètes, toujours présente oh combien!
SupprimerMerci d'être passé par ici, belle soirée.
J'aime beaucoup !
RépondreSupprimer- Mais la branche était à jamais libérée,
et à chaque nouveau coup mon regard se séparait encoe , encore et encore
des lointains horizons appris : ...
C'est un beau chemin de vie, un chemin que nous devrions tous suivre ...
Un chemin ardu mais certainement enivrant Marcelle...
SupprimerNous apprenons tous à obéir, mais à penser?
Amicalement.