L'été
c'était Bautista et ses chansons, toujours les mêmes, il les
connaissait par cœur. Il chantait bien et ses plus de quatre-vingt
ans n'avaient pas altéré sa voix.
La
chanson espagnole de toujours, des airs dansants, et soudain, ¡hop ! il faisait un petit pas de côté.
En
boucle passaient “Los Panchos” que je n'appréciais que très
modérément, et la merveilleuse María Dolores Pradera, une grande
dame de la chanson espagnole. C'est sur l'une de ses chansons,
sublime, des années '60 écrite par Mario Cavagnaro, « Le
chapelet de ma mère » que nos vues divergeaient.
Histoire
d'une femme abandonnée/trompée par son mari qui fait preuve d'une
fierté peu commune. Je vous laisse d'abord l'écouter en suivant, si
vous voulez, la traduction.
El
verano era Bautista y sus canciones, siempre las mismas, se las sabía
de memoria. Cantaba bien y sus más de ochenta años no habían
alterado su voz.
La
canción española de siempre, aires para bailar y de repente, ¡hop!
daba un pasito de lado.
Enlazaba
sin pausa “Los Panchos”, que me gustaban muy moderadamente con la
maravillosa María Dolores Pradera. Es sobre una de sus sublime
canciones, “El rosario de mi madre”, escrita en los años '60 por
Mario Cavagnaro, donde nuestros puntos de vista divergían. Historia
de una mujer abandonada/ engañada por su marido que demuestra una
dignidad poco común.
Primero
os dejo escucharla.
El rosario de mi madre / Le chapelet de ma mère
Aunque
no creas tú
Como que me oye Dios
Esta será la última cita de los dos
Como que me oye Dios
Esta será la última cita de los dos
Comprenderás
que es por demás
Que te empeñes en fingir
Que te empeñes en fingir
Même
si tu le crois pas
Dieu
m'est témoin
Ce
sera notre dernière rencontre
Tu
comprendras qu'il est inutile
Que
tu t'obstines à feindre
Porque
el dolor de un mal amor
No es como para morir
No es como para morir
Pero
desecha ya
Mi más bella ilusión
Mi más bella ilusión
A
nadie ya en el mundo
Daré mi corazón
Daré mi corazón
Car
la douleur d'un mauvais amour
N'est
pas mortelle
Mais
détruit
Ma
plus belle illusion
À
personne au monde
Je
ne donnerai plus mon coeur
Devuélveme
mi amor
Para matarlo
Para matarlo
Devuélveme
el cariño que te di
Tú no eres quien merece conservarlo
Tú ya no vales nada para mí
Tú no eres quien merece conservarlo
Tú ya no vales nada para mí
Rends-moi
mon amour
Pour
le tuer
Rends-moi
l'affection donnée
Ce
n'est pas toi qui mérites de la conserver
Tu
ne vaux plus rien pour moi.
Devuélveme
el rosario de mi madre
Y quédate con todo lo demás
Y quédate con todo lo demás
Lo
tuyo te lo envío cualquier tarde
No quiero que me veas nunca más
No quiero que me veas nunca más
Rends-moi
le chapelet de ma mère
Et
garde tout le reste
Tes
biens, je te les renvoie un de ces jours
Je
veux que tu ne me voies jamais plus.
….(Répétitions)
(Trad: Colo)
« Rends-moi
mon amour pour le tuer » , n'imagine-t-on pas ce vers déclamé
avec emphase dans une grande tragédie classique ?
Mais
c'est arrivée à ce couplet que je partais immanquablement d'un grand
fou rire.
« Rends-moi
le chapelet de ma mère et garde tout le reste ». Quelle
dignité ! Tragiquement parfait.
Autres
temps, autres mœurs.
Le
coté tragique des chansons - j'imagine que chacun de vous, en votre
langue, pense à l'une ou l'autre- devient-il souvent comique avec le
temps ?
“Devuélveme
mi amor para matarlo” ¿No nos imaginamos este verso declamado con
énfasis en una tragedia clásica?
Y
con el siguiente verso, siempre me entraba una carcajada.
“Devuélveme
el rosario de mi madre y quédate con todo lo demás.” ¡Qué
dignidad! Trágicamente perfecto. Otros tiempos, otras costumbres.
El
lado trágico de las canciones -me imagino que cada uno, en su
idioma, piensa en algunas - ¿se vuelve a menudo cómico con el
tiempo?
Une découverte pour ma part. Merci amie lointaine de nous faire partager tes pépites. Je pense que ça vaut son pesant d'or de l'entendre chanter "rends moi le chapelet de ma mère" je trouve le ton marrant. Biz bien cordiale
RépondreSupprimerBonjour Véb, contente de te retrouver. Ce chapelet...vestige de l'Espagne franquiste et catholique, fermée au reste du monde. Un peu kitsch.
SupprimerÀ bientôt, un beso.
Que demanderait-on qu'aujourd'hui nous soit rendu, en un ultime geste de séparation? J'adore ce chapelet de la mère qui arrive ainsi, inattendu! Pourquoi son amant est-il parti avec?
RépondreSupprimerOn se ferait traiter d'idiote si on ne demandait pas, au moins, la moitié du tout, non? Comme on manque de contexte, tout peut s'imaginer...
SupprimerBelle journée reposante Bacchante.
Jolie voix que celle de Dolores Pradera (je ne connaissais pas). Les chansons sont souvent beaucoup plus belles quand on ne les comprend pas.
RépondreSupprimerCelles des années "yéyé" n'échappent pas à la règle .
"Allo mademoiselle maillot 3637" de Frank Alamo ,"N'avoue jamais" de Guy Mardel, "Et moi et moi" de Dutronc ,"A present tu peux t'en aller" des Surfs , "laisse moi t'aimer" de Mike Brandt , "La plage aux romantiques" de Pascal Danel ...etc, etc.. Voici un tout petit panel de ces chansons que "Salut les copains" sur Europe1 nous passait en boucle et que je trouve aujourd'hui bien comiques pour ne pas dire plus.
Voici un lien où vous trouverez un bric à brac de ces petites "merveilles" mélangées à des chansons de Brassens , de Ferrat , de Barbara...
http://www.clipetmusique.com/pages/scopitones-et-clips-50-60-francais/
Il y a des chansons dont j'aurais aimé ne pas comprendre les paroles.
Bonne journée Colo
Bonjour et merci pour le lien Gérard, je viens d'y jeter un rapide coup d'oeil..."Par amour, par pitié" de Sylvie Vartan, oh, là, là, oui.
SupprimerQuand j'ai été en âge de comprendre l'anglais, j'ai été si si déçue par tant de chansons que j'adorais...terrible constat!
Mais revenons à María Dolores Pradera- Grande actrice et chanteuse qui a fait connaître en Espagne la chanson populaire latino américaine. Du triple CD que Bautista adorait (et moi aussi), j'ai pris cette chanson-chapelet, mais la plupart sont réellement magnifiques, comme celle-ci: http://www.youtube.com/watch?v=U22NbxoX7zI&feature=related
La température ne dépasse pas les 30º depuis quelques jours, tout va bien ici donc.
Belle journée à vous aussi et encore merci.
Je ne connaissais pas celle-ci
RépondreSupprimerLorsque je passais mes vacances à Peniscola dans les années 75à 80 je me souviens de Polo Margariteño.
Maria Dolores Pradera me fait penser à Michèle Morgan en France
Bonne journée
Et moi je ne connaissais pas Polo Margariteño chanté par elle, superbe, merci et belle journée à toi aussi.
SupprimerMagnifique chanson en effet que cette "fleur de cannelle" . Merci de m'avoir fait connaître cette chanteuse à la voix d'or accompagnée par une guitare qui ne l'est pas moins ...Envoûtant !
RépondreSupprimerIci c'est grisonnant, pas plus de 20°, quelques rayons de soleil venus sans aucun doute tout droit de chez vous. C'est gentil de nous en avoir laissé un bout!
A bientôt Colo
Avec plaisir et je peux vous envoyer régulièrement quelques degrés aussi, je supporte mal la grosse chaleur...
SupprimerIl y a de la fierté dans cette chanson, un rien de hauteur et de dignité :-) on imagine cela chanté par un bel hidalgo qui d'un seul coup s'énerve et réclame son dû
RépondreSupprimerOh, ceux-là, on les laisse s'énerver! :-))
SupprimerSurtout restons dignes.
Belle semaine Dominique.
Merveilleux et combien original ! On entend plus guère la voix des femmes abandonnées par leur mari dans les chansons d'aujourd'hui ! Moi j'aime beaucoup l'histoire du chapelet maternelle. D'abord parce que Hypathie, qui a aussi participé au tag, a également publié une photo de chapelet (mais pour dire aux ecclésiastiques d'enlever leur rosaire de nos ovaires) ce qui passe à mes yeux pour une coïncidence assez intéressante, et parce que le chapelet maternel cela représente les croyances maternelles. C'est comme s'il symbolisait l'amour. L'amour c'est l'amour et l'univers (les croyances) de sa mère, celui qu'elle nous a instillé avec son lait.
RépondreSupprimerC'est finalement cela que l'on offre à l'être aimé, et c'est pour cela qu'il doit le rendre quand il part.
Car parfois le mari emporte le meilleur de l'autre après l'avoir abandonné(e). Il fait passer pour siennes des choses qu'il a reçues de son ancienne femme.
Bref, j'espère que ce n'est pas tiré par les cheveux ce que je raconte.
En tout cas merci pour ce superbe choix !
Le chapelet maternel est sûrement le bien le plus précieux que cette femme possédait.
SupprimerQu'elle l'ait donné en gage d'amour me semble une excellente explication. Et qu'il le lui rende un impératif donc!
Contente que ce choix t'ai plu, à bientôt.
Je ne parviens plus à voir les vidéos. Il va falloir que je vérifie mon système. Autres temps, autres mœurs. C'est vrai que les paroles prêtent à rire mais c'était l'esprit de l'époque, celui que l'on retrouve également dans les films. Aujourd'hui, chacun.e chacune reprend ses meubles. Sans doute, au fond du tiroir, quelque chapelet ou gourmette...
RépondreSupprimerBien sûr, les personnes âgées ont encore chacune leur chapelet ici, comme un trésor. Et si Bautista ne voyait pas du tout ce qui me faisait rire, moi je le comprenais fort bien...
SupprimerOui, arrange ça, tu entendras sa belle voix.
Belle journée Danièle.
C'est vrai que les paroles sont désuètes, anachroniques… De nos jours les jeunes demanderaient que leur soient rendus la carte de fidélité pour la fnac, la console PlayStation ou la carte d'abonnement au Vélib…
RépondreSupprimerCe chapelet en tant qu'objet est très beau.
Colo, le visage en haut à droite est-ce ton portrait ?
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerAïe Obni, je ne fais que des bêtises...je disais donc:
SupprimerOui, fort joli; c'est un chapelet en pierres semi-précieuses trouvé sur la toile...
Et non, ce n'est pas du tout moi! C'est María Dolores. Il me semblait que sur la vidéo elle n'était pas favorisée, alors cette photo d'elle, plus âgée, où je la trouve fort belle. Elle vit toujours mais a 88 ans maintenant.
Belle fin de journée.
Tu as rajouté son nom au dessous de l'image après mon commentaire ou c'est moi qui suis dans la lune à poser une telle question ? :)
SupprimerTu as toute ta tête, ne t'en fais pas! -:))
SupprimerSuite à ta question et à un commentaire sur le billet précédent, j'ai rajouté le nom.
Hola, je découvre ton blog avec plaisir.
RépondreSupprimerJ'adore j'adore Maria Dolores Pradera, je l'ai découverte quand je vivais à Madrid dans les années 90. Mon côté "tragique" et hispanisant accepte le rosaire etc... ;-)
J'adore tout en cette femme :-)!!
Hola y bienvenida Mahie. Une personnalité très attachante, à la fois gaie et tragique...une comédienne parfaite, non?
SupprimerC'est surtout ton grand fou-rire qui me fait rire !
RépondreSupprimerTrès belle voix, je prends tout : le billet et les commentaires.
Ah, une sorte de boulimie donc? :-))
SupprimerTant qu'on arrive à voir le côté, même minuscule, comique des situations, on est sauvés...
Envoie-moi quelques gouttes de pluie, premiers incendies hier sur mon île.
Une Médée espagnole... mais quand même plus tendre que Médée. Elle a laissé vivre les enfants. Je la crois plus noble encore si elle ne s'en prenait pas à cet amour avorté. Pourquoi tuer l'amour déjà mort ? Au nom (du plaisir) de la vengeance ? Et me voilà de retour, peut-être plus de rides sur le visage mais encore le même. :)
RépondreSupprimerRen! Si je m'attendais à te retrouver un jour! Ça me fait bien plaisir...des rides? preuve qu'on est vivant.
SupprimerSi l'amour pouvait mourir simultanément pour les deux, ah, ça, la face du monde changerait. Tu imagines le nombre de films, chansons, romans, pièces de théâtre etc...qui n'existeraient pas?
Je vois que tu as repris ton blog aussi; je pars te lire dès que possible. À bientôt.
Ma mère qui avait des origines espagnoles était aussi très attachée à son chapelet...
RépondreSupprimerIl me semble que dans pareille situation elle aurait réagi de cette façon :-)
Je suis trop fière pour me battre pour de l'argent ( mais ... je garde le chien!).
Non, je rigole :-)
Avoue que "Rends-moi le chien de mère" est plus prosaïque, moins élégant! :-)
SupprimerLa fierté des femmes m'a beaucoup frappée en arrivant en Espagne il y a des lunes.
Excellent WE Marcelle.
Oui, que de souvenirs María-Dolores Pradera et quelle voix peu commune, touchante.
RépondreSupprimerQuand je réécoute ses chansons aux rythmes et sujets si variés, quand on la voit les chanter, parfois gaie et légère d'autres en grande tragédienne, comment ne pas être séduits?
SupprimerBon week-end Alba.
Superbe chanson ! très "dolor para morir, corazon, matar, nada, madre" des mots forts pour se terminer par un "nunca mas" définitif !! Merci pour ton rire, j'aime aussi le commentaire d'Euterpe et ce chapelet rouge avec ses petites roses argentées est absolument magnifique. Merci, merci, merci.
RépondreSupprimerBonsoir MH, oui, ce nunca más ne laisse aucune porte ouverte.
SupprimerCette chanson un peu kitsch rejoint en quelque sorte les photos du billet précédent, tu ne trouves pas?
beau dimanche à toi, un beso.
Oh, je vois ce que tu veux dire... Oui ça a un côté excessif et comique maintenant mais je comprends ce qu'elle veut dire. C'est finalement très intense et fier.
RépondreSupprimerEtre trompée, c'est une chose. Abandonnée est inhumain - je ne parle pas de "quittée" mais pas abandonnée, laissée à sa vie comme si elle n'avait jamais rien construit avec "l'infidèle". Je pense que la femme trompée et quittée doit pouvoir garder, si elle le désire, un contact d'aide et d'un certaine compagnonnage avec l'époux parti... Sinon c'est vraiment l'abandon!
J'aime beaucoup la distinction que tu fais entre quitter / abandonner.
SupprimerIci il semble qu'elle ait été trompée et décide qu'elle ne veut plus aucun contact avec lui qui "feint" la fidélité...enfin je le comprends comme ça.
Sinon, oui, ce sont l'excès et l'objet fétiche qui me faisaient rire...à la stupeur de Bautista qui ne voyait pas du tout pourquoi...mais comme je suis "étrangère" ça passait!
Oh, c'est très savoureux ce "Rends-moi le chapelet de ma mère"
RépondreSupprimerComme si ces petits grains de prière pouvaient accompagner ce qui reste de la vie quand l'être aimé est parti.
Comme si ces petits grains pouvaient germer, devenir des fleurs nouvelles ... Je comprends ta secousse de rire, mais l'être humain a besoin de se raccrocher parfois à ... une humble présence.
Que c'est joli ce que tu écris Lily, grand merci pour ces espoirs de fleurs.
SupprimerJ'ai cherché les mots pour parler de cette "diva" de la chanson espagnole. Faut dire que monopole 'du ridicule' des textes n'existait pas à l'époque plus qu'aujourd'hui. On trouvait le même genre au Portugal, en France et dans beaucoup de chansons anglaises.
RépondreSupprimerL'amour et sa désespérance a toujours alimenté paroliers et à toujours fait vendre et émue une classe sociale majoritairement pauvre que n'avait que la radio pour seule distraction.
Ceci dit il y avait tout de même une certaine vénération pour ces voix devenu mythiques et qu'on écoutait davantage que les textes qu'elles chantaient, juste parce que leurs voix étaient devenus tellement famillières qu'elles avaient le don de caresser l'âme du peuple.
Je garde de ma tendre enfance l'image des gens dans le quartier de mon enfance demander silence en criant "Silêncio, a Amália via cantar o fado" lorsque la radio passait une de ces chansons. Et cette religiosité a disparu. Et elle était belle. D'une beauté qui m'émeut encore. Quand j'y pense.
PS: Claro Colo que comprendo o espanhol. Beijinhos.
Tu as raison ArRi, suffit de voir l'engouement pour Julio Iglesias, non?
SupprimerOui, mon compagnon me dit que la vie s'arrêtait pour "regarder" la radio, et la voix de "la diva" m'émeut beaucoup bien que je ne sois pas née ici.
PS: otro besito para ti Ar...
Euterpe m'a proposé ton billet et ton choix musical pour la radio de l'été des blogueurs, je ne connaissait pas, je découvre et j'y trouve un esprit un peu désuet, c'est joli...
RépondreSupprimerJe l'ajoute donc au player de la radio http://lolobobo.fr/index.php?post/2012/07/08/01-des-blogueurs-dans-la-radio
Merci Lolobobo, j'irai voir cela dès que possible!
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