“LE
LECTEUR DE JULES VERNE” de Almudena Grandes. (Épisodes d'une
guerre interminable) Je crois que ce roman est traduit
en français, mais je ne possède que le volume en espagnol.
Nino,
9 ans et fils de garde civil, vit dans un village de la Sierra Sur de
Jaen; un garçon qui n'oubliera jamais l'été 1947, moment où il
fait une rencontre qui changera sa vie... Un roman dur et délicat à
la fois, passionnant aussi qui se déroule durant l'après-guerre
civile. Je vous le recommande vivement.
Voici
la première page du roman, elle me semble de toute beauté:
« Les
gens disent qu'en Andalousie il fait toujours beau, mais dans mon
village, en hiver, nous mourions de froid.
Avant
la neige, et par traîtrise, arrivait le gel. Quand les jours étaient
encore longs, quand le soleil de midi chauffait toujours et que nous
descendions jouer à la rivière, les après-midi, l'air soudain
s'aiguisait et devenait plus propre, et puis le vent, un vent si
cruel et délicat qu'on aurait dit qu'il était fait de cristal, un
cristal aérien et transparent qui descendait de la sierra en
sifflant, sans lever la poussière des rues. Alors, à la frontière
de n'importe quelle nuit d'octobre, de novembre avec un peu de
chance, le vent nous rattrapait avant de rentrer chez nous, et nous
savions que le « bon temps » était fini. (...)
Dans
mon village, l'hiver commençait quand le vent le voulait, quand il
lui prenait le caprice de nous poursuivre dans les rues et de nous
égratigner le visage de ses ongles de cristal comme s'il avait de
vieux comptes à régler avec nous, une dette qui ne se soldait pas
jusqu'à l'aube, car il continuait à vrombir sans repos de l'autre
côté des portes, des fenêtres fermées, pour cesser soudain, comme
empiffré de sa propre furie, à cette heure où même les
insomniaques dorment déjà.
Et
dans ce calme rusé et discret, malgré les livres et les
calendriers, et bien que ce n'était sur aucune affiche, la première
gelée tombait sur nous.
Après,
tout était hiver. » (…)
(Trad :
Colo)
Site en français :
http://www.books.fr/best-seller/la-guerre-sans-fin/qualification_id=9/
“EL
LECTOR DE JULIO VERNE” de Almudena Grandes es una novela que cuenta
la historia de un niño de 9 años, Nino, hijo de guardia civil, en
un pueblo de la sierra de Jaen. Un niño que jamás olvidará el
verano 1947 cuando hizo un encuentro que cambiará su vida... Una
novela dura y delicada a la vez, apasionante, que tiene lugar durante
la post- guerra civil.
La
novela empieza por una página que me pareció magistral:
“La
gente dice que en Andalucía siempre hace buen tiempo, pero en mi
pueblo, en invierno, nos moríamos de frío.
Antes
que la nieve, y a traición, llegaba el hielo. Cuando los días
todavía eran largos, cuando el sol del mediodía aún calentaba y
bajábamos al río a jugar por las tardes, el aire se afilaba de
pronto y se volvía más limpio, y luego el viento, un viento tan
cruel y delicado como si estuviera hecho de cristal, un cristal aéreo
y transparente que bajaba silbando de la sierra sin levantar el polvo
de las calles. Entonces, en la frontera de cualquier noche de
octubre, noviembre con suerte, el viento nos alcanzaba antes de
volver a casa, y sabíamos que lo bueno había acabado. (…)
En
mi pueblo, el invierno empezaba cuando quería el viento, cuando al
viento se le antojaba perseguirnos por las calles y arañarnos la
cara con sus uñas de cristal como si tuviera alguna vieja cuenta que
ajustar con nosotros, una deuda que no se saldaba hasta la madrugada,
porque seguía zumbando sin descanso al otro lado de las puertas, de
las ventanas cerradas, para cesar de repente, como empachado de su
propia furia, a esa hora en la que hasta los desvelados duermen ya. Y
en esa calma artera y sigilosa, a despecho de los libros y
calendarios, aunque no estuviera escrito en ningún cartel, la
primera helada caía sobre nosotros. Después, todo era invierno.”(...)
Os
recomiendo esta lectura, dura a la par que delicada.
Explicación de la
novela por la autora: http://www.almudenagrandes.com/
Foto: Fuensanta de Martos, pueblo de la novela / Village du roman
Foto: Fuensanta de Martos, pueblo de la novela / Village du roman
"Vents contraires", "Le coeur glacé", les titres d'Almudena Grandes que j'ai trouvés en traduction sur la Toile font écho à ce grand froid. Très beau début, merci pour la traduction. Le vent aux ongles de cristal, superbe ! Une romancière à découvrir, pour moi.
RépondreSupprimerInutile de te préciser qu'en Belgique, ce mois de mai peine vraiment à sortir de l'hiver - un temps plus propice à la lecture ou à l'écriture qu'au jardinage. Un baiser tout frais.
Les deux romans que tu cites sont excellents et Almudena Grandes est l'auteure préférée de ma fille, une bonne référence donc!!!
SupprimerFrisquet aussi ici aujourd'hui, je te renvoie un baiser de la même chaleur.
" vent de cristal " oui c'est très fort. Le vent n'en finit jamais de régler ses comptes. J'aime beaucoup ce texte. je cherche de suite une traduction française. Merci Colo.
RépondreSupprimerCe vent voyageur qui parfois même nous apporte du sable africain...
SupprimerS'il n'est pas encore traduit, cela ne saurait tarder (je dis moi)
Bonne après-midi à toi.
Hors sujet mais sans plus tarder :
RépondreSupprimerChère Colo
depuis quand votre blog a-t-il disparu de ceux que j'emporterai sur une île déserte ? ou plus précisément, pourquoi de cette liste, fut-il effacé par une de ces énigmes technico-brolesques qui me dépassent ?
comme un mécano maladroit d'une loco générale dépassée par le "progrès", j'ai réparé cet outrage aux choix qui me tiennent vraiment à coeur
Cher JEA, un coup du vent cruel? Allez savoir, mais je vous remercie d'avoir contrecarré ses plans diaboliques.
SupprimerA lire le commentaire de Tania, pas de traduction en français de ce roman. Me reste plus qu'à me mettre à l'espagnol!
RépondreSupprimerOh, à mon avis il sera traduit avant que tu ne saches assez d'español pour le lire!
SupprimerSinon, je m'y mettrai peu à peu, promis.
Tu doutes de mes capacités. Depuis hier, j'ai appris le mot curandero!!! Cela dit, à chaque nouveau billet ici, je lis la V.O. et la V.F.
SupprimerMais pas du tout La Bacanta! Je calculais en fonction du temps que j'ai mis, moi, à lire (avec plaisir) en español....ce qui ne veut rien dire of course.
SupprimerBon, vous avez congé dans le nord, mais nous on bosse ici, bye, bye.
Le livre existe, traduit en français dans "Le livre de poche". Je viens de découvrir le blog, d'où ma réponse quelque peu tardive. Lire le roman en espagnol nécessite une très bonne connaissance de la langue!
SupprimerBienvenu Patrick et merci de cette bonne nouvelle. Je vis en Espagne depuis plus de quarante ans et suis peu au courant des parutions en langue française.
SupprimerBelle page mais je me prends à frissonner...
RépondreSupprimer"Comme un visage en pleurs
Supprimerque les brises essuient,
L'air est plein du frisson
des choses qui s'enfuient." Baudelaire
À bientôt.
Merci, Colo, pour ces magnifiques vers Baudelairiens.
SupprimerLes saints de glace s'éternisant en ce milieu de mois de mai, ce texte aussi brillant (que de la glace) soit-il ne me réchauffe guère ! Brrr !
RépondreSupprimerTiens, en te lisant je me suis dit que j'ignorais qui étaient ces saints! Un lien intéressanthttp://www.web-libre.org/dossiers/saints-glace,7029.html
SupprimerÇa va passer ce froid, tu vas pouvoir repiquer tes légumes!
Para mi, ese sera el libro del verano, ya que de momento todavia tengo algunos libros en reserva, ese ya lo leyo mi hermana y me lo tiene reservado para el mes de julio, me gusto bastante Ines y la alegria y segun me dicen,este es mejor !
RépondreSupprimerNo sé si es mejor, es algo diferente Marie, ya que estamos aquí en la post-guerra, pero el tono histórico + romántico + aventura es el mismo.
Supprimer¡Ojalá te guste también!
Ce texte donne envie d'être lu. J'adore cette phrase "l'air soudain s'aiguisait et devenait plus propre"… quelle belle métaphore pour parler du froid.
RépondreSupprimerMon espagnol est souvent trop incertain mais pourquoi pas essayer de le lire dans cette belle langue qui est celle de mes ancêtres. Après tout, j'ai découvert l'œuvre d'octavio Paz de cette façon là (un dico à la main pour les mots sur lequels je butais mais à la fin le plaisir de lire en espagnol, langue aux sonorités poétiques s'il en est !)
En plus, un séjour à Grenade peut-être cet été ou l'autre été est en projet… Alors de petites révisions seraient à l'ordre du jour… ;)
Aucun doute alors, adelante, leelo en español!
SupprimerTrès imagée, cette langue apprise il y a fort longtemps, m'enchante encore et toujours.
Il est amusant de découvrir de plus en plus de blogueuses/blogueurs d'origine espagnole mais vivant en France ou ailleurs.
Bonne lecture et voyage...il fait trrrrrrès chaud en été à Granada, mais c'est si beau et intéressant.
Une très belle entrée en matière, pleine de poésie. Mais le livre ... "Le pire de la répression franquiste", lit-on sur le site en lien ! J'attendrai un peu.
RépondreSupprimerC'est un livre intemporel, à lire quand on veut bien sûr Lily.
SupprimerA. Grandes, dans une fresque de 6 volumes, le premier est "Inès et la joie", retrace fidèlement des épisodes de la guerre civile et du franquisme, rien de léger donc, mais y place des personnages fictifs qui aiment, vivent...et la lecture n'est en rien pesante, dure, mais comme une aventure.
Je te mets un autre lien qui t'en dira plus:
http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/22/1336525-toulouse-a-joue-un-role-crucial-pour-les-espagnols.html
J'aime beaucoup les écrits d'Almuneda Grandes même si parfois il est difficile d'entrer dans le récit qui souvent foisonne de personnages.
RépondreSupprimerLe coeur glacé m'avait marquée je n'ai pas encore lu Inès et la joie et je ne connaissais pas celui que tu nous présentes aujourd'hui.
Tu ne veux pas nous envoyer un peu de chaleur?
On gèle ici!
Bonne journée
Ah, aujourd’hui il y a juste 20º ici, pas de quoi vous réchauffer, mais le prochain billet fera un effort d'envoi plus chaleureux!
SupprimerExcellent weekend.
Comme Autour du Puits j'ai lu avec plaisir cet auteur, ce livre là n'est pas encore traduit mais je l'ai noté pour surveiller sa sortie car ton extrait et le sujet sont très tentant
RépondreSupprimerJe suis convaincue que tu aimeras celui-ci Dominique: j'ai vu que "Inès et la joie" est paru en français en mars de cette année, celui-ci devrait suivre.
SupprimerBon dimanche.
Chez nous le temps reste de cristal... belle page, merci pour ce plaisir !
RépondreSupprimerJe regarde les prévisions pour demain sur Bruxelles, 22º et orages...de jolis grêlons transparents?
SupprimerJe vais noter le nom de cette auteur(e) dans ma liste des prochains à lire... Je ferai une recherche dans notre "médiathèque" bibliothèque...
RépondreSupprimerBonne lecture LOU, j'espère que tu aimeras...
SupprimerIci le vent nous "fouette" le visage ou nous "pince".
RépondreSupprimerC'est loin d'être un vent aux "ongles de cristal" car où j'habite lorsque le froid "tombe" c'est un peu comme si on vous frottait avec du papier de verre.
Chaque goutte d'embrun qui pénètre au plus profond de vous , jusque sous vos habits, se transforme en microscopique glaçon dur comme de l'émeri.
Ici le vent ne vous écorche pas , il vous polit , il vous burine le corps entier, il vous fait ressembler à une écrevisse qu'on vient d'ébouillanter (c'est peut-être pour cela qu'on dit qu'il pince?)
J'espère que ce livre sera traduit en Français un jour . Comme Lou,il est noté dans ma liste d'ouvrages à ne pas rater .
Votre description du vent breton est si précise et imagée cher Gérard que j'ai l'impression de le ressentir!
SupprimerLe vent froid sec est en effet fort différent...mais ici, comme chez vous et comme sur toutes les îles, il est humide et pénètre impitoyablement dans nos chairs, nous laissant transis.
Sinon, oui je suis sûre qu'il sera traduit vu que le premier de la série l'a été.
Joyeux dimanche à vous.
J'ai quelquefois entendu dire lors d'hivers rigoureux et venteux "j'ai froid à mes os" , ce qui en dit beaucoup sur ce froid très pénétrant!
SupprimerBon dimanche à vous aussi Colo.
Oh ce vent, j'en ai eu froid rien qu'à le lire... Je le connais un peu moi-même....
RépondreSupprimerJ'imagine bien que tu le connais, toi la voyageuse....c'est l'idée, si erronée aussi, que dans les pays du sud il fait toujours chaud!!!
SupprimerBon dimanche.
Merci de ce partage et de nous offrir aussi une belle perspective de lecture !
RépondreSupprimerAvec plaisir K, à bientôt avec Octavio Paz ou/et d'autres.
SupprimerNueve meses de invierno tres meses de infierno?
RépondreSupprimerun très beau texte assurément.
Sí Maïté, eso es. Pero en medio de todos los horrores, desastres, hay momentos más soleados.
SupprimerVeo que tu mano te permite unas palabras, me alegro.
J'aime le vent qui balaie nos vies, nos villages comme une exigence de pureté, j'aime écouter ses histoires le soir quand la maison devient refuge ...
RépondreSupprimer« Quand nous rions, nous nous vidons et le vent passe en nous, remuant portes et fenêtres, introduisant en nous la nuit du vent. » Paul Éluard.
SupprimerElles sont si belles les histoires du vent, merci Marcelle.