Quel lien existait-il entre le poète mexicain Octavio Paz et le linguiste Roman Jakobson? J'ignore s'ils se connaissaient personnellement, mais ce qui est sûr c'est qu'à la mort du russe, le poète écrivit ce poème-hommage.
Un poème sur la poésie qui « sème des yeux sur les pages ».
¿Qué lazo existía entre el poeta mejicano Octavio Paz y el linguista Roman Jakobson ? Ignoro si se conocían personalmente, pero lo seguro es que, a la muerte del ruso, el poeta escribió ese poema-homenaje.
Un poema sobre la poesía que « siembra ojos en las páginas ».
Dire Faire Octavio Paz
Entre ce que je vois et dis,
Entre ce que je dis et tais,
Entre ce que je tais et rêve,
Entre ce que je rêve et oublie
La poésie.
Se glisse entre le oui et le non :
elle dit
ce que je tais,
elle rêve
ce que j'oublie.
Ce n'est pas un dire :
c'est un faire.
C'est un faire
qui est un dire.
La poésie se dit et s'entend :
elle est réelle.
Et à peine je dis
elle est réelle
qu'elle se dissipe.
Plus réelle ainsi ?
Idée palpable,
mot
impalpable :
la poésie
va et vient
entre ce qui est
et ce qui n'est pas.
Elle tisse des reflets
et les détisse.
La poésie
sème des yeux sur les pages.
Les yeux parlent
les mots regardent
les regards pensent.
Entendre
les pensées
voir ce que nous disons
toucher
le corps
de l'idée.
Les yeux
se ferment
Les mots s'ouvrent.
(Trad: Colo)
Decir, Hacer de Octavio Paz
A Roman Jakobson
Entre lo que veo y digo,
Entre lo que digo y callo,
Entre lo que callo y sueño,
Entre lo que sueño y olvido
La poesía.
Se desliza entre el sí y el no:
dice
lo que callo,
calla
lo que digo,
sueña
lo que olvido.
No es un decir:
es un hacer.
Es un hacer
que es un decir.
La poesía
se dice y se oye:
es real.
Y apenas digo
es real,
se disipa.
¿Así es más real?
Idea palpable,
palabra
impalpable:
la poesía
va y viene
entre lo que es
y lo que no es.
Teje reflejos
y los desteje.
La poesía
siembra ojos en las páginas
siembra palabras en los ojos.
Los ojos hablan
las palabras miran,
las miradas piensan.
Oír
los pensamientos,
ver
lo que decimos
tocar
el cuerpo
de la idea.
Los ojos
se cierran
Las palabras se abren.
Pour en savoir plus sur Octavio Paz et ses publications en français : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/02/almanach_potiqu_6.html
Image batik : http://tierradegenistas.blog.com.es/
O. Paz :
RépondreSupprimer- "Paroles qui sont fleurs qui sont fruits qui sont actes"...
"Ferme les yeux et écoute chanter la lumière
SupprimerLe midi niche en ton tympan
Ferme les yeux et ouvre-les:
Il n'y a personne, pas même toi
Ce qui n'est pierre est lumière" (extrait de "Pierre native" O. Paz)
En lisant ce poème on a la sensation de prendre son envol
RépondreSupprimermagnifique
Ah, tu as apprécié, je suis bien contente!
SupprimerCe poète, très sensuel, a côtoyé les surréalistes français mais ne peut être catalogué comme tel: il est lui, variant les styles. Je mettrai plusieurs de ses poèmes, tu verras.
Bonne journée Dominique.
Je vais rien dire car après cela, tout est lourd... merci Colo, c'est beau comme un poème ;-)
RépondreSupprimerMerci légère amie! Les non-dits sont bienvenus bien sûr. Un beso.
SupprimerD'une simplicité magique !
RépondreSupprimerPlus je le relis, plus je pense que tout est dit...et pourtant il y a un autre poème de lui, fort différent, qui s'intitule "La poésie".
SupprimerPendant longtemps O. Paz a été ambassadeur du Mexique en Inde; qui sait exactement l'influence que cette culture a eue sur lui et sa poésie.
Comme je le disais à Dominique, je traduirai encore quelques poèmes de lui.
Bon weekend, je t'embrasse
poésie, mots délicats, fleurs-ouvertes, silence ...
RépondreSupprimer"Des mots ? Oui, d'un air,
Supprimeret dans l'air perdus.
Permets-moi de me perdre entre les mots,
permets-moi d'être l'air sur des lèvres,
un souffle vagabond sans contours
que l'air dissipe.
et aussi la lumière qui se perd elle-même." (Destin du poète O.Paz)
Que tout cela est beau Sable! Merci et bonne journée.
Merci pour la traduction, Colo ! Un bien beau poème.
RépondreSupprimerC'est un vrai plaisir de traduire certains poèmes qui m'emportent d'un bout à l'autre, comme portée par un souffle.
SupprimerBon weekend Danièle
Octavio Paz, EL ARCO Y LA LIRA:
RépondreSupprimer«Hay máquinas de rimar pero no de poetizar.
Por otra parte, hay poesía sin poemas;
paisajes, personas y hechos suelen ser poéticos:
son poesía sin ser poemas.»
Joyeux carnaval, Colo.
Sí, Hélder, esas máquinas de rimar que se llaman "rimailleurs" en francés....preferir la segunda parte, sin palabras. O.Paz ha escrito muchas reflexiones teóricas sobre la poesía (de allí su interés por los trabajos de Jakobson quizás).
SupprimerEn "El ritmo" había subrayado esto:"Las palabras se conducen como seres caprichosos y autónomos. Siempre dicen "esto y lo otro" y, al mismo tiempo, "aquello y lo de más allá". El pensamiento no se resigna; forzado a usarlas, una y otra vez pretende reducirlas a sus propias leyes; y una y otra vez el lenguaje se rebela y rompe los diques de la sintaxis y del diccionario. Léxicos y gramáticas son obras condenadas a no terminarse nunca. El idioma está siempre en movimiento, aunque el hombre, por ocupar el centro del remolino, pocas veces se da cuenta de este incesante cambiar."
Pour le Carnaval je suis cloîtrée chez moi, déguisée en malade et infirmière à la fois.
Que ne suis-je une lyre....
Amusez-vous bien, et merci.
merci Colo
RépondreSupprimer"la poésie
RépondreSupprimerva et vient
entre ce qui est
et ce qui n'est pas.
Elle tisse des reflets
et les détisse."
J'aime beaucoup ce passage. Et puis on y retrouve les reflets et les transparences, tout ce monde de ce qui n'est et n'est pas, plus vrai que le vrai.
Merci Euterpe, tisser et détisser des reflets est vraiment très beau en effet.
SupprimerBon weekend.
Comment dire comme c'est beau ? ... non se taire
RépondreSupprimerChuuut, je te laisse donc.
SupprimerUn beso.
" S'il peut y avoir une analogie de la poésie avec la grâce, c'est que la poésie est une grâce."
RépondreSupprimerFrère Gilles
Magnifique poème merci pour cette découverte
Bonne fin de semaine
La grâce...oui, ce doit être ça!
Supprimermerci Autourdupuits,
Bon weekend à toi aussi.
Bonsoir Colo
RépondreSupprimerje connaissais ce poème d'Octavio Paz mais je ne me souvenais pas qu'il l'avait écrit pour Roman Jakobson.
Merci Colo. quel plaisir de relire ces mots quand on sait tout le mal que nous avons à tenter de définir la poésie.
Hola Maïté,
Supprimeressayer de "toucher le corps de l'idée" en voguant entre et entre, écrit-il.
La poésie est trop peu lue, tu ne trouves pas?
Joyeux dimanche, soleil ici ce matin.
Je trouve en effet que la poésie n'est pas assez présente et pendant longtemps j'ai travaillé à la faire connaître.
RépondreSupprimerPour ma part, je ne peux pas m'en passer.
Le we a été printanier, l'occasion de faire le tour des plantes pour voir celles qui n'ont pas résisté aux températures très basses.
Ici aussi Maïté le bilan des feuilles brûlées par le froid est fort triste. Le plumbago, le bougainvillier... ont triste mine.
SupprimerNous poursuivrons avec Octavio Paz cette semaine, ¡viva la poesía!
"toucher le corps de l'idée" : en voilà une belle définition !!!
RépondreSupprimer:)
C'est étrange K.role, mais je savais que si tu lisais ce poème, c'était exactement les mots que tu allais relever, comme écrits, pensés pour toi.
SupprimerEt voilà.
Je t'embrasse.
J'ai savouré les trois poèmes et me pose ici.
RépondreSupprimerParce que soudain Jakobson m'a rappelé mes études à l'université...
Merci pour ces moments de pur bonheur.
Bonsoir Lali, oui, Jakobson pour moi aussi ce sont les années d'université...je n'ai plus jamais rien lu de lui depuis!
SupprimerRavie que tu aies aimé autant que moi, bien amicalement.