C'est le titre du dernier roman d'Elvira Lindo. Du moins je le suppose, car, à ma connaissance, il n’est pas encore traduit en français.
Je ne vais donc pas vous raconter toute l'histoire, mais vous situer les courts passages que j'ai traduits.
Une jeune femme, Antonia, vit à Madrid où elle élève seule son fils de quatre ans. Loin de son village natal. Les temps changent vite en cette période post- franquiste et ce beau et profond roman alterne souvenirs et portraits - dont certains, superbes, des femmes qui ont entouré son enfance, – et sa vie «en ville» avec son fils, son complice.
Le fil conducteur, du moins l’un d’eux, celui qui m’a le plus frappée, est le thème de la loyauté envers nos propres désirs.
Es el título de la última novela de Elvira Lindo.
Encontraréis aquí una reseña por Juan Cruz mil veces mejor que cualquier cosa que yo pueda escribir.
Os copio aquí unos párrafos que expresan lo que me pareció ser el hilo conductor, o uno de ellos, de la novela: la lealtad a nuestros propios deseos.
“Il y a toujours un moment où tout aurait pu être évité, pense-t-on après. Surtout ce qu'on a commencé sans beaucoup de conviction, plus pour des motifs fantaisistes que pour ce qu'on avait vraiment là, devant nos yeux. Mais qui veut voir ce qui est devant ses yeux, qui est disposé à admettre qu'en réalité aucune connexion n'est possible. (…)
La jeunesse, si encline à la témérité, devient soudain conservatrice et renonce à ses rêves, se conforme au premier amour qu’elle a connu. Peut-être est-ce là la façon la plus tordue d'être téméraire.
Combien on parle et on écrit sur ces couples où les conjoints sont ancrés au malheur durant toute une vie, et combien peu de tous ces couples jeunes qui, sans plus de liens qu'une fidélité mal comprise, se livrent docilement à l'ennui de samedis et dimanches interminables.(...)
...Et au milieu se trouvent les amis qui, à cet âge où tu ne connais d'autre morale que celle dictée par tes pairs, se transforment en gardiens d'un malheur de façon plus implacable que ne le fera plus tard la famille même. (..)
Qu’il était et est difficile de trahir le groupe et qu'il est facile d'être déloyal envers soi-même. La déloyauté à soi-même ne se remarque généralement pas dans le présent, elle se camoufle en mal- être; en anxiété diffuse, car ces sensations sont bien plus aisées à supporter. Moi je n'ai jamais fini d'identifier ce qui n'était rien de plus qu'une trahison à mes désirs.»
Trad : Colo
“Siempre hay un momento en el que todo podía haberse evitado, se piensa luego. Sobre todo en aquello que se comenzó sin mucho convencimiento, más por motivos fantasiosos que por lo que se tenía de verdad delante de los ojos. Pero quién quiere ver lo que está delante de los ojos, quién está dispuesto a admitir que en realidad no hay posible conexión. (…)
La juventud, tan proclive a la temeridad, de pronto se vuelve conservadora y renuncia a sus sueños, se conforma con el primer amor que ha conocido. A lo mejor sea ésa la manera más retorcida de ser temerario.
Cuánto se habla y se escribe sobre esos matrimonios en los que los cónyuges están aferrados a la infelicidad durante todo una vida, y qué poco de todas esas parejas jóvenes que, sin mayores lazos que una fidelidad mal entendida, se entregan dócilmente al aburrimiento de unos sábados y unos domingos larguísimos, (…)
...Y por medio andan los amigos que, en esa edad en la que no entiendes nada más moral que la que te dictan tus iguales, se convierten en guardianes de una infelicidad de manera más implacable que la que en un futuro ejercerá la propia familia.. (…)
Qué difícil era y es traicionar al grupo y qué fácil ser desleal con uno mismo. La deslealtad a uno mismo no se suele advertir en el presente, se camufla de malestar; de ansiedad difusa, porque éstas son sensaciones mucho más fáciles de sobrellevar. Yo nunca acabé de identificar aquello que no era más que una traición a mis deseos.”
Lo que me queda por vivir, Elvira Lindo, Ed:Seix Barral p50-51.
Un livre qui soulève un thème très intéressant, comment rester fidèle à soi-même, à ses rêves tout en concilliant la vie de famille, le quotidien ?
RépondreSupprimerBonsoir Marcelle. Le thème est traité sous plusieurs angles différents, selon les personnes dont elle parle, en plus d'elle-même bien sûr.
SupprimerÀ suivre....
Oh comme voilà un texte qui me parle ! J'ai moi-même mis longtemps à cesser de céder au mal être pour suivre mes désirs. Pourvu que ce livre soit traduit ! Merci beaucoup pour cette exclusivité.
RépondreSupprimerJ'ignore pourquoi certains livres mettent un temps fou à être traduits, et parfois ne le sont pas du tout, en français. Je me disais que peut-être en allemand, qui sait? Il y a énormément d'allemands qui apprennent et parlent l'espagnol. Ça vaudrait la peine que tu regardes, non?
SupprimerBonne soirée.
"(...) Le fil conducteur, du moins l’un d’eux, celui qui m’a le plus frappée, est le thème de la loyauté envers nos propres désirs.(...)"
RépondreSupprimer"(...) <<Qu’il était et est difficile de trahir le groupe et qu'il est facile d'être déloyal envers soi-même. La déloyauté à soi-même ne se remarque généralement pas dans le présent, elle se camoufle en mal- être; en anxiété diffuse, car ces sensations sont bien plus aisées à supporter. Moi je n'ai jamais fini d'identifier ce qui n'était rien de plus qu'une trahison à mes désirs.»"
Merci à Colo.
K.
Bonsoir Karol.
SupprimerJe vois que vous comprenez fort bien le français!
Trahir ses désirs quand on est jeune est bien le sujet; la protagoniste a 26 ans. Ce livre est un peu la chronique de comment dominer la déloyauté. Vaste sujet.
Merci de votre visite.
"(...) Vaste sujet. (...)
SupprimerOui, Colo, vous avez raison.
K.
Ah! Soupir/suspiro
RépondreSupprimern'est-ce pas ce que je pourrais pudiquement appeler le principe de réalité?
Ah, Maïté, nous avons déjà parlé, il y a peu, des soupirs...on en ajoute un alors-:))
SupprimerLa réalité des rêves à accomplir pour ne pas se trahir...avec l'âge les compromis s'accumulent et ont sans doute (?) moins d'importance, mais à 20 ans?
Te deseo felices sueños, que pases una buena semana.
Vaste thème pour quelqu'un qui n'a toujours pas terminé de définir ce que désir veut dire !
RépondreSupprimerEn 68 , j'avais 20 ans , on écrivait déjà sur les murs "prenez vos désirs pour des réalités". Malheureusement je pense qu'on ne comprend que beaucoup plus tard tout ce que cela veut dire ..et encore ! La vie nous fait souvent des croche-pieds et nous oblige à changer de cap .
Peut-être qu'à 90 ans je saurai ? Peu importe après tout ,l'important c'est de garder espoir , ça empêche de vieillir !
Vous avez raison Gérard, et n'est-il pas souvent plus aisé de savoir ce qu'on ne désire pas?
SupprimerCeci pour vous: "Les désirs de notre vie forment une chaîne dont les maillons sont les espoirs" Sénèque.
Belle journée "jeune homme"!
Il neige à nouveau ici ce matin, notre village sera sans doute à nouveau bloqué: rêve des enfants.
Merci Colo pour le "jeune homme" . C'est vrai qu'on est toujours le jeune de quelqu'un ! Un de mes désirs serait d'ailleurs d'écrire comme Sénèque mais ce qui me rassure c'est que je n'y arriverai jamais !
SupprimerIci , en Bretagne pas de neige mais pour nous -6°C c'est déjà la Sibérie! Voyez comme tout est relatif ! Je rêve déjà à nos petits crachins printaniers .o:)
Bonne journée Colo
Tu nous fais profiter en avant première d'un roman dont j'espère qu'il sera traduit, j'ai vérifié et effectivement il ne l'est pas pour le moment mais je note malgré tout le nom de cette écrivain
RépondreSupprimerj'aime beaucoup ce thème , témérité de la jeunesse, loyauté envers soi-même et fidélité à ses désirs ....il ne reste plus qu'à faire un appel aux éditeurs :-)
je profite de ton billet pour faire connaissance avec les haïkus de Karol , mon polonais est assez précaire mais il a l'immense gentillesse de traduire en français
Bonjour Dominique, le roman est aussi composé d'anecdotes, truffé de détails quotidiens brillamment narrés.
SupprimerJ'ai regardé et n'ai pas trouvé de traduction française de son roman précédent (2005), le titre en espagnol est: "Una palabra tuya", qui serait sans doute "Un mot de toi". IL y en a eu d'autres avant.
Très heureuse moi aussi d'avoir un "haïkuiste" polonais ici, c'est magique tu ne trouves pas?
Belle journée amiga.
Merci Colo de nous avoir présenté ce livre.
RépondreSupprimerJe note.
Toi qui connais bien le pays, ses habitants et son histoire, je pense que ce roman te plaira, "te parlera" énormément.
SupprimerAmicalement.
"Ce qu'il me reste à vivre", ce titre me trotte en tête : j'ai d'abord pensé à l'inconnu, le temps qu'il reste, et puis j'ai vu ce "à vivre" comme un programme, bref il vole en tous sens dans mon esprit comme ces rares oiseaux que je vois tournoyer dans le ciel glacé ce matin, ceux qui traversent ta page bleue.
RépondreSupprimer"Car la jeunesse sait ce qu'elle ne veut pas avant de savoir ce qu'elle veut", écrit Cocteau, dont l'Antigone veut l'absolu de ses désirs et de la loyauté.
Bonne journée, amie.
Vole, vole, esprit!
SupprimerTitre à double sens, tu as raison, quand on a la vingtaine c'est plutôt le programme je crois.
Tu as remarqué donc ce mini changement de look du blog: les oiseaux. La page blanche est plus large aussi, les en-tête plus colorés...presqu'imperceptible, mais tu es une fine mouche Tania.
Belle journée à toi aussi, selon tes désirs, bien entendu!
Le titre comme tu le traduis m'intrigue...
RépondreSupprimerAttendons la traduction et merci à toi pour cette jolie critique!
Bonjour Kenza, "ma" traduction du titre est littérale, mais parfois, comme pour les films, il y a des suprises!
SupprimerBonne fin de journée.
ce qu'il reste à vivre ? finie la tragédie des petites vies passées à ne pas oser ...
RépondreSupprimerIl reste à vivre des tonnes d'audaces alors!
SupprimerJe t'embrasse Sable.
Comme Dominique je vais patienter ,car moi non plus je n'ai pas remarqué qu'il ait été traduit.
RépondreSupprimerElvira Lindo "la maman" du petit Manolito,ces histoires que je lisais à mes fils!
Quels souvenirs,le Binoclar,le Béta,Carabanchel.....
C'était le Petit Nicolas madrilène!!!
Merci Colo tu m'as rajeunie de .....
Un certain nombre d'années!!!!
Bonne journée
Oh, oui bien sûr, Manolito gafotas. Tu sais qu'en en a fait un film et une série pour la télé. Sur Youtube j'ai ainsi revu quelques épisodes, super!
Supprimeren voici un: http://www.youtube.com/watch?v=pH7NocxK324
Joyeux souvenirs Autourdupuits!
Connais-tu par hasard la version latine de ta citation de Sénèque à Gérard ? En fait, je l'ai cherchée sur le web mais je ne l'ai pas trouvée.
RépondreSupprimerOh, Euterpe, c'est une colle :-))...non, je l'ai traduite d'un livre en espagnol et j'ai trop oublié le latin pour m'y aventurer.
SupprimerMais voyons si quelqu'un qui passerait par ici peut t'aider. Help!
Rester fidèle a soi-même ça veut dire quoi exactement ?...
RépondreSupprimerCela voudra dire que nous parcourons une existence sans que nos pensés et notre façon de voir tout ce que nous entourage ne change.
La fidélité en tant que chose global. Suis-je fidèle?... A vrai dire je ne sais rien de tout. Mais le sujet me passionne.
Bonjour Armando et merci pour ces questions à toi-même; questions que nous nous posons tous, parfois....ou souvent, qui sait?
SupprimerMerci pour cette veine de lecture.
RépondreSupprimerFaudra absolument que je mette à l'espagnol, c'est dans mes projets immédiats car je compte, si tout va bien, aller au Pérou...Tu as une bonne méthode ? (je parle couramment l'italien et l'anglais, mais au Pérou !)
Belle idée le Pérou, tu as raison, on n'y parle pas l'italien!
SupprimerJ'ai bien sûr mes méthodes :-)) je suis prof et donne, entre autres, des cours d'español aux étrangers de l'île.
Comme ton adresse-mail est sur ton blog, je t'écris ce soir.
Oh ciel Colo, tu sais combien tu touches ici mon propre cheval de bataille, ma marotte, ma récrimination, mon combat... Que c'est bien dit! Trop bien, ça fait presque mal. Mais ça doit être dit...
RépondreSupprimerOui, je sais Edmée, je te lis depuis longtemps, et parfois tu te racontes.
SupprimerJe sais donc aussi que tu t'en es fort bien sortie...autres temps ceux d'antan.
Bon weekend surtout!
Identifier ce qui peut être une trahison à ses propres désirs. Un thème peu commun mais combien intéressant !
RépondreSupprimerDanièle, il y a en effet ces moments charnière dans la vie où tout aurait pu être "évité" dit-elle, moi je dirais plutôt basculé.
SupprimerFort intéressant, oh oui!
Belle journée à toi.
Uy ! tengo que pedirselo a mi hermana antes de que regrese de España porque no sé si voy a tener mucho tiempo para frecuentar las librería la semana que estaré por Barcelona...
RépondreSupprimerHola Marie, ¿vas a dar una vuelta por Barcelona? Qué bien. Una ciudad que siempre seduce.
SupprimerEspero que te "hable" esta novela; al principio me costó un poco ver adonde iba el relato, pero luego no lo pude soltar.
Qué pases un buen día, un abrazo.