Lahna yegleb laghna
La quiétude l'emporte sur la richesse
La quietud prevalece sobre la riqueza.
Ferhat Leila. Message de paix
Voisine de la Tunisie, l’Algérie ; le chemin est court mais grandes les différences. Je vous propose aujourd’hui de découvrir une femme de grand talent.
Vecina de Túnez, Argelia; el camino es corto pero grandes son las diferencias.Os propongo descubrir una mujer de gran talento.
Anna Greki (1931-1966) est une des premières poétesses algériennes. Connue pour son engagement politique elle parle souvent de son attachement à sa terre natale. Elle aimait dire : « Je suis vêtue de peau fraternelle ».
(Pour bien comprendre le poème que j’ai choisi vous devez savoir que El Djezaïr=Alger et voudrait dire les îles, îlots. Si l’étymologie du nom Alger vous intéresse, lisez ici.Quant au dernier vers, un peu surréaliste je trouve, il fait référence à la compagnie de transports maritimes).
Anna Greki (1931-1966) es una de las primeras poetisas argelinas. Conocida por su compromiso político habla a menudo de su amor por su tierra natal.Solía decir: « Voy vestida de piel fraternal ».
(Para entender el poema que elegí hay que saber que El Djezaïr = Argel y significaría islas o islotes.En cuanto al último verso, un poco surrealista, hace referencia a la compañía de trasportes marítimos).
Manâa
J'habite une ville si candide
Qu'on l'appelle Alger la Blanche
Ses maisons chaulées sont suspendues
En cascade en pain de sucre
En coquilles d'oeufs brisés
En lait de lumière solaire
En éblouissante lessive passée au bleu
En plein milieu
De tout le bleu
D'une pomme bleue
Je tourne sur moi-même
Et je bats ce sucre bleu du ciel
Et je bats cette neige bleue du ciel
Bâtie sur des îles battues qui furent mille
Ville audacieuse Ville démarrée
Ville au large rapide à l'aventure
On l'appelle El Djezaïr
Comme un navire
De la compagnie Charles le Borgne.
Manâa
Vivo en una ciudad tan cándida
Que la llaman Argel La Blanca
Sus casas encaladas están suspendidas
En cascadas de pan de azúcar
De cáscaras de huevos estrellados
De leche de luz solar
De deslumbrantes coladas pasadas por azul
En medio
De todo el azul
De una manzana azul
Giro sobre mi misma
Y bato este azúcar azul del cielo
Y bato esta nieve azul del cielo
Erigida en unas islas batidas que fueron mil
Ciudad atrevida Ciudad arrancada
Ciudad de alta mar abierta a la aventura
La llaman El Djezaïr
Como un barco
De la compañía Carlos el Tuerto. (Trad. Colo)
Après arrestation et internement, expulsée de son propre pays par des Français en uniforme...
RépondreSupprimerUne femme poète mais aussi actrice des convulsions d'une fin de colonianisme.
JEA, merci pour ces précisions...vous avez malheureusement raison. Que dire?
RépondreSupprimerBien décidée à faire tout le voyage avec toi, je sais que je vais aller de découverte en découverte, femme poète pour l'Algérie une façon de commencer qui annonce bien la couleur
RépondreSupprimerJ'ai vu hier en librairie la parution d'une anthologie de poésie méditerranéenne je pense que je ne vais pas résister très longtemps
-Dominique, c'est l'anthologie que mentionne le blog http://guesswhoandwhere.typepad.fr/carnets_de_poesie/ que tu m'avais signalé, non?
RépondreSupprimerÇa a l'air magnifique, en effet. Je vais laisser un mot à son auteur.
Dans quelques jours un autre poème algérien, féminin...tant de découvertes à faire. ET tant d'artistes aussi...
« Tous les matins, à l’heure où le soleil se levait, je venais m’asseoir sous le porche de la "zaouïa" Sidi Abd er Rahman, à Alger. »
RépondreSupprimerIsabelle Eberhardt
http://periodiccircumspection.blogspot.com/2009/02/isabelle-eberhardt-nasceu-ha-cento-e.html
Salut, Colo.
Bon week-end.
Merci Hélder pour ces amours nomades. A lire et voir bien sûr!
RépondreSupprimerBon weekend; il neige fort ici, inhabituel et fort jolis les palmiers enneigés.
Quel beau dicton ! En lisant les vers magnifiques d'Anna Greki, j'ai repensé à la Maison devant le Monde de Camus :
RépondreSupprimer"Tout entière ouverte sur le paysage, elle était comme une nacelle suspendue dans le ciel éclatant au-dessus de la danse colorée du monde. Depuis la baie à la courbe parfaite tout en bas, une sorte d’élan brassait les herbes et le soleil, et portant les pins et les cyprès, les oliviers poussiéreux et les eucalyptus jusqu’au pied de la maison. Au cœur de cette offrande fleurissaient suivant les saisons, des églantines blanches et des mimosas, ou ce chèvrefeuille qui des murs de la maison laissait monter ses parfums dans les soirs d’été. Linges blancs et toits rouges, sourires de la mer sous le ciel épinglé sans un pli d’un bout à l’autre de l’horizon, la Maison devant le Monde braquait ses larges baies sur cette foire des couleurs et des lumières. Mais, au loin, une ligne de hautes montagnes violettes rejoignait la baie par sa pente extrême et contenait cette ivresse dans son destin lointain. Alors, personne ne se plaignait du chemin raide et de la fatigue. On avait chaque jour à conquérir sa joie." (La mort heureuse)
Bonne journée sous tes palmiers blanchis.
-Tania. Oh, merci, merci. Sais-tu que les mimosas sont en fleur ici? Que les jasmins attendant patiemment leur tour...patience, mot clé pour conquérir la joie, non?
RépondreSupprimerJe t'embrasse fort.
J'ai tenté de mettre un com avec mon nom, mais pas moyen. Je le fais donc anonyme (mais je suis Edmée....)
RépondreSupprimerMerci pour ce poème franchement touchant par son cri passionné pour Alger
Même anonyme je te reconnaîtrais Edmée!
RépondreSupprimerUn poème fort, très visuel, très tactile aussi par ses lessives et blancs nuages battus en neige...A très bientôt.
Oui, on voit la ville et après ce passage de Camus rien à ajouter ! ("battre le sucre bleu du ciel", j'adore;-)
RépondreSupprimerEt à Alger, on sent aussi le jasmin. Une des fleurs les plus poétiques.
RépondreSupprimerTrès beau poème. Femme lumière : Faire corps avec sa ville pour vivre à son rythme du coeur. Belle journée Colo !
RépondreSupprimer**MH, oui, ces deux vers où l'on bat les couleurs m'avaient également séduite!
RépondreSupprimer**Damien, ce n'est bien sûr pas par hasard que nous sommes à Alger ces jours-ci..., mais je lis et entends des nouvelles assez sombres. Pourvu que les jasmins soient les plus forts!
**Lautreje, contente que l'apprécies autant que moi. Bon dimanche!
Et voilà une femme qui va atterrir dans ma liste des commémorations 2011 (80e anniversaire). Merci Colo! ET très beau choix d'illustration mais, entre nous, toute cette lumière me fait mal parce qu'ici il fait tellement sombre maintenant...
RépondreSupprimerUne explosion de couleurs et de beauté!
RépondreSupprimerC'est magnifique, quel talent...
Marcelle
"[....]Por otro lado, existen en la obra textos que presentan un claro interés
RépondreSupprimerestratégico. La descripción de las murallas y fuerzas de defensa tiene
metas militares: el autor apela a la invasión del reino de Argel. Queda
patente que es hombre de guerra. También resulta evidente, de por la
construcción del texto muy moderna, que se trata de un literato, de
gran talento por la vida y la autenticidad de sus escenas. Sólo un
hombre en España reúne estos atributos, y encima este hombre fue
retenido preso cinco años en Argel. Se trata de Miguel de Cervantes.
En fin, quiero evocar otro misterio, este sin catalogar pero quizás más
turbante aún. El ejemplar que consulté ha sido anotado por una mano
no católica. La persona que nombro lector anónimo emplea la “lengua
franca”, esa mezcla de castellano, francés, italiano, portugués que
usaban los piratas de Argel para comunicarse con los cristianos.
Desde la contra-portada, el lector anónimo alaba la obra, tachándola
de “excepcional”, aunque mal adelante se indigna: “...Y no dizen y
hazen lo mismo, y peor aún, vosotros los católicos?” ."http://www.scribd.com/doc/8958960/Historia-General-de-Argel
**Euterpe, je t'avais en tête en choisissant cette dame...Quant au bleu, hum, les blogs servent à partager, non? Belle semaine.
RépondreSupprimer**Marcelle, une grande sensibilité oui. Merci de votre passage.
**Alex, muchas gracias "el manco de Lepanto" (le manchot de Lépante)...una de piratas...perfecto!
J'ai fait une petite recherche sur Anna. Selon un site le thème de l'exil est dans ses poèmes. Ce navire, qu'il fait là ? Les trois dernières lignes sont un mystère... Quand j'ai vu quelques photos d'Alger j'ai tout de suite compris le reste. Bonne semaine Colo.
RépondreSupprimer*Go, oui ce bateau est un mystère opaque....c'est pourquoi je parlais de surréalisme!!! Je ne suis jamais allée à Alger, ni presque nulle part d'ailleurs, mais mon imagination vole facilement.
RépondreSupprimerAmicalement.