García Lorca avait observé que, contrairement aux berceuses européennes qui sont douces et tendres, les « chansons de berceau » espagnoles, du nord au sud (excepté au Pays Basque) étaient tristes :
Gracía Lorca había observado que al contrario que las nanas europeas, que son dulces y tiernas, las canciones de cuna españolas, del norte al sur (excepto en el País Vasco), eran tristes:
“Il y a quelques années, me promenant dans les alentours de Granada, j’entendis chanter une femme du village qui endormait son enfant. J’avais toujours remarqué la tristesse aiguë des berceuses de notre pays ; mais jamais je n’avais ressenti cette vérité si concrète comme ce jour-là. En m’approchant de la chanteuse pour noter la chanson j’ai observé que c’était une belle andalouse, gaie et sans le moindre tic de mélancolie ; mais une tradition vive travaillait en elle et elle exécutait fidèlement l’ordre, comme si elle écoutait les vieilles voix impérieuses qui glissaient dans son sang. Depuis lors j’ai essayé de recueillir des berceuses de partout en Espagne ; j’ai voulu savoir comment les femmes de mon pays endormaient leurs enfants, et après un temps j’ai eu l’impression que l’Espagne emploie ses mélodies pour imprégner le premier sommeil de ses enfants. »
"Hace unos años, paseando por las inmediaciones de Granada, oí cantar a una mujer del pueblo mientras dormía a su niño. Siempre había notado la aguda tristeza de las canciones de cuna de nuestro país; pero nunca como entonces sentí esta verdad tan concreta. Al acercarme a la cantora para anotar la canción observé que era una andaluza guapa, alegre sin el menor tic de melancolía; pero una tradición viva obraba en ella y ejecutaba el mandado fielmente, como si escuchara las viejas voces imperiosas que patinaban por su sangre. Desde entonces he procurado recoger canciones de cuna de todos los sitios de España; quise saber de qué modo dormían a sus hijos las mujeres de mi país, y al cabo de un tiempo recibí la impresión de que España usa sus melodías para teñir el primer sueño de sus niños"
Federico García Lorca -Conferencias
Las nanas infantiles Año 1930.
Las nanas infantiles Año 1930.
Avec Lorca au piano! En voici les paroles. "Galapaguito" que j'ai traduit par "petite tortue" est
ici, un terme affectueux.
Berceuse de Séville (F.G. Lorca)
n’a pas de mère ;
l’a enfanté une gitane,
l’a jeté à la rue.
N’a pas de mère, oui,
n’a pas de mère, non ;
n’a pas de mère,
l’a jeté à la rue.
Ce petit enfant
n’a pas de berceau ;
son père est menuisier
et lui en fera un.
Nana de Sevilla (F.G. Lorca)
no tiene mare;
lo parió una gitana,
lo echó a la calle.
No tiene mare, sí,
no tiene mare, no;
no tiene mare,
lo echó a la calle.
Este niño chiquito
no tiene cuna;
su padre es carpinteroy le hará una.
Les mélodies entendues enfant qui imprègnent le premier sommeil, j'aime bien cette idée, c'est fréquent de lire dans les souvenirs ou autobiographie la référence aux berceuses entendues et toujours s'y fait sentir l'amour de la mère et les enfants même grands s'en souviennent
RépondreSupprimerBonjour Colo, je viens d'écouter une émission de la danse des mots. A la fin de l'émission des enfants ont chanté une chanson en occitan d'un gamin qui a perdu son meilleur ami dans le forêt. J'ai été frappé par ce mélange de cruauté, de tendresse et d'innocence. Merci pour la berceuse.
RépondreSupprimerMerci Colo... beaucoup d'émotion à "entendre" Lorca...
RépondreSupprimerLa berceuse de Séville est autrement plus intéressante que les berceuses sirupeuses et bêtifiantes que nous entendons tout le temps?.
La poésie dès le berceau, c'est une bonne idée...
-Dominique, on ne les oublie jamais c'est sûr, et c'est dans sa langue d'enfance qu'on les chante aux siens, moi en tout cas, même si j'en connais en espagnol.
RépondreSupprimer-Alors là tu me laisses sans voix GO. Penser que de Washington tu écoutes une émission sur l'enseignement de la langue d'Oc, c'est incroyable! J'ai écouté les 26.31min. avec beaucoup d'intérêt; je comprends pas mal de mots, ça ressemble au catalan...majorquin donc aussi. Perdre son ami tout petit dans un bois, oui, tu as raison, c'est tout ça.
A bientôt amic meu.
-Sable, très intéressante, en effet, comme celle-ci qui se chante d'une voix suave:
"Dors enfant
dors maintenant
viendra le "coco" (le malin, le méchant)
il te mangera"
Même pas peur, ils s'endorment!
Tu as répondu (à Dominique) à la question que je me posais : dans quelle langue berçais-tu tes enfants?
RépondreSupprimerMerci pour la berceuse et pour la traduction, je l'ai écoutée en suivant du regard le mouvement de cette jeune mère penchée sur son bébé, dans son grand châle de tendresse.
Tu es une merveilleuse dénicheuse de textes et d'émotions. Je t'embrasse.
"Dodo l'enfant doo" ou "à la claire fontaine" étaient mes chants préférés pour bercer mes petits.
RépondreSupprimerIl me semble qu'une bonne berceuse est toujours mélancolique. Un chant gai et tonique n'endort pas l'enfant.
"Galapaguito" est une chanson charmante (il aura son berceau;-) et comme Tania je trouve ce châle du tableau merveilleux.
Merci pour la traduction.
-Merci Tania; c'est bien joli "un châle de tendresse"! Un beso.
RépondreSupprimer-MH, tu as raison, on imagine difficilement endormir bébé avec "une valse à mille temps"!
Je te souhaite, après toutes ces pluies, un lundi au soleil.
Que de belles surprises en passant chez toi. Toile et voix superbes et porteuses de tendresse et de mélancolie, et... Lorca au piano: des trésors, merci Colo.
RépondreSupprimerMa belle fille emploie cette methode n'importe ou et chez n'importe qui lorsque mes petites filles sont nerveuses,contrariees. Elle chante et les filles, apres un certain temps, chantent avec elle et se calment. Je trouve cela genial.
RépondreSupprimerGros bisous Colo de Nadina
Quel beau sujet!
RépondreSupprimerJe n'ai pas d'enfant, mais j'ai beaucoup chanté pour un chat malade, et 7 ans plus tard, elle réagit encore à la mélodie, elle sait que c'est pour "elle" et est heureuse.
J'ai beaucoup chanté avec ma mère, ça nous unissait.
-C'est avec plaisir Delphine. À bientôt.
RépondreSupprimer-Magnifique cette méthode Nadina, au lieu de crier "calmez-vous", chanter doucement. Je t'embrasse fort.
-Edmée, chanter pour quelqu'un, avec quelqu'un...mais chanter!