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9 sept. 2010

La Cigale et la Fourmi /La Cigarra y la Hormiga

Aucun doute, vous connaissez cette fable de La Fontaine inspirée d’Esope, mais la version de Samaniego (1745-1801), l’aviez-vous déjà lue ? En voici la traduction, vous pourrez constater…qu’il y a vraiment peu de différences.

La Cigale et la fourmi

de Félix María Samaniego

La Cigale passa
tout l’été à chanter,
sans faire de provisions
là, pour l’hiver ;
les froids l’obligèrent
à garder le silence
et à s’abriter
en son étroite demeure.
Se voyant dépourvue
d’aliments nécessaires ;
sans mouches, ni vers,
sans blé et sans orge.
La Fourmi vivait
là, juste à côté,
et avec mille expressions
d’attention et de respect
elle lui dit : « Dame Fourmi,
comme dans votre grenier
vous avez trop de provisions
pour vous alimenter,
prêtez quelque chose
pour que vive cet hiver
cette pauvre Cigale,
qui, joyeuse en d’autres temps,
ne connût jamais le mal,
ne sût jamais le craindre.
N’hésitez pas à me prêter
fidèlement je promets
sur le nom que je porte
vous payer avec intérêts ».
La Fourmi cupide
répondit prestement
cachant derrière son dos
les clés du grenier :
« Moi, prêter ce que je gagne
avec un immense travail !
Dis-moi donc, paresseuse,
qu’as-tu fait par beau temps ? »
« Moi, dit la Cigale,
à tout passant
je chantais allègrement
sans cesser ni un moment ».
« Ho là ! ainsi tu chantais
tandis que je travaillais !
Et bien maintenant que je mange
danse, à ton corps défendant » (Trad. Colo)

Conocen sin duda la fábula de Samaniego, casi copiada de J. de La Fontaine que, a su vez, se inspiró mucho de Esopo.

La cigarra y la hormiga

de Félix María Samaniego

Cantando la Cigarra
pasó el verano entero,
sin hacer provisiones
allá para el invierno;
los fríos la obligaron
a guardar el silencio
y a acogerse al abrigo
de su estrecho aposento.
Viose desproveída
del preciso sustento:
sin mosca, sin gusano,
sin trigo y sin centeno.
Habitaba la Hormiga
allí tabique en medio,
y con mil expresiones
de atención y respeto
le dijo: "Doña Hormiga,
pues que en vuestro granero
sobran las provisiones
para vuestro alimento,
prestad alguna cosa
con que viva este invierno
esta triste Cigarra,
que, alegre en otro tiempo,
nunca conoció el daño,
nunca supo temerlo.
No dudéis en prestarme,
que fielmente prometo
pagaros con ganancias,
por el nombre que tengo"
La codiciosa Hormiga
respondió con denuedo,
ocultando a la espalda
las llaves del granero:
"¡Yo prestar lo que gano
con un trabajo inmenso!
Dime, pues, holgazana,
¿qué has hecho en el buen tiempo?"
"Yo, dijo la Cigarra,
a todo pasajero
cantaba alegremente,
sin cesar ni un momento"
"¡Hola! ¿con que cantabas
cuando yo andaba al remo?
Pues ahora, que yo como,
baila, pese a tu cuerpo"


Ce conte moral a-t-il encore un sens en 2010 ? Si on est né cigale, peut-on devenir fourmi ? Qui sont les fourmis aujourd’hui… ?

De là la magnifique colère de Javier Bardem dans le film « Les lundis au soleil ». Lui, comme tant d’autres, est sans travail suite à la fermeture d’usines sidérurgiques dans le nord de l’Espagne…chômage, galère.

¿Tiene este cuento moral algún sentido en 2010? ¿Si se nace cigarra, es posible hacerse hormiga? ¿Quiénes son las hormigas hoy en día?

De allí la magnífica cólera de Javier Bardem en la película “Los lunes al sol”. Él, como otros tantos, está sin trabajo después del cierre de las fábricas siderúrgicas en el norte de España…paro, infierno.
Os doy la dirección ya que su reproducción no está permitida)

Surtout regardez la vidéo, (sa reproduction n'est pas permise alors voici l'adresse)

http://www.youtube.com/watch?v=1uJ17NHnbZI

Voici la traduction du texte..

Voyons, voyons.

« Il y avait une fois un pays où vivaient une cigale et une fourmi. La fourmi était travailleuse et la cigale non ; elle aimait chanter et dormir pendant que la fourmi réalisait ses travaux.

La temps passa et la fourmi travailla et travailla tout l’été, épargna autant qu’elle put et quand l’hiver arriva la cigale mourait de faim et de froid tandis que la fourmi avait de tout. »

-Quelle fille de p…..la fourmi.

« La cigale frappa à la porte de la fourmi qui lui dit : « petite cigale, si tu avais travaillé comme moi, tu n’aurais ni faim ni froid » et elle ne lui ouvrit pas la porte. »

-Qui a écrit ça ? C’est pas comme ça, c’est pas comme ça ! Cette fourni est une grande fille de p….et une spéculatrice.

De plus ils ne disent pas ici pourquoi certains naissent cigales et d’autres fourmis. Parce que si tu nais cigale, t’es foutu. Et ici ils ne le disent pas, ils ne le disent pas !

(Trad. Colo)

19 commentaires:

  1. J'ai lu ton billet il y a deux heures. J'ai travaillé en pensant à ma réponse. C'est-à-dire j'ai calé deux fois sur la réponse à venir et sur le travail que je voulais achever. Autrement dit, je n'ai ni chanté ni travaillé ! mais bon, c'est très curieux comment cette fable a été réécrit de l'antiquité au présent. Selon Ésope la fourmi a raison. Selon La Fontaine, on n'en sait pas exactement... la fable suivante, le corbeau et le renard, dit le contraire. Molière a une fois dit de La Fontaine : Nos beaux esprits ont beau faire, ils n'effaceront pas le bonhomme. Samaniego nous montre que la fourmi cache les clefs de son grenier, et aujourd'hui la fourmi représente l'accumulation inutile; la fourmi serait une spéculatrice et usurière.

    Moi ? Que La Fontaine vive ! et que nous chantions plus ! et que nous ne crevions pas ! et que nous soyons très, très, très indécis ! :)

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  2. - Ren-Go, tu as tout à fait raison, le rôle de la fourmi est incertain et parfois ambigu! Chanter et lire La Fontaine, toujours.
    Bonne semaine.

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  3. Muchas gracias.
    Alors la vénération de la valeur travail déjà du temps d'Esope puis de Lafontaine et Samaniego ne servirait qu'à l'enrichissement du banquier/prédateur/fourmi de nos jours.
    Il y a de quoi se perdre et perdre ses valeurs.
    Reste la poèsie et j'avoue que la langue de Cervantès la sert fort bien.

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  4. J'adore cette gravure ancienne... où l'as-tu trouvée Colo ?
    A voir les extraits sur Youtube "Los lunes al sol" me semble un très beau film, merci pour cette découverte.

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  5. Cigale ? Fourmi ? Est-on tenu de choisir ? Choisit-on ? Hum, je me garderai de trancher.
    De mauvais esprits verront l'une en Flandre, l'autre en Wallonie, à tort, naturellement.

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  6. Intéressante cette version de la célèbre fable. Il devrait en exister une d'Ephraim Lessing, le fabuliste allemand qui a aussi réalisé ses propres versions d'après Esope. Il faudrait que je fasse des recherches.
    Et Javer Bardem, mais quel acteur ! Je l'admire à fond !

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  7. -Alex, de nada! Se perdre dans la poésie, pas trop mal quand même non?

    -MH, cette gravure je l'ai trouvée sur Google, il y a une minuscule signature en bas à droite que je n'arrive pas à lire...t'as une super loupe? Sinon le film est dur, fort, à voir absolument. Tu peux déjà lire ça,:http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_lundis_au_soleil
    Bon weekend à toi!

    -Tania, où y a -t-il de mauvais esprits?¿?¿?¿ -:) Besos.

    -Euterpe, oh j'aimerais bien la lire cette version, voyons si je la trouve. Je partage ton admiration pour JB, super acteur!

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  8. Savais-tu Colo que La Fontaine a emprunté bon nombre de ses fables à des contes vietnamiens ou chinois, "publiés" déjà vers l'an 1000? En tout cas, moi je suis fourmi quand je suis d'humeur et très cigale quand je suis d'humeur, également. L'une n'empêche pas l'autre. Quelle bonne traduction, ce n'était pas facile, je suppose.

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  9. j'adore les fables ! Je lis et relis souvent La Fontaine. Merci pour cette version inattendue. A mon avis le chômeur ne peut pas être comparé à la cigale, c'est bien autre chose. il faudrait écrire une nouvelle fable. On lui vole ses moyens de subsistance ce qui est plus grave encore... La cigale et la fourmi évoque plutôt, d'après moi, la place de l'artiste dans la société....

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  10. Bien sûr je suis d'accord avec Carole à propos du chômeur. Mais c'est l'image négative d'une cigale que la société lui renvoie dont parle et souffre Javier Bardem, le chômeur du film.
    Par ailleurs, je crois qu'on naît tous un peu plus l'un que l'autre. Ensuite, il y a inévitablement des agglomérations... ce qui renforce encore leur nature et prête à la caricature facile (par exemple les wallons sont latins et les flamands germains)... l'idéal serait que les fourmis se mélangent aux cigales afin que les cigales apprennent à travailler et que les fourmis apprennent à chanter ;-)
    Quant à l'artiste-cigale, c'est une interprétation possible mais pour moi sa place est partout.

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  11. Heu... je corrige:
    "Mais c'est l'image que(...)dont parle Javier Bardem qui joue le chômeur dans le film cité.
    Par ailleurs, je crois que chacun naît avec une tendance cigale ou une tendance fourmi. Ensuite les cigales aiment se retrouver entre elles et les fourmis aussi."
    Voilà qui est plus clair, cricri.
    A propos, dans la liste des cris d'animaux repris par wiki, la cigale "chante, conte, craquète, criquète, stridule et cymbalise"...la fourmi n'est même pas répertoriée, il y a du boulot !

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  12. Oh, Ahhhhhhhh, magnifique! voilà que je m'absente quelques heures et trouve un débat animé et fort intéressant.
    -Damien, vietnamiens et chinois, l'an 1000 dis-tu...je n'en avais aucune idée, des recherches s'imposent et vite. ¡Gracias amigo!
    -Carole et MH, bien d'accord pour les chômeurs évidemment! *Carole, tu te sens de taille à écrire une fable pour eux? On essaye?
    *MH,la liste de possibilités "cigaliennes" m'a mise en joie, merci! Mais, ne risque-t-on pas d'écraser une fourmi en cymbalisant?¿?¿?¿
    Moi ce qui m'afflige le plus c'est le manque de générosité de la fourmi, Crac! Crac! Crac!
    Je vous embrasse.

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  13. Bon ben finalement parmi les fables d'Esope reprises par Lessing il n'y a pas "la cigale et la fourmi" mais "le hamster et la fourmi" ainsi que "le rossignol et la cigale". Deux animaux qui entassent et se font concurrence et deux animaux qui chantent et qui se font également une sorte de concurrence. Lessing ne s'est pas préoccupé de confronter la fraction des insouciants et des prévoyants.

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  14. et le partage des richesses?...on peut rêver...d'être à la fois cigale et fourmi!
    Je t'embrasse,Colo.

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  15. -Merci Euterpe, je pars à la recherche, intéressant, ça oui!

    -Sable du temps, hier nous faisions des conserves de tomates et mettions du romarin séché en pots:"Nous faisons les fourmis pour l'hiver" me dit ma fille en riant.
    "Et si viennent des cigales?" a demandé MA... "On mange tous en chantant" avons-nous répondu.
    Ah, c'est gai ce rêve de partage.
    Bon dimanche, un beso.

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  16. J'ai eu ma période cigale - heureusement! Puis je suis entrée dans l'ère de la fourmi. J'ai eu raison dans les deux cas. Il faut être les deux. Il faut savoir dépenser, et engranger. Sans quoi on ne comprend pas les autres!

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  17. -Oui, Edmée, comprendre, sentir de l'empathie pour les autres. Prendre et donner, la vie. Bonne semaine.

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  18. Punaise Colo (je devrais dire "Fourmi Colo") et dire que je n'ai pas commenté ton billet alors que je suis une cigale éhontée! Quand y a de l'argent, ben y en a plus et quand y en a pas y en a pas et je n'en souffre pas. Heureusement j'ai un mari fourmi qui compense et j'avoue que mes enfants tempèrent mon manque d'attachement à cette chose de papier. Pour eux. Gros bisous de Belgique. Chenapan se prépare à affronter l'hiver vaille que vaille :-)

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  19. -Delphine la cigale, buenos días! Je vois, ta famille équilibre ta vie.
    Je pense souvent à Chenapan tu sais, écris-moi un jour pour me donner de ses nouvelles, ok? Un beso para ti.

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