Je republie ce billet, relu ce week-end, pour la beauté, l'originalité du poème.
Dans
une interview, je ne sais plus laquelle, Marguerite Yourcenar disait
qu’on met plus de soi dans la poésie que dans les romans.
Je veux penser qu’elle était d’humeur légère et ludique quand elle a écrit ce calligramme, s’inspirant d’ Apollinaire, vers 1932.
Petrouchka
est l’équivalent russe de notre Polichinelle.
Si
vous suivez ce blog depuis un temps, vous savez qui est Silvia
Barón Supervielle, c’est elle qui a traduit, tâche extrêmement
compliquée, (mais elle a également traduit Borgès!), ce poème en
espagnol.
Deux
bijoux.
En
una entrevista, no me acuerdo cual, Marguerite Yourcenar decía que
en la poesía uno pone más de si mismo que en las novelas.
Quiero
creer que estaba de humor ligero y lúdico cuando escribió este
caligrama, inspirado de Apollinaire, en los años ‘30
Petroushka
es el equivalente ruso de nuestro Polichinelle (Polichinela).
La
traducción al español, tan complicada (pero ella tradujo a Borges!)
es de Silvia
Barón Supervielle.
Dos
joyas.
Poème pour une poupée achetée dans un bazar russe M. Yourcenar
Je
suis
Bleu
de roi
Et
noir de suie.
Je
suis le grand Maure
(Rival
de Petrouchka).
La
nuit me sert de troïka;
J’ai
le soleil pour ballon d’or.
Presque
aussi vaste que les ténèbres,
Mais
tout aussi fragile qu’un vivant,
Le
moindre souffle émeut mon corps sans vertèbres.
Je
suis très résigné, car je suis très
savant :
Ne
raillez pas mon teint noir, ni mes lèvres béantes,
Je
suis, comme vous, un pantin entre des mains
géantes.
Petrouchka, source Wiki |
Poema
para una muñeca comprada en un bazar ruso.
Soy
El
rey
Azul
voy
Negra
mi ley
Yo
soy el gran Moro
(Rival
de Petrouchka)
La
noche fue mi troica
Y
el sol mi balón de oro.
De
las tinieblas, el rellano;
Del
aire respirante, el rocío;
Un
soplo oscila en mi cuerpo vacío.
Soy
muy resignado porque soy muy sabio.
No
desdeñen mi tez negra o mi abierto labio:
Soy
como ustedes un juguete en la enorme mano.
Versión
de Silvia Barón-Supervielle
Magnifique ♥♥
RépondreSupprimer"Je suis, comme vous, un pantin entre des mains géantes." Nous le sommes, n'est ce pas, entre les "mains géantes" de la Vie ?
Merci Colo ! Il fait chaud, même en Alsace :-)
Bises
Des pantins dans les grandes chaleurs, sûrement, pantins du temps...?
SupprimerMerci Fifi, bonne semaine quand même...
Je suis
RépondreSupprimerBleu de roi
Et noir de suie.
Je suis le grand Maure
(Rival de Petrouchka).
La nuit me sert de troïka;
J’ai le soleil pour ballon d’or.
Presque aussi vaste que les ténèbres,
Mais tout aussi fragile qu’un vivant,
Le moindre souffle émeut mon corps sans vertèbres.
j'adore! une merveille
Nous sommes d'accord sur la merveille Marie.
Supprimer"Le moindre souffle émeut mon corps sans vertèbres " ... ça me parle ce ver ! Splendide poème. Bises Colo.
RépondreSupprimerOh ma pauvre amie, je comprends, j'espère quand même que peu à peu tu te remets!
Supprimerje t'embrasse
Je ne connaissais pas du tout ce poème mais la traductrice de nom tout de même. J'oublie toujours que Marguerite Yourcenar a écrit aussi des poèmes, je crois ne jamais en avoir lu d'elle ou alors au lycée peut-être ! Il faudra que je recherche ses recueils en médiathèque...En tous les cas ce poème est très original. Merci pour ce partage
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est un domaine où on n'attend pas M. Yourcenar. Je connais peu de poèmes d'elle...
SupprimerLes poèmes, plus que la prose encore, sont faits pour être lus et relus et relus encore. Grand plaisir à redécouvrir celui-ci, merci Colo.
RépondreSupprimerEt relus encore, absolument, oui. Et à chaque fois on y voit/comprend de nouvelles choses.
SupprimerBonne journée Tania.
Merci chère Colo de partager ce beau poème, c'est une découverte pour moi et j'apprécie.
RépondreSupprimerGros bisous et bel après-midi.
Avec plaisir Denise, bonne fête du 15 août-
SupprimerEt donc Petrouchka son rival possède les mêmes couleurs (noir et bleu) et du vert ?(Verde) Je regarde uniquement la photo hein, je n’y connais rien 🤣
RépondreSupprimerHa, ha, on ne peut être "spécialiste" en tout Thaïs...merci de ta visite.
SupprimerJ'aime beaucoup ces "textes dessinés" (ça me rappelle Apollinaire) dont je ne parviens pas à retrouver le mot !
RépondreSupprimerBelle surprise Nikole de te lire ici, des calligrammes...pas un mot qu'on emploie souvent.
SupprimerTiens c'est une bonne idée de republier des billets, j'ai vu cela chez Marie Gillet. Il est vrai que les poèmes se prêtent mieux à la relecture que la prose.
RépondreSupprimerYourcenar, Silvia B Supervielle (et même Borgès), des noms qui m'enchantent. Merci pour ce calligramme.
Avec plaisir. Mais oui les poèmes, par leur concision, s'oublient vite. Il faudrait apprendre par coeur ceux qu'on aime, me suis-je dit tant de fois!
SupprimerJe passais juste te dire que je pense à toi et que j'espère que tu n'as pas eu à souffrir de la tempête, ni toi ni tes proches...je me mets très bientôt en pause (je suis à nouveau grand-mère).
RépondreSupprimerC'est gentil Manou, notre partie de l'île a été épargnée, un gros orage sans dégâts.
SupprimerBonne pause grand-mère alors, un beso
Ta photo est parfaitement adaptée, merci Colo pour cette découverte. Je ne savais pas que Marguerite Yourcenar avait écrit des poèmes.
RépondreSupprimerCe caligramme en forme de sapin semble léger dans le vent et profond à la fois. Je t'embrasse. Claudie.
Merci Claudie, toujours aussi positive, je t'embrasse à mon tour
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