Être artiste
JORGE EDUARDO EIELSON (Lima, 1924-Milán, 2006)
C’est convertir un objet quelconque
En un objet magique
C’est convertir le malheur
L’idiotie et les ordures
En un voile lumineux
C’est souffrir jour et nuit
D’une maladie éblouissante
C’est savourer le futur
Flairer l’immensité
Palper la solitude
C’est regarder regarder regarder
C’est écouter le chant de Giotto
Le sanglot de Van Gogh
Le cri de Picasso
Le silence de Duchamp
C’est défier la raison
L’époque
La mort
(...)
C’est caresser des armes de combat
Comme si elles étaient des tubes de couleurs
C’est caresser des tubes de couleurs
Comme s’ils étaient des oiseaux vivants
(...)
C’est jouer jouer jouer
C’est se couvrir la tête de bleu outre-mer
C’est se couvrir le cœur de rouge écarlate
C’est jouer sa vie pour un coup de pinceau
C’est s’éveiller tous les jours
Devant une toile vide
Et ne rien peindre
(Trad: Colo)
SER ARTISTA
Es
convertir un objeto cualquiera
En un objeto mágico
Es
convertir la desventura
La imbecilidad y la basura
En un
manto luminoso
Es padecer día y noche
De una enfermedad
deslumbrante
Es saborear el futuro
Oler la
inmensidad
Palpar la soledad
Es mirar
mirar mirar mirar
Es escuchar el canto de Giotto
El sollozo
de Van Gogh
El grito de Picasso
El silencio de Duchamp
Es
desafiar a la razón
A la época
A la muerte
(…)
Es
acariciar armas de combate
Como si fueran tubos de colores
Es
acariciar tubos de colores
Como si fueran pájaros vivos
(…)
Es jugar
jugar jugar jugar
Es cubrirse la cabeza de azul ultramar
Es
cubrirse el corazón de rojo escarlata
Es jugarse la vida por
una pincelada
Es despertar todos los días
Ante una tela
vacía
Es no pintar nada
JORGE EDUARDO EIELSON (Lima, 1924-Milán, 2006)
« Être artiste,…c’est savourer le futur, flairer l’immensité » je retiens cela comme projet de vie . Belle journée colo
RépondreSupprimerUn beau projet Thaïs, bonne soirée.
SupprimerÊtre artiste, comme ce poète le dit lui-même, c'est "jouer sa vie pour un coup de pinceau" : transformer, observer les choses, regarder sans fin les toiles des peintres qui comptent. Il y a aussi le jeu avec les couleurs et la perspective assumée de se réveiller avec une toile vide. Superbe poème, qui place très haut le travail des artistes ! J'aime bien également la lumière du tableau présenté et le regard attentif de celle qui peint, tout en fixant son modèle.
RépondreSupprimerMerci Colo, et bonne fin de semaine.
Merci Antoine, tu es toujours si positif et encourageant!
SupprimerBonne fin de semaine à toi aussi. À plus tard chez toi, j'ai vu que tu nous as écrit quelque chose, chouette!
triste conclusion d'impuissance, après tous ces rêves de beauté et de merveilleux :-)
RépondreSupprimerCette chute est inattendue Adrienne, je ne suis pas sûre de l'idée d'impuissance, c'est peut-être une ouverture sur tous les possibles aussi. Qui sait?
SupprimerJe le trouve magnifique ce poème. Je ne vois pas forcément d'impuissance à la fin, comme Adrienne, mais plutôt l'alternance de jours de grâce et d'autres moins créatifs.
RépondreSupprimerMerci Aifelle, il y a sûrement des jours "sans", des jours où on ne se sent pas de taille à " convertir le malheur, L’idiotie et les ordures, En un voile lumineux" , et puis les autres jours où c'est le contraire...
SupprimerBonjour Colo
RépondreSupprimerje trouve ta démarche d'associer un poème à un tableau géniale.
J'aime beaucoup ce poème et je vois la fin, non comme quelque chose de désespérant, puisque nous ne sommes pas de grands artistes, mais au contraire comme une attitude face à la vie, faite d'accueil des sensations, d'imprégnation.
Et recevoir toutes ces manifestations artistiques jusqu'à la plénitude, une sorte d'extase devant ceux qui savent donner le maximum de leur art... Et qui sait, peut-être un jour accoucherons-nous... d'une souris artistique!
Muchos besos
Maïté Alienor
Bonjour Maïté, que ça me fait plaisir de te lire ici!
SupprimerEt de sourire de ta souris artistique, mais oui, pourquoi pas ?
À très bientôt, muchos besos también !
Merveilleuse illustration, quel regard attentif !
RépondreSupprimerMerveilleux poème aussi qui suggère bien qu'être artiste, c'est voir plus grand, plus large, plus fort, plus intensément. Merci dame Colo, un beso !
A travers cette série de peintres femmes espagnoles j’ai fait de superbes découvertes. Ce tableau est, c’est vrai, de toute beauté.
SupprimerMerci Claudie, un beso
Quel beau tableau et quelle belle définition de l'artiste que ce poème que tu nous as heureusement traduit et je t'en remercie. C'est superbement bien exprimé ce doute qui submerge l'artiste devant la toile vide (pareil pour la page blanche de l'écrivain d'ailleurs), l'alternance de ces jours pleins de couleurs donc créatifs et d'autres où on ne peut qu'engranger en observant le monde...en étant attentif comme cette jeune femme sur le tableau qui semble fascinée par son modèle. Merci pour ce partage.
RépondreSupprimerMerci pour ce beau commentaire Manou! Tu as tout vu, tout perçu.
SupprimerBonne fin de semaine.
Merveilleux, le rendu des blancs sur les vêtements, de la concentration du regard ! Ce pourrait même être un autoportrait, s'il n'y avait l'esquisse du modèle sur le papier. Merci de nous faire découvrir cette peintre réaliste que je ne connaissais pas du tout.
RépondreSupprimerJe savais que cette peinture te plairait Tania, as-tu été regarder d'autres oeuvres d'elle?
SupprimerDouce après-midi, bon thé.
Quel magnifique tableau, j'aime beaucoup l'expression de cette femme, c'est beau et j'apprécie infiniment le poème.
RépondreSupprimerGros bisous Colo :-)
Merci Denise, oui, c'est un tableau qu'on verrait bien chez soi, n'est-ce pas???? Bon week-end Denise, un beso
Supprimerj'aurais aimé être une artiste moi aussi, mais hélas je n'ai pas la persévérance nécessaire - encore un poème que j'aime, merci colo
RépondreSupprimerJe comprends et j'ai le même regret Niki, je me dis qu'il n'est peut-être pas trop tard pour s'y mettre, sans aucune prétention bien sûr!
SupprimerMerci à toi, bon week-end.
Texte et peinture sont très beaux! Gros bisous et bonne soirée. Moi, vite au chaud sous la couette
RépondreSupprimerBonjour Val, oui, la belle robe blanche, légère, du tableau n'est pas de mise en ce moment, vite la couette, les gros pulls.
SupprimerBon week-end.
De ces petites découvertes qui font plaisir. Bonne journée.
RépondreSupprimerMerci, bon dimanche Nikole
SupprimerUn bel ensemble , les mots comme le tableau, sont habités.
RépondreSupprimerRegard magnifique.
Merci K, combiner les arts donne parfois de bons résultats. À bientôt!
SupprimerQu'il est beau ce poème!
RépondreSupprimer"Flairer l’immensité
Palper la solitude
C’est regarder regarder regarder"
"C’est caresser des tubes de couleurs
Comme s’ils étaient des oiseaux vivants"
Je pensais bien que si tu passais par ici, ce poème te plairait Marie.
SupprimerIncroyable poème, il fallait y penser à toutes ces images, quelle belle inspiration ! Merci dame Colo, pour cette lumineuse énergie. Bises du lundi. brigitte
RépondreSupprimerJ'ai hésité à le publier Brigitte, car señor Colo qui supervise l'exactitude des mes traductions n'avait pas du tout aimé le poème.....comme quoi:-))
SupprimerMerci et bonne semaine, hop je pars chez toi.
Merci Colo pour ce magnifique poème qui dit si bien l'emprise de la peinture , la solitude, la souffrance, l'exaltation de l'artiste qui ne peut autrement que de se mettre devant sa toile...c'est sa vie !
RépondreSupprimerBonsoir Anda, oui, c'est sa vie, parfois la page toile blanche résiste parfois tout semble aisé...Merci de ta visite.
SupprimerEs convertir la desventura
RépondreSupprimerLa imbecilidad y la basura
En un manto luminoso
oui mille fois oui !
Absolument nécessaire, vital même. Un beso Bacchante
Supprimer