Pages

26 août 2022

Pour toujours ? / ¿Para siempre?

 Fin des vacances, des amours d'été peut-être. 

Sur les îles les bateaux sont bondés de passagers qui rentrent chez eux, ou pour les habitants, reviennent, souvent avec leur voiture, d'un tour en Espagne, en France. Plus loin parfois.

 Départs et arrivées, sourires et larmes. 


                              Ignacio Iturria, en casa



Départ     Renée Ferrer (Paraguay 1944)



Te voir

loin

pour toujours,

pour toujours dans le soupir des prés

que la brise agenouille.


Te voir partir

par le vrombissement du bourdon

devant le soleil dilapidé,

ton ombre pleine de lucioles

flottant dans l'incandescence vibrante.


Mon corps couché sur l’haleine de la terre,

obscurci par cette lumière qui s’éloigne

- papillon de lunes innombrables-

te regardant décroître

par le corridor de l’absence.


(…)

(Trad: Colo)

                                              Raphaël Collin, le départ


Partida Renée Ferrer (Paraguay-1944)

Verte
lejano
para siempre,
para siempre en el suspiro de los pastos
que la brisa arrodilla.

Verte partir
por el zumbido del abejorro
ante un sol dilapidado,
tu sombra llena de luciérnagas
flotando en la temblorosa incandescencia.

Mi cuerpo tendido sobre el aliento de la tierra,
ensombrecido por esa luz que se distancia
-mariposa de incontables lunas-,
mirándote decrecer
por el corredor de la ausencia.

(…)

24 commentaires:

  1. Mélancolie des départs, des séparations... Tu me fais découvrir le peintre Ignacio Iturria, aux couleurs aussi mélancoliques.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sait-on jamais si on reverra ceux qui partent ? De la mélancolie souvent, oui.

      Supprimer
  2. el corredor de la ausencia, c'est une belle image, ça me fait toujours cet effet aussi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai, j'en vois plus d'une qui me plaît dans ce poème, comme "Le soupir des prés que que la brise agenouille". Merci, bonne journée !

      Supprimer
  3. J'aime beaucoup ce poème et aussi cette naïve peinture. Et surtout ta façon de raconter en peu de mots la fin des vacances, le départ des estivants, le retour des locaux. J'ai vécu, enfant, quelques années dans une station balnéaire et je visualise très bien ce que tu évoques. Je me rappelle que les premiers jours de Septembre étaient un vrai bonheur, avant la rentrée scolaire qui avait lieu le 15 (parce que les vacances commençaient le 15 juillet). Il y avait cette sensation d'être débarrassé des "étrangers" et de se retrouver enfin tranquilles entre nous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ça fait plaisir d'être comprise, en peu de mots. Oui, c'est ça, et il faut attendre mi ou fin septembre pour pouvoir se balader sur l'île sans embouteillages fous, prendre un café sans devoir attendre 1 heure, bref, sortir de chez soi, tranquille, tu le dis parfaitement.
      Merci, un besito

      Supprimer
  4. C'est toujours un petit déchirement ces séparations, même si elles sont temporaires. Il y a aussi le temps qui s'enfuit et que l'on aimerait retenir .. bises mélancoliques Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah Aifelle, retenir le temps....nos mémoires servent à ça heureusement. Heureusement si certains s'en vont, d'autres rencontres se feront. À demain, un beso

      Supprimer
  5. Le tableau d'Iturria paraît naïf, amusant au premier abord, et puis on se rend compte (couleur noire prédominante, masse compacte du bateau, style de vêtements portés) qu'il y a une gravité, un air de tristesse ambiant. Très réussi en tout cas.
    Au sujet du poème, j'aime beaucoup, moi aussi, les mêmes images : "le corridor de l'absence - le soupir des prés..."
    Le recueil de R; Ferrer a été illustré par R.Collin ? (illustration d'ailleurs très "belle époque")

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais que ça me fait plaisir que ce tableau te parle autant qu'à moi, il dit tant....
      Quant à ta question, j'ignore mais doute que ce recueil ait été illustré par Collin, c'est un poème trouvé sur un site de poésie sud-américaine...je ferai des recherches.
      Bon week-end!

      Supprimer
  6. Hélas, les vacances se terminent, comme c'est dur, après un mois de reprendre ce lundi, loll! 15 jours à la montagne m'auront reboostée! J'espère que toi, ça va, bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui, je comprends Val ! Ce serait pire s'il n'y avait pas de vacances...ça ira, tu verras ! Un beso

      Supprimer
  7. Quelle émotion se fait sentir dans ce poème ! Il est simple et dit simplement ce que chacun éprouve à chaque départ... Merci pour cette lecture matinale. J'aime beaucoup le premier tableau !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une ombre pleine de lucioles....merci Marie, bon dimanche.

      Supprimer
  8. Quel poème exquis ; c'est tellement beau que l'émotion en est troublante : merci colo !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Émotions que je ressens aussi bien sûr, merci à toi!

      Supprimer
  9. L'évocation des lucioles, des papillons de lune, des prés, du vrombissement du bourdon, de la lumière... sont un enchantement. Ces arrivées, ces départs, ce "remue-ménage" d'une saison, on est heureux quand il arrive et heureux de retrouver le calme... tout semble parfait dans l'ordre du monde, non ? Doux dimanche Colo, merci pour cette poésie, bises. brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Saisons dans la nature, le ciel, les vacances, alternances de vrombissements et de calme, la vie, oui Brigitte. Bonne semaine, un beso

      Supprimer
  10. Chaque vers est chargé d'émotions, de nostalgie...d'images où se lovent "le soupir des prés" "le soleil délapidé" "Ton ombre pleine de lucioles" "le corridor de l'absence"... et pour illustrer le tableau, j'ai pensé à cette vieille chanson de Sheila "Au loin, là-bas
    Un bateau s'en va
    Que tout l'or du soir inonde

    On croit courir
    Vers de clairs lendemains
    On croit tenir l'avenir dans ses mains

    Et puis, voilà,
    Un bateau s'en va
    Et l'on est tout seul au monde"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah mais merci pour ces vers chantés par Sheila, souvenir de jeunesse...ici on est partagés entre le joie de voir tant de touristes repartir, celle de revoir amis ou famille, et , j'imagine, des dećhirements aussi.
      Bonne journée Marie

      Supprimer
  11. Fin, départ... Dualité des sentiments.
    La belle satisfaction d'un accomplissement, ce qui a été vécu et la brume persistante de l'incertitude pour...après.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tant chez soi que là-bas, beaucoup de brumes, oui. Merci K.

      Supprimer
  12. Merci Colo pour ce poème qui raconte si bien les départs ! Les scènes d'arrivée et de départ sont souvent très fortes dans les aéroports, émotions exacerbées sûrement par des absences longues et lointaines et des retrouvailles qui exultent de joie....
    Belle fin de semaine, un beso !

    RépondreSupprimer