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24 févr. 2022

Les rêves de l'autre / Los sueños del otro

 Parfois une réaction sur un blog-ami a une suite inattendue, celle-ci m’a remplie

 de gourmandise poétique: le facteur vient de m’apporter un recueil,  “Les 

planches courbes” de Yves Bonnefoy. Merci beaucoup.

Le poème entier se trouve ici, il est superbe; j’en ai gardé et traduit la dernière partie.

Nous regardâmes les arbres toute une heure.
Le soleil attendait, parmi les pierres,
 
Puis il eut compassion, il étendit
Vers eux, en contrebas dans le ravin,
Nos ombres qui parurent les atteindre
Comme, avançant le bras, on peut toucher
Parfois, dans la distance entre deux êtres,
Un instant du rêve de l’autre, qui va sans fin.”

 

 

https://www.hotellesbrases.com/la-route-des-fers-a-cheval-de-sort-a-peramea-gerri-et-sort


 



Miramos los árboles una hora entera,

El sol nos esperaba, entre las piedras,


Luego sintió compasión, extendió

Hacia ellos, más abajo en el barranco,

Nuestras sombras que parecieron alcanzarlos

Como, sacando el brazo, se puede tocar

A veces, en la distancia entre dos seres,

Un instante del sueño del otro, que va sin fin.”


(Trad: Colo)

17 févr. 2022

La mère de tous les vices ? / ¿ La madre de todos los vicios ?

 

La paresse, en voilà un sujet passionnant !

Aussi vilipendée par la morale que louée par certains, l’idée d’en parler m’est venue après la lecture de ce billet de Kwarkito (.https://kwarkito.blogspot.com/2022/02/paresse.html)


Alors, on peut en débattre, ou lire ces mots de Jules Renard : “La paresse n’est rien de plus que l’habitude de se reposer avant d’être fatigué”, ou s’amuser comme Manuel Breton de los Herreros.

Plus connu comme dramaturge que comme poète, né à Logroño en 1796 et décédé à Madrid en 1873, cet auteur de la période Romantique a bien souvent introduit le comique dans ses œuvres.

Grand nombre de critiques et de professionnels affirment qu’aucun dramaturge espagnol du XIXe siècle ne rivalise, ne serait-ce que de loin, avec la force comique tapie entre les lignes et sous les traits des personnages des pièces créées par Manuel Breton De Los Herreros. Sa créativité est réputée infiniment inventive et sa dextérité métrique unique.” Ref


              Pintura:  Aldo Dall'Acqua, Fumetto, ombrellone e poltrona al tramonto

 

C’est le ton léger, drôle de ce poème qui m’a plu. Un sonnet que je n’ai malheureusement pas réussi à faire rimer en français...


La Paresse


Manuel Bretón de los Herreros



Qu’un lit avenant est doux!

Quel sot celui qui se lève avec l’aurore,

bien que les muses disent qu’écouter

d’un oiseau l’aubade enamoure.



Oh qu’il est bon, dans une vaste bergère

se reposer une heure, et une autre!

Manger, traîner...Quelle vie charmante

Sans être personne ni rien penser.



Salve, ô Paresse ! Dans ton temple solide

déjà allongé de tout mon long, je m’installe.

De tes sérieux élèves l’exemple



m’entraîne en bâillant; et ainsi

ta stupide somnolence à m’envahir commence

et je ne finis pas le sonnet... par par...

(trad:Colo)

La Pereza Manuel Bretón de los Herreros


¡Qué dulce es una cama regalada!
¡Qué necio, el que madruga con la aurora,
aunque las musas digan que enamora
oír cantar un ave la alborada!

¡Oh, qué lindo en poltrona dilatada
reposar una hora, y otra hora!
Comer, holgar..., ¡Qué vida encantadora,
sin ser de nadie y sin pensar en nada!

¡Salve, oh Pereza! En tu macizo templo
ya, tendido a la larga, me acomodo.
De tus graves alumnos el ejemplo

me arrastra bostezando; y, de tal modo
tu estúpida modorra a entrarme empieza,
que no acabo el soneto... de per...





9 févr. 2022

Une fée et des papillons / Un hada y mariposas

 

De fil en aiguille, de cet extrait de poème d'Antonio Machado à de belles 

 découvertes.



Papillon de la Sierra

N’est-ce pas toi, papillon,

l’âme de ces terres solitaires,

de ses ravins profonds

et de ses cimes rudes?

Pour que tu naisses,

de sa baguette magique

un jour une fée fit taire

les tempêtes de pierre

et elle enchaîna les monts

afin que que tu voles. (...) 

Trad:Colo

 

Mariposa de la sierra

-- de Antonio Machado --

¿No eres tú, mariposa,
el alma de estas sierras solitarias,
de sus barrancos hondos
y de sus cumbres agrias?
Para que tú nacieras,
con su varita mágica
a las tormentas de la piedra, un día,
mandó callar un hada,
y encadenó los montes
para que tú volaras.

(….)

Machado était andalou, on peut penser qu’il parle de la Sierra Nevada, à côté de Granada, car c’est là, ai-je découvert, que vivent plus de120 espèces référencées de papillons, plus de la moitié des papillons diurnes qui vivent sur la Péninsule Ibérique, et, par exemple, la moitié du nombre de ceux qui habitent en France.

Beaucoup d’espèces endémiques, certaines plus répandues.

Ils vivent surtout dans la moyenne montagne, entre 1.500 et 1900 mètres d’altitude. Étudiés de près car ils sont des indicateurs du changement climatique, les chercheurs ont pu observer une récente migration vers l’altitude.

Mais ils n’ont pas vu la fée….

 

Una mariposa apolo ('Parnassius apollo nevadensis') en Sierra Nevada

(Source https://www.granadahoy.com/granada/Mariposas-Sierra-Nevada-cambio-climatico_0_1408359512.html)

 

Mariposa gitana (Zygaena sp)




Mariposa arlequín (Zerynthia rumina).



3 févr. 2022

Les visages des photos / Los rostros de las fotos

 

Photos / Fotos


 J'aime énormément cette photo de mon arrière grand-mère, que je n'ai pas connue, de ma grand-mère, à gauche, de ses trois filles et de sa soeur. Ma mère, la cadette, semble avoir 5-6 ans donc la photo date du début des années '30. 

Les photos de famille  anciennes où on a souvent du mal à reconnaître qui est qui, qui le bébé, - ce pourrait être l'oncle Jules ou la tante Marguerite-, sont des marqueurs du temps, aussi.

Voici deux poèmes, fort différents. L'un très court, puis un extrait d'un autre.

 

De Juan Gelman (Argentina 1930-2014)



Sur la photo que tes yeux rendent douce

il y a ton visage de profil, ta bouche, tes cheveux,

mais quand nous vibrons d’amour

sous la houle de la nuit et la clameur de la ville

ton visage est une terre toujours inconnue

et cette photo l’oubli, autre chose.

Trad: Colo

 

En la fotografía que tus ojos vuelven dulce
hay tu rostro de perfil, tu boca, tus cabellos,
pero cuando vibrábamos de amor
bajo el oleaje de la noche y el clamor de la ciudad
tu rostro es una tierra siempre desconocida
y esta fotografía el olvido, otra cosa.



 

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Ne la contemple pas avec mépris ni rire

Si la figure te semble vulgaire

Et le front effacé et indécis


Image vraie de l’âge mûr,

Elle te dit clairement que passent vite

La jeunesse, les cheveux et la beauté.

 

Extrait de “Envoyant un portrait” De Manuel del Palacio (España 1831-1906)

Trad: Colo

 

No la contemples con desdén ni risa
Si vulgar se te antoja la figura
Y la frente borrada é indecisa.

Imagen cierta de la edad madura,
Claro te dice que se van aprisa
La juventud, el pelo y la hermosura.

Extracto de “Enviando un retrato” de Manuel del Palacio