Pages

28 oct. 2021

Des yeux / Ojos

 

Foto I. Pampín. Muchas gracias.

Je le vois, l'observe qui guette, souvent très longtemps, le moment où l'insecte, la lumière, le fond seront parfaits pour la photo. Ça semble si facile une photo...

Peut-être est-elle assez poétique pour ne pas ajouter un poème, mais...

les yeux parlent …

les yeux
parlent ou juste
des yeux qui s’ouvrent
chassent le surplus
des yeux
pas des mots
des yeux
pas des promesses
je travaille avec mes yeux
à construire
à réparer
à reconstruire
une chose semblable à un regard humain
à un poème d’homme
à un chant lointain de la forêt.

Trad: Colo

 

De " Approximations " Alejandra Pizarnik. 



Los ojos (Alejandra Pizarnik)

los ojos
hablan o justo
ojos que se abren
arrojan lo sobrante
ojos
no palabras
ojos
no promesas
trabajo con mis ojos
en construir
en reparar
en reconstruir
algo parecido a una mirada humana
a un poema del hombre
a un canto lejano del bosque

25 oct. 2021

Algorithmes / Algoritmos

 Dans le journal "El País" ce matin


"Leurs algorithmes ne fonctionnent pas si nous devenons imprédictibles"

El Roto

El Roto

Viñeta de El Roto del 25 de octubre de 2021

 

20 oct. 2021

Demain nous parlerons / Mañana hablaremos

 

Sans doute la visite d’un ami de toujours, un grand voyageur, plus vu depuis deux ans et demi, a-t-elle influencé le choix de ce poème.
José Hierro. Un poète espagnol que je connais peu et qui a éveillé la curiosité de Dominique ...et la mienne. Un prochain billet sur lui donc.

La Rencontre

Poème de José Hierro dédié à Rafael Albertí. 1964.

 

Un jour je dirai : sois le bienvenu

à la maison. Voici ton feu.

Bois ton vin dans ton verre,

regarde le ciel, coupe le pain.

Comme tu as été long. Tu as cheminé

sous les constellations

du Sud, navigué sur les fleuves

aux sons multiples. Quel

long voyage. Je te trouve

fatigué. Ne me demande rien.

Donne à manger à tes chiens,

entends la chanson du peuplier.

Ne me pose aucune question,

ne me demande rien.

 

Si je parlais,

tu pleurerais. Si tu mettais

tes spectres face au miroir,

tu ne verrais sans doute

aucune image reflétée.

La vie lointaine est morte :

le temps l’a tuée. Toi seul

peux l’enterrer. Jettes-y

de la terre demain, quand

tu te seras reposé. Bienvenu

chez toi. Ne demande

rien. Demain nous parlerons.

 

(Trad: Colo inspirée par celle de Claude de Frayssinet)

 

                                         Autorretrato, gouache sobre papel, 2000 (Autoportrait)

 

EL ENCUENTRO
José Hierro (dedicado a Rafael Alberti. 1964)
Diré un día: bienvenido
a la casa. Ésta es tu lumbre.
Bebe en tu copa tu vino.
mira el cielo, parte el pan.
Cuánto has tardado. Anduviste
bajo las constelaciones
del Sur, navegaste ríos
de son diferente. Cuánto
duró tu viaje. Te noto
cansado. No me preguntes.
Da de comer a tus perros,
oye la canción del álamo.
No me preguntes por nada,
no me preguntes.
Si hablase,
llorarías. Si enfrentases
tus espectros al espejo,
seguro que no verías
imágenes reflejadas.
Lo vivo lejano ha muerto:
lo mató el tiempo. Tú sólo
puedes enterrarlo. Dale
tierra mañana, después
de descansar. Bienvenido
a tu casa. No preguntes
nada. Mañana hablaremos.



15 oct. 2021

Retour

                         Photo I. Pampín, octubre 2021 gracias !

 

Pendant les 3 mois de sécheresse et grosse chaleur la nature reste immobile, comme si le moindre mouvement allait l'épuiser.


6 oct. 2021

Il est évident que... / Queda de manifiesto que...

 

Nicanor Parra, vous souvenez-vous de lui ?  Né en 1914 et mort en 2018 c'était un poète, mathématicien et physicien chilien qui se présente lui-même comme un antipoète.

Son œuvre a eu une influence profonde dans la littérature sud-américaine. Il est l'un des poètes chiliens les plus connus, avec les quatre grands de la poésie chilienne.

                            "Pleurez si vous voulez, moi pour ma part, je meurs de rire"



Le poème que j’ai choisi aujourd’hui est très long, je n’en ai retenu que quelques strophes,mais il illustre bien je pense cette antipoésie. Des images, des réflexions, sans lien apparent et qui déroutent, font rire parfois aussi. 

 




Lettres du poète qui dort sur une chaise


I

Je dis les choses comme elle sont

Ou nous savons tout d’avance

Ou nous ne saurons jamais absolument rien.


La seule chose qui nous est permise

C’est apprendre à parler correctement.


V

Jeunes

Écrivez ce que vous voulez

Dans le style qui vous semblera le meilleur

Trop de sang est passé sous les ponts

Pour continuer à croire – je crois

qu’on ne peut suivre qu’un seul chemin:

En poésie tout est permis.



VII

  Il est évident

Qu’il n’y a pas d’habitants sur la lune

 

Que les chaises sont des tables

Que les papillons sont des fleurs en perpétuel mouvement

Que la vérité est une erreur collective

Que l’esprit meurt avec le corps.


Il est évident

Que les rides ne sont pas des cicatrices.



XVI

Aphorismes chiliens:

Tous les chardonnerets ont des taches de rousseur

Le téléphone sait ce qu’il dit

Jamais la tortue ne perdit autant de temps

Que quand elle reçut des leçons de l’aigle.


L’automobile est une chaise roulante.


Et le voyageur qui regarde en arrière

Court le sérieux danger

Que son ombre ne veuille le suivre.



XVII

Analyser est renoncer à soi-même

On ne peut que raisonner en rond

On ne voit que ce qu’on veut voir

Une naissance ne résout rien

Je reconnais que les larmes m’en tombent.


Une naissance ne résout rien

Seule la mort dit la vérité

La poésie même ne convainc pas.

Si on nous enseigne que l’espace n’existe pas.


Mais de toute façon

La vieillesse est un fait accompli.

 

Ce sera ce que science détermine.

 

Lire mes poèmes me donne sommeil

Et pourtant ils ont été écrits avec du sang.

(Trad: Colo)

                           "C'était écrit: apparaissent les armes d'extermination massive"



CARTAS DEL POETA QUE DUERME EN UNA SILLA


I
Digo las cosas tales como son
O lo sabemos todo de antemano
O no sabremos nunca absolutamente nada.

Lo único que nos está permitido
Es aprender a hablar correctamente.

V

Jóvenes
Escriban lo que quieran
En el estilo que les parezca mejor
Ha pasado demasiada sangre bajo los puentes
Para seguir creyendo -creo yo
Que sólo se puede seguir un camino:
En poesía se permite todo.



VII

Queda de manifiesto
Que no hay habitantes en la luna

Que las sillas son mesas
Que las mariposas son flores en movimiento perpetuo
Que la verdad es un error colectivo
Que el espíritu muere con el cuerpo

Queda de manifiesto
Que las arrugas no son cicatrices.

XVI

Aforismos chilenos:
Todas las colorinas tienen pecas
El teléfono sabe lo que dice
Nunca perdió más tiempo la tortuga
Que cuando tomó lecciones del águila.

El automóvil es una silla de ruedas.

Y el viajero que mira para atrás
Corre el serio peligro
De que su sombra no quiera seguirlo.

XVII

Analizar es renunciar a sí mismo
Sólo se puede razonar en círculo
Sólo se ve lo que se quiere ver
Un nacimiento no resuelve nada
Reconozco que se me caen las lágrimas.

Un nacimiento no resuelve nada
Sólo la muerte dice la verdad
La poesía misma no convence.
Se nos enseña que el espacio no existe

Se nos enseña que el tiempo no existe
Pero de todos modos
La vejez es un hecho consumado.

Sea lo que la ciencia determine.

Me da sueño leer mis poesías
Y sin embargo fueron escritas con sangre.