Pages

3 juin 2020

Marginalisation / Marginación


Mujeres - Femmes Eduardo Galeano

Ce livre d’Eduardo Galeano intitulé “Mujeres”-Femmes, pas (encore?) traduit en français, paru en 2015, juste après son décès, est un parcours de vies de femmes à travers près de 2.500 ans d’histoire.
Paradoxes, contradictions, luttes, sacrifices, condamnations et réussites de femmes aussi différentes que Cléopâtre, Artémise, Frida Kahlo, Eva Perón, Camille Claudel ou Marylin Monroe…
Galeano nous amène à réfléchir sur la conception légale, philosophique et religieuse qui donna un cadre institutionnel à la marginalisation de la moitié de l’humanité. C’est ainsi qu’il nous rapporte les mots d’Aristote sur les femmes: “La femme est comme un homme difforme. Il lui manque un élément essentiel: l’âme”. Son artillerie littéraire pointe aussi le Code Civil de Napoléon édité en 1804, qui sert encore de modèle juridique dans le monde, dans lequel les femmes furent privées des droits fondamentaux, “comme les enfants, les criminels et les débiles mentaux...”*

En attendant que ce livre paraisse en français, je vous traduirai au fur et à mesure quelques histoires de femmes, écrites par E.Galeano bien sûr!


http://www.vagabunda.mx/las-mujeres-de-eduardo-galeano-de-lo-ultimo-que-escribio-antes-de-su-muerte/ 

Mujeres, este libro publicado justo después de la muerte de Eduardo Galeano en 2015, recorre la vida de mujeres a través de unos 2.500 años de historia.
Paradojas, contradicciones, luchas, sacrificios, condenaciones y logros de mujeres tan diferentes como Cleopatra, Artemisa, Frida Kahlo, Eva perón, Camille Claudel ou Marylin Monroe….

Galeano nos lleva a reflexionar sobre la concepción legal, filosófica y religiosa que dio un marco institucional a la marginación de la mitad de la humanidad. Así, nos trae las palabras de Aristóteles sobre las mujeres: “La hembra es como un macho deforme. Le falta un elemento esencial: el alma”. También apunta su artillería literaria contra el Código Civil de Napoleón dictado en 1804, que todavía sirve de modelo jurídico en el mundo, en el que las mujeres fueron privadas de derechos fundamentales, “como los niños, los criminales y los débiles mentales...” (Fuente: https://www.elhistoriador.com.ar/mujeres-fragmentos-de-eduardo-galeano/)

Aquí va un retrato, publicaré unos cuantos, poco a poco.


JUANA
Tout comme Teresa de Ávila, Juana Inés de la Cruz se fit religieuse pour éviter la prison du mariage.
Mais son talent offensait aussi au couvent. Cette tête de femme avait-elle un cerveau d’homme? Pourquoi écrivait-elle comme un homme? Pourquoi voulait-elle penser, si elle cuisinait si bien? Et elle, moqueuse, répondait:
- Que pouvons-nous savoir, nous les femmes, si ce n’est des philosophies de cuisine?
Comme Teresa, Juana écrivait, bien que le père Gaspar de Astete avait prévenu qu’une jeune fille chrétienne n’a pas besoin de savoir écrire, et que cela peut lui porter préjudice.
Comme Teresa, Juana non seulement écrivait mais, pour plus de scandale, elle écrivait indubitablement bien.
À différents siècles, et sur différentes rives de la même mer, Juana, la Mexicaine, et Teresa, l’Espagnole, défendaient en paroles et par écrit la moitié méprisée du monde.
Comme Teresa, Juana fut menacée par l’Inquisition. Et l’Église, leur Église, les poursuivit car elles louaient l’humain autant ou plus que le divin, et obéissaient trop peu et posaient trop de questions.
Avec du sang, et non de l’encre, Juana signa sa repentance. Et jura silence, pour toujours. Et muette, elle mourut.
(Trad:Colo)


JUANA
Como Teresa de Ávila, Juana Inés de la Cruz se hizo monja para evitar la jaula del matrimonio.
Pero también en el convento su talento ofendía. ¿Tenía cerebro de hombre esta cabeza de mujer? ¿Por qué escribía con letra de hombre? ¿Para qué quería pensar, si guisaba tan bien? Y ella, burlona, respondía:
¿Qué podemos saber las mujeres, sino filosofías de cocina?
Como Teresa, Juana escribía, aunque ya el sacerdote Gaspar de Astete había advertido que a la doncella cristiana no le es necesario saber escribir, y le puede ser dañoso.
Como Teresa, Juana no sólo escribía, sino que, para más escándalo, escribía indudablemente bien.
En siglos diferentes, y en diferentes orillas de la misma mar, Juana, la mexicana, y Teresa, la española, defendían por hablado y por escrito a la despreciada mitad del mundo.
Como Teresa, Juana fue amenazada por la Inquisición. Y la Iglesia, su Iglesia, la persiguió, por cantar a lo humano tanto o más que a lo divino, y por obedecer poco y preguntar demasiado.
Con sangre, y no con tinta, Juana firmó su arrepentimiento. Y juró por siempre silencio. Y muda murió.
E. Galeano

35 commentaires:

  1. ah chic lire un livre avant qu'il paraisse hi hi que du bonheur

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah mais je ne sais pas s'il sera un jour traduit en français, hihi, suspense!

      Supprimer
  2. Bientôt l'heure de retourner dans ma "cuisine" et à sa "philosophie" quotidienne :o)
    Merci Colo de nous offrir le plaisir de lire en avant première
    Eduardo Galeano ! On m'a autorisé à apprendre à lire, j'en profite éperdument :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, nous sommes nombreuses à philosopher dans nos cuisines. De fait ce travail manuel laisse la tête libre...
      Comme je le disais à Dominique, j'ignore s'il sera traduit...j'aime énormément cet écrivain et le sujet qu'il a choisi l'honore, non?
      Bon appétit Fifi

      Supprimer
    2. "Le sujet qu'il a choisi l'honore ?"
      Complétement, Colo !!!
      Gratitude pour l'homme, pour les hommes qui ont œuvré par leur savoir, par leur art
      dans ce sens. Je serai bien inconsciente si c'était le contraire.
      Merci à toi de nous offrir ce texte et les suivants.

      Supprimer
  3. Ah oui Galeano c'est vraiment formidable. J'en attends d'autres avec impatience

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour cet enthousiasme Kwarkito! Ça viendra peu à peu.

      Supprimer
  4. je ne connaissais pas cette Juana de la Cruz!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour toi un de ses poèmes.
      Sor Juana Inés de la Cruz – Qui donne un moyen pour aimer sans peine
      Je ne peux ni te garder ni te quitter,
      pourquoi je ne sais, en te quittant ou en te gardant,
      il y a toujours un je ne sais quoi pour t’aimer
      et bien des si pour t’oublier.
      Donc si tu ne peux ni me quitter ni t’amender,
      je vais régler mon coeur de sorte
      qu’une moitié penche à t’abhorrer
      tandis que l’autre penche à t’aimer.
      Notre amour ainsi peut y grandir,
      car on meurt à se quereller sans cesse :
      que de nos discours jalousie et soupçon disparaissent,
      et que qui donne la moitié ne veuille pas le tout ;
      et sache que lorsque tu dissimules
      je dissimule aussi de mon côté.

      Supprimer
  5. effectivement, je le note pour quand il paraîtra en français - un auteur que je ne connais pas et que j'aimerais donc découvrir, grâce à toi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Niki, si tu vas ici en haut dans la section littérature tu trouveras 3 différents billets que j'ai faits sur Eduardo Galeano, pour te faire une idée...La publication en français la plus connue je crois est "Le livre des étreintes".
      Bonne journée!

      Supprimer
  6. C'est vraiment passionnant ! Et oui, tant d'hommes encore pense qu'une femme n'a pas besoin de savoir lire, écrire et ne doit surtout pas penser... Un auteur que je découvre. Merci ! Bonne journée ! Ici, beaucoup de pluie depuis cette nuit.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et pourtant des femmes, presque toujours en cachette, ont lu et beaucoup même!
      Je pense, Marie, que tu l'as déjà rencontré ici,mais il y a un temps déjà.
      Bonne journée, pluies ici aussi cet après-midi, grrrrr, très mauvais pour les tomates:-)

      Supprimer
    2. Alors, pensent... brrr la faute d'orthographe !
      Ce matin, le mistral s'étant mis à souffler dans la nuit, un grand soleil prévu pour la journée.

      Supprimer
    3. Ça me rassure, je fais si souvent des coquilles!
      Le mistral...ce vent n'existe pas ici par contre la tramontane, oui, même que la chaîne de montagnes qui parcourt tout le nord de l'île s'appelle La Sierra de Tramuntana.
      Bonne journée Marie

      Supprimer
  7. J'ignorais que Galeano avait écrit sur ce sujet, merci beaucoup de nous en parler et de nous raconter... en attendant la traduction française. J'aime le poème de Juana Inés de la Cruz que tu cites pour Adrienne.
    Quelle chance nous avons de vivre notre vie de femme à une époque plus égalitaire. Très bonne journée, Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plus égalitaire en Occident, oui sûrement Tania!

      je me suis rendu compte à travers les poèmes de sor Inés Juana de la Cruz que je ne publie jamais de poètes "religieux"...un manque à combler!
      Bonne fin de journée Tania.

      Supprimer
  8. On remarquera très bien ici que la religion n’a rien fait pour venir en aide aux femmes !
    Merci de ce partage.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Mini, en effet! Les religions sont masculines/machistes, c'est connu...nous on avait la sorcellerie!!!

      Supprimer
  9. J'espère bien qu'il sera traduit en français ! Pas étonnant que l'on ait encore besoin de se battre aujourd'hui, on vient de très loin .. L'histoire de Juana est vraiment à pleurer. Bon après-midi Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je l'espère aussi Aifelle, mais le monde des traductions est souvent incompréhensibles, pour moi du moins.
      Enfin, tu en auras un aperçu ici.
      Bonne fin de journée.

      Supprimer
  10. Pauvre Juana, une parmi d'autres. Sujet plus qu'intéressant et sans doute bienveillant pour nous les femmes...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La question est très intéressantes: comment toutes les institutions officielles, et soit-disant démocratiques, en sont-elles arrivées à éclipser de la vie publique "la moitié de l’humanité". À travers des histoires, fort bien écrites...

      Supprimer
  11. Je te remercie pour m'avoir signalé mon oubli d'ingrédients sur mon blog. J'ai rectifié. Gros bisous

    RépondreSupprimer
  12. Enfin la femme fait l'objet d’écrits, d'émissions télévisées et peut être un jour sera t elle une entité à part entière.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, le XXº siècle a fait basculer, prendre conscience...et quand ce sont des hommes qui dénoncent, nous aident, le poids est plus grand, aucun doute.

      Supprimer
  13. Merci pour ces textes que tu vas nous offrir !

    RépondreSupprimer
  14. il fait bon nous rafraîchir la mémoire de temps en temps. Entendu su France Cul la plongée horrible des femmes depuis l'état islamique de 79 en Iran

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Très très préoccupante cette plongée! Comme on le disait plus haut, les religions n'ont jamais fait rien de très bon pour les femmes...

      Supprimer
  15. Je suis HORS DE MOI quand je constate les propos ou les attitudes de certains à l'égard des femmes, ils incarnent vraiment la bêtise humaine... Un jour viendra, peut-être ? Je t'embrasse, doux week end Colo. brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et on se demande....comment en sommes-nous arrivés là?
      Bon week-end à toi aussi Brigitte, vents chargés de pollens...les yeux piquent. Un beso

      Supprimer
  16. Oui, comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi ce besoin de puissance et de domination sur la moitié féminine de l'humanité, sur les gens de couleur encore et toujours, sur des minorités religieuses ?
    Merci +++ Colo de nous faire connaitre Juana Inès de la Cruz qui semble exceptionnelle. Certaines ne se coulaient pas dans le moule, c'est remarquable de courage à cette époque !
    Impatiente d'en lire plus ! Je t'embrasse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Peu ou pas connue par ici, Sor Juana Inés de la Cruz a été une pionnière et, malgré son enfermement (choisi non seulement pour éviter le mariage mais parce qu'elle voulait étudier), a fait partir de l'élite littéraire de son époque.
      Sinon, oui, je n'ai pas de réponse à "comment en sommes-nous arrivés là"? Et ce n’est pas fini...hélas.
      Bonne semaine Claudie, un beso.

      Supprimer