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27 mars 2019

C'eût été si beau / Hubiera sido tan hermoso


Gioconda Belli née le 9 décembre 1948 à Managua, est une poète et romancière nicaraguayenne dont nous avons déjà parlé ici.
Elle est peut-être connue en France pour sa sensualité ou sexualité libérée , son engagement révolutionnaire, mais pas beaucoup plus. Elle a cependant écrit de beaux romans et de nombreux poèmes sur la maternité, la vieillesse, la nature...


https://www.philippegronon.com/fr/84-philippe-gronon/oeuvres-works/127-chateaux-de-sable-sand-castles




Châteaux de Sable
  Gioconda Belli

Pourquoi ne m'as tu pas dit que tu bâtissais
ce château de sable ?

C'eût été si beau
pouvoir entrer par s
a petite porte,
parcourir ses couloirs salés,
t'attendre aux parterres de coquillages,
en te parlant depuis le balcon
la bouche pleine d'écume blanche et transparente
comme mes mots,
ces mots frivoles que je te dis,
qui n'ont que le poids
de l'air entre mes dents.

Il est si beau de contempler la mer.

Elle aurait été si belle la mer
depuis notre château de sable,
pourléchant le temps
avec la tendresse
dense et profonde de l'eau,
divaguant sur les histoires qu'
on nous contait
quand, enfants, nous étions un seul pore
ouvert à la nature.

Maintenant, à marée haute, l’eau a emporté
ton château de sable.

Elle a emporté les tours,
les fossés,
la petite porte par où nous
serions passés
à marée basse,
quand la réalité est loin
et qu'il y a des châteaux de sable

sur la plage... 

 
 (Trad: Colo inspirée par celle de E. Dupas)




 Castillos de arena
Gioconda Belli.

¿Por qué no me dijiste que estabas construyendo
ese castillo de arena?

Hubiera sido tan hermoso
poder entrar por su pequeña puerta,
recorrer sus salados corredores,
esperarte en los cuadros de conchas,
hablándote desde el balcón
con la boca llena de espuma blanca y transparente
como mis palabras,
esas palabras livianas que te digo,
que no tienen más que el peso
del aire entre mis dientes.

Es tan hermoso contemplar el mar.

Hubiera sido tan hermoso el mar
desde nuestro castillo de arena,
relamiendo el tiempo
con la ternura
honda y profunda del agua,
divagando sobre las historias que nos contaban
cuando, niños, éramos un sólo poro
abierto a la naturaleza.

Ahora el agua se ha llevado tu castillo de arena
en la marea alta.

Se ha llevado las torres,
los fosos,
la puertecita por donde hubiéramos pasado
en la marea baja,
cuando la realidad está lejos
y hay castillo de arena
sobre la playa. . .

23 mars 2019

À chacun ses couleurs / Cada cual con sus colores


Chez nous, ce matin. N'hésitez pas à les agrandir :-)

En casa, esta mañana.

Noisetier /Avellano

Figuier / Higuera

Grenadier / Granado




20 mars 2019

Je ris derrière une chaise / Me río detrás de una silla


Tout d’abord je voulais vous signaler un Printemps des Poètes exceptionnel de qualité et variété sur le blog de l’ami K.

Pour nous aujourd’hui.


Nicanor Parra (Chili 1914-2018), quel personnage! L’anti-poète que je ne dois sans doute pas vous présenter.
Voici pour commencer un extrait d’une interview sur lui:
Le coq à l’âne est son dada, si je puis dire. Il saute d’un sujet à l’autre sans rapport logique. Est-ce seulement un jeu auquel se livre Parra pour désarçonner son lecteur ?
Parra appartient à une société ou une époque où la force de l’instabilité est permanente. Sa poésie exploite à l’extrême limite les comportements contradictoires de notre monde. Il faut apprendre à vivre dans la contradiction sans conflit, dit-il, c’est une condition pour pouvoir survivre.


Puis le voilà.


La montagne Russe (extrait)

La poésie a été le paradis
De l'idiot solennel.
Jusqu’à ce que j’arrive
M’y installer avec mes montagnes russes

Montez, si ça vous chante.
Mais je ne réponds de rien
si vous redescendez
en saignant de la bouche et du nez.



Extra
cto de « Montaña rusa »



La Montana Rusa
Durante medio siglo
La poesía fue
El paraíso del tonto solemne.
Hasta que vine yo
Y me instalé con mi montaña rusa.

Suban, si les parece.
Claro que yo no respondo si bajan
Echando sangre por boca y narices.


Montañas Rusas Fabiaba Calandria

Finalement un poème entier

Nicanor Parra – Casse-tête

Je ne donne à personne le droit.
J’adore un morceau de chiffon.
Je change des tombes de place.
Je change des tombes de place.
Je ne donne à personne le droit.
Je suis un type ridicule
Sous les rayons du soleil,
Moi le fléau des bistrots.
Moi je meurs de rage.
Je n’ai plus aucun recours,
Mes propres cheveux m’accusent
Sur un autel d’occasion
Les machines ne pardonnent pas.
Je ris derrière une chaise,
Mon visage se remplit de mouches.
C’est moi qui m’exprime mal
Exprime en vue de quoi.
Je bégaye,
Du pied je touche une espèce de fœtus.
C’est pour quoi faire, ces estomacs ?
Qui a fait ce méli-mélo-là ?
Le mieux, c’est de faire l’indien.
Je dis une chose pour une autre.


Rompecabezas
No doy a nadie el derecho.
Adoro un trozo de trapo.
Traslado tumbas de lugar.
Traslado tumbas de lugar.
No doy a nadie el derecho.
Yo soy un tipo ridículo
A los rayos del sol,
Azote de las fuentes de soda
Yo me muero de rabia.
Yo no tengo remedio,
Mis propios pelos me acusan
En un altar de ocasión
Las máquinas no perdonan.
Me río detrás de una silla,
mi cara se llena de moscas.
Yo soy quien se expresa mal
Expresa en vistas de qué.
Yo tartamudeo,
Con el pie toco una especie de feto.
¿Para qué son estos estómagos?
¿Quién hizo esta mescolanza?
Lo mejor es hacer el indio.
Yo digo una cosa por otra.

13 mars 2019

Entraide / Ayuda mutua


Aujourd’hui un haïku de Chiyo-Ni, une des premières femmes poète, XVIIIºs.
Hoy un haîku de Chiyo-Ni,  Una de las primeras mujeres poetas Siglo XVIII.

Hokusai 1828

Du vol des mille oiseaux
l'un perd des forces
et le vent le cueille.

(Trad:Colo)


De la bandada de los mil pájaros,
uno va perdiendo fuerzas
y el viento lo recoge.

7 mars 2019

Femme nouvelle/ Mujer Nueva


Son surnom était “Nouvelle Femme” et sans aucun doute Clementina Suárez (1902-1991 Honduras) méritait ce titre. Une femme, une poésie d'avant-garde. Imaginez qu’au début du XXº siècle elle vivait librement “comme elle en avait envie”, c’est à dire de façon bohème, se baladait en shorts, avait beaucoup  d' amitiés masculines, des amants...Il n’est pas étonnant que beaucoup l’aient critiqué, mais elle s’en fichait. Elle adorait être entourée de talents, d'énergies et d'idées nouvelles, s'intéressait surtout aux autres. 
Se construire loin de tout modèle...ce qu'elle explique dans un extrait de poème que vous lirez ici prochainement.
Elle fut la première femme à publier un livre de poésie au Honduras, et si son nom est essentiel dans la poésie du pays, elle n’eut pas de reconnaissance officielle à l’époque.
Elle mourut dans d’atroces conditions ; elle vivait seule et à 88 ans elle fut assassinée par un délinquant.

Su mote era « Mujer Nueva » y sin duda Clementina Suárez (1902-1991 Honduras) merecía ese nombre. Imaginad que a principios del siglo XX, ella vivía libremente “como le daba la gana” , es decir de forma bohemia, llevaba pantalones cortos, tenía amistades masculinas, varios amantes...No es de extrañar que muchos le criticaron, pero le daba igual. A ella le encantaba estar rodeada de energías, talentos, ideas nuevas.
Fue la primera mujer de su país en publicar un libro de poemas y si su nombre es esencial en la poesía Hondureña, no tuvo, en la época, reconocimiento oficial.
Murió en condiciones atroces; vivía sola y a los 88 años fue asesinada por un delincuente.
Combat

Je suis une poète,
une armée de poètes.
Et aujourd'hui je veux écrire un poème,
un poème sifflets,
un poème fusils
pour le coller sur les portes,
sur les cellules des prisons,
sur les murs des écoles.

Je veux aujourd'hui construire et détruire,
élever un échafaudage d'espoir.
Réveiller l'enfant,
archange des épées,
être éclair, tonnerre,
avec une stature d'héroïne
pour trancher, ravager
 les racines pourries de mon peuple.
(Trad: Colo)

https://www.idealista.com/news/inmobiliario/internacional/2015/10/29/739762-el-arte-de-la-construccion-19-andamios-espectaculares-e-imposibles-que-te 

Combate
Yo soy un poeta,
un ejército de poetas.
Y hoy quiero escribir un poema,
un poema silbatos,
un poema fusiles
para pegarlos en las puertas,
en la celda de las prisiones,
en los muros de las escuelas.

Hoy quiero construir y destruir,
levantar en andamios la esperanza.
Despertar al niño
arcángel de las espadas,
ser relámpago, trueno,
con estatura de héroe
para talar, arrasar
las podridas raíces de mi pueblo.