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23 nov. 2016

Tristes les armes qui ne sont la parole / Tristes armas si no son las palabras


C’est la courte vie, surprenante, affreusement tragique, faite de rencontres décisives et d’une production poétique très abondante de Miguel Hernández dont je voudrais vous parler aujourd’hui.
La page du blog “Esprits nomades” sur ce poète est si belle, si complète ( http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/hernandez/hernandezmiguel.html) que je me demande comment aborder autrement ce poète…

Es de la corta vida de Miguel Hernández, sorprendente, trágica, hecha de encuentros decisivos y de una producción poética abundante, de lo que hoy querría hablaros.

Nous sommes à Orihuela, aux environs d'Alicante, en 1910. Dans une famille de chevriers naît en octobre Miguel Hernández. Une famille pauvre, une maison très modeste. Il fréquente l'école, ce qui à l'époque n'était pas obligatoire, jusqu'à 14 ans, puis aide la famille en étant berger.
Sa vie c’est la terre, les palmiers, orangers, figuiers, et puis mettre son oreille sur le ventre plein des chèvres, brebis.

Estamos en Orihuela, en los alrededores de Alicante, en 1910. Nace en una familia de cabreros. Una familia pobre, una casa muy modesta. A pesar de no ser obligatorio va a la escuela hasta los 14 años y ayuda a la familia haciendo de pastor. Si vida es la tierra, las palmeras, los naranjos, las higueras, las cabras, las ovejas.

Mais, autodidacte, d’une intelligence supérieure, il lit tout ce qui lui tombe sous la main, les poètes, spécialement, et c'est fort curieux, Góngora. Curieux, car les vers de ce dernier sont cultes, compliqués, tortueux, remplis de tournures latines, de métaphores inattendues...Et vers l'âge de 16 ans, inspiré par lui et Saint Jean de la Croix, Miguel se met à écrire ses premiers poèmes.

Autodidacta, dotado de gran inteligencia, lee todo lo que encuentra, poesía especialmente y curiosamente a Góngora. Curiosamente ya que los versos de este ultimo son cultos, complicados, tortuosos, llenos de formas latinas, de metáforas inesperadas… Y hacia sus 16 años, inspirado por Góngora y San Juan de la Cruz escribe sus primeros poemas.


Si je suis sorti de la terre,
si je suis né d'un ventre
malheureux et pauvre,
ce ne fut que pour devenir
le rossignol des malheurs,
l'écho de la malchance,
et pour chanter et répéter
à qui se doit de m'écouter,
tout ce qui se réfère
aux peines, aux pauvres et à la terre.
(Extrait de “Assis sur les morts”)

Si yo salí de la tierra,
si yo he nacido de un vientre
desdichado y con pobreza,
no fue sino para hacerme
ruiseñor de las desdichas,
eco de la mala suerte,
y cantar y repetir
a quien escucharme debe
cuanto a penas, cuanto a pobres,
cuanto a tierra se refiere.
(extracto de “Sentado sobre los muertos”)


Très vite il est attiré par Madrid où tout se passe. Plusieurs séjours dans cette ville où il rencontre Lorca et surtout Pablo Neruda, de six ans son aîné, qui le prend sous son aile, lui fait prendre conscience de la souffrance du peuple, et peu à peu il deviendra communiste. Miguel a 21-22 ans. Ses amis poètes sont Républicains, il s’unit à eux, la guerre civile approche, il la sent venir, le vit dans ses poèmes.

Pronto es atraído por Madrid donde todo ocurre. Allí encuentra a Lorca y sobre todo a Pablo Neruda que, seis años mayor que él, le toma bajo su manto, le hace ser consciente del sufrimiento del pueblo y poco a poco, bajo esa influencia, se hará comunista. Miguel tiene 21 – 22 años. Sus amigos poetas son Republicanos. La guerra civil se aproxima, la siente, la vive en sus poemas.




J’appelle la jeunesse
Sang qui ne déborde,
jeunesse qui n’ose,
ni est sang, ni jeunesse,
ni brillent, ni fleurissent.
 
Corps qui naissent vaincus,
vaincus et tristes meurent:
âgés d’un siècle ils arrivent,
et sont vieux à l’arrivée.
(trad: Colo)

Llamo a la juventud
Sangre que no se desborda,
juventud que no se atreve,
ni es sangre, ni es juventud,
ni relucen, ni florecen.

Cuerpos que nacen vencidos,
vencidos y grises mueren:
vienen con la edad de un siglo,
y son viejos cuando vienen.


Miguel Hernández se marie et a un fils qui, pour son grand malheur et celui de sa femme, meurt à moins d’un an. Il en aura un autre, mais Miguel ne sera plus chez lui.
Miguel Hernández se casa, tiene un hijo que desgraciadamente muere con menos de un año. Tendrá otro pero Miguel ya no estará en su casa.
Il prend une part fort active dans la Guerre civile, essaye de fuir au Portugal, est arrêté à la frontière et condamné à mort. L’intervention de ses amis, dont Pablo Neruda bien sûr, font commuer cette peine en 30 ans de prison. Mais il mourra avant, de tuberculose, à 32 ans, par manque de soins.
Toma parte activa en la guerra civil, trata de huir a Portugal pero es arrestado en la frontera y condenado a muerte. La intervención de sus amigos, entre los cuales Pablo Neruda, consigue rebajar la pena a 30 años de prisión. Pero morirá en prisión, a los 32 años, de una tuberculosis.

Tristes guerras
Tristes guerras
si no es amor la empresa.
Tristes, tristes.
Tristes armas
si no son las palabras.
Tristes, tristes.
Tristes hombres
si no mueren de amores.
Tristes, tristes.

Tristes guerres
Tristes guerres
si l’amour n’en est le but.
Tristes, tristes.
Tristes les armes
qui ne sont la parole.
Tristes, tristes.
Tristes hommes
s’ils ne meurent d’amour.
Tristes, tristes.
(Tard: Colo)

Ce récit de sa vie est forcément très incomplet mais vous donne une idée de l’homme, du poète.
Este relato de su vida es, por fuerza, muy incompleto pero os dará una idea del hombre y del poeta.


REF: Pour ceux qui comprennent un peu l’espagnol, il y a ce récit, émouvant, de sa femme: http://mujeresiluminandosombras.blogspot.com.es/2010/10/biografia-de-josefina-manresa-marhuenda.html
Dans “J’avoue que j’ai vécu” Pablo Neruda parle longuement de Miguel Hernández. Je publierai l’extrait dans le prochain billet.
En “Confieso que he vivido” Pablo Neruda habla
mucho de Miguel Hernández, publicaré en la próxima entrada esta parte del libro.





24 commentaires:

  1. quelle tristesse!
    quelle malheureuse victime...
    (et quelle beauté)
    merci de nous permettre de poursuivre cette découverte

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    1. Chez moi ses œuvres complètes, et depuis un temps je me suis intéressée à l'homme, me suis mise à traduire et essayer de le faire...bref, une sorte de passion récente;-))

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  2. J'ignorais ce destin difficile et tragique du "rossignol des malheurs", merci Colo.

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    1. Un personnage, des poèmes toujours reliés à la nature et aux gens, pauvres. Très attachant ce poète extrêmement connu ici, moins ailleurs je crois.
      Bonne fin de journée, pluies intenses ici.

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  3. Ne pas négliger le sourire, ni arme de guerre ni parole... MAis il est tout excusé.
    Quant à Esprits nomades que je fréquente également, il a été fondé par Gil Pressnitzer dont tu ignores peut-être qu'il nous a quittés il y a un an environ... Cet espace très beau qu'il nous a laissé est un legs généreux qui honore sa mémoire.

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    1. "La poésie est une arme chargée de futur" écrivait Gabriel Celaya (et chantait Paco Ibañez) à la même époque.
      Le sourire...oui, pauvre homme. Tant d'idéaux et puis..

      Ah, je ne savais rien de Gil Pressnitzer, un cadeau magnifique, en effet; une qualité exceptionnelle.
      Merci K.

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  4. un billet poignant surtout pour moi le dernier texte
    un poète magnifique je pense qu'il est présent à la bibliothèque je vais fouiner à mon prochain passage

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    1. Tu devrais le trouver car, même s'il est peu connu je crois en France, il a été pas mal traduit.
      Je trouve sa poésie magnifique, moi aussi.

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  5. Il y a des chemins de vie vraiment difficiles et pourtant des fleurs naissent sur les bords, certaines sont des mots, d'autres des couleurs, d'autres des notes de musique. Pouvoir s'exprimer est tellement important ! Merci Colo, douce journée. brigitte

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    1. Tu as raisons, ces fleurs qui aident à survivre.
      Bonne journée Brigitte.

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  6. Grâce à toi chère Colo, je découvre ce merveilleux poète. Je te remercie pour les extraits de ses magnifiques poèmes. J'aime ses mots.
    Je te souhaite une douce soirée.
    Je t'embrasse ♥

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    1. Pas vraiment gais ces poèmes, mais l'époque était si noire...
      Bonne soirée Denise, un besito.

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  7. Les poèmes sont magnifiques, mais quelle vie tragique ! Ma bibliothèque n'a rien sur lien, j'irai chercher en librairie ou sur le net.

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    1. Bonjour Aifelle, tu trouveras plusieurs poèmes très bien traduits en français sur Esprits Nomades (lien au dessus).
      Vie tragique aussi celle du poète Marcos Ana dont on apprend la mort ce matin. Il a passé 23 ans en prison franquiste et fut libéré grâce à Amnistie Internationale dans les années '60!

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  8. Que j'aime cet article, même si en effet il raconte une vie bien ingrate... Cet amour de la poésie, ce respect de l'éducation, cette élévation culturelle... tout ça donc était en lui comme un noyau et n'avait pas besoin d'un terreau particulier pour germer et grandir... C'est, en soi, magnifique!

    Et quels beaux poèmes, simples et vibrants... honnêtes. Merci!

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  9. Merci, Colette, pour ces compléments tragiques et poétiques du poète espagnol.
    (Guère de temps pour visiter les blogs ces derniers jours, j'espère y revenir cette semaine; je vous la souhaite belle).

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    1. Bonjour Christian, ne vous en faites surtout pas, la poésie est intemporelle...et mon billet est long cette fois-ci; une fois lancée et passionnée, j'ai eu du mal à m’arrêter!
      Bonne semaine à vous aussi.

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  10. La poésie comme mission...J'aime tout particulièrement le premier poème.
    Merci Colette de nous faire découvrir la vie et les mots poète !
    Bisesss

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    1. Avec un très grand plaisir, celui que j'ai pris à lier-écrire-traduire!
      Bonne soirée, besos.

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  11. Tant de victimes dont on se demande ce que seraient devenus les écrits de ces hommes si talentueux.
    Quel gâchis!
    Merci pour cette part d'Histoire et ces piqûres de rappel.

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    1. Ce n'est pas lointain du tout, il est nécessaire de s'en souvenir.

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