Meurent des poètes, abdiquent des rois; peut-être rêvaients-ils d'éternité...
Difficile à imaginer cette éternité, comment la représenter? Aujourd'hui deux poètes, chacun a son idée sur le sujet.
Mueren poetas, abdican reyes, tal vez soñaban con la eternidad...
Difícil de imaginar esa eternidad, ¿cómo representarla?
Hoy dos poetas, cada uno tiene su idea al respeto.
L’éternité (1963)
Eugène Guillevic
L’éternité
ne fut jamais perdue.
Ce qui nous a manqué
fut plutôt de savoir
la traduire en journées,
en ciels, en paysages,
en paroles pour d’autres,
en gestes vérifiables.
Mais la garder pour nous
n’était pas difficile
et les moments étaient présents
où nous paraissait clair
que nous étions l’éternité.
La
eternidad
La eternidad
jamás fue perdida.
Lo que nos faltó
más bien fue saber
traducirla en días,
en cielos, en paisajes,
en palabras para otros,
en gestos comprobables.
Pero guardarla para nosotros
No era difícil
Y los momentos estaban presentes
donde nos parecía claro
que nosotros eramos la eternidad.
(trad: Colo)La eternidad
jamás fue perdida.
Lo que nos faltó
más bien fue saber
traducirla en días,
en cielos, en paisajes,
en palabras para otros,
en gestos comprobables.
Pero guardarla para nosotros
No era difícil
Y los momentos estaban presentes
donde nos parecía claro
que nosotros eramos la eternidad.
Peinture, Jean Claude Pirotte |
Juan Gelman, poésie en prose / poesía en prosa
L'éternité est une idée violente / capitaliste/ accumuler du futur. La conscience se libère d'elle-même quand elle vire sa lumière dans les respirations de la rosée.
Fulgurances des oreillers où le temps se dénude et l'ordre de l'amour se perd. La nuit mûrit / les vérités du corps se font la cour / les heures qui s'en vont.
(trad- Colo)
La eternidad es una idea violenta / capitalista / acumular futuro. La conciencia se libra de sí misma cuando vira su luz en las respiraciones del rocío. Fulgor de las almohadas en las que el tiempo se desnuda y el orden del amor se pierde. La noche madura / las verdades del cuerpo conocen el cortejo / las horas que se van.
(In memoriam. Ciudad de México, 5 agosto 2012)
" L'éternité c'est long, surtout vers la fin. " - Woody Allen -
RépondreSupprimerNous ne sommes que de la poussière et du vent ...
Accumuler des longueurs, de la poussière? Choisir?
SupprimerImpossible à savoir, alors vivre.
Bonne journée Sable, grand soleil ici, promesse de chaleur même...y croire?
Ils sont très beaux et très intelligent tous deux, ces poèmes.
RépondreSupprimerLa jeunesse se sait forte, se pense capable de tout, même de l'éternité.
Thésauriser du temps à venir, autant ne plus retourner le sablier...
Mais quel serait le faible prix de nos joies et de nos satisfactions si tout était acquis pour l'éternité ?
Bonsoir Christian, sans l'idée de notre finitude, comment apprécierions-nous le présent? L'ennui serait-il notre lot ou plutôt la jouissance éternelle?
SupprimerIl m'est si difficile d'imaginer l'éternité, tout comme l'horizon ou l'infini...
Impossible d'imaginer l'éternité. Ce sont les poètes qui en parlent le mieux, comme vous l'avez fait comprendre avec ces deux textes.
Supprimer"La pensée de l'éternité console de la rapidité de la vie."
RépondreSupprimerMalesherbes
Merci pour ces poèmes que je ne connaissais pas
Bonne journée
Merci pour cette pensée Aloïs.
SupprimerLa vie va parfois vite, parfois moins...
Un beso, bonne semaine.
S'interroger sur l'éternité, c'est déjà vivre l'instant ...n'est-ce pas, au fond, ce qui compte ?
RépondreSupprimerBonne journée et merci pour ces semblants d'éternité que l'on pourrait feuilleter indéfiniment ...
S'interroger est indispensable, alors faisons-le....éternellement!
SupprimerJ'aime l'intemporalité des poèmes, oui, tu pourras les feuilleter à loisir.
Je m'aperçois que ce que je préfère est la citation de Joubert sur la peinture de Pirotte !!!
RépondreSupprimerChemins de traverse !
Et, merci Colo, bien sûr.
L'important du chemin est qu'il nous plaise, s'accorde à nos pas.
SupprimerSi le tien suit celui du vent, parfait señor K!
Peut-on accumuler le vent...?
Justement, non !
SupprimerC'est ce qui fait tout son charme ? prix ?
Bien sûr K, la question était purement rhétorique...c'est la gratuité du vent le rend si "charmant", nous sommes bien d’accord!
SupprimerHum, il manque un "qui" après vent. Un souffle sans doute l'a emporté...
SupprimerBonne fin de semaine, merci!
L'éternité ce serait trop long et rien ne serait important. La vie même courte, trop courte, reste unique et pleine de petits moments passés, présents et à venir… riches de paysages, de rencontres, de pensées… Carpe Diem.
RépondreSupprimerMerci Colo pour ces deux textes qui laissent à réfléchir.
Généralement la vie est assez longue pour réaliser tant et tant de choses, désirées ou moins je trouve Obni. Parfois je pense "en arrière" et je me dis, presque surprise"tout ça en 60 ans"!
SupprimerAlors, tu as raison, pourquoi vouloir l'éternité?
Merci à toi, bonne semaine.
L'éternité est aussi derrière nous. Comment peut-on imaginer la naissance de la terre ? Mais également comment imaginer sa fin ? Se retourner de temps à autre vers le passé c'est aussi se donner une idée de notre propre "éternité"..enfin pour celles et ceux qui arrivent à un "certain âge" voire à un âge certain ...:) . L'important n'est-il pas de combler cette angoisse permanente , inconsciente ou pas, de notre temps fini par des rêves, des couleurs, des sensations, des émotions ou encore des plaisirs simples ou même compliqués?
RépondreSupprimerMais cruel dilemme, ne dit-on pas que le temps passe plus vite quand on est occupé? Alors il faudrait donc prendre le temps de goûter chaque instant pour oublier qu'il y aura une suite..ou pas !
En attendant ici le ciel est changeant , c'est ce qui en fait le charme de notre pays breton, car je suis à peu près certain que ce ne sont jamais les mêmes nuages qui passent au fil des jours.
Très bonne journée Colo .
Merci Gérard, vous complétez, illustrez bien les paroles des poètes, nos réflexions aussi.
SupprimerLe vent fait changer le ciel qui n'est jamais pareil, c'est si vrai...à part quand il est d'un bleu monotone, sans un seul nuage. Tout l'intérêt du ciel réside sûrement dans ces nuages que le vent s'amuse à déplacer...
Bonne journée Gérard, et grand merci encore.
L'éternité n'est rien d'autre qu'une accumulation d'instants. Percevoir l'éternité est donc vivre pleinement l'instant présent ! C'est avant tout une question d'état d'esprit.
RépondreSupprimerBonjour Serge, en 2010 j'avais publié un billet qui va dans le sens de tes mots, tu peux le lire ici: http://espacesinstants.blogspot.com.es/2010/12/un-instant-un-flocon-un-instante-un.html
SupprimerUn état d'esprit, j'aime bien cette idée qui va accompagner ma journée.
Merci d'être passé, excellente journée.
La notion de temps est variable selon les âges et les civilisations. Il semblerait qu'à l'ère moderne, le temps perçu se soit accéléré. Revenons à l'adolescence, qui n'a pas eu des périodes de blues devant les contraintes imposées par la société ? Qui n'a pas pensé, souhaité d'être "grand", signifiant une impatience pour entrer dans le temps pensé "du libre arbitre" du monde des adultes...
SupprimerLa perception du temps, celle qui fait le temps et la pluie, le soleil et la hâte, oui Serge.
SupprimerMaintenant que nous sommes "très grands" (je ris) nous le "prenons"...étrange expression je trouve.
Bonne journée.
L'instant est l'autre nom de l'éternité.
RépondreSupprimerFragments, éd. Atelier de la Feugraie
[ Jean-Paul Hameury ]
Read more at http://www.dicocitations.com/citations-mot-eternite-4.php#8Uyrovjt8kdwwYUz.99
Bonjour amigo, j'y penserai à chaque instant donc...
SupprimerBonne fin de semaine! Un beso.
L'éternité, nous en vivons quelques "fragments" lorsque nous aimons, qu'il y a de la simplicité, de la gratuité, de la générosité dans nos gestes, nos paroles. L'éternité c'est aussi le mystère de la rencontre avec ceux qui sont très différents de nous, pauvres, malades, handicapés mentales ... La rencontre pleine et vraie qui nous fait aller jusqu'au bout de notre humanité. Un poème lu parfois lors d'obsèques dit: "Un amour m'attend." Que c'est beau de le vivre ainsi !
RépondreSupprimerPermettre qu'un fragment d'éternité - amour arrive à tout un chacun...merci pour tes mots généreux Lily. Il y a des rencontres si belles.
SupprimerL'éternité comme un présent qui se dilate jusqu'aux extrêmes de l' espace - inimaginable, impalpable... Comme ce serait ennuyeux, dit Alcmène à Jupiter amphitryon, qui n' en revient pas de la voir préférer une vie de simple mortelle (Amphitryon 32, Giraudoux). J'aime le premier poème que tu as choisi.
RépondreSupprimerSurprise de te trouver sur mon blog aujourd'hui, merci!
SupprimerTu me donnes envie de relire cette pièce un peu oubliée.
Un beso de sol, gracias!
Très intéressant, ces visions de l'éternité. Pour moi, l'éternité est l'instant présent, en fait.
RépondreSupprimerEt merci de me rappeler la poésie de Guillevic.
Bonne journée !
Bonjour Bonheur, l'éternité sujet universel, intemporel; depuis la mythologie en passant par les religions, la philosophie , la science et bien sûr la littérature et la poésie...toutes les inquiétudes de l'homme projetées dans une improbable survie...ou dans l'instant aussi, oui.
SupprimerBonne journée à vous aussi.
Je tendrais plutôt pour la première version, celle d'Eugène... parfois j'ai aussi ce sentiment fugace et inexplicable que nous sommes l'éternité, sommes éternels... mais c'est une sensation comme un courant d'air... impalpable et indéfinissable
RépondreSupprimerJe vois bien, oui, comme un moment de béatitude, de placidité je crois.
SupprimerL'éternité étant trop grande pour nos petits cerveaux, il nous reste les instants, à nous d'en faire le meilleur usage, c'est déjà du boulot! bises!
RépondreSupprimerTu as raison pour le boulot, c'est parfois si long un instant!
SupprimerUn beso!
J'ai une nette préférence pour Guillevic .. et je souris en voyant le rappel par Christw du mot de Woody Allen, il m'a toujours fait rire.
RépondreSupprimer@ Aifelle : tout petit rectificatif : ce n'est pas Christw qui cite Woody Allen ( non pas qu'il n'en soit pas capable ) mais Sable du temps.
RépondreSupprimerOups ... pardon, erreur de ligne.
SupprimerHier, j'ai soudain pris conscience qu'il "ne me restait" qu'une bonne dizaine d'année de bon vivre ! Alors l'éternité, je ne saurai qu'en faire...
RépondreSupprimerAh Lou, sait-on jamais combien de temps il nous reste à (bien) vivre? Il ne faut pas compter sur le temps mais sur nous-mêmes pour vivre gaiment les instants.
SupprimerBonne journée, je t'embrasse.
J'étais venue lire...et j'avais apprécié l'ensemble: Guillevic parlant de "so"n éternité lui qui vient de paysages où la pierre traduit une certaine idée de l'éternité; j'avais aimé la citation de Joseph Joubert, la peinture de Jean-Claude Pirotte. Quant au commentaire de Juan Gelman, il m'avait aussi interpellée.
RépondreSupprimerUn élément m'avait échappé cependant: la mort de Jean-Claude Pirotte que je savais très malade. Cela me rend triste même si je sais qu'il s'inscrit dans l'éternité des signes qu'il a su graver.
Tu as raison pour les très nombreux écrits de Mr Pirotte: ils resteront.
SupprimerAccumule les beaux instants amie, je t'enverrai quelques photos qui t'y aideront.
Muchos besos
"Chaque jour porte en lui l'Éternité."
RépondreSupprimerPaulo Coelho
J'aime beaucoup ce poème de Guillevic que je connaissais pas, merci !
Merci à toi, bonne journée!
SupprimerJ'ai enfin un peu de temps devant moi. Pas tout à fait l'éternité. J'ai effeuillé tous les billets en retard. Merci Colo
RépondreSupprimerContente de te lire, vacances en vue pour tous et toutes....le temps de feuilleter ou plonger!
SupprimerÀ bientôt chère Bacchante!