(Si vous comprenez un peu l'espagnol, vous n'aurez aucune peine cette fois à suivre le poème chanté par le grand J. Manuel Serrat)
Vaincus
León de Felipe (1884-1968)
Dans
la plaine de La Mancha
on
revoit la figure
de
Don Quijote passer.
Et
maintenant, oisive et bosselée, sur le baudet va l'armure
et
va oisif le chevalier, sans cuirasse ni dossière,
il
va chargé d'amertume,
car
là-bas trouva sépulture
son
amoureux combat.
Il
va chargé d'amertume
car
là-bas “resta sa quête”
sur
la plage de Barcino, face à la mer.
(…)
Combien
de fois, Don Quijote, dans cette même plaine,
aux
heures de désespoir je te regarde passer!
Et
combien de fois je te crie: fais-moi une place sur ta monture
et
sur tes terres emmène-moi;
fais-moi
une place sur ta monture,
chevalier
vaincu, fais-moi une place sur ta monture
car
je suis moi aussi chargé
d'amertume
et
batailler je ne peux!
Mets-moi
en croupe,
chevalier
de l'honneur,
mets-moi
en croupe avec toi,
et
emmène-moi pour être berger.
avec
toi.
Dans
la plaine de La Mancha
on
revoit la figure
de
Don Quijote passer...
(Trad:
Colo)
VENCIDOS Léon de Felipe (1884-1968)
Por la manchega llanura
se vuelve a ver la figura
de Don Quijote pasar.
Y ahora ociosa y abollada va en el rucio la armadura,
y va ocioso el caballero, sin peto y sin espaldar,
va cargado de amargura,
que allá encontró sepultura
su amoroso batallar.
Va cargado de amargura,
que allá «quedó su ventura»
en la playa de Barcino, frente al mar.
(...)
¡Cuántas veces, Don Quijote, por esa misma llanura,
en horas de desaliento así te miro pasar!
¡Y cuántas veces te grito: Hazme un sitio en tu montura
y llévame a tu lugar;
hazme un sitio en tu montura,
caballero derrotado, hazme un sitio en tu montura
que yo también voy cargado
de amargura
y no puedo batallar!
Ponme a la grupa contigo,
caballero del honor,
ponme a la grupa contigo,
y llévame a ser contigo
pastor.
Por la manchega llanura
se vuelve a ver la figura
de Don Quijote pasar...
Avec le texte sous les yeux, c'est nettement plus facile, contigo. Un baiser de Bruxelles entre nuages et soleil.
RépondreSupprimerIci les baisers sont trempés, mais bien réels!
SupprimerVraiment beau, aussi prenant que La quête de Brel, comme le triste épilogue de celle-ci.
RépondreSupprimerFelipe de León est, à mon avis, parfois trop narratif en poésie, trop explicite, mais ce poème-ci est beau, oui. Je suis plongée dans un recueil de ses poèmes, vous en lirez sûrement un ou deux de plus ici!
SupprimerBonne fin de journée Christw.
Superbe chanson... Rêvons d'impossibles quêtes.
RépondreSupprimerL'idée de traduire ce poème-chanson m'est venue en lisant les nouveaux chiffres du chômage, en regardant un reportage sur la faim en Grèce, la misère au Portugal...
SupprimerIl reste le rêve de quêtes...
Les rêves sont la seule chose que les pouvoirs et systèmes en place ne peuvent pas confisquer. La puissance de la poésie est un exutoire, une porte de sortie d'un monde oppressant, l'entrée dans un univers puissant où l'on retrouve l'âme, ce souffle d'humanité qui permet de mieux respirer dans un monde multiforme et oppressant.
SupprimerMerci Serge, tu as tout si bien dit que je n'ai rien à ajouter.
SupprimerBonne soirée.
Il y a des batailles qui semblent perdues d'avance. Et pourtant même chez nous on a bien réussi à arracher les ailes des moulins à vent! Progrès, régression...? L'avenir nous le dira..ou pas. Nous sommes nombreux je pense à vouloir accompagner Don Quijote. Pauvre monture! Très bon dimanche Colo. Gérard
RépondreSupprimerBonjour Gérard, en ce moment l'ennemi est flou et multiple, de là l’énorme difficulté du "batallar", de la mobilisation...comme la poussière soulevée par un troupeau de moutons pris pour une armée ennemie par ce vaillant DQ.
SupprimerIl fait si gris foncé et il pleut tant qu'on ne distingue pas le dimanche ce matin....
Je vous souhaite tout le soleil du monde!
Je ne connaissais pas ce poète, pas même son nom, merci pour la découverte ! Et bravo pour la traduction ! Je ne suis pas en mesure de juger si c'est une bonne traduction, je ne connais pas l'Espagnol, mais elle me plaît.
RépondreSupprimerMerci, si elle te plaît, me voilà contente. Des heures de travail, tu peux l'imaginer, mais j'adore ça.
SupprimerJe n'ai rien trouvé de ce poète en français sur la toile, j'ignore donc s'il est traduit.
Bon dimanche, avec ou sans CRS ;-)
Moi non plus je ne connaissais pas ce poète
RépondreSupprimerMerci pour ce partage .
J'ai trouvé sur le net une photo de lui les derniers temps c'est hallucinant ce qu'il ressemblait à l'Abbé Pierre
Je ne sais pas si tu as entendu parler de l'Abbé Pierre
Bonne fin de journée
Tu as raison Aloïs, la ressemblance physique est vraiment frappante!
SupprimerJe travaille sur un autre poème, tu auras ainsi l'occasion de mieux le connaître.
Bonne fin de journée à toi aussi!
Le poème est bien servi par cette voix dont j'aime le timbre et chaque fois, à travers les différents écrits, c'est le rêve qui se met en marche.L'illusion de chevaucher dans un monde magique, si loin de la réalité et où la poussière du chemin efface les déconvenues.
RépondreSupprimerMerci encore et toujours pour cette découverte.
Bonjour Maíté, j'imagine que tu connais bien Serrat et sa voix si reconnaissable au ton juste.
SupprimerJe ne sais si dans la traduction on peut sentir le rythme de la chevauchée, assez net en espagnol m'a-t-il semblé.
Merci à toi et belle journée Maíté.
Moi non plus je ne connaissais ni le poète ni l'interprète... Très beau, avec une tristesse amère comme les oranges de Séville...
RépondreSupprimerL'Histoire de l'Espagne n'est pas gaie, depuis toujours sueurs et sang. Pourtant on y rit, on a le sens des fêtes, même sur un fond de tristesse...
SupprimerBelle journée Edmée.
Bon en ce qui me concerne c'est moi qui veux être Don Quichotte...(je me demande parfois si ce n'est pas déjà ce que je suis) :))
RépondreSupprimerMais j'aime bien la chanson.
En croupe sur son cheval...il doit falloir bien se tenir !
Fais, fais, ce poème et fait pour se l'approprier et je suis sûre que tu t'y sentiras à l'aise même avec DQ en croupe!
SupprimerÀ bientôt Euterpe.
A la question que tu poses, oui, il a été traduit ici :http://canzones.over-blog.com/article-vaincus-109531349.html
RépondreSupprimerC'est vrai que le monde ne va pas bien, mais je pense aussi que beaucoup de gestes altruistes, généreux, ne sont pas mis en valeur dans les médias. Pourtant ils comptent beaucoup, peuvent être des moteurs de changements en profondeur. Bonne journée Colo !
Merci pour cette traduction Lily.
SupprimerTu as raison, une grande solidarité s'est mise en place et on en parle peu, si peu! Des changements en profondeur sont absolument nécessaires...poco a poco ou brusquement? L'histoire nous le dira...
Belle fête du 1º mai!
Que c'est émouvant ! Grâce à ton texte, on comprend aisément la chanson... en espagnol, c'est indispensable ! Les sons, les rr, les ll, les terminaisons en ra, ar ou o, contribuent à rendre cette fierté désespéré, à l'image du caballero et de son combat amer, celui de tous nos pays en crise.
RépondreSupprimerMerci de l'avoir si bien ressenti MH.
SupprimerLes sonorités, indispensables en effet dans ce contexte.
Beau weekend à toi!
coquillage ;-) fierté désespéréE... il fait splendide aujourd'hui !
RépondreSupprimerexcellent wk à toi aussi
Profite des chemins de fleurs, de leur odeur, de la douceur chère MH.
Supprimer