Depuis
le temps que Espaces Instants existe, ici mais ailleurs auparavant, jamais nous n'avons débarqué sur les îles Canaries.
L'année que j'y ai passée, ma première en Espagne juste après la
mort de Franco, m'a laissé des souvenirs glissés dans le fond d'un
tiroir, un dossier consciemment « oublié ».
Pas
par la faute des îles ni de leurs habitants, mais par celle d'un dur
apprentissage de la langue, des coutumes et la découverte de ce qui
pour moi s'assimilait au tiers-monde. Je n'y étais pas préparée.
Alors
trois billets vont rétablir cette injustice. À chaque fois une
poétesse et un artiste.
Desde
que existe Espaces Instants, aquí pero en otros sitios antes,
nunca hemos desembarcado en las islas Canarias. El año que pasé
allí, para mi el primero en España, justo después de la muerte de
Franco, me dejó unos recuerdos metidos en el fondo de un cajón, un
expediente conscientemente «olvidado».
No
por culpa de las islas ni de sus habitantes, sino por la de un duro
aprendizaje de la lengua, de las costumbres y del descubrimiento de
lo que para mí se asimilaba al tercer mundo. No estaba preparada.
Tres
entradas van a reparar esa injusticia. Cada vez una poetisa y un
artista.
Toi du haut du balcon...
Josefina de la Torre (1907-202)
Toi du haut du balcon de ton silence
moi dans la barque sans cap de mon mal,
tous deux perdus sur le même chemin,
toi qui attends ma voix et moi qui attends.
Esclave toi de l'horizon inutile,
enchaînée moi à mon passé.
Pas une silhouette de navire dans ta pupille
ni boussole et timon pour mes bras.
Debout sur la haute balustrade marine
en vain tu attendrais ma venue.
Je devrais arriver sur l'écume
à l'aube d'un jour blanc.
Mais le haut balcon de ton silence
oublia le signal pour mon navire.
Et je me perdis dans le brouillard de ta rencontre
-comme un oiseau aveugle- pour toujours.
(Trad: Colo)
Andrés Delgado |
Tú en el alto balcón...
Josefina de la Torre
Tú en el alto balcón de tu silencio,
yo en la barca sin rumbo de mi daño,
los dos perdidos por igual camino,
tú esperando mi voz y yo esperando.
Esclavo tú del horizonte inútil,
encadenada yo de mi pasado.
Ni silueta de nave en tu pupila,
ni brújula y timón para mis brazos.
En pie en el alto barandal marino
tú aguardarías mi llegada en vano.
yo habría de llegar sobre la espuma
en el amanecer de un día blanco.
Pero el alto balcón de tu silencio
olvidó la señal para mi barco.
Y me perdí en la niebla de tu encuentro
–como un pájaro ciego– por los años.
Tú en el alto balcón de tu silencio,
yo en la barca sin rumbo de mi daño,
los dos perdidos por igual camino,
tú esperando mi voz y yo esperando.
Esclavo tú del horizonte inútil,
encadenada yo de mi pasado.
Ni silueta de nave en tu pupila,
ni brújula y timón para mis brazos.
En pie en el alto barandal marino
tú aguardarías mi llegada en vano.
yo habría de llegar sobre la espuma
en el amanecer de un día blanco.
Pero el alto balcón de tu silencio
olvidó la señal para mi barco.
Y me perdí en la niebla de tu encuentro
–como un pájaro ciego– por los años.
Andrés Delgado website:
http://www.andresdelgado.es/Paginas/inicio.php
Foto:
http://www.gobiernodecanarias.org/cultura/actividades/andresdelgadoalbuqcc/andresdelgadoalbuqcc.html
Mon premier passage à Santa Cruz de Ténérife date de novembre 1949..j'étais seule avec ma mère, nous allions, au Congo Belge, retrouver mon père. Des anciens nous ont emmenées en excursion,j'avais 6 ans, je n'ai jamais oublié l'or des églises ...par après les escales ont été consacrées au shopping....Certes, ce ci est loin de la poésie mais ce sont des souvenirs que je garde moi aussi dans un dossier...belle soirée à toi.
RépondreSupprimerJ'ai vécu à Las Palmas mais visité Tenerife, beaucoup plus verte et dorée, oui.
SupprimerSouvenirs...sur la place principale de la ville de nombreux joueurs d'échecs, dans un village des forêts d'avocatiers...
Merci d'avoir ouvert ton dossier!
Belle semaine.
Ce texte est superbe. Un brouillard tout en suggestion, en suspension...
RépondreSupprimerContente que tu l'aies apprécié K. Belle soirée.
Supprimeroh que ce poème me parle, si tu savais !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup l'illustration ... se perdre dans les vagues.
Merci Colo, merci.
Je t'embrasse.
Je ne peux qu'imaginer Sable...
SupprimerToi qui passes un temps au bord de mer, c'est parfait!
Belle semaine à toi, besos.
Quel beau poème que j'entends par ta voix ! Quel changement total de vie pour toi, cette année-là. Et puis, quand le brouillard s'est levé, quelle lumière...
RépondreSupprimerJ'aime l'illustration de Andrés Delgado que tu as choisie, je découvre en lien un autre titre parlant : "Donde habita el paisaje". Douce soirée, Colo.
Bonsoir Tania, ces derniers jours j'ai découvert avec plaisir de très nombreux artistes des Canaries. J'espère que tu aimeras les suivants aussi.
SupprimerBelle soirée, je t'embrasse.
Josefina de la Torre qui était aussi une excellente soprane
RépondreSupprimerOn la compare parfois à Marlène Dietrich.
Elle était très belle
Bonne soirée
Oui, oui, une femme pleine de talents et de beauté. Merci de le dire/ rappeler.
SupprimerBelle soirée à toi aussi.
J'aime tout: la douce musique nostalgique du poème et la peinture très suggestive.
RépondreSupprimerMerci
Merci à toi Maïté, belle journée.
SupprimerJe retiens la rencontre de ces mots: "esclave de l'horizon inutile"
RépondreSupprimerHélas!
SupprimerTon aube est-elle blanche? Colorée? La mienne est d'un beau gris en ce moment.
Aube argilacée, ce matin.
SupprimerNe pas s'y enliser...je t'envoie des marbrures bleues.
Supprimerje fais mes bagages immédiatement pour tu suivre les yeux fermés
RépondreSupprimerOuvre-les de temps en temps quand même chère amie!
Supprimerparoles d'un poids lourd de la chanson, Patrick Norman :
RépondreSupprimer- "Gulliver dans l'Univers
S'était fait des amis
La seule terre qui lui fût étrangère
C'est les îles Canaries..."
Ah, oui, Patrick Norman, quel plaisir, cela faisait bien longtemps...inconnu ici bien sûr... mais on lui fera découvrir ces îles.
SupprimerBonne journée JEA.
J'aime beaucoup ce poème. Je ne connais pas cet auteur.
RépondreSupprimerElle est fort peu connue, même ici tu sais!
SupprimerBelle journée.
c'est beau. c'est déchirant.
RépondreSupprimerUn condensé marin de tant de déchirures...
SupprimerBlog parfait pour moi, pour améliorer mon francaise, merci
RépondreSupprimerBonjour / Hola Marina, je viens de jeter un coup d’œil rapide à ton blog bilingue lui aussi! Amusant, j'y retournerai!
SupprimerHasta pronto, gracias por tu visita.
C'est poignant ce "haut balcon du silence" ! Quelle solitude dans l'enfance pour oublier les signaux de ceux qui nous aiment ! Mais peut-être ces signaux partaient-ils d'un coeur souffrant plus qu'il n'aurait fallu. La rencontre n'est pas toujours possible. Il faudrait peut-être creuser l'attente, encore et encore. Pff, c'est douloureux, mais quoi d'autre ? L'écriture est-elle suffisante ? Je ne le crois pas, même si elle ouvre des portes ...
RépondreSupprimerBonjour Lily, bien d'accord avec toi pour l'écriture, pour le reste aussi d'ailleurs; que de rencontres ratées, que de silences aussi. Rien d'autre en effet.
SupprimerPasse un excellent week-end.
Je vais me laisser entraîner sur ce chemin de connaissance… Je ne connais presque rien de ces îles… Merci encore Colo !
RépondreSupprimerMerci de ta confiance Obni, j'essayerai d'être à la hauteur...
SupprimerQue c'est beau ! ....et douloureux à la fois... c'est drôle qu'un poème puisse être les deux !
RépondreSupprimerMerci pour cette traduction, colo !
Que de découvertes !
J'espère que tu en feras encore...le 3º billet sur ces îles t'intéressera particulièrement, tu verras...suspense!
SupprimerBeau weekend Euterpe.
Dur, dur de quitter son pays... es-tu toujours "un oiseau aveugle pour toujours" ??
RépondreSupprimerJolie matière de peinture et belle peinture de matière que les toiles de cet artiste ! Bonne journée, chère Colo.
On non, je suis plutôt devenue un oiseau sédentaire aux mille yeux! Tant vu et appris.
SupprimerJe suis bien contente que tu apprécies ces toiles MH, toi la spécialiste.
Excellente journée à toi aussi, superbe soleil ici.
Hello Colo ! Impossible de lire tes derniers billets, ton blog (et c'est le seul) déraille complètement. Bizarre, bizarre... Alors je te souhaite un bon wk et t'envoie un big beso ;-)
RépondreSupprimerHola MH, je ne peux que te dire ceci: depuis déjà tout un temps ce blog ne fonctionne pas avec Google norma, il faut employer Google Chromium ou Firefox...sinon je ne vois pas du tout, désolée et besos.
SupprimerAh, je suis soulagée, car si d'autres yeux et une autre tête voient comme moi, ce qui ne se voient plus, alors bon... en effet comme MH je lis des articles puis quand je reviens plus tard ou un jour ou deux jours après, pffffuit disparus. Et cela même sur mon Mac qui tourne avec Safari... donc bon, c'est pourquoi je ne laisse plus de mots, car je pensais à un grand chamboulement style nettoyage de printemps où l'on jette le surplus pour faire de la place. Donc voilà plusieurs jours que je lis l'article. Tout à l'heure je l'avais en date du 4/10, là maintenant en date du 18/09. Oh secours, je perds la boule et Colo avec... rire et sourire. Enfin tu vois pas mes grimaces et mon hochement de tête... (Ps : là aujourd'hui c'est depuis le bureau que je vois ces anomalies).
RépondreSupprimerOH là, là...MH vient de laisser un commentaire sur le dernier billet...avec Google chrome pas de problème dit-elle! Désolée Lou!
SupprimerC'est émouvant, le sentiment d'une rencontre improbable, l'exigence de l'attente confrontée à la réalité et le lent cheminement pour enfin se trouver...
RépondreSupprimerC'est exactement ce qui m'a émue Marcelle.
SupprimerMerci d'être passée.
C'est vrai que les insulaires semblent vivre en haut d'un balcon, entouré par l'immensité bleue et le silence; ce silence que l'on ne trouve que sur une falaise, éloignée de tout, perdue sur un minuscule rocher qui flotte on ne sait comment.
RépondreSupprimerTu dis si bien ce que tu connais.
SupprimerMerci d'être passé Damien, amicalement depuis mon île à nouveau verte après les pluies, et bleue bien sûr!