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30 août 2011

Luisa, une femme du XVIº / Luisa, una mujer del XVIº

Lali me propose un jeu qui vient de chez Euterpe.C’est plutôt un casse-tête fort intéressant dont le sujet est :

Quelle femme de la Renaissance auriez-vous aimé être ?

Lali me propone un juego que viene del blog de Euterpe. Es mas bien un rompecabezas muy interesante ya que el tema es:
¿Qué mujer del Renacimiento le hubiera gustado ser?

Casse-tête car peu nombreuses, peu connues et assez mystiques les femmes de langue espagnole sur lesquelles je travaille depuis une semaine. Mais je me suis décidée, voici une femme - que je n’aurais pas du tout aimé être -, la poétesse Luisa Carvajal y Mendoza, mais qui me semble intéressante à bien des points de vue.

Rompecabezas ya que hay pocas, poco conocidas y bastante místicas las mujeres de habla española que encontré. Pero me decidí; he aquí una mujer – que no me hubiera gustado nada ser -, la poetisa Luisa Carvajal y Mendoza, pero que me parece interesante bajo varios puntos de vista.

Née en 1568 en Extremadura, Cáceres, elle est morte à Londres en 1614. Que faisait-elle donc en Grande Bretagne ? Voilà ce que je vais vous raconter.

Seule fille après 5 fils, de parents nobles et riches, elle a été orpheline de père et mère à l’âge de six ans. Séparée de ses frères elle termine chez un oncle, Francisco Hurtado de Mendoza où elle reçoit l’éducation domestique et intellectuelle traditionnelle des jeunes filles : latin, lecture des classiques, connaissance chrétiennes et pratique de la charité. A la suite de péripéties, elle se retrouve seule à 13 ans avec son oncle qui la soumet à des pénitences violentes et douloureuses.

Voilà notre Luisa embarquée sur la route du désir de martyre : plus son oncle est cruel avec elle, plus son amour pour Jésus augmente.

Nacida en 1568 en Extremadura, Cáceres, murió en Londres en 1614. ¿Qué hacía en Gran Bretaña? Os lo voy a contar.

Única hija después de 5 hijos de padres nobles y ricos, se quedó huérfana a los seis años. Separada de sus hermanos acabó en casa de un tío, Francisco Hurtado de Mendoza donde recibió la educación doméstica e intelectual tradicional de las chicas: latín, lecturas clásicas, conocimientos cristianos y práctica de la caridad. Después de unas peripecias se encuentra sola con su tío que la somete a unas penitencias violentas y dolorosas.

He aquí nuestra Luisa llevada al camino del deseo del martirio: más cruel es su tío con ella, más su amor hacia Jesús aumenta.

A la mort de son oncle elle vit seule, refusant le mariage et le couvent, raison pour laquelle elle a du mal à toucher son héritage car c’était bien entendu la condition pour…

Une fois riche, elle abandonne les atours de noble et s’habille en pauvre, voyage beaucoup, toujours pour des motifs religieux, -elle avait des liens étroits avec les Jésuites, - fonde entre autres un collège pour eux à Louvain, Belgique.

Plus tard, toujours en relation étroite avec les Jésuites, elle créa à Valladolid une sorte de « béaterie », une communauté de femmes célibataires et dévotes, fort actives.

A la muerte de su tío vive sola, rechazando el matrimonio y el convento, razón por la cual le resulta difícil obtener su herencia ya que esa, claro, era la condición para…

Una vez rica, abandona los atuendos de noble y viste de pobre, viaja mucho, siempre por motivos religiosos, - tiene lazos estrechos con los jesuitas, - funda entre otros un colegio para ellos en Lovaina, Bélgica. Más tarde, y siempre en relación con los Jesuitas, crea en Valladolid un tipo de “beatería”, una comunidad de mujeres solteras y devotas, muy activas.

Elle part en Angleterre en 1605, sous la protection de l’ambassadeur espagnol (dont elle aura bien besoin car par deux fois elle est incarcérée), et se livre là-bas, en missionnaire, à de nombreuses actions de conversion et luttes (par exemple recueillir les membres amputés des catholiques écartelés). Le Supérieur des Jésuites essaye de lui faire abandonner toute idée de martyre, rien n’y fait. La seconde fois qu’elle sort de prison, elle est affaiblie et malade et meurt à Londres à 48 ans, sans avoir le temps de rentrer en Espagne.

Une vie courte d’une femme indépendante et volontaire.

Son œuvre consiste en de nombreuses lettres, aux thèmes éminemment religieux, et surtout en une collection de poèmes. Luisa a exploré toutes les formes poétiques du Baroque et son mysticisme suit le courant établi par Juan de la Cruz, Sainte Thérèse…

Se marcha a Inglaterra en 1605, bajo la protección del embajador español (cuya ayuda necesitará mucho ya que fue encarcelada por dos veces) y lleva allí, como misionera, numerosas acciones de conversiones y luchas (por ejemplo recoger los miembros amputados de católicos descuartizados).

El Superior de los Jesuitas intenta en varias ocasiones hacerle abandonar toda idea de martirio…. en vano. La segunda vez que sale de prisión, está muy débil y enferma y muere en Londres, sin tener tiempo de volver a España.

Una vida corta de una mujer independiente y voluntariosa.

Su obra consiste en numerosas cartas con temas eminentemente religiosos y sobre todo una colección de poemas. Luisa ha explorado todas las formas poéticas del barroco y su misticismo sigue la corriente establecida por Juan de la Cruz, santa Teresa…

Voici un sonnet que j’ai traduit du mieux que j’ai pu… bon, vous en aurez au moins une idée.

De sentimientos de amor y ausencia profundísimos.

¿Cómo vives, sin quien vivir no puedes?
Ausente, Silva, el alma, ¿tienes vida,
y el corazón aquesa misma herida
gravemente atraviesa, y no te mueres?

Dime, si eres mortal o inmortal eres:
¿Hate cortado Amor a su medida,
o forjado, en sus llamas derretida,
que tanto el natural límite excedes?

Vuelto ha tu corazón cifra divina
de extremos mil Amor, en que su mano
mostrar quiso destreza peregrina;

y la fragilidad del pecho humano
en firmísima piedra diamantina,
con que quedó hecho alcázar soberano
.

Des sentiments d’amour et d’absence très profonds.

Comment vis-tu, sans qui vivre tu ne peux?
Absente l'âme, Silva, tu as la vie,
et cette même blessure gravement
traverse le coeur et tu ne meurs?

Dis-moi, si tu es mortelle ou immortelle:
L’Amour t’a faite à sa mesure,
ou forgée, dans ses flammes, fondue,
tant la limite naturelle tu excèdes?

Il a transformé ton cœur en chiffre divin
aux mille extrémités Amour, tant il a voulu
montrer de sa main la dextérité pèlerine ;

et la fragilité de la poitrine humaine
en très ferme pierre de diamant
fut transformée château fort souverain.

16 commentaires:

  1. Ouf, grâce à vous, une découverte de A à Z, de l'alpha à l'omega...
    Apprendre qu'à Londres, elle recueillait les restes humains de victimes des fanatismes, rappelle qu'aujourd'hui encore, notamment sur les lieux d'attentats, les mêmes gestes se répètent...

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  2. J'ignorais tout de Luisa Carvajal y Mendoza, quel destin étonnant. Le goût du martyre est si loin de nous qu'il est difficile à comprendre. Elle a fondé un collège de Jésuites à Louvain - une mystique très active !

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  3. Quel destin, par contre ce genre de personnalité me met un peu en transe (et pas religieuse du tout) comment peut on avoir du plaisir à la mortification, à la douleur ...je ne comprendrais jamais rien à la religion !

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  4. Alors, là, j'apprends tout! Et j'aime. Il est curieux de constater son goût pour le martyr après avoir été violentée par son oncle. Le masochisme serait-il une des recettes pour devenir martyr? Il faut bien entendu se mettre dans le contexte. Mais j'ai toujours trouvé les intérieurs des églises espagnoles un peu mortifères également, chose que je ressens toujours quand je visite encore et encore la cathédrale de Gand.

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  5. A colo : merci, merci merci ! Je suis transportée d'aise ! Je l'ai mis en brouillon à la 38e position. Je suis ravie du succès de ce tag et comblée d'obtenir une vraie traduction de l'espagnol d'une oeuvre féminine étrangère de ce temps ! Quel précieux cadeau !
    A dominique : la mortification sans être un "plaisir" peut soulager de grandes souffrances. Est-il préférable de sombrer dans la drogue, l'alcool ou d'autres addictions plus trash qui déshumanisent les êtres ? Je crois que les gens vivaient comme ils pouvaient avec leurs douleurs. Cette femme a été épouvantablement maltraitée mais elle en a fait quelque chose qui ne nuisait à personne, Elle arrivait même à donner aux autres alors qu'elle avait été "voler". Pour ma part, je ne blâme pas la mortification. Elle a un sens.

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  6. **JEA, ce fut une découverte pour moi aussi. Au fur et à mesure de mes lectures sur sa vie je me suis sentie un peu proche d'elle, comme fascinée.

    **Tania, on le comprend un peu mieux en s'immergeant dans les mystiques je crois. Jacqueline Kelen en parle bien dans "L'esprit de solitude", tu ne trouves pas?

    **Dominique, Euterpe te donne une piste de réponse peut-être...? Comme je l'écris à JEA, la vie de Luisa m'a émue, captivée aussi.

    **Damien, la cathédrale de Gand tu dis...il faudra que j'y retourne. Celle de Palma est très "vivante", lumineuse par contre.
    Dans le cas de Luisa je ne parlerais pas du tout de masochisme sinon d'une forme personnelle, extrême bien sûr, de vivre ses souffrances.

    **Euterpe, ah ce poème...mon "spécialiste" et moi avons tourné et retourné chaque vers dans tous les sens...ils sont assez hermétiques en espagnol, alors la traduction...
    Merci pour cette lumière sur la mortification que, j'imagine, tu rencontres souvent dans tes recherches.

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  7. Je découvre totalement ce destin de femme sortie de l'ombre. Mystères de l'âme humaine...
    Merci pour la traducton du poème, tâche peu facile j'imagine. Un petite correction serait nécessaire dans l'expression "si tu es mortel ou immortel" : écrire "mortelle" / "immortelle".

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  8. **Danièle, oh, oui, merci, c'est corrigé.
    Tant de femmes écartées de la lumière, en effet! Il reste bien du travail...
    Belle semaine.

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  9. Perso, je vote pour Aliénor d'Aquitaine:
    "en 1152 après le divorce d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII le Jeune, plus porté sur la prière que sur le frisson crapuleux des rites conjugaux, Aliénor, en jachère et caliente comme une baraque à frites, rencontre sur Mytic.fr Henri II Plantagenêt séduite par un pseudo prometteur: "la poutre de Westminster".
    Romantique autant que pragmatique, La belle rangea son patriotisme dans le panty et un Eurostar plus tard, déboula à Saint Pancras international London city avec la Guyenne dans son hennin et un barricot de Clairet de Quinsac sous le bras.
    Riton II, serrurier opportuniste, lui bricola la ceinture de chasteté et la Guyenne devint anglaise.
    Nous partîmes ainsi pour quelques bisbilles qui aboutiront plus tard à la "guerre de cent ans". En attendant la communauté européenne prévue dans un demi millénaire, on échange avec les aïeux de Lady Di et les ancêtres des Beatles quelques horions, on s'interroge à la tenaille rougie à blanc pour connaître le digicode de quelques ribaudes, on s'empale dans la joie et s'étripe dans la bonne humeur jusqu'à ce que, non contents de boire de l'eau chaude avec des feuilles dedans et de faire bouillir les viandes rouge, ils vint aux "Godons" l'idée de rôtir la viande blanche, autrement nommée Jeanne la pucelle, à Rouen en 1431.
    Trop c'est trop et, pour punir ce double outrage à la chasteté et à la rôtisserie, rendez-vous fut prit au château de Castegens pour l'ultime castagne dite "bataille de Castillon" où John Talbot perdra contre Michel Pérunin en 1453 mettant un point final à la guerre de cent ans (Michel Pérunin, c'est le finisseur qui achevât John T. d'un coup de hache d'où sans doute l'expression "on s'est fendu la gueule!" qui de nos jours à une connotation plus festive).
    L'affaire est conclue mais pour l'Aquitaine, les conséquences ne sont pas bénéfiques. Plus question de chartes au contenu libéral, plus question de "consentir " l'impôt. Jean de Foix, fils de Gaston 1er dit le Lion des Pyrénées, restaure quelques privilèges aux Castillonnais pour calmer le jeu et on se reverra à la prochaine coupe du monde."
    Mais ça ne compte pas : c'était au XIIème siècle!

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  10. **Ah, là, là, morte de rire Alex! Ça compte, mais oui!

    L'Histoire revisitée par toi est franchement plus illustrée et vivante que dans mes ex-livres d'école!
    (la baraque à frites, c'est pour mes origines belges?)
    Merci amigo, un beso.

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  11. Je découvre...
    Personnellement, j'aime beaucoup le parcours de cette femme! Merci pour la réponse lumineuse de Euterpe sur la question du martyr et de la mortification.

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  12. **Terre indienne, le plaisir des découvertes. Je file chez toi!

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  13. Elle aurait pu faire souffrir autant qu'elle a souffert. Elle a choisi la mortification et le martyr qui sont aussi une forme de déshumanisation.
    "la passion selon Luisa " permet à chacun de donner son avis sur le sujet. J'aime beaucoup quand il y a échange d'idées entre commentaires. Merci Colo
    ( personnellement j'aurais préféré être une autre Louise. Louise Labé !)

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  14. **Sable du temps, c'est vrai, le chemin de la vengeance, des représailles se donne souvent...
    Louise Labé, c'est fort tentant en effet!
    Merci de ta contribution à cet échange, un beso.

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  15. Une bien jolie découverte que j'ai mis du temps à lire avec tous mes derniers soucis informatiques...
    Merci d'avoir joué le jeu Colo!

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