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29 juin 2011

Attrape-mouches /Cazamoscas


La Reina Isabel cantaba rancheras
La Reine Isabel chantait des chansons d’amour.

Roman- novela Hernán Rivera Letelier

Je l’ai reçu en traduction française mais par chance (car je pestais un peu) il se trouve en espagnol sur la Toile. Par chance aussi la traduction est excellente, vraiment.

Quatrième de couverture :

« Dans une des compagnies salpêtrières perdues dans les vastes étendues délirantes du désert d’Atacama*, on enterre Isabel, une prostituée, qui y travaille depuis l’âge de 11 ans. Hernán Rivera Letellier, ancien mineur du salpêtre, nous raconte dans un style puissant et burlesque cet enterrement et la fin d’un univers à la fois désespéré et débordant de vitalité. »

* Chili

Me lo regalaron en francés pero por suerte, ya que me daba rabia, lo encontré en versión original en la Web. La traducción en francés es excelente y he aquí lo que pone en la contraportada.

“En una de las compañías salitreras perdidas en las delirantes extensas llanuras del desierto de Atacama, se entierra a Isabel, una prostituta, que trabajaba allí desde los 11 años de edad. Hernán Rivera Letellier, antiguo minero de la salitrera, nos cuenta en un estilo potente y burlesco ese entierro y el fin de un universo a la vez desesperado y desbordante de vitalidad.”

Mirando de reojo a la Garuma, las demás niñas estallaron en risas con lo de mosquita muerta. Y es que a la Garuma, prostituta de piel blanquecina, alta y flaca y ligeramente encorvada, se le conocía también en círculos más estrechos como la Mosquita Muerta; y esto por una instintiva y poco higiénica afición que tenía de andar cazando siempre estos insectos. Estuviera donde estuviera y se hallara con quien se hallara, la Garuma no podía controlar su manía de sacar el manotazo y atraparlas en el aire. Y era tan ducha en su arácnido ademán que, como en el juego de la payaya, podía atrapar la siguiente sin que se le escapara la anterior hasta juntar cinco o más moscas vivas en el puño de la mano. Su ademán limpio y rápido de dar el zarpazo, era tan súbito y reflejo como un tic. Y no entendía cómo los demás cristianos, con armas tan contundentes como un diario plegado o uno de esos horribles matamoscas de plásticos, podían errar sus mandobles a un brazo de distancia, cuando ella, sobre todo en el calor zumbante del verano salitrero, era capaz de apañarlas concentrada en la lectura de alguna fotonovela o de agarrarlas al vuelo caminando tranquilamente entre la gente de la calle, «Ustedes con sus manotazos fallidos no hacen sino dejar a las pobres moscas todas despeinadas o con soplo al corazón», decía, sin ningún asomo de alarde, la Garuma. En el ambiente de los buques corría el rumor de que en sus horas de trabajo,"en medio de los jadeos y resuellos de su cliente, súbitamente sacaba una mano por debajo y, sin perder el ritmo del bamboleo, con la rapidez de una serpiente, se cazaba dos o tres moscas por polvo. Algunos comentaban que cuando no miraba nadie, se las comía.

Y aquella mañana en la iglesia, en el corto tiempo que duró la entrevista, mientras oía con abismada atención las palabras del cura, ante la mirada atónita de éste y la vergüenza ajena de la Pan con Queso, la Garuma se atrapó maquinalmente tres moscas católicas.”

« Regardant l’Échasse du coin de l’oeil, les autres filles éclatèrent de rire à cause de la fine mouche. Car l’Échasse, prostituée à la peau blanchâtre, grande, maigre et légèrement voûtée était aussi surnommée, dans des cercles plus restreints, Sainte-Gobe-Mouche, à cause de son goût intempestif et peu hygiénique pour la capture de ce genre d’insectes. N’importe où et avec n’importe qui, l’Échasse ne pouvait se contrôler et, d’un revers de main, les attrapait en plein vol. Elle était même si habile dans ses gestes d’arachnide qu’elle pouvait attraper la suivante sans laisser s’échapper la précédente et ainsi de suite, jusqu’à réunir cinq mouches vivantes dans son poing fermé. Son geste précis et rapide pour donner le coup de patte était brusque et réflexe comme un tic. Elle ne pouvait pas comprendre comment les autres, avec des armes aussi contondantes qu’un journal plié ou un de ces horribles tapettes en plastique, pouvaient manquer leur coup à un bras de distance, tandis qu’elle, surtout dans la chaleur bourdonnante de l’été des salpêtrières, était capable de les cueillir même absorbée dans la lecture d’un roman-feuilleton ou de les saisir au vol en marchant au milieu des gens dans la rue. « Avec vos revers ratés vous n’êtes bons qu’à laisser ces pauvres mouches toutes décoiffées avec un souffle au cœur », disait l’Échasse sans la moindre vanité. Dans les navires la rumeur prétendait que pendant ses heures de travail, tandis que son client haletait et respirait bruyamment, elle sortait brusquement sa main par-dessous et, sans perdre le rythme de ses trémoussements, rapide comme un serpent, elle se faisait deux ou trois mouches par passe. On disait même qu’elle les gobait quand personne ne la voyait.

Et ce matin-là dans l’église, pendant les quelques instants de l’entrevue, tandis qu’elle écoutait avec une profonde attention les paroles du curé, sous les yeux médusés de l’un et à la grande honte de Croque Monsieur, l’Échasse attrapa machinalement trois mouches catholiques. »

(Édition Métailié, trad. de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg)

22 commentaires:

  1. ... d'où l'intérêt de laisser la lumière allumée !!!
    désolée,je sors !
    mais je t'embrasse très fort.

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  2. si même les mouches sont catholiques....

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  3. Excellente chute ! Encore un de ces billets-surprises dont tu as le secret, pour notre plus grand plaisir ! Et dire qu'il y en a qui regardent voler les mouches, d'autres qui la prennent au lieu de l'attraper...
    Je t'embrasse.

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  4. Ah des mouches catholiques, je les imagine agenouillées, croisant sagement les pattes pendant le confiteor, encore toutes barbouillées d'eau bénite

    un livre un peu déjanté juste de quoi saliver à l'avance

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  5. ***Sable, Alex, Tania et Dominique, riez, riez!

    Letellier est un merveilleux et chaleureux conteur, "le langage est animé d'un souffle inépuisable" dit le Magasine Littéraire, c'est vrai. Je m'en vais commander un (ou plusieurs, hihihi) livre de lui.
    Celui-ci est dur, cru, drôle, poétique...Besos.

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  6. Croustillant à souhait! Incroyable narration! Et pourquoi sortir "Sable du Temps"? Mots à ne pas prendre à la lettre... L'ambiance de ce texte me rappelle le film Erendira de Gabriel Garcia Marquez. Et l'image géniale des ces mouches + dessin c'est de toi Colo?

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  7. **Terre indienne, voyons si Sable a quelque chose de plus à dire...
    Non, non, le dessin n'est pas de moi, il fait partie d'une série qui a circulé sur la toile il y a un temps intitulée: "Que fait un fonctionnaire avec les mouches mortes?", regarde: http://www.gabitogrupos.com/casados/template.php?nm=1261041211
    Comme toi je me réjouis de la libération des journalistes...et j'évite les escargots!
    Bon weekend.

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  8. Ces pauvres pieuses mouches n'ont pas été protégées... ce texte est un régal!

    Edmée

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  9. **Edmée, c'est vrai, il manque peut-être une sainte Nimouche?
    Bon weekend.

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  10. Un univers drolatique, j'aime cette ambiance décalée :-)
    Merci pour le partage.
    Bon week-end.

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  11. **Marcelle, si le sujet,-la vie et la fermeture de salpêtrières- sont rudes, le ton et l'écriture de Letelellier m'ont emportée, regrettant d'arriver à la dernière page.
    Amicalement.

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  12. Je me suis toujours demandé à quoi pensent les prostituées pendant les passes...Je le sais un peu maintenant.

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  13. **Damien, j’imagine qu'il y a peu d'hommes (de femmes?) qui se posent la même question que toi...bravo!

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  14. **Danièle, un conteur surprenant, emballant, oui.

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  15. c'est une prose précise, enlevée, drolatique et foisonnante que l'on rencontre beaucoup en Amérique du Sud n'est-ce pas ? Je pense à Gabriel Garcia Marquez et Carlos Fuentes entre autre, que j'ai beaucoup aimé lire...

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  16. Bonsoir amielointaine,
    Absolument truculent ce texte, tu as bien fait de le choisir, et à ma prochaine visite d'églises, je compterai le nombre de mouches converties qui s'y trouvent. Comme le dit un de tes lecteurs ont sait maintenant à quoi penses les prostituées en attendant de pouvoir travailler.
    J'ai pensé à toi aujourd'hui, une amie en visite en Espagne m'a ramené des petits gâteaux achetés en boulangerie tout aériens avec une sorte de meringue sur le dessus, absolument succulents et il semblerait que ce soit une spécialité majorquaise, j'ai lu sur l'emballage TAPS DOLCOS ca te parle ?
    Je te fais une biz bien cordiale et te souhaite, pour bientôt je pense de bonnes vacances.

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  17. **K.sonade, tu as raison, ce qui me frappe aussi est ce langage imagé et des expressions, trouvailles comme une "prostidouée", "le soleil paralytique à son zénith"..enfin, j'ai été séduite. Belle journée, un beso.

    **Véb, ah, tu m'as fait faire des recherches! dolcos veut dire doux, sucré, mais ces petits gâteaux sont une spécialité de Cadaquès pas de Majorque. Ils sont faits avec du fromage blanc(assez solide), farine, oeufs et beaucoup de sucre. Si tu veux, écris-moi et je t’enverrai la recette que je viens de trouver en catalan.
    Merci pour ton chaleureux commentaire, je t'embrasse aussi, bonne semaine!

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  18. Trés imagé, je vois déjà mon chasseur de mouche de mari, faire la même chose!!!!!! Beurk!!!!!
    Quel beau texte! Merci Colo. Bisous. Nadine

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  19. **Nadine, je n'ose l'imaginer...:-)
    Merci, je t'embrasse.

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  20. Passage très drôle et dessin drolatique.
    Et hop les mouches !! Elles s'élèvent pour mieux tomber... surtout celles du curé ;-))

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  21. **Ah,MH ça me fait très plaisir que tu aies aimé...peut-être bien ri aussi! Un beso.

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