Depuis septembre 2006 MAH trouve, chaque semaine, un poème, un billet avec cette note : « Tu veux bien regarder ma traduction … avec bienveillance ? »
Lui, c’est mon complice linguistique, un solitaire espagnol plus très jeune maintenant qui, avec patience et sans complaisance aucune,- il prend son rôle très au sérieux et il a raison-, me conseille, suggère, barre, me renvoie la copie avec ces mots : « à retravailler ».
Franco vivait encore quand, de Bruxelles, je suis allée le retrouver à Madrid, en train, une vraie épopée à l’époque ; maintenant il m’offre des laitues, haricots, oignons, tomates,….du superbe potager auquel il apporte autant de soins et de rigueur qu’à mes traductions.
Lui, c’est mon complice linguistique, un solitaire espagnol plus très jeune maintenant qui, avec patience et sans complaisance aucune,- il prend son rôle très au sérieux et il a raison-, me conseille, suggère, barre, me renvoie la copie avec ces mots : « à retravailler ».
Franco vivait encore quand, de Bruxelles, je suis allée le retrouver à Madrid, en train, une vraie épopée à l’époque ; maintenant il m’offre des laitues, haricots, oignons, tomates,….du superbe potager auquel il apporte autant de soins et de rigueur qu’à mes traductions.
Desde septiembre 2006 MAH encuentra cada semana un poema o un texto con esta nota: « ¿Me miras la traducción…con buen ojo, por favor?”
Él es mi cómplice lingüístico, un solitario español ya no muy joven que, con paciencia y sin ninguna complacencia,- se toma su papel muy en serio y tiene razón,- me aconseja, sugiere, tacha y me devuelve la copia con esas palabras:”hay que trabajarlo más”.
Franco todavía vivía cuando fui, desde Bruselas, a reunirme con él en Madrid, en tren, una verdadera epopeya en aquellos tiempos; ahora me regala lechugas, judías, cebollas, tomates,…de su preciosa huerta a la cual aporta tanto cuidado y rigor como a mis traducciones.
Él es mi cómplice lingüístico, un solitario español ya no muy joven que, con paciencia y sin ninguna complacencia,- se toma su papel muy en serio y tiene razón,- me aconseja, sugiere, tacha y me devuelve la copia con esas palabras:”hay que trabajarlo más”.
Franco todavía vivía cuando fui, desde Bruselas, a reunirme con él en Madrid, en tren, una verdadera epopeya en aquellos tiempos; ahora me regala lechugas, judías, cebollas, tomates,…de su preciosa huerta a la cual aporta tanto cuidado y rigor como a mis traducciones.
Pour le remercier, ce poème de Rafael Alberti.
Para agradecérselo un poema de Rafael Alberti.
La solitude II
Elle viendra.
Elle viendra.
Elle l’a écrit.
Ça fait déjà une semaine.
Elle vient de très loin…
De là du nord…En train…
Près de deux mille kilomètres…
Très loin….Mauvais trains…
Et la chaleur…Et la poussière
qui entre de partout…
La maison est déjà prête : une blanche colombe
de chaux pure…Luisants,
plus brillants que l’or,
la poêle, le poêlon, la casserole…Et puis,
le lit, grand, grand…avec un couvre-lit
de couleur, avec des oiseaux…
Mais tant de kilomètres sans personne….C’est ce qu’on m’a dit….
Et la chaleur…Et la poussière…
Elle aura soif…Ici, l’eau
ne manque presque jamais…Elle va bien aimer ça…
Peu de travail pour elle…Je
ferai tout. Je suis encore fort…
Elle ? Bon, on verra.
C’est ma femme…je ne veux pas qu’elle se fatigue.
« Apporte ces tomates…Regarde, celles-là
si colorées… » Elle n’en a jamais vu de pareilles.
Elle dira non. « Des laitues comme celles-là,
si blanches ? Et les radis ? » Non plus !
Allons, femme…Les poules t’attendent…
Que veux-tu encore ? Le dessert
il est là, il pend du prunier.
Elle déploie son tablier et secoue une branche…
« Il est déjà fort tard ». Je la prends par la taille…
Elle sourit…Qu’elle est belle !
Éteignons la lumière…
Comme ça. Tant de kilomètres !
Déjà mercredi…Elle viendra ce soir. (Trad. Colo)
Elle viendra.
Elle l’a écrit.
Ça fait déjà une semaine.
Elle vient de très loin…
De là du nord…En train…
Près de deux mille kilomètres…
Très loin….Mauvais trains…
Et la chaleur…Et la poussière
qui entre de partout…
La maison est déjà prête : une blanche colombe
de chaux pure…Luisants,
plus brillants que l’or,
la poêle, le poêlon, la casserole…Et puis,
le lit, grand, grand…avec un couvre-lit
de couleur, avec des oiseaux…
Mais tant de kilomètres sans personne….C’est ce qu’on m’a dit….
Et la chaleur…Et la poussière…
Elle aura soif…Ici, l’eau
ne manque presque jamais…Elle va bien aimer ça…
Peu de travail pour elle…Je
ferai tout. Je suis encore fort…
Elle ? Bon, on verra.
C’est ma femme…je ne veux pas qu’elle se fatigue.
« Apporte ces tomates…Regarde, celles-là
si colorées… » Elle n’en a jamais vu de pareilles.
Elle dira non. « Des laitues comme celles-là,
si blanches ? Et les radis ? » Non plus !
Allons, femme…Les poules t’attendent…
Que veux-tu encore ? Le dessert
il est là, il pend du prunier.
Elle déploie son tablier et secoue une branche…
« Il est déjà fort tard ». Je la prends par la taille…
Elle sourit…Qu’elle est belle !
Éteignons la lumière…
Comme ça. Tant de kilomètres !
Déjà mercredi…Elle viendra ce soir. (Trad. Colo)
Photo Israel Pampín. (new blog: http://israelpampin.blogspot.com/ )
La soledad II
Vendrá.
Vendrá.
Lo ha escrito.
Ya pasó una semana.Viene desde muy lejos…
De allá del norte… En tren…
Casi dos mil kilómetros…
Muy lejos… Malos trenes…
Y el calor… Y el polvo
que entra por todas partes…La casa está ya lista: una paloma blanca
de cal pura… Lucientes,
más brillantes que el oro,
la sartén, el perol, la cacerola… Y luego,
la cama grande, grande… cubierta de una colcha
de colores, con pájaros…
Pero muchos kilómetros sin nadie… Eso me han
dicho…
Y el calor… Y el polvo…
Tendrá sed… Aquí, el agua
no falta casi nunca… Va a gustarle esto mucho…
Poco trabajo para ella… Yo
lo haré todo. Soy fuerte todavía…
¿Ella? Bueno. Veremos.
Es mi mujer… no quiero que se canse.
"Trae aquí esos tomates... Mira, aquéllos de allá,
tan colorados…" Nunca los ha visto.
Dirá que no… "¿Lechugas como éstas,
tan blancas? ¿Y los rábanos?" ¡tampoco!
Vamos, mujer… Te esperan las gallinas…
¿Qué más quieres? El postre
ahí lo tienes colgado del ciruelo.
Extiende el delantal y sacude una rama…
"ya es muy tarde." Le tomo la cintura…
Se sonríe… ¡Qué hermosa!
Apagamos la luz…
Así. ¡Cuántos kilómetros!
Hoy es miércoles ya… Vendrá esta noche.
tu l'as retrouvé à Madrid , et...? tu ne l'as plus quitté ?
RépondreSupprimeron croirait que ce poème est écrit pour toi ...
j'aime
et les salades... hummm... me donnent faim !
je t'embrasse
sabes que esta mañana, cuando leí tu comentario por primera vez, me cayó una lagrimilla... o dos... ahora que también he leído el poema, han caído tres... o cuatro. Sois el mejor ejemplo que puedo tener, para todo. Os quiero
RépondreSupprimerNo me digas Colo, no me digas! donde esta mi commentaire? Si long, si tendre, si complet? Salade et poème, quel bel échange! Fruits de la terre et du travail de l'homme. Merci Colo pour ce billet qui me touche particulièrement même si je l'ai mieux dit auparavant mais sans traces, effacé par la technologie qui ne m'aime pas toujours. mil besos
RépondreSupprimer@Charivarii, ce poème, comme les vêtements d'antan, fait sur mesure :)) Bonne journée, besos.
RépondreSupprimer@Anaïs, lágrimas de hija valen millones. ¿Conocías este poema?
@Delphine, oh, désolée...la technologie n'aime personne je crois! Nourritures terrestres et spirituelles, labeurs, oui, c'est ça. Muchos besos para ti.
oh ! quelle belle histoire. J'aime bien aussi ce mélange de légumes et de poèmes. car "cultiver son jardin", s'emploie dans ces deux sens là n'est-ce pas ? je t'embrasse
RépondreSupprimerMerveilleux hommage pour ton compagnon.
RépondreSupprimerEh les belles salades... Gros bisous
Nadine
le bonheur est dans l'attente...
RépondreSupprimer@Carole, merci, j'y avais pensé aussi! Les mots de Candide s'appliquent aux deux, et les deux requièrent travail et patience...Un beso.
RépondreSupprimer@Nadina, agréable surprise, merci de ta visite. Les laitues romaines sont croquantes à souhait, pas trop de limaçons non plus. Je t'embrasse.
@Sable du temps, parfaitement! L'excitation de l'attente.
Mis ojos, llenos de mar, leen una y otra vez tu texto; tan lleno de sensibilidad, de carinyo, de sentimiento... Qué dedicatoria tan hermosa, tan cargada de imágenes, de décadas de carinyo, de vivencias compartidas... Gracias, Colo.
RépondreSupprimerBesos,
Daniel
Que c'est beau ! Le poème ressemble à une chanson douce et les salades à des fleurs...
RépondreSupprimerTouchée... par la tendreté des salades, par la tendresse du remerciement, par tout ce qui se passe de mots dans la complicité des vies partagées. Así.
RépondreSupprimer& Oh, Dani, el mar de tus ojos me emociona. Besos hijo.
RépondreSupprimer& Euterpe, tout en douceur, oui.
& Tania. Así.
Et l'extase devant les radis, les tomates...jamais goûté de pareils! Non, bien sûr:))
Oh, ce poème... quelle douceur! On sent le linge frais, le savon sur la peau, l'odeur de la terre le soir, et l'amour qui rebondit sur les murs!
RépondreSupprimer@Edmée, tout est douceur et tendresse dans ce poème, oui. Plus je travaillais à la traduction, plus je m'en imprégnais. J'aime beaucoup ton "amour qui rebondit sur les murs"! Merci, à bientôt.
RépondreSupprimerLa solitude c'est bien quand: "ça s'en va et ça revient, c'est fait de tout petit rien...." allez Cloclo.
RépondreSupprimersinon plus classe (encore que...)
Barbara:
"Je l'ai trouvée devant ma porte,
Un soir que je rentrais chez moi,
Partout, elle me fait escorte,
Elle est revenue, elle est là,
La renifleuse des amours mortes,
Elle m'a suivie, pas à pas,
La garce, que le Diable l'emporte,
Elle est revenue, elle est là,
Avec sa gueule de carême,
Avec ses larges yeux cernés,
Elle nous fait le coeur à la traîne,
Elle nous fait le coeur à pleurer,
Elle nous fait des mains blêmes,
Et de longues nuits désolées,
La garce, elle nous ferait même,
L'hiver au plein coeur de l' été,
Dans ta triste robe de moire,
Avec tes cheveux mal peignés,
T'as la mine du désespoir,
Tu n'es pas belle à regarder,
Aller, va t-en porter ailleurs,
Ta triste gueule de l'ennui,
Je n'ai pas le goût du malheur,
Va t-en voir ailleurs si j'y suis,
Je veux encore rouler des hanches,
Je veux me saouler de printemps,
Je veux m' en payer des nuits blanches,
A coeur qui bat, à coeur battant,
Avant que sonne l'heure blême,
Et jusqu'à mon souffle dernier,
Je veux encore dire "je t'aime",
Et vouloir mourir d'aimer,
Elle a dit "ouvre-moi ta porte,
Je t'avais suivie pas à pas,
Je sais que tes amours sont mortes,
Je suis revenue, me voilà,
Ils t'ont récité leurs poèmes,
Tes beaux messieurs, tes beaux enfants,
Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine,
Eh ! bien, c'est fini, maintenant",
Depuis, elle me fait des nuits blanches,
Elle s'est pendue à mon cou,
Elle s'est enroulée à mes genoux,
Partout, elle me fait escorte,
Et elle me suit, pas à pas,
Elle m'attend devant ma porte,
Elle est revenue, elle est là,
La solitude, la solitude..."
traduire en espagnol? y a du taf!
Merci Alex, je viens de la réécouter sur Youtube; beau texte pour cette "renifleuse des amours mortes".
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