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30 sept. 2022

La panne d'Amado Nervo

 

On pourrait continuer pendant des lunes à se poser des questions en poèmes, je suis moi-même étonnée de la quantité trouvée, mais on va s’arrêter là avec Amado Nervo.



 Rembrandt, Le philosophe en méditation



En panne


Amado Nervo


Saturé de philosophie,

en raison de l’ardeur qui me dévore,

moi qui connaissais déjà

deux grammes du vivre, je ne sais déjà plus rien .

À force de demander

le chemin aux sages qui passaient,

me voilà sans arriver,

tandis que tant d’imbéciles arrivaient...

(Tr: Colo)

 


En panne

de Amado Nervo

Atiborrado de filosofía,
por culpa del afán que me devora,
yo, que ya me sabía
dos gramos del vivir, nada sé ahora.
De tanto preguntar
el camino a los sabios que pasaban,
me quedé sin llegar,
mientras tantos imbéciles llegaban...

20 sept. 2022

Sans réponses 3 /Sin respuestas 3

 

Le poème d'aujourd'hui requiert une mise en contexte. Si vous n'avez probablement jamais entendu parler de Luís García Moreno, poète contemporain très connu en Espagne, le nom de sa femme décédée l'an dernier, Almudena Grandes, vous dit quelque chose...ou beaucoup.


Sa disparition a laissé un grand vide dans la littérature et le premier à souffrir de son absence a été son mari bien sûr.


"Es mucho el dolor y es mucha la pérdida, pero cuando pasan los días y pasa el tiempo y uno empieza a convivir diariamente con la muerte, agradece haber podido cuidar a la persona que quería, e incluso haber podido ser cuidado por quien estaba cuidando. Después, además, uno comprende que eso es el final de una relación de treinta años que ha sido alegre y feliz, que tiene como consecuencia la necesidad de cuidar".


"La douleur est grande et grande la perte, mais quand passent les jours et passe le temps et qu'on commence à vivre au quotidien avec la mort, on remercie d'avoir pu prendre soin de la personne qu'on aimait, et même d'avoir pu être pris en soin par celle dont on s'occupait. Après, en plus, on comprend que cela c'est la fin d'une relation de trente ans qui a été joyeuse et heureuse, et qui a pour conséquence le besoin de prendre soin." Trad: Colo

 



Mais voilà le poème, dans la série des questions.


Luís García Montero


Qui va là…


Qui va là,

vers non achevé parmi mes vers,

rêve ignoré,

silence des lumières et des portes?


Qui va là,

après s’en être allé, perdurant

avec des yeux de bataille,

sous l’ombre morte des clés?


Qui va là,

venant sans venir, déshabitant

le ton de sa voix,

le compte inachevé des pas ?


Sur ces mêmes lèvres qui ont fait les valises,

je cherchais les héros du destin.

Ils sont venus un soir pour t’emmener avec eux,

et j’ai compris que rien ne se comprend.

(Trad:Colo)


¿Quién anda ahí...

¿Quién anda ahí,
verso sin terminar entre mis versos,
desatendido sueño,
silencio de las luces y las puertas?

¿Quién anda ahí,
después de haberse ido, persistiendo
con ojos de batalla,
bajo la sombra muerta de las llaves?

¿Quién anda ahí,
viniendo sin venir, deshabitando
el tono de su voz,
la cuenta inacabada de los pasos?

En esos mismos labios que han hecho las maletas,
yo buscaba los héroes del destino.
Vinieron una tarde por llevarte con ellos,
y comprendí que nada se comprende.

13 sept. 2022

Sans réponses 2 / Sin respuetas 2

                                       La voz del autor, Juan Gelman

QUESTIONS

Vu que tu navigues dans mon sang

et connais mes limites,

et que tu m’éveilles au milieu du jour

pour me coucher dans ton souvenir

et que pour moi tu es furie de ma patience,

dis-moi que diable fais-je,

pourquoi ai-je besoin de toi

qui es-tu, muette, seule, qui me parcours,

motif de ma passion,

pourquoi je veux t’emplir de moi seul,

et t’envelopper, t’épuiser

m’emmêler dans tes cheveux

et pourquoi tu es l’unique patrie

contre les bêtes de l’oubli. 

Trad: Colo

 

PREGUNTAS de Juan Gelman

Ya que navegas por mi sangre

y conoces mis límites,

y me despiertas en la mitad del día

para acostarme en tu recuerdo

y eres furia de mi paciencia para mí,

dime qué diablos hago,

por qué te necesito,

quien eres, muda, sola, recorriéndome,

razón de mi pasión,

por qué quiero llenarte solamente de mí,

y abarcarte, acabarte,

mezclarme en tus cabellos

y eres única patria

contra las bestias del olvido.

 

8 sept. 2022

Sans réponses / Sin respuestas

 Voici le début d'une courte série de poèmes sur une des voies que prend la poésie, 

celle du questionnement. Voie qui est, à mon sens, tellement plus intéressante que 

celle des préceptes ou vérités assénées. On pourrait philosopher longtemps sur ce

 sujet, je vous livre quelques pistes, pas toutes tristes !


https://arbrealettres.wordpress.com/2018/01/04/comme-les-larmes-montent-aux-yeux-rene-char/


 

Questions / Preguntas

de Pablo Neruda



Qu’est ce qui irrite les volcans

qui crachent feu, froid et furie ?

pourquoi Christophe Colomb

n’a pas pu découvrir l’Espagne ?

combien de questions a un chat ?

les larmes qui ne se pleurent

attendent-elles dans de petits lacs ?

ou deviendront-elles des fleuves invisibles

qui courent vers la tristesse ?


(Trad: Colo)


Qué cosa irrita a los volcanes
que escupen fuego, frío y furia?
por qué cristóbal colón
no pudo descubrir a españa?
cuántas preguntas tiene un gato?
las lágrimas que no se lloran
esperan en pequeños lagos?
o serán ríos invisibles
que corren hacia la tristeza?



1 sept. 2022

Vent sauveur / Viento rescatador

 

Sauvetage Luz Méndez de la Vega (Guatemala, 1919 - 2012)


Et viendra un vent fort

qui me mènera à ma place”

León Felipe


Sur le chemin des vents

j’attends.

Sous le vaste ciel,

au large,

les voiles tendues,

j’attends.


Car tu dois venir

vent fort”

et je serai prête

pour le tumultueux voyage

- timonier alerte -

il ne faut pas perdre ton cap

vent sauveur

d’immobilité des siècles.


(Trad: Colo)

 

                                            Léon Spilliaert, Le coup de vent


Luz Méndez De La Vega

RESCATE



'Ya vendrá un viento fuerte
que me lleve a mi sitio'
León Felipe


En el camino de los vientos
espero.
Bajo el ancho cielo,
mar adentro,
con las velas tendidas,
espero.

Porque has de venir
'viento fuerte'
y yo estaré presta
para el tormentoso viaje
-timonel alerta-
que no pierda tu rumbo
viento rescatador
de inmovilidad de siglos.