Nous poursuivons avec un poème sur le sommeil. Thème que JL Borges a tant
abordé, ces heures où nous nous perdons, oublions, rêvons...
Evelyn De Morgan, La Noche y el Sueño, 1878
Le sommeil JL Borges.
La nuit nous dicte sa tâche magique.
Détricoter l’univers,
les ramifications infinies
des effets et des causes,
qui se perdent
dans ce vertige sans fond, le temps.
La nuit veut que cette nuit
tu oublies ton
nom, tes ancêtres, ton sang
chaque parole humaine et chaque
larme,
ce que la veille a pu t’enseigner,
le point
illusoire des géomètres,
la ligne, le plan, le cube, la
pyramide,
le cylindre, la sphère, la mer, les vagues,
ta
joue sur l’oreiller et la fraîcheur
du drap neuf, les
jardins,
les empires, les César et Shakespeare
et, plus
difficile, ce que tu aimes.
Étrangement un comprimé peut
gommer
le cosmos, ériger le chaos.
(Trad: Colo)
Eros dormido / endormi (Córdoba museo arqueológico)
El sueño
La
noche nos impone su tarea
mágica. Destejer el universo,
las
ramificaciones infinitas
de efectos y de causas, que se
pierden
en ese vértigo sin fondo, el tiempo.
La
noche quiere que esta noche olvides
tu nombre, tus mayores y tu
sangre,
cada palabra humana y cada lágrima,
lo que pudo
enseñarte la vigilia,
el ilusorio punto de los geómetras,
la
línea, el plano, el cubo, la pirámide,
el cilindro, la esfera,
el mar, las olas,
tu mejilla en la almohada, la frescura
de
la sábana nueva, los jardines,
los imperios, los Césares y
Shakespeare
y lo que es más difícil, lo que
amas.
Curiosamente, una pastilla puede
borrar el cosmos y
erigir el caos.