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27 juil. 2016

Cees Nooteboom poète/poeta



Cees Nooteboom est à mes yeux une sorte d'homme universel. Ce Hollandais écrivain, voyageur, essayiste, hispaniste est aussi, je viens de le découvrir, poète.
Comme vont les choses... très intéressée par un billet de Dominique sur une étude faite par cet écrivain de tableaux de Jérôme Bosch, je l'ai commandé et suis absolument passionnée (je vous en parlerai quand je l'aurai terminé).
Dans les premières pages, C. Nooteboom cite quelques vers de lui-même. Tiens, tiens...! Je trouve des poèmes de lui, traduits en espagnol, avec l'original en néerlandais. Qui peut m'aider à réaliser une bonne traduction en français (sa poésie est peu traduite dans cette langue, c'est curieux)? Adrienne s'y est gentiment collée, dank u well!
Encore merci à toi Dominique.



Cees Nootebomm es a mis ojos una especie de hombre universal. Ese holandés escritor, viajero, ensayista, hispanista es también, lo acabo de descubrir, poeta.
Como van las cosas...muy interesada por una entrada en el blog de una amiga lectora acerca de un estudio realizado por C. Nooteboom sobre cuadros de El Bosco, lo encargué y me apasiona.(Os hablaré de él en cuanto lo haya terminado).
En las primeras páginas cita unos versos suyos...así lo descubrí. Encontré unos poemas traducidos al español con la versión original en holandés. ¿Quién me puede ayudar para su traducción al francés? Otra amiga-blog, Adrienne, me echó una mano. Dank u well!

ASS

Poëzie kan nooit over mij gaan,
noch ik over poëzie.
Ik ben alleen, het gedicht is alleen,
en de rest is van wormen.
Ik stond aan de straten waar de woorden wonen,
boeken, brieven, berichten,
en wachtte. 

Ik heb altijd gewacht.
De woorden, in lichte of duistere vormen,
veranderden mij in een duister of lichter iemand.
Gedichten passeerden mij
en herkenden zichzelf als een ding.
Ik kon het zien en me zien.

Nooit komt er een einde aan deze verslaving.
Eskaders gedichten zijn op zoek naar hun dichters.
Ze dwalen zonder commando door het grote
district van de woorden
en verwachten het aas van hun volmaakte,
gesloten, gedichte, gemaakte
en onaantastbare
vorm.



Asticot

Le poème ne peut jamais parler de moi
Ni
moi de la poésie.
Je suis seul, le poème est seul,
et le reste est aux asticots.
Je me trouvais dans les rues où habitent les mots,
les livres, les lettres, les annonces,
et j'attendais.
J'ai toujours attendu.
Les mots, de forme légère ou sombre,
me transformaient en quelqu'un de plus sombre ou de plus léger.
Les poèmes passaient devant moi
et se reconnaissaient comme une chose.
Je pouvais le voir et me voir.
Jamais cette servitude ne prend fin.
Des escadrons de poèmes sont à la recherche de leurs poètes.
Ils errent sans commandement par le grand
territoire des mots
et attendent la charogne de leur forme
parfaite, rimée, fabriquée
et intouchable.
Trad: Adrienne-Colo

Cebo

La poesía nunca puede hablar de mí,
ni yo de la poesía.
Yo estoy solo, el poema está solo,
y el resto es de los gusanos.
Me detuve en las calles donde viven las palabras,
libros, cartas, informes,
y esperé.

Siempre supe esperar.
Las palabras, con sus formas claras u oscuras,
me volvieron más oscuro o más claro.
Los poemas me alcanzaron
y se reconocieron como objetos.
Yo pude verlo y verme.

No tiene fin esta adicción.
Escuadrones de poemas están buscando sus poetas.
Vagan sin mando por el amplio
territorio de las palabras
y aguardan el cebo de su perfecta,
hermética, condensada, acabada
e irreductible
forma.

Traducción de Fernando García de la Banda
 

19 juil. 2016

Sautes d'humeur / Cambios de humor



La chaleur, la forte chaleur rend souvent les gens irritables, je le constate tous les étés. Et v'lan on klaxonne, on claque une porte, on invective...

Fascination et peur : deux sentiments que j’éprouve en présence de la colère d’autrui. La transformation physique subite d’une personne est souvent impressionnante. « Rouge de colère » Mais aussi, dans certains cas, les sourcils, cheveux se dressent, la bouche se distord, les bras volent en tous sens….une vraie sainte colère non contenue.
C’est effrayant et drôle à la fois.


El calor, el calor fuerte a menudo vuelve irritable a la gente, lo constato cada verano. Y pito, golpeo la puerta, injurio...

Fascinación y miedo: dos sentimientos que siento frente a la cólera ajena. La transformación física y súbita de una persona es, muchas veces, sobrecogedora. “Rojo de cólera”. Pero también, en algunos casos, las cejas, los pelos se levantan, la boca se distorsiona, los brazos vuelan en todas direcciones….una verdadera santa cólera no contenida.
Asusta y da risa a la vez.

La colère Charles Le Brun 1670

La colère peut aussi être canalisée. Je pense à Beethoven qui, selon Cioran, « a vicié la musique : il y a introduit les sautes d’humeur, il y a laissé entrer la colère ». Réécouter certaines de ses symphonies avec cette idée en tête donne, je trouve, un sens nouveau à certains mouvements forts. Et à voir ses portraits je l’imagine si bien en colère!


La cólera puede también ser canalizada. Pienso en Beethoven que, según Cioran, “ha viciado la música: ha introducido saltos de humor, ha dejado entrar la cólera”. Volver a escuchar algunas sinfonías con esto en la mente da, encuentro yo, un sentido nuevo a ciertos movimientos fuertes. Y, al ver sus retratos, me lo imagino muy bien así, iracundo.



Tout comme la révolte la colère est bonne en soi… mais parfois malvenue. J’ai trouvé un court texte d’Aristote qui en parle :

"Tout le monde peut se mettre en colère
c'est facile,
mais de se mettre en colère
avec la bonne personne
au bon degré
au bon moment
pour la bonne cause
de la bonne manière
ça, ce n'est pas facile"

Aristote (384-322)
(reprise d'une partie d'un texte publié il y a des lunes, sur un autre blog)



Al igual que la rebelión, la cólera es buena en si…aunque a veces inoportuna. He encontrado un texto corto de Aristóteles que habla de ello:

Todo el mundo puede montar en cólera
es fácil,
pero montar en cólera
con la persona que toca
en el momento que toca
por el buen motivo
de la manera que toca
eso, no es fácil.”

13 juil. 2016

Manger le marron / Comerse el marrón


Voici le quatrième billet fait d'expressions espagnoles traduites littéralement en français...sur le même ton que les précédents que vous pouvez lire ici, ici et ici

Ce fut une sale affaire.
Toujours à l'affût d'un bon, ou d'un mauvais coup, les deux amis emmenaient souvent le chat à l'eau (llevar el gato al agua).
Mais cette fois Juan en était sorti grenouille (salir rana), Manolo était le plus habile des deux, et c'était encore lui, Juan, qui avait payé le canard (pagar el pato).
La señora Catalina était pourtant gentille et plus d'une fois elle avait rapproché son épaule pour les sortir du pétrin (arrimar el hombro). Mais ce jour-là ils étaient à deux bougies (estar a dos velas) et avaient décidé de lui chiper son vélomoteur pour le revendre.
Ponerse las botas

-Toc, toc, hola señora, on peut entrer?
- Hola les jeunes, je viens de préparer un bon gâteau aux amandes, vous en voulez? Les deux comparses qui étaient des vive la Vierge (Ser un viva la Virgen) sans vergogne, acceptèrent. Délicieux le gâteau, ils se mirent les bottes (ponerse las botas).
En quittant la señora, qu'ils remercièrent, ils filèrent vers son garage, mirent en marche le vélomoteur ...mais à ce moment elle apparut, furieuse.
Ni une ni deux, Manolo sauta sur la selle et disparut.
Et ce fut Juan qui mangea le marron (comerse el marrón).


Vous avez deviné le sens de ces expressions imagées? Je vous aide un peu?

Llevar el gato al agua: l'emporter, être vainqueur
Salir rana: échouer, rater
Pagar el pato: payer les pots cassés
Arrimar le hombre: donner un coup de main
Estar a dos velas: être fauché (ici)
Ser un viva la Virgen: être un bon vivant...! et/ou insouciant
Ponerse las botas: s'en mettre plein la panse, ou les poches!
Comerse el marrón: trinquer, écoper.

9 juil. 2016

Pablo, amour et révolution / Pablo, amor y revolución


Pablo Milanés; vous connaissez probablement ce compositeur, chanteur, guitariste cubain, ce "troubadour révolutionnaire", “un des intellectuels qui critique avec le plus de lucidité le gouvernement de son pays”(El País, ref. en bas de page)
Ses chansons les plus belles sont des chansons d'amour, voici ma préférée; une femme généreuse et libre, des vers qui sonnent si bien...en espagnol!

Je vous l'ai quand même traduite...




Le court espace où tu n'es pas

Il reste encore des traces d'humidité,
déjà ses odeurs emplissent ma solitude,
dans le lit, sa silhouette
se dessine comme une promesse
de remplir le court espace
où elle n'est pas...

J'ignore si elle reviendra,
personne ne sait ce que demain elle fera.
Elle brise tous mes schémas,
n'avoue aucune peine,
ne me demande rien en échange
de ce qu'elle donne.

Elle est violente et tendre,
ne parle pas d'unions éternelles,
mais s'abandonne comme s'il n'y
avait qu'un seul jour pour aimer.

Elle ne participe à aucune réunion,
mais elle aime la chanson
qui engage la pensée.
Je n'ai pas encore demandé "tu resteras?”
J'ai très peur de la réponse "jamais".
Je préfère la partager
plutôt que vider ma vie,
elle n'est pas parfaite
mais s'approche de ce dont
j'ai simplement rêvé...

Pablo Milanés (Trad: Colo)


http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2011/09/02/pablo-milanes-chanteur-revolutionnaire-mais-pas-fanatique

http://internacional.elpais.com/internacional/2015/10/21/actualidad/1445443571_485686.html

3 juil. 2016

Une main amicale / Una mano amiga





Du seuil d’un rêve on m'appela…
C’était la bonne voix, la voix aimée.
— Dis-moi: viendras-tu avec moi visiter l’âme?…

À mon cœur parvint une caresse.
Avec toi, toujours… Et dans mon rêve j’avançai
par une galerie longue et nue,
sentant m’effleurer la robe pure,
doucement palpiter la main amicale.
(Trad: Colo)
Antonio Machado


Desde el umbral de un sueño me llamaron...
Era la buena voz, la voz querida.
-Dime: ¿vendrás conmigo a ver el alma?...
Llego a mi corazón una caricia.
-Contigo siempre...Y avancé en mi sueño
por una larga, escueta galería
sintiendo el roce de la veste pura
y el palpitar suave de la mano amiga.
Antonio Machado



 
Luís Enrique Gómez (Cuba)