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31 mars 2015

Un rêve qui finit si mal / Un sueño que termina tan mal


Leonardo Padura n'a visiblement peur de rien et se lance avec brio dans des styles, des genres si différents, qu'on se demande parfois au fil de la lecture de “L'homme qui aimait les chiens” s'il est bien l'auteur des différents chapitres de ce roman!
LeonardoPadura parece no temer nada y, valiente, se lanza con talento en estilos y géneros tan diferentes que a leer “El hombre que amaba a los perros” uno se pregunta a veces si se trata del mismo autor a lo largo de los diferentes capítulos de la novela!

 

















L'immense documentation qu'il a réunie ici, le lien qu'il réussit à tisser entre la vie / l'exil de Trotski, l'évolution de son jeune meurtrier Ramón Mercader à Barcelone, la montée de Hitler et la situation à Cuba, font de ce roman une œuvre majeure.

...le roman est comme une extraordinaire fresque qui parcourt les idéologies de gauche dans ces années-là*, depuis L’union Soviétique à la guerre civile espagnole et la II Guerre Mondiale, dans une rêve dont il en resta rien, lobotomisé par une gigantesque machinerie de destruction massive et par ses propres querelles internes, combats et désirs de pouvoir. Trotskistes, communistes, marxistes, menchévistes, anarchistes...apparaissent se disputant la terre de l'utopie, incapables de mener à bon port nulle part dans le monde le rêve le plus puissant qu'un homme ait jamais pu imaginer, un rêve qui finit par être un cauchemar terrifiant.”
*période 1930-1940
source: http://revistadeletras.net/el-hombre-que-amaba-a-los-perros-de-leonardo-padura/ (trad: Colo)

La inmensa documentación aquí reunida, el lazo que consigue hilar entre la vida / el exilio de Trotski, la evolución de su joven asesino Ramón Mercader en Barcelona, el ascenso de Hitler, la situación en Cuba, hacen de esta novela una obra mayor.

La novela resulta ser un extraordinario fresco que recorre las ideologías de izquierda en aquellos años, desde la Unión Soviética  a la Guerra Civil española y la II Guerra Mundial, en un sueño que se quedó en nada, lobotomizado por una gigantesca maquinaria de destrucción masiva y por sus propias e internas inquinas, combates y deseos de poder. Trotskistas, comunistas, marxistas, menchevistas, anarquistas… aparecen disputándose la tierra de la utopía, incapaces de llevar a buen puerto en ninguna parte del mundo el sueño más poderoso que hombre alguno hubiera jamás imaginado, un sueño que acabó siendo una aterradora pesadilla.”
fuente http://revistadeletras.net/el-hombre-que-amaba-a-los-perros-de-leonardo-padura/

îles Malgrats, crépuscule
Crépuscule îles Malgrats, Mallorca. foto Colo



Il y a également un personnage fort attachant, un écrivain cubain, Yván, qui tente de garder la tête froide, d'observer tranquillement la situation. Le “Je”.
Padura nous livre de belles pages poétiques comme celle-ci:



« La densité de l’air était une caresse sur la peau et de la mer étincelante s’élevait à peine un murmure apaisant. On pouvait sentir là combien le monde, certains jours, dans des moments magiques, nous offre la trompeuse impression d’être un lieu accueillant, fait à la mesure des rêves et des plus étranges désirs de l’homme. La mémoire, pénétrée de cette atmosphère détendue, parvenait à s’égarer et à faire oublier les rancœurs et les peines.
Assis sur le sable, le dos appuyé au tronc d’un casuarina, j’allumai une cigarette et fermai les yeux. Dans une heure le soleil se coucherait, mais comme cela devenait habituel dans ma vie, je n’éprouvais aucune impatience et n’avais aucune expectative. Ou plutôt je n’avais presque rien : et presque sans le presque ! Tout ce qui m’intéressait à ce moment-là, c’était le plaisir de voir arriver le crépuscule, ce cadeau de l’instant fabuleux où le soleil s’approche de la mer argentée du golfe et dessine un sillage de feu à sa surface. Au mois de mars, avec la plage déserte, la promesse de cette vision m’apportait une sorte de sérénité, un état proche de l’équilibre qui me réconfortait et me permettait de croire encore à l’existence palpable d’un petit bonheur, fait à la mesure de mes maigres ambitions.”
Leonardo PADURA, L’homme qui aimait les chiens, Cuba, 2009
Traduit de l’Espagnol (Cuba) par René SOLIS et Elena ZAYAS, avec le concours du Centre National du Livre, 671 pages.

Un roman, long, qui m'a passionnée.

En esta novela, un escritor cubano, Yván, el “Yo” intenta mantener la cabeza fría, de observar tranquilamente la situación.
Padura nos ofrece unas preciosas páginas poéticas como esta:

El aire tenía una densidad que acariciaba la piel, y el mar, refulgente, apenas producía un murmullo adormecedor. Allí se podía sentir como el mundo, en días y momentos mágicos, nos ofrece la engañosa impresión de ser un lugar afable, hecho a la medida de los sueños y los mas extraños anhelos humanos. La memoria, imbuida por aquella atmósfera reposada, conseguía extraviarse y que se olvidaran los rencores y las penas.
Sentado en la arena, con la espalda apoyada en el tronco de una casuarina, encendí un cigarro y cerré los ojos. Faltaba una hora para que cayera el sol, pero, como ya iba siendo habitual en mi vida, yo no tenia prisas ni expectativas. Mas bien casi no tenia nada: y casi sin el casi. Lo único que me interesaba en ese momento era disfrutar del regalo de la llegada del crepúsculo, el instante fabuloso en que el sol se acerca al mar plateado del golfo y le dibuja una estela de fuego sobre la superficie. En el mes de marzo, con la playa prácticamente desierta, la promesa de aquella visión me provocaba cierto sosiego, un estado de cercanía al equilibrio que me reconfortaba y todavía me permitía pensar en la existencia palpable de una pequeña felicidad, hecha a la medida de mis también disminuidas ambiciones.”

Una novela, larga, que me ha apasionado.

26 mars 2015

Poètes, travaillons / Poetas, trabajemos



Sollicitée par Aifelle, voici ma contribution...un peu en retard mais ni les poètes ni le printemps ne m'en tiendront rigueur je pense.
Une poétesse espagnole, Gloria Fuertes García (Madrid, 28 juillet 1917 - 27 novembre 1998)

Una contribución al movimiento francés “La primavera de los poetas”. Este año el tema era “La insurrección poética”.




NO PERDAMOS EL TIEMPO

Ne perdons pas de temps

Gloria Fuertes
 
 

Si el mar es infinito y tiene redes,
si su música sale de la ola,
si el alba es roja y el ocaso verde,
si la selva es lujuria y la luna caricia,
si la rosa se abre y perfuma la casa,
si la niña se ríe y perfuma la vida,
si el amor va y me besa y me deja temblando...

Si la mer est infinie et a des filets,
si sa musique sort de la vague,
si l'aube est rouge et le crépuscule vert,
si la jungle est luxure et la lune caresse,
si la rose s'ouvre et parfume la maison,
si la fillette rit et parfume la vie,
si l'amour va et me baise et me laisse tremblante....

¿Qué importancia tiene todo eso,
mientras haya en mi barrio una mesa sin patas,
un niño sin zapatos o un contable tosiendo,
un banquete de cáscaras,
un concierto de perros,
una ópera de sarna?

Quelle importance revêt tout cela,
tant qu'il y aura dans mon quartier une table sans pattes,
un enfant sans souliers ou un comptable qui tousse,
un banquet de déchets,
un concert de chiens,
un opéra de gale?

Debemos inquietarnos por curar las simientes,
por vendar corazones y escribir el poema
que a todos nos contagie.
Y crear esa frase que abrace todo el mundo;
los poetas debiéramos arrancar las espadas,
inventar más colores y escribir padrenuestros.
Ir dejando las risas en la boca del túnel
y no decir lo íntimo, sino cantar al corro;
no cantar a la luna, no cantar a la novia,
no escribir unas décimas, no fabricar sonetos.

Il faut nous en soucier et guérir les semences,
panser les cœurs et écrire le poème
qui nous contamine tous.
Et créer cette phrase qui embrasse le monde entier;
nous les poètes nous devrions arracher les épées,
inventer plus de couleurs et écrire des Notre Père.
Laisser les rires à l'entrée du tunnel
et ne pas dire l'intime, mais chanter en chœur;
ne pas chanter la lune, ni la fiancée,
ne pas écrire des dizains, ni fabriquer des sonnets.

Debemos, pues sabemos, gritar al poderoso,
gritar eso que digo, que hay bastantes viviendo
debajo de las latas con lo puesto y aullando
y madres que a sus hijos no peinan a diario,
y padres que madrugan y no van al teatro.

Nous devons, car nous savons, huer le puissant,
crier ce que je dis, car il y en a assez qui vivent
sous des tôles et mal vêtus et hurlant
et des mères qui ne peignent pas leurs enfants tous les jours
et des pères qui se lèvent tôt et ne vont pas au théâtre.

Adornar al humilde poniéndole en el hombro nuestro verso;
cantar al que no canta y ayudarle es lo sano.
Asediar usureros y con rara paciencia convencerles sin asco.
Trillar en la labranza, bajar a alguna mina;
ser buzo una semana, visitar los asilos,
las cárceles, las ruinas; jugar con los párvulos,
danzar en las leproserías.

Poetas, no perdamos el tiempo, trabajemos,
que al corazón le llega poca sangre.

Orner l'humble d'un de nos vers sur l'épaule;
chanter pour celui qui ne chante pas et l'aider est bien.
Assiéger les usuriers et avec une patience infinie, les convaincre sans dégoût.
Battre le grain dans les champs, descendre dans une mine;
être plongeur une semaine, visiter les asiles,
les prisons, les ruines; jouer avec les enfants,
danser dans les lazarets.

Poètes, ne perdons pas de temps, travaillons,
car peu de sang arrive au cœur.
(Trad:Colo)


19 mars 2015

Lune de Lorca / Luna de Lorca



 Reflet 
Reflejo
F. García Lorca


Doña Luna.
(¿Se ha roto el azogue?)
No.
¿Qué muchacho ha encendido
su linterna?

Sólo una mariposa
basta para apagarte.
Calla... ¡Pero es posible!
¡Aquella luciérnaga
es la luna!

 
Dibujo Lorca



Dame Lune.
(Le tain s'est cassé?)
Non.
Quel enfant a allumé
 sa lanterne?

Un seul papillon
suffit pour t'éteindre.
Tais-toi...Mais c'est possible!
Cette luciole
 est la lune!

(Trad: Colo)


NB: Je pars en balade hors de mon île, pour quelques jours. À bientôt!

17 mars 2015

La poésie de Roberto Bolaño


BOLAÑO ROBERTO (1953-2003)

Roberto Bolaño donc, je vous l'avais promis après le dernier poème, ici.
Vaste sujet!
S'il est connu à l'étranger, c'est plus pour ses romans et contes que pour sa poésie; c'est pourtant à cette dernière que nous allons nous intéresser dans ce premier billet sur lui.
 Sachez que son talent est immense et qu'on le considère comme un des grands auteurs de la littérature hispano-américaine, au même niveau que J.L. Borges et Julio Cortázar.

Un talento inmenso el de ese poeta/escritor hispano americano. Es más conocido en el extranjero por sus novelas y cuentos que por su poesía, pero hoy hablaremos de esta.
 
Dans une note biographique, l'écrivain chilien Roberto Bolaño précisait qu'il était né en 1953, l'année de la mort de Joseph Staline et de Dylan Thomas, comme pour souligner que son univers oscillait constamment entre l'horreur de la violence et de l'arbitraire dictatorial, et la tentation de la poésie. Ce rappel illustre également l'ouverture d'une œuvre qui, comme celle de nombreux écrivains latino−américains de cette génération, refuse de s'enfermer à l'intérieur des frontières du territoire national.”
La trajectoire existentielle de Roberto Bolaño reflète à son tour cette option, puisqu'il a vécu au Chili puis au Mexique, où il a passé une grande partie de son adolescence. A vingt ans il retourne au Chili (ou il est incarcéré brièvement par la dictature de Pinochet), repart au Mexique, enfin habite en Espagne pendant plus de vingt ans. Il y meurt en juillet 2003, il avait 50 ans.

“L'entrée en littérature de Roberto Bolaño se fait par la poésie. Il fonde avec le poète mexicain Mario Santiago un mouvement éphémère, l'« infrarréalisme », qu'il définit lui-même comme « une sorte de Dada à la mexicaine » et qui se caractérisera surtout par la contestation de situations acquises (...)”

Source: http://www.universalis.fr/encyclopedie/roberto-bolano/
 

Roberto Bolaño
 

En una nota biográfica, el escritor chileno Bolaño precisaba que había nacido en 1953, año de la muerte de Joseph Staline y de Dylan Thomas, como para subrayar que su universo oscilaba constantemente entre el horror de la violencia y del arbitrario dictatorial, y la tentación de la poesía. Esto ilustra de la misma forma la apertura de una obra que, al igual que la de numerosos escritores latino-americanos de esa generación, se niegan en encerrase dentro del territorio nacional.”
La trayectoria existencial de Roberto Bolaño refleja a su vez esa opción ya que vivió en Chile y después en México donde pasó gran parte de su adolescencia. A los 20 años visita Chile y es brevemente encarcelado por la dictadura de Pinochet. Vuelve a Mexico y en 1977 se expatria en España (Barcelona) donde muere prematuramente en 2003.

“La entrada de Bolaño en literatura se hace por la poesía. Funda con el poeta mejicano Mario Santiago un movimiento efímero, el "infrarrealismo" que él mismo define como "un tipo de Dada a la mejicana" y que se caracteriza sobre todo por la contestación de situaciones adquiridas (...)”

Fuente http://www.universalis.fr/encyclopedie/roberto-bolano/.
Trad: Colo



RESURRECCIÓN

La poesía entra en el sueño
como un buzo en el lago.
La poesía, más valiente que nadie,
entra y cae
a plomo
en un lago infinito como Loch Ness
o turbio e infausto como el lago Batalón.
Contempladla desde el fondo:
un buzo
inocente
envuelto en las plumas
de la voluntad.
La poesía entra en el sueño
como un buzo muerto
en el ojo de Dios.

La poésie entre dans le rêve
comme un plongeur dans le lac.
La poésie, plus courageuse que personne,
entre et tombe
comme du plomb
dans un lac infini comme Loch Ness
ou trouble et malheureux comme le lac Batalon.
Contemplez-la du fond:
un plongeur
innocent
enveloppé dans les plumes
de la volonté.
La poésie entre dans le rêve
comme un plongeur mort
dans l’œil de Dieu.
Trad: Colo
Un autre poème de lui sur ce blog, ici
Otro poema de Bolaño en este blog, aquí


Une bonne partie des textes de Bolaño, en prose ou en vers, semblent - et sont - une blague, mais une blague raffinée et complexe, de signification polyvalente, qui peut révéler l'envers des faits et nous laisser soudain transis en montrant l'échec et l’immolation d'une génération de jeunes qui ont voulu faire la révolution (...)”
(Trad: Colo)

“Buena parte de los textos de Bolaño, en prosa o en verso, parecen—y son—una broma, pero una broma refinada y compleja, de significación polivalente, que puede desvelar el envés de los hechos y dejarnos súbitamente sobrecogidos al mostrar el fracaso y la inmolación de una generación de jóvenes que quisieron hacer la revolución(...)”

Pere Gimferrer, 2000


Fuente:
https://www.uam.es/personal_pdi/stmaria/jmurillo/Roberto.Bolano/Poesia/Los_perros_romanticos.html

Frase Bolaño sobre Borges
"...dans la nature de la poésie borgienne il y a de l'intelligence et aussi du couarge, du désepoir, c'est à dire les seules choses qui incitent à la réflexion et gardent une poésie vivante."




(…) “Mais l’œuvre qui touche au paradigme, qui unit métaphoriquement la poésie et la prose narrative, est bien celle de Roberto Bolaño dès les années 1990. L'écrivain, en désignant le poète comme le héros errant de la littérature renoue avec le genre épique au sens large, de Ulysse à Cervantes. Il se démarque de l'espace territorial chilien, se situe ni ici ni ailleurs, s'identifie plus à la quête d'une langue qu'à son identité nationale, s'identifie à la troupe de tous les poètes et des écrivains de cette planète dont il fait les modèles d'une aventure humaine, courageuse, ardente et visionnaire.”
Felipe Tupper
Poète-écrivain
http://www.ardemment.com/thematiques/roberto-bolano-poesie-prose.php

(…) “Pero la obra que toca al paradigma, que une metafóricamente la poesía y la prosa narrativa, es la de Roberto Bolaño de los años 90. El escritor, señalando al poeta como el héroe errante de la literatura reanuda con el género épico en el sentido amplío, de Ulises a Cervantes. Se desmarca del espacio territorial chileno, se sitúa ni aquí ni allá, se identifica más con la búsqueda de una lengua que con su identidad nacional, se identifica con la tropa de todos los poetas y de los escritores de este planeta y hace de ellos modelos de una aventura humana, valiente, ardiente y visionaria.”

Qu'ajouter? Que le poète que Bolaño admirait le plus était Nicanor Parra et que celui qu'il jugeait mauvais, voire très mauvais, était Neruda...
¿Qué se puede añadir? Que el poeta chileno que más admiraba era Nicanor Parra, y el que consideraba malo, era Neruda..

13 mars 2015

Plus amusant / Más divertido

s'amuser sous la pluie

"Je fais parfois semblant d'être normale mais je m'ennuie....Alors je redeviens moi, ce qui est plus amusant!"



Vous nous rejoignez? platch, ploutch...
¿Os juntáis a nosotras?

Bon week-end, ¡Buen fin de semana!

(image trouvée sur l'excellent blog - en español- http://micasaesmimundo.blogspot.com.es/)

8 mars 2015

Brisé mais vivant / Destrozado pero vivo







Sale, mal vêtu

Roberto Bolaño

Sur le chemin des chiens mon âme rencontra
mon cœur. Brisé, mais vivant,
sale, mal vêtu et plein d'amour.
Sur le chemin des chiens, là où personne ne veut aller.
Un chemin que seuls parcourent les poètes
quand il ne leur reste plus rien à faire.
Mais moi j'avais encore tant à faire!
Et pourtant j'étais là: à me faire tuer
par les fourmis rouges et aussi
par les fourmis noires, parcourant les hameaux
vides: l'épouvante qui s'élevait
à en toucher les étoiles.
Un chilien élevé au Mexique peut tout supporter,
pensais-je, mais ce n'était pas vrai.
Les nuits mon cœur pleurait. Le fleuve de l'être, disaient
des lèvres fiévreuses que je découvris ensuite être les miennes,
le fleuve de l'être, le fleuve de l'être, l'extase
qui se replie sur le rivage de ces villages abandonnés.
Sumulistes”* et théologiens, devins
et voleurs de grands chemins émergèrent
comme des réalité aquatiques au milieu d'une réalité métallique.
Seules la fièvre et la poésie provoquent des visions.
Seuls l'amour et la mémoire.
Ni ces chemins ni ces plaines.
Ni ces labyrinthes.
Jusqu'à ce qu'enfin mon âme rencontra mon cœur.
J'étais malade, certes, mais j'étais vivant.



* Celui qui étudie les éléments de la logique.
(Trad: Colo)



Sucio, mal vestido 
Roberto Bolaño

En el camino de los perros mi alma encontró
a mi corazón. Destrozado, pero vivo,
sucio, mal vestido y lleno de amor.
En el camino de los perros, allí donde no quiere ir nadie.
Un camino que sólo recorren los poetas
cuando ya no les queda nada por hacer.
¡Pero yo tenía tantas cosas que hacer todavía!
Y sin embargo allí estaba: haciéndome matar
por las hormigas rojas y también
por las hormigas negras, recorriendo las aldeas
vacías: el espanto que se elevaba
hasta tocar las estrellas.
Un chileno educado en México lo puede soportar todo,
pensaba, pero no era verdad.
Por las noches mi corazón lloraba. El río del ser, decían
unos labios afiebrados que luego descubrí eran los míos,
el río del ser, el río del ser, el éxtasis
que se pliega en la ribera de estas aldeas abandonadas.
Sumulistas y teólogos, adivinadores
y salteadores de caminos emergieron
como realidades acuáticas en medio de una realidad metálica.
Sólo la fiebre y la poesía provocan visiones.
Sólo el amor y la memoria.
No estos caminos ni estas llanuras.
No estos laberintos.
Hasta que por fin mi alma encontró a mi corazón.
Estaba enfermo, es cierto, pero estaba vivo. 


Article sur Roberto Bolaño: 
http://www.magazine-litteraire.com/critique/fiction/2666-12-03-2008-34903
Entrevista a Roberto Bolaño
http://www.revistalecturas.cl/la-ultima-entrevista-a-roberto-bolano/