30 nov. 2013

Un verre d'eau glacée / Un vaso de agua helada

Un poème d'Odilon-Jean PÉRIER, poète belge 1901-1928.
Une fontaine à Bruxelles; sur la vasque ces mots gravés: « je t'offre un verre d'eau glacée n'y touche pas distraitement il est le prix d'une pensée sans ornement ». (source et photo ici)

Un poema de Odilon-Jean PÉRIER, poeta belga 1901-1928.
Una fuente en Bruselas; en la pila esa palabras grabadas: "Un vaso de agua helada te regalo no lo toques distraído del pensamiento es el fruto sin adornos".



Le citadin

Je t´offre un verre d´eau glacée
N´y touche pas distraitement
Il est le fruit d´une pensée
Sans ornement

Tous les plaisirs de l´amitié
Combien cette eau me désaltère
Je t´en propose une moitié
La plus légère

Regarde, je suis pur et vide
Comme le verre où tu as bu
Il ne fait pas d´être limpide
Une vertu

Plus d´eau mais la lumière sage
Donne à mon présent tout son prix
Tel un poète aux dieux s´engage
Et reste pris


Et Julos Beaucarne qui l'a mis en musique, et chanté. Amitiés.




El ciudadano


Un vaso de agua helada te regalo
No lo toques distraído
Del pensamiento es el fruto
Sin adornos

Todos los placeres de la amistad
Cuánto me desaltera esa agua
Te propongo la mitad
La más ligera

Mira, soy puro y vacío
Como el vaso en que bebiste
No hace de su claridad
Una virtud

No hay agua mas la luz sabia
es la que a mi regalo da el precio
Tal un poeta comprometido con los dioses
Y atrapado

(Trad: Colo & MAH)










28 nov. 2013

Colère bouillonnante / Cólera hirviente


Une colère peu fréquente gronde et s'accumule en moi.
Sans doute est-ce l'impuissance; le constat d'une désintégration infâme et voulue des structures mêmes de ce qu'est un système démocratique.
Sans parler de l'évidente saignée des moins argentés, des jeunes et des vieux, de la santé et de l'éducation publics, voilà qu'on nous annonce que toute cette marée noire n'était qu'un songe: circulez donc, il n'y a rien à voir, aucun coupable!
Sans parler des plus de 300 politiciens espagnols (chiffre de mars 2013), de tous bords, ne croyez pas que la gauche en soit exclue, qui sont poursuivis en justice, “imputados”. Les plus nombreux sont à Valencia et aux îles Baléares.
 La corruption est telle à tous les niveaux que la plupart d'entre eux, qui ont pillé nos bourses, seront blanchis. Très peu iront en taule...mais payeront assez volontiers, ça oui, un poco, quelques millions, une bagatelle...
 Le gouvernement de droite, le PP, a la majorité absolue et règne en feignant de nous respecter, de respecter les institutions.
Quelle issue?
La Justice me semblait tant être le dernier échelon solide...










Una cólera poco frecuente ruge y se acumula en mí.
Quizás sea la impotencia; la constatación de una desintegración infame y decidida de las mismas estructuras de lo que es un sistema democrático.
Sin entrar en la evidente sangría de los menos adinerados, de los jóvenes y ancianos, de la salud y la educación públicos, he aquí que nos anuncian que toda esa marea negra no era más que un sueño: circulad, no hay nada que ver, ningún culpable!
Sin hablar de los más de 300 políticos españoles (cifra de marzo 2013), de cualquier índole, no se crean que la izquierda esté excluida, son imputados. Los más numerosos en Valencia y en las islas Baleares. 
Tal es la corrupción, a todos los niveles, que la mayor parte de ellos, que nos han desvalijado los monederos, serán exculpados, muy pocos irán en chirona...pero pagarán con mucho gusto algunos millones, una friolera...
El gobierno de derechas, el PP, tiene mayoría absoluta, reina fingiendo respetarnos, respetar las instituciones.
¿Qué salida?
La Justicia me parecía de verdad ser el último escalón sólido....

Excusez cette colère, j'avais peur d'exploser “en dedans”.
Pom, pom, pom....je me calme (un peu).

Perdonad esta cólera, temía explotar “por dentro”.
Pom, pom, pom, ...me calmo ( un poco).

Sous une pluie battante et glacée je suis allée me balader.
Revoir combien avaient grandi ces petits cochons vus en avril, ils sont bons à être grillés pour Noël me dit la fermière. Et les agneaux.
Les oiseaux, les arbres et la mer...c'est beau le gris.

Avril


                                                Novembre














Bajo un chaparrón helado me fui a pasear.
Volver a ver cuanto habían crecido los cerditos vistos en abril, están listos para asarlos en Navidad me dice la granjera. Y los corderos. 
Los pájaros, los árboles y el mar...es bonito el gris.

25 nov. 2013

Cynisme

         "Nous faisons passer la démence sénile du capitalisme pour des folies
          de jeunesse" (Trad: Colo)

El Roto / El País 25-11-2013

24 nov. 2013

Écouter / Escuchar





Le beau texte du billet précédent, La Commission, l'auteure, Elena Poniatowska l'a récité elle-même.





 J'avais fort envie que la traduction le soit aussi, j'aimais sa musique. Alors je me suis adressée à une amie,  K.role ou Carole, femme de théâtre, qui lit souvent des poèmes, des textes qu'elle met sur son blog.
Elle m'a répondu: "ce texte est très touchant, très vrai.  Et il mériterait d'être dit, peut-être avec un peu plus de liberté que ne le fait l'auteure...  c'est un monologue, et la situation est quasiment théâtrale."

Ce matin, un cadeau dans mon courrier:

Bonsoir ma chère Colette,
voilà : tu peux entendre le texte ici : ( nouvelle lecture à venir)

ça m'a fait quelque chose de le dire, beaucoup d'émotions, et de le dire pour toi encore plus;
merci pour ça, chère amie. J'espère que ça te plaira.

28 novembre: Carole, pas trop satisfaite de sa performance, me demande de retirer l'ébauche....elle va reprendre le texte.
On l'attend!

Merci à toi, c'est magnifiquement dit Carole.


21 nov. 2013

Elles attendent... / Ellas esperan...



Elena Poniatowska (Mexique) vient de recevoir le Prix Cervantes, prix littéraire attibué à des écrivains de langue espagnole, pour l'ensemble de leur oeuvre.

 

J'ai traduit un de ses courts récits.
Le style d'Elena est simple et je n'ai pas cherché à le modifier. Dans ce récit sous forme de lettre, les souvenirs sont très présents et on y trouve quelques éléments de son pays d'origine, le Mexique: la pauvreté et la délinquance, les femmes habituées, résignées à attendre l'homme tout-puissant, soumises ( problème soulevé par de nombreuses écrivaines sud-américaines ).
De belles images, dures parfois telles ces feuilles en formes d' épées, ou fort sensuelles.
La « elle » sait que cet amour est fini, ou n'a jamais existé, mais...elle attend
Bonne lecture. 


 

Elena Poniatowska acaba de recibir el premio Cervantes por el conjunto de su obra.

Os dejo aquí un relato suyo.
El estilo de Elena es simple y en este relato, en forma de carta, los recuerdos están muy presentes y se encuentran algunos elementos de su país de orígen, Mexico : la pobreza y la delincuencia, las mujeres acostumbradas, resignadas a esperar al hombre todo poderoso, sumisas (problema que abordan varias mujeres escritoras sur americanas)
Unas bellas imágenes, a veces duras tales esas hojas en forma de espadas, o muy sensuales.
La « ella » sabe que este amor ha terminado, o no ha existido nunca, pero....espera.
Buena lectura.

LA COMMISSION


Je suis venue Martín, et tu n'es pas là. Je me suis assise sur le seuil de ta maison, appuyée contre ta porte et je pense qu'en un endroit de la ville, par une onde qui traverse l'air, tu dois deviner que je suis ici. Voici ton petit bout de jardin; ton mimosa s'incline vers la rue et en passant les enfants lui arrachent les branches les plus accessibles...En terre, semées autour d'un mur, très rectilignes et sérieuses, je vois des fleurs qui ont des feuilles comme des épées. Elles sont bleu marine, elles ressemblent à des soldats. Elles sont très graves, très honnêtes. Toi aussi tu es un soldat. Tu marches dans la vie, un, deux, un, deux...Ton jardin entier est solide, il est comme toi, il a une force qui inspire confiance.

Me voici contre le mur de ta maison, telle que je suis parfois contre le mur de ton dos. Le soleil donne aussi contre la vitre de tes fenêtres et peu à peu il faiblit car il est tard. Le ciel rougissant a chauffé ton chèvrefeuille et son odeur se fait de plus en plus pénétrante. C'est la tombée du jour. Le jour va décliner. Ta voisine passe. Je ne sais si elle m'aura vue. Elle va arroser son bout de jardin. Je me souviens qu'elle t'apporte une soupe quand tu es malade et que sa fille te fait des piqûres...Je pense à toi très lentement, comme si je te dessinais en moi et que tu restais gravé là. Je voudrais avoir la certitude que je vais te voir demain et après-demain et toujours dans une chaîne ininterrompue de jours; que je pourrai te regarder lentement bien que je connaisse chaque petit recoin de ton visage; rien entre nous n'a été provisoire ni un accident.

Je suis penchée sur une feuille de papier et je t'écris tout ça et je pense que maintenant, dans un quelconque quartier où tu marches, pressé, décidé comme tu en as l'habitude, dans une de ces rues où je t'imagine toujours: Donceles et Cinco de Febrero ou Venustiano Carranza, sur une de ces banquettes grises et monocordes brisées par la foule de gens qui va prendre le camion, tu dois savoir au fond de toi que je t'attends. Je suis simplement venue te dire que je t'aime et comme tu n'es pas là je te l'écris. Je ne peux presque plus écrire parce que le soleil est déjà parti et je ne sais pas bien ce que je te mets. Dehors passent encore des enfants, en courant. Et une dame avec une casserole prévient, irritée: “ Ne me secoue pas la main, je vais renverser le lait...” Et je laisse ce crayon, Martín, et je laisse la feuille à lignes et je laisse mes bras pendre inutilement le long de mon corps et je t'attends. Je pense que j'aurais aimé t'étreindre. Parfois j'aimerais être plus vieille parce que la jeunesse porte en elle, l'impérieux, l'implacable besoin de tout relier à l'amour.
Un chien aboie; il aboie agressivement. Je crois qu'il est temps de partir. Sous peu viendra la voisine pour allumer la lumière de ta maison; elle a la clef et elle allumera l'ampoule de la chambre qui donne vers l'extérieur parce que dans cette colonie on assaille beaucoup, on vole beaucoup. On vole beaucoup aux pauvres; les pauvres se volent entre eux...Tu sais, depuis mon enfance je me suis assise ainsi à attendre, j'ai toujours été docile, parce que je t'attendais. Je sais que toutes les femmes attendent. Elles attendent la vie future, toutes ces images forgées dans la solitude, toute cette forêt qui marche vers elles: toute cette immense promesse qu'est l'homme; une grenade qui s’ouvre soudain et montre ses grains rouges, brillants; une grenade comme une bouche pulpeuse de mille grains. Plus tard ces heures vécues en imagination, devenues heures réelles, devront prendre poids et taille et dureté. Tous nous sommes – ô mon amour – si pleins de portraits intérieurs, si pleins de paysages non vécus.
La nuit est tombée et je ne vois presque plus ce que je suis en train de griffonner sur le papier ligné. Je ne distingue plus les lettres. Là où tu ne comprends pas, dans les espaces, dans les vides, mets: “Je t'aime...” Je ne sais si je vais glisser cette feuille sous la porte, je ne sais. Tu m'as donné un tel respect de toi-même....Peut-être que maintenant je vais partir, je ne suis passée que pour demander à une voisine qu'elle te fasse la commission: qu'elle te dise que je suis venue.
Trad : Colo
Un bon article de La Libre Belgique (merci Tania) Si vous comprenez un peu l'espagnol, un conte pour enfants écrit par E P., joliment illustré ici.

Picasso, mujer sentada


Elena Poniatowska, El Recado

Vine Martín, y no estás. Me he sentado en el peldaño de tu casa, recargada en tu puerta y pienso que en algún lugar de la ciudad, por una onda que cruza el aire, debes intuir que aquí estoy. Es este tu pedacito de jardín; tu mimosa se inclina hacia afuera y los niños al pasar le arrancan las ramas más accesibles... En la tierra, sembradas alrededor del muro, muy rectilíneas y serias veo unas flores que tienen hojas como espadas. Son azul marino, parecen soldados. Son muy graves, muy honestas. Tú también eres un soldado. Marchas por la vida, uno, dos, uno, dos... Todo tu jardín es sólido, es como tú, tiene una reciedumbre que inspira confianza.

Aquí estoy contra el muro de tu casa, así como estoy a veces contra el muro de tu espalda. El sol da también contra el vidrio de tus ventanas y poco a poco se debilita porque ya es tarde. El cielo enrojecido ha calentado tu madreselva y su olor se vuelve aún más penetrante. Es el atardecer. El día va a decaer. Tu vecina pasa. No sé si me habrá visto. Va a regar su pedazo de jardín. Recuerdo que ella te trae una sopa cuando estás enfermo y que su hija te pone inyecciones... Pienso en ti muy despacio, como si te dibujara dentro de mí y quedaras allí grabado. Quisiera tener la certeza de que te voy a ver mañana y pasado mañana y siempre en una cadena ininterrumpida de días; que podré mirarte lentamente aunque ya me sé cada rinconcito de tu rostro; que nada entre nosotros ha sido provisional o un accidente.

Estoy inclinada ante una hoja de papel y te escribo todo esto y pienso que ahora, en alguna cuadra donde camines apresurado, decidido como sueles hacerlo, en alguna de esas calles por donde te imagino siempre: Donceles y Cinco de Febrero o Venustiano Carranza, en alguna de esas banquetas grises y monocordes rotas sólo por el remolino de gente que va a tomar el camión, has de saber dentro de tí que te espero. Vine nada más a decirte que te quiero y como no estás te lo escribo. Ya casi no puedo escribir porque ya se fue el sol y no sé bien a bien lo que te pongo. Afuera pasan más niños, corriendo. Y una señora con una olla advierte irritada: "No me sacudas la mano porque voy a tirar la leche..." Y dejo este lápiz, Martín, y dejo la hoja rayada y dejo que mis brazos cuelguen inútilmente a lo largo de mi cuerpo y te espero. Pienso que te hubiera querido abrazar. A veces quisiera ser más vieja porque la juventud lleva en sí, la imperiosa, la implacable necesidad de relacionarlo todo con el amor.
Ladra un perro; ladra agresivamente. Creo que es hora de irme. Dentro de poco vendrá la vecina a prender la luz de tu casa; ella tiene llave y encenderá el foco de la recámara que da hacia afuera porque en esta colonia asaltan mucho, roban mucho. A los pobres les roban mucho; los pobres se roban entre sí... Sabes, desde mi infancia me he sentado así a esperar, siempre fui dócil, porque te esperaba. Sé que todas las mujeres aguardan. Aguardan la vida futura, todas esas imágenes forjadas en la soledad, todo ese bosque que camina hacia ellas; toda esa inmensa promesa que es el hombre; una granada que de pronto se abre y muestra sus granos rojos, lustrosos; una granada como una boca pulposa de mil gajos. Más tarde esas horas vividas en la imaginación, hechas horas reales, tendrán que cobrar peso y tamaño y crudeza. Todos estamos —oh mi amor— tan llenos de retratos interiores, tan llenos de paisajes no vividos.
Ha caído la noche y ya y casi no veo lo que estoy borroneando en la hoja rayada. Ya no percibo las letras. Allí donde no le entiendas en los espacios blancos, en los huecos, pon: "Te quiero..." No sé si voy a echar esta hoja debajo de la puerta, no sé. Me has dado un tal respeto de ti mismo...Quizá ahora que me vaya, sólo pase a pedirle a la vecina que te dé el recado: que te diga que vine.

Un bonito cuento para niños escrito por ella, con ilustraciones preciosas aquí:

17 nov. 2013

S'amuser, deviner...



Certaines expressions espagnoles m'amusent beaucoup. En voici quelques unes que j'ai traduites littéralement, à vous de...





Dans la campagne elle marchait ce matin–là, l'heure collée au cul ( andar con la hora pegada al culo). Il lui fallait passer par le bureau de poste, et une fois le tue–timbre ( matasellos) apposé, elle irait chanter les quarante ( cantar las cuarenta) à ce vieux ronchon de Julián qui serait sûrement encore en train de dormir la guenon* ( dormir la mona). Oh, parfois il était de bonne humeur mais si distrait!
  • Ma brouette est réparée, Julián?
  • Ah, ma bonne dame, j'ai eu une journée terrible hier et mon saint est monté au ciel ( se me ha ido el santo al cielo).
  • Mais Julián, vous m'aviez déjà dit cela la semaine dernière!
  • Quand j'ai trop à faire, j'ai trop à faire. Il ne faut pas demander des poires à l'orme ( pedir peras la olmo).

Elle n'insista pas et pensa que le four n'était pas prêt pour les petits pains ( el horno no está para bollos) et que la prochaine fois tout irait comme miel sur pâte feuilletée ( como miel sobre hojuelas).

Bon, je vous aide un peu:

* dormir la mona : cuver son vin.
 

12 nov. 2013

Elle souriait / Ella sonreía


Souvent on n'y prête pas l'attention qui les rendrait plus beaux, plus doux … et ces moments de la journée semblent banals, voire ennuyeux.

Un ciel, une musique, le passage d'un livre, une plante, un gâteau, une visite...

C'est à ceux-là que Bonheur du jour dédie son blog, ses écrits.
Ce texte du 7 novembre m'a touchée et sitôt l'autorisation reçue, le voilà, avec sa traduction et ce poème / sourire de Mario Benetti.
Grand merci à vous, dame Bonheur.
A menudo no se les presta la atención que les volvería más bonitos, más dulces...y esos momentos del día parecen a veces banales, tal vez aburridos.
Un cielo, una música, el párrafo de un libro, una planta, un pastel, una visita...
La autora del blog Bonheur du jour les dedica su atención y su nota del 7 de noviembre me pareció tan delicada que le pedí permiso para reproducirlo, traducirlo aquí.



Un deux trois ... Soleil !


C’est l’après-midi où on s’installe, dans un coin du grand salon de la maison de retraite, pour tricoter près d’un très vieux monsieur qui aime garder dans ses mains la pelote de laine et dérouler le fil peu à peu. Il dit qu’il aime faire ça car c’est comme un travail, que c’est utile.
Le silence est scandé de brèves paroles et du cliquetis des aiguilles. On s’arrête parfois pour mesurer et le très vieux monsieur, de sa seule main encore valide, tient ferme le bout du mètre et annonce les chiffres.
A l’opposé de la pièce, une dame observe la scène. Quelques rangs de tricot et, quand le regard se lève, elle s’est rapprochée un peu. Un tout petit peu. Encore quelques rangs, et elle a progressé de quelques mètres. Puis, elle est là, tout à côté. Toute souriante. Dans ses mains à la peau plissée et aux doigts torses, une aiguille et une pelote de laine.
- Je ne me souviens plus comment on fait.
On l’aide à remonter les mailles sur l’aiguille. On lui rappelle, doucement, qu’il faudrait une seconde aiguille.
- Ah oui… Mais je ne sais pas où elle est… Oh, mais j’irai à la mercerie en acheter une, ce n’est pas pour ce que ça coûte, hein ? Et vous, qu’est-ce que vous faites ?
- Une écharpe.
- Ah oui… Un cache-col. J’en faisais aussi à mes enfants. C’est le modèle ? dit-elle en regardant un catalogue posé sur le divan.
On lui tend le livret, qu’elle feuillette et qu’elle commente.
- J’aimerais bien faire celui-là, dit-elle, en montrant un mantelet rouge pour une petite fille. Et vous ? Qu’est-ce que vous faites ?
- Une écharpe.
- Ah oui… Un cache-col, enfin moi je dis un cache-col. J’en faisais aussi à mes enfants. Je tricotais beaucoup. Je faisais tout. Des bonnets, des pulls… Pour l’hiver. Il y a de belles choses, dans ce catalogue. Vraiment. Phildar...
- Voulez-vous le garder ?
- Volontiers, c’est très aimable. Vous êtes bien gentille. Et vous, qu’est-ce que vous faites ?

 - Une écharpe.
- Ah oui… Un cache-col. J’en faisais aussi à mes enfants quand ils étaient petits.
Quand on part parce que c’est l’heure, laisser le catalogue à la dame, tout sourire en feuilletant les pages.




                           Un, dos, tres... Sol!

Es por la tarde cuando nos instalamos, en un rincón del gran salón de la residencia de ancianos, para hacer punto cerca de un señor muy mayor a quien le gusta guardar en sus manos el ovillo de lana y desenrollarlo poco a poco. Dice que le gusta hacer esto ya que es como un trabajo, que es útil.
El silencio está puntuado de palabras breves y del ruido de las agujas. A veces nos paramos para medir y el señor muy mayor, de su única mano todavía válida, agarra firmemente el extremo del metro y anuncia las cifras.
Al otro lado de la habitación, una señora observa la escena. Algunas vueltas del punto y, al levantar la mirada, se ha acercado un poco. Un poquito. Algunas vueltas más, y ha progresado de unos metros. Después, está allí, justo al lado. Toda sonrisa. En sus manos de piel arrugada y dedos torcidos, una aguja y un ovillo de lana.
- No me acuerdo cómo se hace.
Le ayudamos a volver a subir los puntos en la aguja. Le recordamos, suavemente, que haría falta une segunda aguja.
-Ha, sí....Pero no sé donde está....Oh, pero iré a la mercería a comprar una, no es por lo que cuesta, verdad? Y usted, ¿qué hace?
- Una bufanda.
- Ha, sí...Un “tapa - cuello”. También hacía para mis hijos. ¿Es el modelo? dice mientras mira un catálogo en el sofá.
Le damos el librillo que ella hojea y comenta.
- Me gustaría mucho hacer este, dice, enseñando una manteleta roja para una niña. ¿Y usted, qué hace?
- Una bufanda.
-Ha, sí...un “tapa - cuello”, bueno, yo digo “tapa-cuello”. También hacía para mis hijos. Tricotaba mucho. Hacía de todo. Gorros, jerséis...para el invierno. Hay cosas bonitas, en este catálogo. Realmente, Phildar...
- ¿Quiere quedárselo?
- Con mucho gusto, es muy amable. Es usted muy atenta. ¿Y usted, qué hace?
- Una bufanda.
- Ha, sí...un “tapa – cuello”. También hacía a mis hijos cuando eran pequeños.
Cuando es la hora, irse, dejar el catálogo a la señora, todo sonrisa al hojear las páginas.

Mario Benedetti

Arco iris                                             Arc - en - ciel

A veces
por supuesto
usted sonríe
y no importa lo linda
o lo fea
lo vieja
o lo joven
lo mucho
o lo poco
que usted realmente
sea

(...)

sonríe
y usted nace
asume el mundo
mira
sin mirar
indefensa
desnuda
transparente


y a lo mejor
si la sonrisa viene
de muy
de muy adentro
usted puede llorar
sencillamente
sin desgarrarse
sin desesperarse
sin convocar la muerte
ni sentirse vacía

llorar
sólo llorar

entonces su sonrisa
si todavía existe
se vuelve un arco iris.

Des fois
bien sûr
vous souriez
et peu importe
qu'en réalité
vous soyez jolie
ou laide
vieille
ou jeune
gens de beaucoup
ou de peu

(...)

vous souriez
et vous naissez
vous assumez le monde
regardez
sans regarder
sans défense
nue
transparente


et peut-être
si le sourire vient
de loin
de très loin à l'intérieur
vous pouvez pleurer
simplement
sans vous déchirer
sans vous désespérer
sans appeler la mort
ni vous sentir vide

pleurer
seulement pleurer

alors votre sourire
s'il existe encore
se transforme en arc-en-ciel
                                                  (Trad: Colo)



Merci Savarati.


"Par les meneaux
qui défigurent les ors du ciel
les griffures du temps
impriment une partition
oubliée

Les saisons s’échelonnent
sans qu’on puisse les dénombrer
longues robes monotones
devenues par l’iris fatigué
de plus en plus floues

Constante
l’horloge fait semblant
remontoir à contre-courant
rappelle les silhouettes alertes
et les cris dévoyés

Rejoindre la mémoire
effilée bien souvent
dans les couloirs tristes
couleurs délavées
soupirer avec ce qui reste de souffle
juste avant la nuit
qui pèse lourd

Elle est restée belle
la peau en parchemin
les veinules qui courent
et explosent parfois
les mains qui détressent l’écheveau
à peine commencé
déjà trop emmêlé
la bouche qui sans le savoir
remonte les commissures
ébauche d’un sourire
dont elle ignore le sens

Les autres
ceux qui veillent
ne savent pas
et cueillent cette fleur un peu fanée
juste au creux de sa bouche."

7 nov. 2013

Il y a cent ans...A. Camus / Hace cien años...A. Camus


Lettre à René Char / Carta a René Char

Albert Camus


Paris 26 octobre 1951 
 
Mon cher René,

(...)



J'ai beaucoup pensé à notre dernière conversation, à vous, à mon désir de vous aider. Mais il y a en vous de quoi soulever le monde. Simplement, vous recherchez, nous recherchons le point d'appui. Vous savez du moins que vous n'êtes pas seul dans cette recherche. Ce que vous savez peut-être mal c'est à quel point vous êtes un besoin pour ceux qui vous aiment et, qui sans vous, ne vaudraient plus grand chose. Je parle d'abord pour moi qui ne me suis jamais résigné à voir la vie perdre de son sens, et de son sang. A vrai dire, c'est le seul visage que j'aie jamais connu à la souffrance. On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire. Et comment vivre dans ce monde d'ombres ? Sans vous, sans deux ou trois êtres que je respecte et chéris, une épaisseur manquerait définitivement aux choses.

(…)


Revenez bien vite, en tous cas. Je vous envie l'automne de Lagnes, et la Sorgue, et la terre des Atrides. L'hiver est déjà là et le ciel de Paris a déjà sa gueule de cancer. Faites provisions de soleil et partagez avec nous.
Très affectueusement à vous
A.C.


(Albert Camus: 7 novembre 1913 - 4 janvier 1960)





París, al 26 de octubre 1951



Mi querido René,



(…)



He pensado mucho en nuestra última conversación, en usted, en mi deseo de ayudarle. Pero en usted hay algo para levantar el mundo. Simplemente, usted busca, buscamos el punto de apoyo. Por lo menos sabe que no está solo en esta búsqueda. Lo que probablemente sabe mal es hasta qué punto es usted una necesidad para los que le aman y que, sin usted, no valdrían gran cosa. Hablo por mí, en primer lugar, que nunca me resigné a ver la vida perder de su sentido y de su sangre. A decir verdad, es la única cara que jamás he visto al sufrimiento. Se habla del dolor de vivir. Pero no es verdad, es el dolor de no vivir lo que toca decir. ¿Y cómo vivir en este mundo de sombras? Sin usted, sin dos o tres seres a las que respeto y quiero, a las cosas les faltaría definitivamente un espesor.



(…)



Vuelva usted pronto, en todo caso. Le envidio el otoño de Lagnes, y la Sorgue, y la tierra de las Atrides. El invierno ya está aquí y el cielo de París ya tiene su cara de cáncer. Haga provisiones de sol y compártalas con nosotros.


Muy afectuosamente,



A.C.






6 nov. 2013

Un "petit palais" à Majorque / Un Palacete en Mallorca


Porte vue de l'extérieur...
...et de l'intérieur





















Une famille discrète, millionnaire, la famille March. C'est aussi une des meilleurs banques espagnoles. L'histoire du fondateur de son empire, Juan March Ordians est de celle des plus épiques flibustiers du XIXº siècle, un jour je vous la raconterai. Mais vous pouvez lire ici un excellent article sur “La planète March”.

Toujours est-il que nous devons à Juan March le financement du retour d'Afrique du Général Franco, presque rien, voyez-vous.
Mais nous devons aussi à ses successeurs, des musées et Fondations.
C'est l'une d'elles, une maison de maître, appelée en espagnol Palacete et Palou en catalan, transformée en musée - salle d'expositions que je l'ai visitée il y a peu avec en tête l'enrichissement que les guerres apportent à certaines personnes...
Sa situation à côté de la cathédrale, de l'Almudaina ( le palais royal, résidence de la famille royale à Mallorca ), en face de la mer est idéale. Une maison construite entre 1939 – 1945, dans le style baroque majorquin et italien. Pas bien ancienne donc.
Voici quelques photos:




Una familia discreta y millonaria la familia March. También es uno de los mejores bancos españoles. La historia del fundador de ese imperio, Juan March Ordi nas se asemeja a la de los más épicos filibusteros del siglo XIX; os la contaré un día.
Es verdad que debemos a Joan March la financiación de la vuelta de África del General Franco. ¡Casi nada! Pero también, a sus sucesores, museos y fundaciones.
Es en una de ellas, un Palacete transformado en museo – sala de exposiciones, que al visitarlo no hace mucho me trotaba en la cabeza el enriquecimiento que las guerras aportan a algunas personas...
Su situación, al lado de la catedral, de la Almudaina (palacio real residencia de la familia real en Mallorca), frente al mar es ideal. Una casa construida entre 1939 – 1945 en un estilo barroco mallorquín e italiano. No demasiado antiguo.

He aquí algunas fotos:





 Sur cette esplanade devant la maison, des sculptures. En ce moment celles-ci:
(click pour agrandir, vous le savez)






























À l'intérieur....

.. puis une expo de dessins de Dali, mal éclairés, reflets, impossible à photographier, des crèches italiennes aux détails très vivants, cet escalier.

Une pièce étrange avec ces faux rideaux, en trompe l’œil...

..et surmontée d'une peinture intéressante (fallait être grand(e) comme moi pour bien la voir, hé, hé)


Terminons par cette table de pierres incrustées qui m'a...tapée dans l'oeil.