31 juil. 2012

Fuir / Huir


Fuir.

L'idée est peu glorieuse, lamentable même; battre en retraite ou s'échapper au hasard.
Mais il est une fuite délicieuse, celle dans l'imaginaire qui est, selon Eugène Ionesco”... une évasion, elle est audace, invention."

Fuir le brouhaha, la cohue des plages, se fuir soi-même parfois en se noyant dans la multitude ou d'autres paradis artificiels.

La fuite du temps, ah, quelle affaire!
Je suis de l'avis de Leonardo da Vinci “C'est à tort que les hommes se plaignent de la fuite du temps, en l'accusant d'être trop rapide, sans voir qu'il s'écoule à la bonne vitesse.”
Quelle est la bonne vitesse?
En cet été, oh, pas différent des précédents pour ce qui est de la chaleur et où la lenteur régente nos vies, je me demande où fuir.
J'ai deviné la fraîcheur de cette cave, dans le village d'Alaró. 
 


Sinon, cette superbe grotte bleue vue au cours d'une excursion à l'île de Cabrera.

Fuir la chaleur, la lenteur-limace, est-ce de la lâcheté?


Huir

La idea es poco gloriosa, incluso lamentable; batirse en retirada o escapar al azar.

Pero existe una huida deliciosa hacia el mundo imaginario que es, según Eugène Ionesco”...una evasión, es audacia, invención”.

Huir del guirigay, del tropel de las playas, huir a veces de si mismo  sumergiéndose en la multitud o en otros paraísos artificiales.

La fuga del tiempo, ah, ¡qué cosa!
Soy de la opinión de Leonardo da Vinci. “Se equivocan los hombres cuando se quejan de la fuga del tiempo, acusándole de ser demasiado rápido, sin ver que fluye a la velocidad adecuada”.
¿Cuál es la velocidad adecuada?
En este verano, no diferente a los anteriores en cuanto al calor, y donde la lentitud rige nuestras vidas, me pregunto dónde huir.
He adivinado la frescura en este sótano, en el pueblo de Alaró.


Sino, esta magnífica cueva azul vista en una excursión a la isla de Cabrera.


Huir del calor, de la lentitud de babosa, ¿es cobardía?

24 juil. 2012

Laisser le chaos s'abîmer / Dejar el caos despeñarse



En palabras del autor

«Es evidente que todos hemos participado de alguna manera en la creación del monstruo económico que nos devora, pues ningún ídolo es capaz de subsistir sin la ayuda de cuantos lo adoran, y así, habiéndolo utilizado para poner remedio a nuestras deficiencias y que nos proporcionase valores que no tenemos, le dimos una vida y una realidad de la que carecía.
Pero nada nos impide tampoco restaurar la cordura que perdimos y, haciéndonos a un lado, dejar que el caos se despeñe en los abismos de los que procede y a los que con tanto empeño pretendía llevarnos.»
 El Roto
Fuente:  http://www.elpais.com/especial/el-roto-y-la-crisis/


Mots de l'auteur

“Il est évident que tous nous avons participé d'une façon ou d'une autre à la création du monstre économique qui nous dévore, car nulle idole n'est capable de subsister sans l'aide de ceux qui l'adorent, et ainsi, l'ayant utilisé pour remédier à nos déficiences et pour qu'il nous procure des valeurs que nous n'avons pas, nous lui avons donné vie et une réalité qui lui manquait.

Mais rien ne nous empêche non plus de restaurer la sagesse perdue et, nous mettant sur le côté, laisser le chaos se précipiter dans les abîmes d'où il vient et où, avec tant d'obstination, il prétendait nous mener.”

El Roto (Trad: Colo)

Un choix de  dessins de El Roto parus dans El País
Una selección de viñetas (El País)
Ne vous en faites pas, le système capitaliste renaîtra de vos cendres.




Arrêtez de me sauver car vous me noyez!


Si on ne peut dévaluer la monnaie, il faudra dévaluer les gens


18 juil. 2012

Lumière des tomates / Luz de los tomates


Lui seul pouvait chanter la tomate, lui dédier une ode. Je parle de Pablo Neruda bien sûr. Voici ma traduction, le style est haché, je vous recommande, pour en goûter toute la saveur, de la lire un peu vite, en rythme...

Sólo él podía cantar el tomate, dedicarle un oda. Hablo de Pablo Neruda, claro.
Para disfrutar de todo su sabor os recomiendo leerla un poco rápido, con ritmo.

Dans ma cuisine / En mi cocina


ODE À LA TOMATE

La rue
s'est emplie de tomates,
midi,
été,
la lumière
se sépare
en deux
moitiés
de tomate, 

 coule
le jus
dans les rues .
En décembre
la tomate
se déchaîne,
envahit
les cuisines,
s'introduit dans les repas
s'assied
calmement
sur les buffets,
parmi les verres,
les beurriers,
les salières bleues.
Elle a
sa lumière propre, 
la majesté bénigne.
Nous devons, 
par malheur,
l'assassiner :
le couteau
plonge
dans sa pulpe vivante,
c'est un rouge
viscère,
un soleil
frais,
profond,
inépuisable,
inonde les salades
du Chili,
elle se marie allégrement
avec le clair oignon
et pour fêter ça
on laisse
tomber
l'huile,
fille
essentielle de l'olivier,
sur ses hémisphères entrouverts,
le poivre
ajoute
sa fragrance
le sel son magnétisme :
ce sont les noces
du jour,
le persil
plante
ses banderilles
les patates
bouillent vigoureusement,
l' arôme
du rôti
frappe
à la porte,
c'est l'heure,
vamos!
Et sur
la table, à la ceinture
de l'été,
la tomate,
astre de terre,
étoile
répétée
et féconde,
nous montre
ses circonvolutions,
ses canaux,
l'insigne plénitude
et l'abondance
sans noyau,
sans cuirasse,
sans écailles
ni arêtes,
nous livre
le cadeau
de sa chaleur fougueuse
et la totalité de sa fraîcheur. 

                                                            Pablo Neruda (Trad: Colo)
Variété coeur de boeuf / Cor de bou, corazón de buey (délicieuses)

 

Oda al Tomate

La calle
se llenó de tomates,
mediodía,
verano,
la luz
se parte
en dos
mitades
de tomate,
corre
por las calles
el jugo.
En diciembre
se desata
el tomate,
invade
las cocinas,
entra por los almuerzos,
se sienta
reposado
en los aparadores,
entre los vasos,
las matequilleras,
los saleros azules.
Tiene
luz propia,
majestad benigna.
Debemos, por desgracia,
asesinarlo:
se hunde
el cuchillo
en su pulpa viviente,
es una roja
víscera,
un sol
fresco,
profundo,
inagotable,
llena las ensaladas
de Chile,
se casa alegremente
con la clara cebolla,
y para celebrarlo
se deja
caer
aceite,
hijo
esencial del olivo,
sobre sus hemisferios entreabiertos,
agrega
la pimienta
su fragancia,
la sal su magnetismo:
son las bodas
del día
el perejil
levanta
banderines,
las papas
hierven vigorosamente,
el asado
golpea
con su aroma
en la puerta,
es hora!
vamos!
y sobre
la mesa, en la cintura
del verano,
el tomate,
astro de tierra,
estrella
repetida
y fecunda,
nos muestra
sus circunvoluciones,
sus canales,
la insigne plenitud
y la abundancia
sin hueso,
sin coraza,
sin escamas ni espinas,
nos entrega
el regalo
de su color fogoso
y la totalidad de su frescura.
Pablo Neruda

 Ce sont mes photos. / Son mis fotos.

14 juil. 2012

Joyeuse insomnie / Alegre insomnio


La poésie n'est pas le domaine où Robert Graves excelle, mais je tenais à publier “Not to sleep the all night long”, à mettre un peu de joie dans le panorama affligeant, désespéré pour beaucoup, de ce moment hispanique mais pas que...
Ma traduction de l'anglais était lourde, sans grâce aucune, et j'ai fait appel à BOL qui a aussitôt accepté le défi. Tous mes remerciements cher ami "norvégien", je vous ai dit combien votre traduction m'a séduite par sa légèreté et son rythme...magnifique!

La poesía no es el dominio donde Robert Graves se distingue, pero deseaba publicar “Not to sleep the all night long”, poner un poco de alegría en el panorama desolador, desesperado para muchos, de este momento hispánico, pero no tan solo...
Elisabeth Baysset http://elisabeth-baysset.net/

Ne pas dormir de la nuit quelle joie,
Ne compter ni moutons ni les cloches qui sonnent,
Saluer dès l´aurore le concert des oiseaux,
Beaux enfants négligemment éveillés
Qui discutent en détails les fastes fantaisies
De la promesse qui vient  -
Qu´aura-t-elle sur elle : du rouge, du pourpre,
du bleu ou du blanc pur et simple ?
Qu´importe après tout, magnifique !

Ne pas dormir de la nuit quelle joie,
Bien peu en profitent sinon moi
Qui ris et s´étire, et dès sorti du lit
Descends quatre à quatre, survolant le tapis
Pour suivre du temps le progrès,
Et allié reconnu de l´oiseau m´envoler,
Me percher sur une branche
Et parmi les oiseaux murmurer avec eux.

(Traduction BOL)
Ludvig Eikaas Vol d'oiseaux


Pasar la noche en vela por simple gusto
sin contar ovejas sin oír campanadas.
Dándole la bienvenida a las confabuladas
avecillas, hijas del despertar del día
que en el alba discuten parleras los detalles
del atuendo que traiga aquella que se acerca.
¿Se vestirá de rojo, de púrpura o azul,
o de blanco purísimo? Será el traje glorioso.

Pasar la noche en vela por simple gusto,
lo cual es concedido a pocos, y hoy a mí;
y una vez que me ría, me estire y deje el lecho
bajaré velozmente escaleras abajo
con los pies en el aire, sólo rozando el piso
por respeto a nuestro progreso civilizado;
aunque yo preferiría volar por la ventana
y posarme en la rama más erguida en el cielo,
ser el posible aliado de las aves alertas
que agrupadas murmuran no sé qué dulcemente.
(Trad. inconnu(e))

"Vivre, c’est se réveiller la nuit dans l’impatience du jour à venir, c’est s’émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c’est avoir des insomnies de joie."  Paul Émile Victor. (merci Lily)

la nuit
de grandes plages vides
écouter les heures
Danièle Duteil , ¡gracias!

11 juil. 2012

Robert Graves devant son miroir / delante de su espejo



Ma lecture du moment est “Une femme inconnue”, écrit par la fille de Robert Graves, Lucia Graves. Tania en avait fait une chronique (ici), me l'avait gentiment passé et je suis emballée . A travers son récit autobiographique, la vie de l'écrivain et de sa famille à Deià, Mallorca; tout m'est si familier. 
J'ai senti l'urgence d'interrompre ma lecture pour aller visiter leur maison maintenant ouverte au public et qu'elle décrit fort bien; urgence aussi de me balader dans ce village entouré de montagnes que je connais depuis si longtemps. 

Le village/ el pueblo de Deià

Mi lectura del momento es “Mujer desconocida”, escrito por la hija de Robert Graves, Lucia.
Apenas empecé que sentí la urgencia de interrumpir mi lectura e ir a visitar su casa en Deià, Mallorca, ahora abierta al público, y que Lucia describe tan bien; urgencia también de pasear por ese pueblo rodeado de montañas que hace tiempo que conozco.

Robert Graves y a vécu de 1929 à 1936, l'a quitté durant et à cause de la guerre civile, mais y revint en 1946 et y resta jusqu'à sa mort en 1985. Sa tombe se trouve dans le petit cimetière, au sommet du village, et en visitant la maison on se rend compte qu'il était très proche des habitants (hijo-fils adoptivo)

Robert Graves vivió allí de 1929 a 1936, se fue durante y por culpa de la guerra civil, pero volvió en 1946 y se quedó hasta su muerte en 1985. Su tumba se encuentra en el pequeño cementerio, en lo alto del pueblo, y al visitar su casa uno se da cuenta que vivía muy cerca de los habitantes (hijo adoptivo).

Dans le musée (clic pour agrandir)

C'est ici qu'il écrivit la majeure partie de son oeuvre dont “Moi, Claudio” ou la magnifique “Déesse Blanche” (mythes celtes) ou "Mythes grecs".
Es aquí donde escribió la mayor parte de sus obras, entre otras, “Yo, Claudio” o la magnífica "Diosa Blanca” (mitos celtas) o "Mitos griegos".


Dans la maison, un miroir, et l'enregistrement de ce poème “The face in the mirror” que j'ai traduit du mieux possible, mais toute suggestion est bienvenue!

Le visage dans le miroir

Des yeux gris, tourmentés, lumineux et absents
Dans de grandes orbites inégales; un sourcil légèrement
Penché sur un œil
A cause d'un débris de missile logé dedans,
Profond dans la peau, comme un souvenir fou d'une vieille guerre mondiale.
 
Nez cassé et tordu; un placage au rugby en fut le coupable.
Joues sillonnées; cheveu grossier et gris qui flotte avec délire;
Front haut et ridé;
Menton proéminent; grandes oreilles; mâchoire “pugilistique”;
Dents rares; lèvres grosses et rouges; bouche ascétique.

J'arrête de me raser, je retire la lame, renfrogné, me moquant
De l'homme dans le miroir dont la barbe exige mon attention,
Et je lui demande une fois de plus pourquoi
Avec une présomption juvénile, il se dispose encore
A faire la cour à la reine dans son haut pavillon de soie.



En la casa, un espejo y la grabación de ese poema “The face in the mirror” .



EL ROSTRO EN EL ESPEJO
Ojos grises atormentados, luminosos y ausentes
En grandes órbitas desiguales; una ceja ligeramenteC
Caída sobre un ojo
A causa de una esquirla de misil alojada dentro,
Muy dentro de la piel, como un loco recuerdo de una vieja guerra mundial.
Rota y torcida la nariz: un placaje en el rugby fue el culpable.
Mejillas surcadas; pelo tosco y gris que flota con delirio;
Alta frente arrugada;
Prominente mentón; grandes orejas; quijada pugilística;
Dientes escasos; labios gruesos y rojos; ascética boca.
Dejo de afeitarme, retiro la navaja, burlándome ceñudo
Del hombre en el espejo cuya barba exige mi atención,
Y una vez más le pregunto por qué
Todavía, con presunción juvenil, se dispone
A cortejar a la reina en su alto pabellón de seda.

4 juil. 2012

Une chanson de mes étés / Una canción de mis veranos


L'été c'était Bautista et ses chansons, toujours les mêmes, il les connaissait par cœur. Il chantait bien et ses plus de quatre-vingt ans n'avaient pas altéré sa voix.
La chanson espagnole de toujours, des airs dansants, et soudain, ¡hop ! il faisait un petit pas de côté.
En boucle passaient “Los Panchos” que je n'appréciais que très modérément, et la merveilleuse María Dolores Pradera, une grande dame de la chanson espagnole. C'est sur l'une de ses chansons, sublime, des années '60 écrite par Mario Cavagnaro, « Le chapelet de ma mère » que nos vues divergeaient.
Histoire d'une femme abandonnée/trompée par son mari qui fait preuve d'une fierté peu commune. Je vous laisse d'abord l'écouter en suivant, si vous voulez, la traduction.

El verano era Bautista y sus canciones, siempre las mismas, se las sabía de memoria. Cantaba bien y sus más de ochenta años no habían alterado su voz.
La canción española de siempre, aires para bailar y de repente, ¡hop! daba un pasito de lado.
Enlazaba sin pausa “Los Panchos”, que me gustaban muy moderadamente con la maravillosa María Dolores Pradera. Es sobre una de sus sublime canciones, “El rosario de mi madre”, escrita en los años '60 por Mario Cavagnaro, donde nuestros puntos de vista divergían. Historia de una mujer abandonada/ engañada por su marido que demuestra una dignidad poco común.
Primero os dejo escucharla.



El rosario de mi madre / Le chapelet de ma mère
Aunque no creas tú
Como que me oye Dios
Esta será la última cita de los dos
Comprenderás que es por demás
Que te empeñes en fingir
Même si tu le crois pas
Dieu m'est témoin
Ce sera notre dernière rencontre
Tu comprendras qu'il est inutile
Que tu t'obstines à feindre

Porque el dolor de un mal amor
No es como para morir
Pero desecha ya
Mi más bella ilusión
A nadie ya en el mundo
Daré mi corazón
Car la douleur d'un mauvais amour
N'est pas mortelle
Mais détruit
Ma plus belle illusion
À personne au monde
Je ne donnerai plus mon coeur

Devuélveme mi amor
Para matarlo
Devuélveme el cariño que te di
Tú no eres quien merece conservarlo
Tú ya no vales nada para mí
Rends-moi mon amour
Pour le tuer
Rends-moi l'affection donnée
Ce n'est pas toi qui mérites de la conserver
Tu ne vaux plus rien pour moi.

Devuélveme el rosario de mi madre
Y quédate con todo lo demás
Lo tuyo te lo envío cualquier tarde
No quiero que me veas nunca más
Rends-moi le chapelet de ma mère
Et garde tout le reste
Tes biens, je te les renvoie un de ces jours
Je veux que tu ne me voies jamais plus.

.(Répétitions)
 (Trad: Colo)


« Rends-moi mon amour pour le tuer » , n'imagine-t-on pas ce vers déclamé avec emphase dans une grande tragédie classique ?

Mais c'est arrivée à ce couplet que je partais immanquablement d'un grand fou rire.
« Rends-moi le chapelet de ma mère et garde tout le reste ». Quelle dignité ! Tragiquement parfait.
Autres temps, autres mœurs.
Le coté tragique des chansons - j'imagine que chacun de vous, en votre langue, pense à l'une ou l'autre- devient-il souvent comique avec le temps ?

Devuélveme mi amor para matarlo” ¿No nos imaginamos este verso declamado con énfasis en una tragedia clásica?

Y con el siguiente verso, siempre me entraba una carcajada.
Devuélveme el rosario de mi madre y quédate con todo lo demás.” ¡Qué dignidad! Trágicamente perfecto. Otros tiempos, otras costumbres.

El lado trágico de las canciones -me imagino que cada uno, en su idioma, piensa en algunas - ¿se vuelve a menudo cómico con el tiempo?